Tania de Montaigne réagit sur « la chick-lit » et prépare la sortie de son album avec Benjamin Biolay

A l’occasion d’une rencontre avec la chroniqueuse littéraire et romancière Tania de Montaigne, nous avons recueilli ses impressions (voir vidéos) sur les romans de filles et la « chick lit » (suite à notre dossier). Elle nous donne aussi de ses nouvelles : après la sortie de son 4e roman « Tokyo c’est loin », elle s’apprête à sortir un album à la rentrée co-réalisé avec Benjamin Biolay, tout en trouvant le temps de s’investir auprès de l’association « Coeur à lire » et de Sciences po…


Elle est la seule chroniqueuse littéraire capable de déclarer, sans se démonter, à l’invité d’un plateau TV : « Je n’ai rien compris à votre livre, monsieur » ou encore « Moi je trouve que votre livre est drôle, mais je ne crois pas que ce soit le but, non ? »

Spontanéité, naturel et humour (accompagné d’un rire devenu célèbre et communicatif !) sont les maîtres mots de cette hyper-active jamais à court d’idées et de projets. Dans son dernier roman Tokyo c’est loin«  chez Flammarion, elle racontre comment une jeune trentenaire affronte sa rupture amoureuse douloureuse en s’exilant à Tokyo sur les traces de son père disparu, non sans avoir au passage analysé et décortiqué, avec un oeil quasi sociologique, les petits tue-l’amour du quotidien d’un couple.
Avec son art du second degré et du détail qui tue : « La chaussette est la mort du couple, en deuxième position tout de suite après le four, ex aequo avec la hotte aspirante. » Ou encore plus acide à la Guitry : « La vie ça n’a pas de prix, tous les proverbes le disent…, mais un divorce, c’est 2000€. »

Un pitch et des thèmes qui vous rappellent quelque chose ? « Rien à voir se défend-elle (cf : vidéos ci-dessous). Je ne me sens pas du tout affiliée à une quelconque famille ou genre littéraire que ce soit. J’ai écrit un livre. Point. »

Certains s’enthousiasment comme le magazine Elle qui apprécie sa plume drôlissime et lucide : « Tokyo est LE roman antidépresseur indispensable aux moments de blues » Tandis que d’autres font la moue comme dans le dossier « spécial filles » du magazine Lire où elle est classée dans « le pire de la chick lit » avec pour critique : « cette histoire pullule de clichés pour (mauvais) magazines féminins et offices du tourisme. »

Mais qu’importe, cette « fille de cité » (Draveil) comme elle aime à le rappeler, n’a pas pour habitude de ruminer les critiques bonnes ou mauvaises, et préfère foncer dans les causes qui lui tiennent à coeur. En première ligne : l’association qu’elle soutient depuis ses débuts et dont elle est la marraine : Coeur à lire qui lutte contre l’illetrisme.

Elle y aide les enfants que l’école met de côté parce que manque de temps et méthode inadaptée. C’est au cours de ses études au collège, lycée puis fac de sciences politiques et économiques qu’elle s’indigne du fossé qui existe entre « les forts en thème » et « les autres ». Elle décide alors de se consacrer à le réduire. La télé est arrivée entre temps par hasard (sur Canal plus) mais ne lui fait pas oublier sa vocation. Elle donne, depuis 10 ans, de son temps, au minimum 2 soirs par semaine « pour apprendre à apprendre à ceux qui sont fâchés avec l’école ».

« Le système scolaire exlut ceux qui ne rentrent pas par la porte alors nous essayons de construire des fenêtres », résume t’elle en souriant.
Une philosophie qui a séduit la prestigieuse école parisienne de Sciences po qui lui demande d’être membre du jury de sélection de son programme « Convention Education prioritaire » (pour les lycéens en ZEP) avant de la recruter comme conférencière d’un cours intitulé « Lecture et Ecriture » qu’elle anime auprès des première année, depuis octobre 2005. L’écrivain Florian Zeller avait également dispensé des cours de littérature au sein de l’établissement les années précédentes.

Tania (qui a gardé une chronique sur Campus) souhaite aujourd’hui poursuivre son chemin artistique et c’est la voie musicale qu’elle empruntera à la rentrée. « J’ai toujours écrit des paroles de chansons, des poèmes. J’avais même commencé à enregistrer des maquettes avec des amis musiciens. », explique t’elle. Seul hic : ses créations n’aboutissaient jamais « en raison de départ inopiné dans des caravanes de mes musiciens… », sourit-elle sibylline.
Bref un jour, l’auteur décide de se mettre en quête d’un compositeur « plus stable ».
« J’ai alors fait une cure de chansons françaises, se souvient-elle, même si ses influences sont plutôt pop-folk-jazz ou encore rap avec des références eclectiques allant des Beatles, Head Spear ou Ella Fitzgerald…
Elle tombe alors sur l’album Rose Kennedy de Benjamin Biolay. « J’ai halluciné sur la qualité des arrangements et sur le concept super pointu pour un premier album. » Elle lui envoie ses textes, tout simplement. Il apprécie et lui propose de se rencontrer. Et contre toute attente il l’invite à « bosser ses mélodies ». L’écrivain apprend donc le piano pendant un an et au final compose un album intimiste aux sonorités cubaines, salsa ou encore jazzy façon Pink Martini ou Paris Combo, produit par Benjamin Biolay.

« Benjamin m’a conseillé de raconter une histoire. Une trame sert le jeu d’écriture. Mon fil conducteur était 24 heures de la vie d’une femme. Il s’est ensuite recentré sur les chansons d’amour qui sont toujours les plus intéressantes. »
Elle fera ses premiers pas sur scène cet été lors des Francofolies.

En attendant, voici deux petites vidéos où Tania réagit à la classification de « chick lit » et fustige au passage les travers journalistiques consistant à « créer de la tendance » ou à « coller des étiquettes » et son parcours pour être éditée…
Signalons que Tania a également été invitée au Café Picouly, sur France 5, pour la rubrique Ping-pong où elle répondait aux « attaques » du magazine Lire.

Bonne écoute !
Merci à Tania du temps accordé.

Les autres livres de Tania de Montaigne :







2 Commentaires

  1. Je trouve sa réponse sur la chicklit très bonne.
    Hyper constructif comme commentaire, je sais 🙂

  2. Oui, ton avis est intéressant Syven. Il est vrai que Tania de Montaigne a souvent des avis assez tranchés et pertinents. On peut être d’accord ou non mais ils donnent à réfléchir !

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