Conférence Chloé Delaume, François Bégaudeau et Oliver Rohe / Salon du livre 2007 (6/6) : L’acte d’écrire, autofiction et rapport au réel dans le roman…

Sixième étape, enfin !, un an après (mais sans rien perdre de l’actualité de son thème)…, de nos rencontres avec les auteurs du Salon du livre dernier (2007) à Paris, avec le débat « Du plaisir à la rage, du réalisme poétique à l’écriture automatique : romance de la colère ». Ayant un peu dévié de son sujet initial, il s’est tenu le 25 mars 2007 entre plusieurs jeunes auteurs : Chloé Delaume, François Begaudeau et Oliver Rohe, autour de la thématique de l’autofiction et du réel sur le stand de Virgin Mégastore. Au programme, une discussion dense, des prises de positions affirmées et un partiel état des lieux de la littérature française contemporaine.

Le débat initial « Du plaisir à la rage, du réalisme poétique à l’écriture automatique : romance de la colère » n’a pas vraiment eu lieu. Ou en partie seulement. La faute au changement d’heure, l’animateur a raté le coche ! Du coup, avec son remplaçant, le propos a sensiblement dévié. La colère était certes là, à travers le serein emportement à défendre tendances, conceptions et pratiques de l’écriture. Les liens et les divergences entre réalité, imagination et autofiction ont été amplement examinés lors de cette heure de débat.

Tout d’abord, « Pourquoi écrire ? Pourquoi user de tel ou tel genre littéraire plutôt qu’un autre ? » Un marronnier comme sujet d’un livre ?! Oui ! Mais quel thème ! Tous les écrivains tombent dans les affres de ce questionnement. Si ces interrogations n’ont rien d’originales tant elles traversent les siècles, elles méritent attention, à défaut d’une réponse absolue. Dans « Devenirs du roman » (publié aux éditions Naïve) une trentaine d’auteurs se confronte à cette problématique. Paru en janvier 2007, ce livre n’est ni un essai ni une étude, mais « une photographie de l’état de la réflexion du roman au XIXe siècle » comme l’expose l’un des écrivains du collectif, François Begaudeau. Et d’ajouter. « Cette démarche plurielle n’a pas vocation à définir ce qu’est la pratique de l’écriture, ni à l’enfermer. Le but de ce livre est pour chaque auteur d’évoquer sa pratique du roman (et non une idée théorique qu’il en aurait). Ecrire c’est prendre des décisions ». Ce recueil propose un échantillon des procédés actuels. La notion d’essai ne correspond pas à l’ouvrage, car aucune théorie commune n’en ressort. D’ailleurs, tous les auteurs ayant participé ne sont pas d’accord sur les points abordés par d’autres, et aucune conclusion n’en exclue d’autres. Quelques écrivains se connaissent, ont la même sensibilité, d’autres en sont à l’opposé. L’intérêt réside précisément dans la mixité des points de vue, l’interpénétration de chacun avec d’autres. Tous les genres, toutes les techniques narratives touchant au roman sont envisagés et envisageables.

Mais quand est-t-il de l’autofiction ? Chloé Delaume intervient alors. Pour mémoire, l’autofiction a toujours été pratiquée en littérature. Mais c’est Serge Doubrovsky qui nomme cette technique narrative en 1977 pour désigner son ouvrage Fils (Folio Gallimard). Il s’agit du mélange d’une histoire basée sur l’identité profonde de l’auteur, (qui en est le plus souvent le narrateur) et d’un récit romancé, (totalement composé parfois). Ce genre littéraire reste néanmoins minoritaire dans les pratiques contemporaines.

Chloé Delaume, représentante emblématique de ce mouvement, précise que l’autofiction n’est pas du nombrilisme et que même en dehors de ce choix narratif, il y a toujours du « je travaillé » dans l’écriture. Un peu de soi dans chaque personnage. L’autofiction « est un travail sur le ressenti, sur les sensations. Le corps dépasse la réflexion. » Et de ce fait, pour cette écrivain, l’expérience du « je » est prioritaire pour en rendre compte de ces émotions. D’ailleurs, Chloé Delaume qui publie ce mois-ci une histoire schizophrénique de sa passion pour le groupe des années 80, Indochine (La dernière fille avant la guerre, Naïve) avoue son malaise face aux gens. « Le réel me fait peur. Je passe plus de temps derrière mon ordinateur qu’avec des gens. Le terrain ne m’intéresse tout simplement pas, même si grâce à cette pratique des auteurs-reporters ont écrit des romans très bien

Chloé Delaume, née Nathalie Dalain en 1973 (son nom de plume est un mixte de l’héroïne de L’écume des jours de Boris Vian, et de L’arve et l’aume, d’Antonin Artaud) navigue effectivement à loisir entre poésie, expérimentation et fiction. Les faits du quotidien ne sont pas prépondérants pour elle. Mais, elle crée son monde à partir d’elle-même face a des éléments du réel. Dans « J’habite dans la télévision », chez Verticales, où elle s’est élue cobaye et a campé seize mois derrière son post pour rendre ensuite compte des effets sur son langage, son écriture, son quotidien. C’est sa confrontation avec ce qui lui est extérieur. « Ce livre n’est ni un essai ni un documentaire. » Mais un moment de vie romancée, avec son lot de réalité et son lot de fiction. « Le but n’était pas tant de parler de moi dans ce roman là, mais vraiment de partager l’expérience que j’ai vécu, d’étudier les neurosciences, l’influence du médias télé sur mon langage, mon quotidien… ».

Se dessinent alors deux grandes tendances. L’autofiction, représentée par Delaume, où le « je » est la source d’informations, d’émotions et d’imagination et en face, Oliver Rohe et François Begaudeau qui revendiquent la primordialité du réel dans l’acte d’écrire et puits d’inspiration. Ce dernier se dit « fasciné par la puissance de la réalité. Le réel a tant de talent, d’énergie, c’est une telle source d’écriture. Se regarder continuellement et se prendre comme sujet, oui certes. Mais on finit par sécher. » L’emploi du pronom personnel « je » dans les romans de François Begaudeau, ne traduit pas systématiquement un regard porté sur soi. « Le protagoniste d’Entre les murs, (aux éditions Verticales) me ressemblait certes, mais l’emploi de la première personne du singulier était secondaire. Le « je » nous échappe beaucoup à partir du moment où il n’est pas un « je » nombriliste. Il peut aussi être l’absence de soi. » Quant à Oliver Rohe, auteur de Nous autres (Naïve), l’autofiction provoque une gène profonde « Ce qui me dérange dans l’autofiction c’est la finalité de ce genre de romans. Le gain du « je » à la fin du livre : il en ressort plus grand, au détriment du « peuple ». Pour moi le dessein d’un livre ne se trouve pas là et ma conception de l’identité entre en conflit avec celle prônée dans l’autofiction.» L’impasse se dessine. Certains ont peur du réel et d’autres sont en porte à faux avec l’essence même de la fiction. Mais la réalité, qu’elle soit omise ou considérée, ne peut être totalement occulté, nié.

La scission doit-elle être aussi rigide que cela ? D’un côté le « je » magnifié de l’autofiction et de l’autre la simple restitution du réel. L’écriture est-elle condamnée à n’appartenir qu’à une seule forme de récit ? Visiblement, non. Le roman détient le pouvoir de la liberté infini. « La forme romanesque ne peut être enfermée, délimitée. C’est qu’explique Devenirs du roman. L’hétérogénéité du roman et de la pratique de l’écriture romanesque rend justice à la réalité, à sa complexité en multipliant différents aspects. » précise Oliver Rohe. L’imagination a sa place dans le roman, autant que l’intrusion de faits d’actualités est justifiée. Dans Une année en France, François Begaudeau, Oliver Rohe et Arno Bertina (Gallimard) ont mixé les sources d’informations, de documentations et d’écriture. Les évènements de l’année 2005 tissent la trame de l’histoire. Et un personnage à six jambes, (pour une écriture à trois mains) parcourt les faits, le refus général de la France incarné par le non au référendum sur la Constitution Européenne, la révolte des banlieues, et les manifestations anti-CPE. La captation du réel dans le roman n’exclut donc définitivement pas la fiction ni les libertés narratives. Mais dans l’autofiction, la réalité vue par le prisme d’une identité unique, sans documentation ni repère autre que les sensations de l’auteur altère peut-être le réel. Moins contraint, le roman est à l’image de la réalité « un magma informe » et changeant.

En conclusion, il semblerait que l’autofiction soit plus vite vouée à la sécheresse ou à tourner en rond autour de son nombril que le roman. Une fois son identité décortiquer, celles fantasmées, échafaudées, que reste-t-il à étudier, mettre en scène de soi à l’auteur ? Les règles régissant l’autofiction sonneraient-elles, sur le long terme, le glas de ce style ? Le roman donne le sentiment d’une infinie étendue d’alternatives, qui permet la restitution d’une histoire, comme de l’Histoire comme toutes les folies ou autres douces aliénations. Mais la plus grande liberté de la littérature n’est-elle pas cette forme indéfinissable qu’elle peut prendre, tant elle est multiple et changeante ? La possibilité de jongler avec les techniques littéraires, de filer les dans une même oeuvre ne garantit-elle pas la pérennité du roman ? Faut-il vraiment que chaque livre soit répertorié dans un modèle cadré pour en saisir l’essence, le discours, la volupté délirante ou profonde ? La littérature, et plus encore l’écriture demeure un mystère à part entière qui ne livre rarement ses vérités. A défaut de réponse, tous à vos points d’interrogations….

Photo et propos recueillis par Anne-Laure Bovéron

A SUIVRE A PARTIR DE LA SEMAINE PROCHAINE : LES INTERVIEWS INEDITES DU SALON DU LIVRE 2008…

12 Commentaires

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  1. un article très très intéressant, dont j’aime beaucoup l’idée qu’écrire est un vaste point d’interrogation… Qu’écrire est une action, aussi. Les mots agissent. On le voit bien dans les réactions des bloggeurs qui sont surpris tout à coup que leur écriture génère des réactions, parfois douloureuses.
    Merci de faire partager à ceux qui ne sont pas à la capitale ces riches moments littéraires…

    • Jean Dhoute sur 21 mars 2008 à 18 h 58 min
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    La posture contemporaine de l’auteur théorisant sa pratique paraît quand même, soit obsolète, soit pour le moins réductrice (sinon caricaturale). Elle n’est d’ailleurs pas étrangère, je trouve, à une partie du désintérêt (ou de la désaffection) de la critique étrangère pour ce qui se produit en France, sur le plan littéraire. A force de se regarder écrire, de s’écrire se regardant écrire, arrive un moment où on n’écrit plus. Ou plutôt on amoindrit la force pulsionnelle, la "vista littéraire", le projet initial. Même si elle est nécessaire, la théorie littéraire n’a jamais fait bon ménage avec sa pratique, et encore moins avec ses praticiens qui, pour leur grande majorité, s’en méfient comme de la peste. Le côté jargonnant , peut-être, tellement antinomyque avec tout projet d’écriture. En tout cas pas quand les mêmes acteurs préemptent les deux camps. On retrouve là d’ailleurs les travers des échappées théorisantes des années 60 (j’y reviens plus loin) qui ont montré les limites d’une tendance tel le Nouveau Roman, par exemple (symptomatique: même démarche, même époque, grosso modo, d’ailleurs, pour la Nouvelle Vague cinématographique qui a vampirisé le cinéma d’auteur français pour presque un demi-siècle puisqu’on en subit encore, en grande partie, les conséquences, dans le manque de renouveau cinématographique actuel).
    Déjà, le faux vrai débat de l’autofiction (la confusion du vrai et du faux étant cependant une des caractéristiques du postmodernisme).
    S’appuyer sur une trouvaille linguistique, certes intéressante à sa sortie (pour appuyer "l’argument" d’un livre), pour tenter d’en faire un mouvement, paraît pour le moins, non pas ressortir d’un point de vue artistique ou littéraire, mais plutôt, à mon avis, d’une stratégie consciente et d’une tentative de prise de pouvoir d’un certain nombre d’acteurs du milieu ambiant sur le champ littéraire (on remarquera au passage que sur ce type de débat, ce sont toujours un peu les mêmes figures que l’on retrouve, ce qui tendrait à montrer un déficit de partage du débat avec leurs confrères en (auto-fiction) . Tout ça fait diablement penser, en beaucoup plus faible évidemment, à la posture du Nouveau roman puis de Tel Quel dans les années 60, et ceci explique peut-être en partie cela, cette fascination d’une nouvelle génération pour les aînés qui ont su, en leur temps, prendre le pouvoir…mais c’est un autre débat.
    Quand même: l’autofiction. Quand on réfléchit un peu à ce qu’est le travail, le projet d’un auteur de littérature, on a du mal à ne pas sourire à ces assertions qui semblent redécouvrir l’eau chaude. Se rendre compte que dans toute fiction, il y a une part de soi-même, c’est à dire de l’auteur, paraît pour le moins évident. En quoi "l’autofiction" se démarque telle de cette démarche qui est celle de la majorité des auteurs? Par le "je travaillé", le travail sur l’expérience du « je » (qui) est prioritaire pour rendre compte de ces émotions."? Et pourquoi cette prépondérance du "je", sinon comme un symptôme qui renvoie à un certain nombrilisme, un egocentrisme d’une "certaine tendance de la littérature française", pour paraphraser un fameux critique devenu cinéaste. Et que fait-on des centaines de milliers de textes conjugués au "il", au "tu, au "nous", etc, et qui ne rentrent pas dans ce cadre. Pas d’émotion, pas d’enjeux littéraires dans ces cas-là?
    Enfin, il semble là aussi que l’émotion soit un des éléments inhérents, une des volontés de base de tout auteur lié à la production de n’importe quel écrit fictionnel. L’émotion, Céline en parlait déjà (et avec quel talent!) , et avant lui Bernanos, Bloy, Flaubert, j’en passe et des meilleurs… Pour toutes ces raisons et sûrement bien d’autres que vos lecteurs ne manqueront pas d’énoncer, je pense que l’autofiction n’est qu’une micro-tendance, à la rigueur un point de vue "technique", probablement une stratégie d’occupation de l’espace médiatique, mais sûrement pas un courant littéraire. De plus, l’époque paraît tellement ouverte à la multiplicité des "manières de voir et de faire" qu’elle souligne d’autant plus l’aspect, à mon avis assez anecdotique, sinon caduque, de cette "tendance".

    • folantin sur 21 mars 2008 à 21 h 11 min
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    au delà de ces problématisations d’esthètes, ça va nous valoir encore une belle entrée sur le blog de chloé à base de "ça me saoule ces trucs je sais jamais quoi dire mais bon virgin paie les factures mais bon ça me saoule quand même fallait juste que ça tombe un we ou j’avais prévu de rester enfermée chez moi à jouer aux sims".

    (j’aime beaucoup chloé)

  2. Puisqu’il s’agissait d’une rencontre d’auteurs qui devaient questionner l’autofiction, cela me semble logique qu’ils théorisent un peu (c’est-à-dire qu’ils réfléchissent sur le pourquoi du comment).Je ne vois pas de posture à ça. Ils écrivent, quelquefois ils essaient de dire pourquoi ils écrivent, ils sont édités, ils écrivent. Ils font un bien beau métier, ils ont des tas de projets qui prennent forme, ils questionnent beaucoup. Je trouve juste qu’ils ont de la chance de vivre ce bonheur-là en entier.
    Quant à l’autofiction, c’est sans doute une autre façon de dire je… Est-ce que c’est plus "je" que le "je" du narrateur de "Dans le scriptorum", par exemple, de Paul Auster ? Ça n’a pas d’importance, au fond, pour ceux qui lisent. C’est un débat qui intéresse ceux qui écrivent, mais ce n’est pas parce qu’ils s’interrogent sur leur pratique, qu’ils sont nécessairement nombrilistes. Flaubert, à ce compte-là, pourrait être taxé de super-nombriliste : "Emma Bovary, c’est moi…"

  3. Il faut que je me décide à finir mon polar ! Mais au fil de mes 150 pages que j’ai déjà écrites, j’ai ressenti la toute puissance du narrateur omniscient qui tutoie le monde des dieux !

    • freaks sur 23 mars 2008 à 12 h 00 min
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    franchement, debat un peu sterile; ce qui l’est moins a mon sens est la capacite de la litterature a se renouveler… a travers de nouveaux enjeux, de nouveaux vecteurs, etc.
    c’est pourquoi Chloe Delaume, a travers un style bien identifiable, l’utilisation de supports, d’installations, etc., ne s’enferme pas dans la sterilite- a mon sens- d’une christine angot… par ailleurs, la litterature dite "serieuse", celle dont on parle dans les revues, les journaux, etc., devrait penser a elargir son champ d’investigation… le polar a eu une certaine reconnaissance ces dernieres annees (grace a son poids economique), mais quand est-il de la SF? de la litterature dite d’anticipation sociale?
    j’ai actuellement quatre bouquins excellents sur ma table de chevet et un seul classé en littérature générale:
    "ecrits fantomes" de david mitchell
    les autres: "les ailes de la nuit" de robert silverberg, "les chronolithes" de robert charles wilson et "perdido street station" (1) de china mieville…
    quand la "grande" litterature arretera de se regarder le nombril pour se consacrer simplement a l’oeuvre proprement dite et a sa capacite a interroger le reel, la societe dans sa globalite, on aura depasse depuis longtemps les vieux schemas des annees 70 (exception faite de Deleuze, dont la reflexion ne cesse de m’interesser et qui n’a pas pris une ride)

    • nowhere sur 23 mars 2008 à 21 h 00 min
    • Répondre

    je suis plutot refractaire à lautofiction et assimilés, c’est en géneral une soupe qui ne laisse pas de place au lecteur. j’ai malgré tout lu avec interet G. DUSTAN, parce qu’il reussit à depasser son JE pour toucher à quelque chose de plus universel dans lequel le lecteur peut se reconnaitre.

  4. (fichtre jean Dhoute, quel speech !)
    je ne suis pas fan non plus de théorisation littéraire, même si parfois cela peut être intéressant de replacer et d’expliquer les démarches des auteurs.
    l’autofiction est en effet un faux débat à mon avis aussi, freaks, mais hélas certains détracteurs et autres terroristes du storytelling (vous savez ceux qui vous balancent qu’un bon roman c’est avant tout, je cite "Raconter une histoire ! Le béa-ba d’un bon roman, mes chers collègues sectaires élitistes formalistes et chiants ne se la pose même plus : revenir à la base, raconter une histoire, au moyen d’une plume alerte, imagée, si possible, avec du souffle, une vision du monde, des descriptions de personnages, de lieux, décors… pas seulement jouer avec les mots, faire des effets de plume." (voir ici pr plus de détails sur cette conception http://www.buzz-litteraire.com/i...
    je n’y reviens pas plus, pas envie de m’énerver (ce n’est pas agressif).
    Bref tout ça pr dire que l’autofiction ne rime pas avec stérilité même si elle est plus limitée bien sûr en terme de quantité (on peut pas faire 15 romans uniquement sur soi/son expérience pure, on peut en faire peut-être 2, 3 maximum, après on s’assèche en effet comme cela est dit dans l’article). Mais qu’on ne dise pas que l’autofiction est nombriliste ou sans intérêt littéraire. Se prendre comme sujet c’est tout aussi intéressant que de choisir de parler des indiens d’Amérique ou tout autre chose, ce qui compte c’est la façon dont on le traite, comment on en parle. Tout sujet est potentiellement intéressant (quand on voit qu’un auteur de chez POL a même choisi comme sujet « Les vaches », roman au titre éponyme !, de Frédéric Boyer); Il n’y a pas de diktat ou de cahier des charges à suivre en littérature.

    C’est pourquoi, Folantin et là je te rejoins, j’aime bp ce qu’a fait C.Delaume dans ses premiers romans.
    Le cri du sablier est pour moi un chef-d’oeuvre, un vrai. Il ne faut pas que ce livre tombe dans l’oubli, c’est un grand livre. En revanche j’ai été méga déçue par ses dernières publications plus expérimentales ou qui versaient dans le règlement de compte germanopratin stérile pour le coup.
    J’ai lu sur son blog qu’elle repartait vers l’autofiction avec Le livre des morts. A mon (humble et totalement inutile) avis, elle devrait essayer de chercher de nouvelles directions, comme raconter sa vie de femme ou quelque chose comme ça je pense. Je pense qu’elle a fait le tour du côté de sa famille et de son enfance…
    J’attends vos impressions sur l’oeuvre de C.Delaume si vous l’avez lue bien sûr !

    PS : Merci Sophie, ton message va faire plaisir à Anne-Laure !

    • folantin sur 27 mars 2008 à 21 h 13 min
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    souvenir d’un vieux fight à propos de delaume isleofid.com/forum/index….
    (nous étions jeunes et laids, et deversions notre excédent de testostéronne dans d’absurdes querelles littéraires). Sinon ouais, je suis pas de trop près le microcosme mais j’ai l’impression qu’elle est en train de se ravalequiser la petite chloé. J’avais pourtant pas détesté certainement pas. Simplement je crois qu’elle fait partie de ces auteurs (je pense aussi a raphael meltz) qui affichent une posture pour le moins dubitative par rapport à l’intérêt de ce qu’ils pourraient raconter.
    Au début, ils nous font rire, ça fait rebelle, et au final on finit par le leur repprocher.

  5. (j’arrive après la bataille, mais…)
    Assez d’accord avec Jean Dhoute – notamment sur la "tentative de prise de pouvoir" : c’est bien l’idée, plus ou moins consciente, de chaque courant… C’est peut-être ce qui manque, cela dit, pour que la littérature reprenne un peu de place dans le "champ" médiatique : des courants qui feraient parler d’eux non pas seulement par "stratégie", comme vous dites, mais parce qu’ils avancent.
    (L’énergie avant le projet… "Exiger un projet c’est mettre la charrue avant la beuh car il faut un groupe d’abord, fédéré par quelque chose qui s’apparente à de la joie, par une énergie qui porte et déplace" (dixit Bégaudeau/Bertina/Rohe, Une année en France)

    Folantin, il me semble bien qu’il y a déjà eu une note de Chloé Delaume sur ce débat… dans mon souvenir, elle avait connu des moments meilleurs.

    Sur CD, justement, il me semblait que "La dernière fille avant la guerre" ajoutait une dimension nouvelle (la schizophrénie) à ses précédents travaux d’autofiction…
    ("J’habite la télévision", aussi, qui donnait un peu d’air au concept d’autofiction : loin de l’autobio, se mettre soi-même en situation de fiction, ça me paraît assez intéressant (comme, dans un genre différent, Pierre-Louis Basse louant pendant 6 mois une chambre de bonne dans le XVIe…)

  6. Mais pourquoi doit-on éviter les hors -sujets? C’est ce que je préfère….sinon, bravo, merci pour la jolie balade.

  7. L’autofiction: vaste foutaise, ça existe depuis des siècles, relisons les "confessions" de Rousseau ou Saint Augustin… Alors en plus quand ce concept fumeux est porté par des "écrivains" tels que Chloé Delaume qui se déclare elle-même psychotique, on rit un peu, et encore plus quand on a lu la bio non "officielle/wikipédia" mais fichtrement documentée ici: fr.contemporain.wikia.com…

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