L’écriture et la littérature selon Philippe Djian (Doggy bag 6)

Philippe Djian : sur l’écriture et le style. Photo éditeur : Gallimard/Folio

Philippe Djian, le plus américain des écrivains français, inventeur de cette langue poético-pop et de ce héros trentenaire aérien et looser de la littérature des années 90/2000, auteur à succès de « 37.2 le matin », « Zone érogène » ou plus récemment « Impuretés » et sa série « Doggy bag » (dont il sort la « 6e saison » actuellement) qui s’inspire du principe des séries TV américaines de type « Les sopranos » ou « Six feet under », confie au magazine Télérama sa conception de l’écriture et son obsession de la phrase parfaite comme un musicien (rock) cherche sa mélodie. Il revient également sur sa carrière (sans oublier de rappeler la petite phrase assassine de Gallimard qui lui avait notifié, à ses débuts, qu’il « se plaçait délibérément hors de la littérature »…), l’évolution du paysage littéraire français et évoque les auteurs contemporains, de Bret Easton Ellis à Don Delillo en passant par Jean Echenoz qu’il admire. Quelques citations choisies de cette interview intéressante :

« Je pars du principe que toutes les histoires ont déjà été racontées. Adopter un certain point de vue, en littérature, cela signifie travailler sa langue – rien d’autre. C’est la langue qui compte, et elle seule. »

« Comme je l’ai dit souvent, les histoires ne m’intéressent pas tellement, répète Philippe Djian. J’aime faire des phrases, installer un rythme, trouver un style de récit. Dans une série, on ne peut pas faire l’économie de multiples péripéties. J’ai inventé l’histoire en l’écrivant. Je n’avais pas de plan, pas de canevas. Juste au départ, une femme dans un autobus, qui se rendait au travail. Puis sont venus les deux frères qui tiennent un garage. Sans doute un clin d’oeil aux deux frères de « Six Feet Under » qui ont une entreprise de pompes funèbres. »
« Une phrase seule, ce n’est rien, ça ne sert à rien.
Il faut parvenir à tenir la note.
 »

(…) à partir de l’histoire toute bête de gens très ordinaires, je peux aller vers des choses qui sont, en surface, négligeables, mais intéressantes en profondeur : les sentiments, les relations qu’entretiennent les gens entre eux, les hommes et les femmes, les parents et les enfants… Raymond Carver faisait cela bien avant moi : raconter l’histoire d’un type et de sa femme, ensemble dans une caravane ; rien ne se passe vraiment, et c’est bouleversant. »

(Sources : Télérama et Le Monde)

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3 Commentaires

    • Albédo sur 30 mai 2008 à 14 h 29 min
    • Répondre

    Dites, suis-je le seul à voir un paradoxe : Philippe Djian proclame que l’histoire (il n’a pas dit "le pitch" ?) en quelque sorte n’est rien et que le style seul fait tout, alors que si sa série "Doggy Bag" s’est fait remarquer, c’est d’abord, voire seulement, sur le premier aspect seulement — cette pseudo-appropriation du feuilleton télé "hype" par la littérature française contemporaine, pour ce que Djian en incarne ?
    Le style de "Doggy Bag" est cent pour cent Djian, sous cet angle-là il n’y a aucune novation ; c’est donc bien à "l’histoire de Doggy Bag" que Djian doit qu’on parle tant de ses six derniers romans.
    Ce qui ne retire rien à ce que j’éprouve à lire Djian de manière générale…

    • charlie sur 30 mai 2008 à 15 h 16 min
    • Répondre

    Depuis "lent dehors" je pardonne tout à DJIAN…

    • Albédo sur 30 mai 2008 à 16 h 58 min
    • Répondre

    Tu auras noté que je parlais moins du travail de Djian vu par lui-même que de l’accueil qui lui est fait — Djian qui, quant à moi, peut m’en demander beaucoup depuis "50 contre 1"…

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