Bret Easton Ellis revient sur l’écriture de « Suites impériales »… et « American psycho »

A l’occcasion de la sortie de son nouvel opus, le père de Patrick Bateman accorde de nombreuses interviews et participera à de nombreux évènements (dont le Festival America à Vincennes les 24 et 25 septembre prochain). Il commente notamment l’écriture de « Suites impériales »… et règle quelques malentendus d’interprétation sur American psycho… L’occasion aussi de s’expliquer sur sa petite phrase polémique twittée sur la mort de Salinger :

Dans une interview accordée aux Inrockuptibles, il explique notamment l’écriture de son dernier opus « Suites impériales », la suite 25 ans après de son premier roman « Moins que zéro » :
Je voulais revenir au minimalisme de Moins que zéro. Cela m’aide à commencer une phrase dans un certain esprit et à l’achever dans un esprit différent. Je ne voulais aucun name dropping, contrairement à Glamorama : Clay est un insider, les stars ne l’impressionnent pas. Il est scénariste et c’est comme s’il écrivait Suite(s) impériale(s) lui-même, à la façon d’un scénario : extérieur/intérieur, dialogues. Car c’est la voix de mes narrateurs qui influence à chaque fois l’écriture de mes livres. Ce roman est donc aussi court qu’un scénario, comme si Clay se mettait lui-même en scène dans son propre film. Sauf que la réalité, c’est qu’il n’est qu’un second rôle, pas l’acteur principal, et à force de s’acharner à croire le contraire, il va blesser tout le monde.

Si le ton est triste, c’est que je ne voulais surtout pas faire une satire d’Hollywood. Ça a été fait et refait et ça ne m’intéresse pas. Est-ce que je trouve Hollywood horrible ? Non. Il y a des tas de producteurs qui se battent pour faire des films intéressants, des metteurs en scène passionnants comme Gus Van Sant, par exemple. J’ai adoré écrire un scénario pour lui : deux artistes qui ne survivront pas à Hollywood et finiront par se suicider. Je ne suis pas sûr que Gus fera le film, j’essaie de le convaincre. Mais c’est vrai, Hollywood est le lieu absolu de l’exploitation. Beaucoup de jeunes arrivent et ne demandent que ça – non pas pour faire un film mais pour devenir célèbre. Je connais ça. Je comprends très bien le personnage de Rain. Moi-même, j’ai voulu devenir célèbre et je me suis en quelque sorte prostitué en me laissant exploiter par mes éditeurs, par les journalistes. J’aurais pu refuser tout ça.”

Il revient également sur son roman phare « American psycho » dont les interprétations ne correspondent pas toujours à son intention initiale… :
« Tous mes romans sont une façon de m’en sortir. American Psycho est un roman incroyablement autobiographique. Les journalistes aiment y voir un roman de critique sociale sur le monde de Wall Street et des yuppies alors que c’est seulement un roman sur ma solitude, mon aliénation, la personne que j’étais en train de devenir car je m’étais laissé rattrapé par cette culture de la consommation que je n’aimais pas. J’étais très malheureux et cela se reflète dans ce que Patrick Bateman est en train de vivre. Quand le livre est sorti, c’est devenu complètement autre chose…  »

Enfin, il déplore que peu de gens aient compris sa réaction, fidèle à son humour noir ironique, lors de la mort de Salinger en janvier 2010 (il avait twitté : « Yeah !! Thank God he’s finally dead. I’ve been waiting for this day for-fucking-ever. Party tonight!!! »)
J’adore Salinger mais je n’ai pas pu résister. Ici, la moitié des gens qui ont vu ce twitt n’ont rien compris. On m’a même menacé de mort !

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