Auteur : Rick Moody

« Démonologie » de Rick Moody, Les démons de l’Amérique moderne exorcisés

Rick Moody est considéré comme l’un des romanciers américains les plus prometteurs de sa génération et impose sa voix originale outre-Atlantique aux côtés des Jonathan Franzen, Jonathan Safran Foer, Jeffrey Eugenides ou encore Paul Auster et Philip Roth pour les doyens… Ce new-yorkais révélé avec le somptueux « Purple America » en 2000, ausculte avec réalisme et un cynisme quasi-parodique, les maux de la société américaine gangrenée par la solitude, le vide existentiel remplacé par le matérialisme à outrance, l’âpreté au gain, le manque de repères et d’authenticité dans un monde factice où les masques prédominent, l’effacement des liens familiaux ou encore les blessures de l’enfance. On n’est jamais bien loin de la démence dans cette Amérique profonde de la côte ouest, middle class. Publiées en 2002 les nouvelles qui constituent le recueil Démonologie ont été écrites parfois à plusieurs années d’intervalle. En dépit de la gravité ou du tragique des thèmes qu’elles abordent, l’auteur réussit la prouesse d’y injecter chaque fois une sorte de comique de farce qui fait toujours hésiter le lecteur entre le rire ou les larmes… Déstabilisant, anti-conformiste et souvent bouleversant.

Rentrée littéraire (3) : La télévision, filon (et bouc émissaire) inépuisable des jeunes auteurs ? De Rick Moody à Chloé Delaume ou Grégoire Hervier…

La télé c’est moche, c’est pas bien. Abrutissement hypnotique, programmes bêtifiants ou immoraux, bourrage de crâne, miroir aux alouettes, surenchère du trash et du kitsh… : elle s’attire régulièrement les foudres des écrivains qui s’égosillent à qui mieux mieux pour en dénoncer les « dérives » et les « dangers » et la diaboliser. Après Lolita Pille qui venait s’indigner sur tous les plateaux TV, lors de la sortie de Bubble gum de la « gravité » de la Star Academy ou encore Amélie Nothomb qui imaginait dans Acide Sulfurique un jeu de téléréalité extrême version camp de concentration, la rentrée littéraire accueille à nouveau son lot de satires de la télévision et critiques (originales ?) de la société du spectacle… Mais est-il bien nécessaire de tirer sur une ambulance ?