Littérature française

Orléans de Yann Moix : ce que les collégiennes lui diraient si elles pouvaient parler…

Près de 2 ans après la polémique retentissante ayant accompagné la sortie d’Orléans (rentrée littéraire de sept. 2019), roman d’inspiration familiale de Yann Moix (histoire douloureuse qui avait déjà nourri son précédent pavé « Naissance » pour lequel il avait obtenu le prix Renaudot en 2013), je me suis décidée à le lire et partage …

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Désintégration d’Emmanuelle Richard : Voix féminine sans concession de la génération Y

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Désintégration d’Emmanuelle Richard est déjà le 3e roman de cette jeune auteur alors âgée de 33 ans lors de sa sortie en 2018. Originaire de la banlieue parisienne, elle est apparue sur la scène littéraire en 2015 avec un premier roman déjà remarqué, La légèreté, sur des vacances adolescentes sur la huppée Ile de Ré …

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L’amour et les forêts d’Eric Reinhardt : « J’étais en train de me métamorphoser, pour la première fois de ma vie j’ai senti qu’enfin je devenais moi-même. »

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L’amour et les forêts d’Eric Reinhardt paraît lors de la rentrée littéraire de sept. 2014. Ce portrait de femme souvent comparé à Mme Bovary (même si cela est réducteur) pour le côté femme mal mariée qui s’ennuie et (souffre) et rêve d’autre chose a connu un grand succès tant commercial (vendu à plus de 100000 …

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Réparer les vivants de Maylis de Kerangal : « la folie comme seule forme de pensée possible (…) dans ce cauchemar d’une magnitude inconnue »

Réparer les Vivants est le livre qui aura consacré l’ascension fulgurante de Maylis de Kérangal en 2014 sur la scène littéraire française des années 2000, après deux opus déjà très louangés, Corniche Kennedy en 2008 et Naissance d’un pont en 2010. Multiprimé et adapté au cinéma en 2016 (réalisé par Katell Quillévéré, avec Emmanuelle Seigner …

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Mémoire de fille d’Annie Ernaux : « Chaque jour et partout dans le monde il y a des hommes en cercle autour d’une femme, prêts à lui jeter la pierre »

Mémoire de fille est le 19e roman autofictif d’Annie Ernaux publié en 2016 et suivi comme d’habitude d’une abondante critique élogieuse. Avec un double regard rétrospectif et d’époque « de l’intérieur », elle choisit ici d’ausculter et de « déconstruire » l’âge sensible et complexe de l’adolescence. Roman sur l’adolescence mais peut-être pas paradoxalement roman pour ado (on est …

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Brillante de Stéphanie Dupays : « L’entreprise avait compris que le lien le plus fort n’est pas pécuniaire, il est affectif. »

Brillante est le premier roman de la trentenaire Stéphanie Dupays publié en 2016 avec une sortie poche en 2017 qui a rencontré un certain écho (Prix Charles Exbrayat). Comme le laisse deviner sa couverture assez cliché qui semble repompée du diable s’habille en Prada sans en avoir l’humour (cela a d’ailleurs été changé pour la …

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La Confession de Claude d’Emile Zola : premier roman du maître, l’avant Rougon Macquard

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La Confession de Claude est le premier roman d’Emile Zola, publié en 1865 (après avoir fait paraître son recueil de nouvelles/chroniques « Contes à Ninon » en 1864), alors qu’il exerce comme critique littéraire. Même si relativement méconnu et oublié aujourd’hui (hormis comme objet d’étude des chercheurs universitaires ou les curieux amateurs du maître littéraire), il reste une œuvre intéressante à plusieurs titres : d’abord bien sûr au titre de débuts littéraires portant en germe certains thèmes et le style de l’œuvre magistrale à venir (même si Thérèse Raquin en est plus annonciateur) et nous fait découvrir le Zola jeune écrivain aspirant à l’écriture, le personnage principal « soupçonné » d’être son alter-ego tente d’écrire également (même si le thème n’est ici plus qu’une toile de fond car c’est avant tout de son « cœur » et de ses premiers émois amoureux sous le signe de « l’union fatale » selon ses termes que le narrateur nous entretient ).

Quand le diable sortit de la salle de bain de Sophie Divry : « ce long animal mou, cruel, collant, dégueulasse, que j’appelle par défaut la nécessité, la dèche, la débine, la misère, la mouise… »

Dans Quand le diable sortit de la salle de bains (2015), Sophie Divry, notamment remarquée avec « La condition pavillonnaire », revisite le genre littéraire du « galérien » tant sur le plan économique que sentimental, voire les deux. Raconté avec la bonne dose d’auto-dérision et de cynisme qui va bien, il peut s’avérer particulièrement désopilant…

Continuer de Laurent Mauvignier : « Si on croit qu’on n’a pas besoin des autres ou que les autres sont seulement des dangers, alors on est foutu. »

Continuer, 11e roman de Laurent Mauvignier, écrivain discret d’origine tourangelle, qui trace et imprime son sillon d’une force tranquille et diversifiée dans le paysage littéraire français, a connu un beau succès critique tant auprès de la presse que des lecteurs. Parmi ses louanges on trouve : une « très belle histoire d’apprivoisement entre une mère et un fils », un « grand livre d’aventures, sauvage et abrupt, [à la] splendeur visuelle » ou encore une « leçon d’endurance et de ténacité, de courage face à l’adversité ».

Un peu de soleil dans l’eau froide de Françoise Sagan: « On finira par empoisonner les gens tristes un jour »

Un peu de soleil dans l’eau froide est le 8e roman de Françoise Sagan publié en 1969, à l’âge de 34 ans et adapté au ciné en 1971 par J.Deray sur un scénario de Sagan. Elle reprend ici la tradition de ses jolis titres inspirés de vers de poésie (ici Paul Eluard) qui illustre parfaitement bien le propos ( de « subir sa douleur ») du roman qui aborde notamment le sujet de la dépression. Une maladie que Sagan, qui s’est toujours définie comme quelqu’un de « gaie », n’expérimentait pas elle-même au moment de l’écriture a priori, même si elle avait traversé en 1957 l’épreuve d’un accident de voiture l’ayant laissé dépendante d’un dérivé de morphine (ce qu’elle raconte dans son journal publié sous le titre de « Toxique »).

La chamade de Françoise Sagan : « Le bonheur était sa seule morale »

La chamade est le 6e roman de Françoise Sagan (après une série de pièces de théâtre notamment), publié en 1965, alors qu’elle avait 30 ans (âge également qu’elle donne à son héroïne Lucile, rajeunie à 25 ans dans l’adaptation ciné de 1968 avec l’éclatante jeune Deneuve dans le rôle titre). Dans la lignée de ses précédents opus, Sagan poursuit son exploration des affres de l’amour chez les riches parisiens de son milieu bourgeois, de l’ambiguïté des sentiments, leur part d’ombre, leurs paradoxes, les dilemmes du cœur, ou encore la cruauté de la séduction. Ici c’est la définition de l’amour heureux qui se trouve plus particulièrement questionnée ou plus précisément l’amour peut-il suffire au bonheur ? Tandis que lui fait écho la maxime de l’argent qui ne le ferait pas… Pour répondre à cette équation, abandonnant le triangle amoureux, elle met ici en scène un quatuor de deux couples de générations diverses, et s’amuse à déplacer les pions de ce nouvel échiquier à plusieurs variables…

Celle que vous croyez de Camille Laurens: « L’amour c’est vivre dans l’imagination de quelqu’un »

Avec Celle que vous croyez, paru lors de la rentrée littéraire de janvier 2016 dernière, Camille Laurens frappe fort et poursuit son exploration des rapports amoureux à l’heure d’Internet, débuté avec le très bon « Romance nerveuse » (2010) dont il pourrait être le tome 2. Elle continue de tisser ses motifs de « bad romance » où des femmes mûres, vieillissantes, sont malmenées par leur attirance pour leurs cadets trentenaires goujats et glandeurs, incapables de leur donner l’attention et l’amour qu’elles recherchent désespérément. Elle livre au passage une réflexion intéressante sur le désir amoureux qu’elle associe à l’écriture et à la fiction, au travers d’un dispositif narratif original où Internet devient la scène où les amants jouent avec leur imaginaire et leur identité jusqu’à s’y perdre…

Le coeur régulier d’Olivier Adam: « Il s’occupe de nous, c’est tout. Ca fait du bien par moments d’avoir quelqu’un pour s’occuper de vous. »

Le cœur régulier est le 7e roman d’Olivier Adam, publié lors de la rentrée littéraire de septembre 2010, grand succès de librairie adapté sur grand écran en 2016. La critique a souligné les corrélations et la filiation avec ses précédents romans. En effet, Le coeur régulier met en scène une certaine Sarah, qui était aussi le prénom de l’épouse disparue dans « Des vents contraires ». La disparition est une nouvelle fois centrale dans le roman.
Olivier Adam se glisse aussi pour la 2e fois dans la peau d’un personnage féminin après Marie, l’héroïne d’A l’abri de rien. L’auteur lui-même rapproche le duo d’un frère « ingérable » et « inflammable » et d’une soeur « posée », « responsable » à celui de « Poids léger » 10 ans après.

Le complexe socio-culturel d’Olivier Adam et le mépris de la culture populaire (« Les lisières »)

Alors que je lisais Les lisières d’Olivier Adam, je m’amusais de l’écart entre l’image que l’on peut avoir de cet écrivain et la réalité finalement de ses idées, de son « idéologie », qui ressort de façon assez abrupte dans ce roman qui m’a assez étonnée (malheureusement dans le mauvais sens…).

La série des Rougon-Macquart d’Emile Zola : présentation et résumés

Composé par Zola entre 1870 et 1893, le cycle des Rougon Macquart, est constitué de 20 volumes publiés au rythme d’un rythme par an environ. Zola s’est inspiré de la Comédie humaine  de Balzac, entreprise dés 1842, vaste fresque romanesque qui rassemble des personnages appartenant aux milieux les plus divers de la société du 1e …

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Chéri de Colette: « Elle battit des paupières, éblouie par l’approche du visage éclatant qui descendait sur elle… »

Avec Chéri, Colette écrit l’un de ses peut-être plus célèbres et sulfureux romans en 1912 (publié en 1920) alors qu’elle traverse la quarantaine, et vivra elle-même une liaison avec son jeune beau-fils Bertrand de Jouvenel. Chéri est un violent drame en trois actes sur le désir et la cruauté de la séduction mais aussi et surtout la difficulté de renoncer à séduire, à voir sa beauté se faner en particulier lorsque l’on est femme (double critère/double standard oblige !).

Le problème avec la Bovary et ses descendantes… (de Flaubert à S. Divry, L.Slimani, Reinhardt…)

Le roman « Madame Bovary » de Flaubert compte parmi les livres qui me hérissent le plus. J’avais immédiatement ressenti un malaise à sa première lecture et un décalage entre la façon dont il est couramment présenté et son contenu véritable. En effet, le livre, qui trône chaque année en position frontale des programmes et des annales du bac français comme représentant ultime de la condition féminine, est devenu une affreuse imposture.
Etalage au rayon parascolaire/bac français du libraire Gibert jeunes où Madame Bovary règne...

Des Cannibales, Montaigne, Les Essais : commentaire, plan, analyse thématique et citations

Dans cet extrait du chapitre 31 des Essais, Montaigne commente et conteste la vision habituellement péjorative des indigènes (ici actuel Brésil) par les occidentaux et leur réaction (de rejet) face à des coutumes différentes des leurs.
Annonce du plan : Tout d’abord, j’analyserai le regard humaniste que porte Montaigne sur la figure de l’Autre. Puis, j’expliquerai comment il livre une critique de l’ethnocentrisme Européens qu’il dénonce. Enfin, je présenterai la stratégie d’argumentation de Montaigne pour convaincre et persuader son lecteur.

La misogynie de Flaubert (extraits de sa Correspondance)

Bien que souvent passée sous silence ou minimisée,la misogynie de Flaubert était pourtant une réalité bien concrète (et communément partagée par ses contemporains), qui permet, lorsqu’on s’y penche de plus près d’éclairer son œuvre, et en particulier ce qui est souvent considéré comme son chef-d’oeuvre, « Madame Bovary ». On en trouve ainsi d’innombrables exemples dans la Correspondance où il exprime avec véhémence son mépris voire une véritable haine pour ce qu’il considère comme « l’élément typiquement féminin », se livrant à diverses généralités de bas étage. Il serait donc bon que les professeurs rappellent cette dimension, certes peu reluisante de l’auteur, mais finalement assez essentielle à l’approche et l’analyse de ses romans.

La princesse de Clèves de Madame de La Fayette : Un thriller des sentiments haletant !

La pauvre princesse de Clèves est l’une des rares héroïnes (mal) mariées des classiques, qui confrontée à l’adultère, choisira de ne pas passer à l’acte. Aux remords, elle préfère les regrets… Loin d’une Emma Bovary ou d’une Anna Karénine, elle ne cessera de lutter contre le feu de la passion –interdite- qui l’anime pour l’irrésistible Duc de Nemours, tandis que les premières y succomberont ! « Un exemple de vertu inimitable » selon les derniers mots qui clôturent le roman…