« Au secours, pardon » de Frédéric Beigbeder, le « pygmalion hamiltonien »

Dans Au secours pardon, Frédéric Beigbeder , aborde la marchandisation du corps et de la beauté des femmes, la brutalité des hommes, l’impudence du fric ou encore les folies de la mondialisation… Et toujours l’impossibilité d’aimer à travers une odyssée moscovite décadente. Si vous vous demandez d’où vient ce titre, l’auteur a livré une piste au cours d’une rencontre lecteurs récente : « C’est un appel à l’aide, c’est le cri des habitants occidentaux (en raison de la destruction de la planète) et en même temps s’excuser d’être complice de cette destruction. Ce titre résume donc la pensée de l’homme contemporain. » Il a été ré-édité en 2016 sous le titre de L’Idéal en référence à son adaptation ciné éponyme.
NE NOUS SOUMETS PAS A LA TENTATION
par Laurence Biava

« Aimer un être, n’est ce pas lui dire implicitement, toi, tu ne mourras point.
Aimer quelqu’un, c’est espérer en lui pour toujours.
» Gabriel Marcel

En avril 2006, Frédéric Beigbeder nous avait prévenu dans sa chronique mensuelle de Lire « le livre que j’aimerais lire est peut-être celui que j’aimerais écrire ». Il est intuitif comme une femme, cet homme. Il avait raison. Il y a deux ans tout juste, au cours d’une interview, l’auteur avait laissé échapper qu’il préparait un grand roman russe. La rumeur avait naturellement enflé. « Au secours, pardon » dépasse toutes mes espérances. Et il tombe vraiment à point nommé puisque depuis « la Possibilité d’une île » et « Les Bienveillantes », ce livre là n’est pas seulement celui que Beigbeder aurait envie de lire ou de relire à voix haute au seul prétexte qu’il en est l’auteur, ce n’est pas seulement celui dont il est, à raison, le plus fier, mais c’est aussi celui que tout le monde s’arrache. J’attendais personnellement sa diffusion programmée début juin avec une impatience démesurée. Ce roman est donc important, très important et pas seulement parce qu’il désobéit à la conception ancienne et pour tout dire légèrement déconfite, de rentrée littéraire de septembre. En publiant l’opus en juin, Beigbeder et son éditeur choisissent d’innover, de prendre place, de se démarquer.. C’est drôlement bien. Tant pis si quelques dents grincent, l’essentiel est que l’auteur considère son nouvel opus comme un « tournant dans sa carrière d’écrivain ». Message reçu.. C’est vrai que c’est indéniablement son meilleur roman. C’est aussi celui que j’ai sincèrement préféré. Porté par cette idée souveraine que la littérature constitue sa nécessité intérieure, Frédéric B a écrit 320 pages flamboyantes. Ce livre ne ressemble à aucun autre. Un projet littéraire aussi bien porté, documenté, brillant, fourni, dans lequel on sent l’investissement de l’auteur, n’existait pas en France avant celui-là, depuis quelques années…(je ne citerais pas de noms pour ne fâcher personne). Et j’espère bien qu’en remportant tous les suffrages du public, il va dévaster la scène littéraire de ces trois prochains mois…

C’est donc un livre vivant très bien écrit et très littéraire avec une hauteur et une profondeur de points de vues qui ne connaît pas de défaillance ou de signe de faiblesse (sur l’écriture proprement dit). C’est un roman houellebecquien, (si on veut bien m’autoriser ce parallèle) à qui on emprunte la dénonciation des désirs contemporains surexploités, de la société de consommation, le romantisme dans sa contenance funèbre. On peut étendre la remarque jusque dans quelques connotations sur l’échec amoureux. C’est un roman très ambitieux, rigoureux. Il ne perd jamais en souffle, il est énergique, net, précis, parce que très travaillé. L’audace stylistique rend esthétique tous les paragraphes. Je n’ai pas noté une seule lourdeur, côté emphase. Cette audace stylistique atteint son paroxysme pages 194 et 195 mais partout, sans égal, les fulgurances linguistiques se télescopent : C’est un chapelet d’aphorismes, de maximes, de chiasmes, d’ellipses, de métaphores, de litotes, de calembours, de bons mots (petit lexique en bas de page pour les non-initiés, afin de renseigner ceux qui conspuent Beigbeder en l’accusant de faire du sirop).

Les trouvailles littéraires, dans les descriptions les plus longues, sont pleines de grâce et de gourmandise. On le sait, Beigbeder possède un humour décapant et une liberté de ton assez stupéfiante. Sa répartie tue comme dans un film de Woody Allen. (pêle-mêle, « fuir, c’est chercher à l’envers », « les bombes, je les préfère sexuelles, et les attentats, à la pudeur », « Octave fuyait tout le temps, on aurait dit un vieux robinet »). Comme dans les précédents romans, les dialogues frappent par leur aplomb. D’où tient –il donc ce talent de la tournure, de l’improvisation, de la réplique qui fait mouche ? C’est génial de lire un écrivain de cette trempe, qui, possède ce double talent : celui de vous amuser, et celui de vous faire réfléchir…

Après les premiers chapitres d’usage qui plantent le décor, les intentions du narrateur, le climat général, le relief du pays, les mutations Ni-No-Saint-Pétersbourg-Moscou, les périgrénations d’Octave parmi les belles femmes russes, l’histoire s’installe et l’intrigue prend forme. Notre héros, devenu talent scout, se confesse dans la cathédrale Saint-Sauveur de Moscou auprès d’un pope à qui on donnerait le bon Dieu sans confession, quand il ne part –Octave- courir cette Russie majestueuse, érudite, exubérante et féerique, en quête du visage sublimissimement blond et bien foutu, auquel toutes les femmes qui rêvent d’être uniques, vont forcément finir par s’identifier. Avec lui, il emporte Dostoievski, Tourgueniev, Nabokov, Boulgakov qui « parlaient français » et leurs fulgurances littéraires dont il semble ne jamais pouvoir se séparer. Dans un pays post soviétique devenu amnésique depuis ses crimes impunis, l’auteur, qui entend dénoncer le fashisme –dictature de la mode et du physique dominant allure blonde et pommettes saillantes- et la marchandisation des Etres humains, établit son histoire proprement scénaristique dans une nouvelle Russie gouvernée hélas, par un capitalisme sauvage, mal utilisé, où végètent tous les acteurs de la corruption. Tout devient affaire de pouvoir, d’argent, de pornographie. C’est le règne aryen de l’oligarchie et des pétro-dollars. Il est question aussi de torture. Les scènes de torture sexuelles sont justement difficiles et violentes. La liberté chérie nouvellement conquise, s’est manifestement acquis trop vite ou trop mal, sur les ruines de la honte. Est elle une idée fausse ? C’est pire, elle n’existe pas. Les croyances sont fausses. Pourquoi prie t-on ? En Russie, la religion, aussi, c’est « la bonne planque ». De toute façon, à quoi croire et quelles consolations dans un pays où même l’église orthodoxe est complice du pouvoir ?

Quand il n’expie pas ses fautes auprès du pope ou ne se rend pas dans les églises parisiennes pour prier, notre héros chasse la belle blonde (non, pas la cigarette) et rabat des minettes pour la nomenklatura. C’est la jungle d’un business froid. Tous ces gens évoluent dans un zoo humain, entre quelques beuveries, quelques nuits blanches dans des bars de danseuses, et quelques séances photos enlevées et sexy qui attrapent le lecteur par l’œil et par le sexe. Octave promène son désenchantement au rythme des déhanchements de ses poupées russes, en se demandant à la fois ce qu’il est et ce qu’il n’est plus. Il se sent inconsistant, se ment et se corrompt, hésite, instable, pour parvenir jusqu’à lui-même, jusqu’à elle, la retrouver la belle, l’irremplaçable Lena dont il est tombé amoureux. Comme le joueur de Dostoeivski, qui provoque, cynique, Octave provoque toujours ce qu’il redoute pour affronter, comme le Maître, ce qu’il redoute. Octave bascule. Notre ère est contemporaine. Nul n’est à l’abri du terrorisme et de sa contagion, le mal est une maladie souterraine mal haranguée..

Jusqu’à ce moment ultime du roman, l’Apocalypse, Frédéric Beigbeder dénonce les diktats nouveaux que représente cette nouvelle dictature du System, misérable société de Tentation, en Russie, nouvel eldorado des paradis artificiels, dévorée par l’Oligorgie, nouvellement prénommée.. J’ai beaucoup aimé la métaphore que livre l’auteur autour de la guerre interminable (et assez effroyable) que se livrent entre elles la Tchétchénie et la Russie. C’est important de le souligner. ON TORTURE EN TCHETCHENIE.

J’ai beaucoup aimé certaines scènes. J’essaye de les visualiser. Octave qui se vautre sur les dalles de la Basilique Sainte-Clotilde, ivre, contemplant la lune. La même scène aurait pu s’écrire dans la Chapelle Sixtine, le même corps allongé du même héros, sous la coupe du « Jugement Dernier ». La religion. Les églises. On s’éprend de mysticisme, de silence, comme dans la bibliothèque familiale du Béarn, c’est l’héritage intellectuel ou peut-être le retour sur soi. On est ce qu’on est, enfant, il faut bien se rendre à l’évidence, jeune adulte, sans fatalisme exagéré. J’ai bien aimé ce réflexe : « existe-t-il un Dieu spécial épicurisme ? » Toujours le mot pour rire, sacré Octave !La religion, « opium de l’élite ». La religion, c’est comme la culture, c’est ce qu’il reste quand on a tout oublié. C’est du pain béni, la religion, pour les âmes en peine. La religion n’est pas ridicule, semble nous dire l’auteur : c’est une forme de divertissement, au fond. Elle permet d’aller mieux, de penser à quelqu’un d’autre que soi et à accepter son conditionnement de toute petite personne. On pourrait appliquer cette citation de Schopenhauer au roman : « les humains sont des hérissons qui craignaient de se rapprocher parce qu’ils avaient peur de se faire mal. Observant une distance suffisante, ils réussirent à se réchauffer afin d’avoir moins froid ». En effet, la religion sert à resserrer les liens, c’est ce que pense toute personne athée qui, par essence, est un croyant qui s’ignore. Suivez mon regard..

J’ai beaucoup aimé les jolies jeunes femmes sur lesquelles je pose un sentiment mêlé de compassion et d’admiration et la façon talentueuse dont Beigbeder les dépeint. (entre autres, retenir la p 60 et les pages de 174 à 179). J’ai moins accroché avec ce Serguei l’oligarque cynique et nihiliste, dans le rôle de l’affreux Idiot auquel j’ai eu du mal à trouver une substance. J’ai adoré cette jeune et sylphide Léna, grâce Raphaélique, beauté pure, l’intouchée intouchable, qui possède la beauté d’un cygne qui se serait échappé du ballet de Tchaikovski, Il y a la photo qui révèle son âme. De Peterhof à Pierre le Grand jusqu’aux Frères Karamazof, l’auteur se surpasse dans ces descriptions sublimes. J’ai aimé cette façon neuve de parler de la lune et du ciel. La Russie est un décor de rêve, beau et grand. Les paysages sont splendides. Ils vont bien au teint de la culture de Léna, qui, bien que contemporaine, semble si pure aussi, c’est une adolescente intelligente, n’a-t-elle pas souffert, comme le narrateur ? Si c’était l’âme-sœur, la Juliette de Shakespeare ? Dans cette jungle, dans cette dictature de la beauté, Léna s’impose telle une apparition. C’est « L’Immaculée Conception ». La fille Vierge qui échappe à tout classement. L’auteur prévient : il faut croire aux contes de fées. Léna est une fée. Octave, en Roméo du même auteur veut vivre son rêve avec sa fée. Il ne contrôle plus rien. Elle lui échappe, c’est de sa faute à lui. Le monde aussi qui semble échapper à toute maîtrise. La preuve, dit il au pope : en sa présence, même « les papillons butinent comme les abeilles ».. J’ai trouvé très poétiques et très lyriques tous ces passages avec l’héroine, en dehors du fait même qu’on songe à lui faire remporter haut la main le concours de beauté de chez Aristo. Avec Lena que toute femme normalement constituée ne peut que jalouser tant elle est sublime comme l’ange Gabriel, j’ai vu une ode à la chasteté. D’ailleurs, dans ce roman, le ciel est souvent rose. Rose comme la rosée du matin ou les nuisettes des jeunes filles en fleurs. Les monuments de la Russie d’aujourd’hui sont décrits avec gourmandise dans des termes qui m’ont beaucoup amusés (« patisserie géante, « , « glaces à l’or », « coulis de framboises »). Il me semble qu’on n’est pas très loin de la fantasmagorie que l’on confère aux contes, il y a des palais bleus, des balades d’un romantisme fou, des belles fontaines, c’est l’aura écartelée entre deux tranches de ciel rose, c’est la romance platonique du sentiment d’éternité qui rencontrerait le rêve incarné. Vite, l’arc en ciel ! Amateurs de bombes sucrées et de viennoiseries, le prochain roman de Frédéric Beigbeder devrait en toute logique se dérouler à Disneyworld Paris aux pieds de la maison de La Belle au Bois Dormant.

Aux bords de la Russie occidentalisée, qui sert en partie de prétexte à dénoncer un autre type de dictature et un libéralisme nouveau et outrancier, il y a l’autre versant du roman. Les confessions sur l’identité masculine et sur ce que pensent les femmes vu au travers du prisme masculin sont passionnantes. Sur l’amour déçu, l’amour perdu. l’amour–prison. l’amour-castration. La perte de repères du héros, sans doute, dans le domaine sentimentalo-amoureux. Rendons à César ce qui lui appartient. C’est le livre d’un homme de 41 ans, qui fait l’éloge de sa masculinité et de sa virilité exacerbée et conquérante. Ce n’est pas que la barbe qui fait office de témoignage. C’est l’âge de l’auteur et le ton du roman dans son ensemble. C’est son droit le plus strict et personne ne saurait lui en faire le reproche. Quand il se livre sans faux-semblant, sous les traits fictionnels de son double, je trouve Beigbeder très courageux, honnête et sincère. Lorsqu’Octave nous explique qu’il ne parvient pas à être compris des femmes, qu’il veut qu’on le laisse vivre sa virilité sans se sentir utilisé ou dévasté, ou qu’il fait l’éloge, sans machisme s’entend, du mâle dominateur, fier de ses conquêtes, il m’émeut. Je sens la fêlure. Je comprends qu’il refuse de se soumettre. En plus, il semble prêt à prendre des risques, il faut bien toucher les parois du cœur, on le sent faillir, au détour d’une phrase. Mais l’amour existe t-il vraiment, semble-t il finalement confesser.. .La résistance à la tentation semble trop douloureuse, voire impossible, on est dans le plus parfait constat de l’aveu de faiblesse, Octave ne peut se contenter d’une seule et même femme, c’est un de ses fameux aveux, celui qu’il lâche au pope. L’infidélité n’est elle pas sa religion, (et la littérature, sa seule femme, serait on tenté d’extrapoler ?). Alors il se sent coupable. Et le pope de rabâcher ou de sous –entendre que la jouissance suprême est impossible si l’on n’est pas capable d’aimer véritablement. Puisque « L’amour est un miracle ». « une vérité », « un don ».

Octave se plaint des échanges devenus quasiment impossibles et « sans humour » avec les femmes. Il tergiverse, parle de « concurrence ». Il évoque la difficulté du romantisme dans une époque hédoniste, de la manipulation de l’homme- par ces fameuses femmes castratrices – Au secours, fuyons ! – qui gouvernent les hommes !!! Je comprends les lamentations d’Octave. Je voudrais lui dire ceci posément. Toutes les femmes ne sont pas castratrices, et certaines ont même une certaine définition du respect, de la liberté d’autrui, de la tolérance. Le point de vue féminin sur l’adultère, sur l’infidélité n’est pas aussi cassé, définitif que cela. Je voudrais dire aussi que le grand malentendu, est un malentendu entre les sexes dans les attentes que chaque sexe a l’un envers l’autre. Dans les faits, depuis une quarantaine d’années, les hommes se sont longtemps féminisés pour être compris des femmes et les femmes se sont masculinisées. C’est une nouvelle donne amoureuse qui reste encore vivace. Elle n’est pas très saine et surtout très inconfortable. Les femmes, rassurez-vous Octave, ont bien compris que le monde est masculin. Les hommes doivent aussi comprendre que la société se féminise, ce sont les valeurs féminines d’écoute de soi, de réceptivité, de lien avec ses émotions, qui sont les plus valorisées sur les plans social et sociétal. (le don, le don de soi, la générosité, la tendresse, l’affection, sont autant de mots employés partout, de l’entreprise à l’hôpital, de l’association humanitaire au club de sport et qui restent presque tabous chez les hommes. Le vrai problème, c’est que les représentations n’ont pas bougé. La représentation que les femmes ont des hommes est archaïque. Le discours social qu’elles ont intégré et qu’elles revendiquent vient se cogner contre l’image de l’icône du prince charmant qu’elles ont toujours dans la tête et qui va venir les ravir à elles-mêmes. Le problème des femmes est qu’elle rêve de supplanter ou d’effacer les différences mais rêvent en secret de l’exaltation de cette différence. Elles sont déçues au fond d’elles mêmes de ne pas trouver du différent, cet autre si dissemblable, qui va les étonner, les surprendre, les ravir, ces « handicapés de l’altruisme », ces « infirmes » méconnaissant le secret de l’amour.. Octave parle d’un rapport à sens unique, du mâle dominateur, du chasseur de proies, (un chasseur sachant chasser ne doit pas savoir chasser sans son..coeur !!), il ne parle pas d’un rapport moins fondé sur le dominant-dominé, qui est un rapport d’exploration intime. Chaque femme est une femme multiple affective. L’homme est indivisible et effectif.. Les femmes aimeraient sans même en avoir conscience que l’homme les entraîne vers cette exploration intime de leur identité, de leur personnalité, de leurs zones d’ombres, un peu comme dans l’expérience analytique où les patients fatigués d’être soi, cherchent ce qu’ils ne savent pas d’eux-mêmes. Or, rien ne vient de la part des hommes. Tout n’est qu’escapade nocturne en cavalier solitaire, fuite en avant, peur de l’autre, paralysie devant la thématique de l’engagement. Les femmes attendent plus d’audace et d’amour de la part des hommes alors que les hommes attendent plus de sexualité. Comment pouvons nous nous retrouver en exaltant nos différences ? C’est vrai que les femmes en sont presque aujourd’hui à penser qu’un homme qui a envie de faire l’amour tous les jours est anormal. Elles considèrent que cet appétit sexuel relève du pathologique. A ce stade de cette courte analyse, il faut reconnaître qu’elles ont tort. Oui, les jeunes femmes ont un savoir théorique sur le sexe, elles ont beaucoup à apprendre des hommes. Je referme la parenthèse.

Les passages les plus touchants sont ceux qui tournent autour de la filiation, que ce soit les confessions remontant à l’enfance d’Octave, la déposition de l’ex épouse, ou le blog de Léna. Les vies d’Octave et de Léna ne sont assurément pas des vies à écrire en italique, il faut le préciser pour le bien-être de leur vie future..

Le héros semble nous dire que chacun fait ce qu’il peut. Oui, chacun fait ce qu’il peut et chacun devient ce qu’il est quand il s’agit de grandir dans le manque affectif ou dans le regard d’un seul parent à la fois.. Forcément, ce n’est pas simple et ça laisse des traces. Personne n’est coupable. Papa trinque. Maman coud. Papa joue à la poupée. Petit Octave se couche déjà avec des Barbie Ferrytopia. C’est déjà très agréable d’être valorisé par de si jolies femmes qui viennent vous border. On comprend. Où est l’interdit ? Il n’y a pas d’interdits. Pourquoi parler d’interdits, de folie ? On n’a pas le droit de porter de jugements de valeur. Et au fait, comment se construit on, quand on est obligé de faire le grand écart entre la Trop Présente et le Grand Absent ? Octave se dit victime de « la promesse de l’aube », – j’aime beaucoup cette expression- l’oedipe a été mal réglé. .Et l’énergumène féminin qui s’approche depuis plus de 15 ans (admettons) d’un peu trop près du chasseur de blondes (je rappelle que les brunes comptent pas pour des prunes acidulées s’il en est au coulis de framboises) est à fuir. Ou bien, elle CASTRERA (quel mot affreux !), ou bien elle ne sera jamais à la hauteur de cette autre intouchable, la Sainte aux vertus si calines, Maman.. Le roman est et se veut instructif, surtout pour la génération, individualiste qui me suit, au sujet de ces hommes et ces femmes (25-45 ans) qui craignent de partager, à la fois leur intimité et leur solitude. Et l’air de rien, le roman pose beaucoup de questions de fond sur la nouvelle façon d’envisager la famille.

Est-ce par commodité ou par modernisme que Frédéric Beigbeder a choisi de se dédicacer son roman ? C’est son seul tort. J’ai beau tenter de comprendre ce qui a pu motiver « ce retour sur soi », en dehors du fait qu’il apparaît normal d’écrire, évidemment, et avant tout pour soi-même, en dehors même des interrogations existentielles que pose le narrateur..

Sans rire, ce livre aurait du être dédié aux seins d’Eva Herzigova, (sublime top russe citée dans le roman) ou bien à tous les décolletés féminins de la Divine Création. Ou plus sobrement aux Seins des femmes. Pourquoi ?

J’ai relu le roman pour vérifier. A la première lecture, cela m’avait sauté aux yeux. On montre des seins.. On parle de seins qui apparaissent en transparence. C’est l’origine du Monde nouvelle mouture. Le monde est un satellite qui tourne autour de ces deux globes. C’est un fantasme, ce sein qui côtoit d’autres objets du désir. On navigue à vue dans l’exploration dest fantasmes masculins.

Les seins, donc, les tétons, puis ……vers la fin le lait maternel….

On parle des seins (p25, 38, p93, p139, p143, p173, p176, p178, p181, p182, p184, p193, p 197, p204, p207, p210, p 218, .p234,. p 278, p 308).

Toute femme normalement constituée projette une signification subliminale. Impossible de ne pas lire entre les lignes. Auto-fiction ou pas, l’inconscient masculin se dévoile et il n’est nul besoin d’interpeller Freud en la matière.

Car il s’agit de PRENDRE LE SEIN : de sa naissance jusqu’à sa mort, en raison d’une culture matriarcale très marquée, la substance de l’obsession masculine prend corps précisément dans ce passage sinueux que représente et pas seulement dans l’imaginaire cette gorge profonde qui sépare ces deux sièges de la conception. Les hommes PRENNENT LE SEIN spirituellement, physiquement des filles NOURRICIERES, qui deviendront des femmes jeunes puis des mères, et ce depuis que le Monde est Monde. Lorsque l’on observe Octave, on se rend compte, avec son regard mêlé de fièvre et de retenue (« préservatif mental ») et un sentiment mêlé de compassion et de perversité, qu’IL PREND LE SEIN autant de fois d’ailleurs qu’il ne participe que « passivement » ( ?) aux orgies de l’oligarque, que ce soit dans le fantasme ou dans l’illusion, parce qu’il craint d’affronter la beauté, ou autant de fois surtout que LE SEIN EST LE REFUGE que constituent l’écoute, la tendresse de quelqu’un et l’épanchement du cœur. En somme, à chaque fois qu’UN SEIN apparaît, c’est une bouche et un cœur qui veulent s’ouvrir.

On pense à Aragon : Est-ce ainsi que les hommes vivent ? « …sur le canapé du bordel, fleurissaient les seins de Lola, elle avait un cœur d’hirondelle, je venais m’allonger près d’elle, dans les hoquets du piano la… »

Ce roman doit être lu pour son éclectisme, pour la richesse des thèmes abordés, (pédophilie, désir, l’objet et la forme du désir), pour la densité de ses paradoxes. Et c’est bien à cause de la quintessence du texte et du jeu des paradoxes que j’ai compris vers la 90ème page que David Hamilton allait être cité. Rien à voir avec la Russie mafieuse ? Pas sûr. Lorsqu’Octave le pervers fabulateur confesse qu’il a violé 12 sylphides, et qu’à force de leur faire prendre la pose, le désir s’est mué en envie…, moi, curieusement, je n’ai pas tellement lu de violence coupable mais un tout petit peu, juste un petit peu de complaisance. Pardon !!

En Octave ou en l’auteur, je vois un Pygmalion.

Un pygmatlion hamiltonien, un amateur de chair fraîche où se mêlent la joliesse et la jeunesse. C’est l’aboutissement d’un rêve, la reconnaissance suprême de se sentir valorisé par une cour de sylphides. Erreur que voilà ! la beauté n’est pas nécessairement une promesse de bonheur ! C’est une promesse tout court, et souvent, hélas, contrairement au cerveau, c’est un malentendu…

Je crois comprendre, en raison de ce qui précède, que l’auteur a du se sentir très inspiré par le chef-d’œuvre de Nabokov : En Léna, je vois une Lolita potentielle, une femme-enfant à damner tous les saints. Et quand Léna apparaît, c’est tout l’interdit émanant de notre culture judéo-chrétienne qui est montré du doigt.

L’intérêt du roman consiste aussi à faire des allers-retours incessants entre la Mère et la Putain. Chez Beigbeder, on est souvent à la lisière du Vice et de la Vertu. Et « Histoire d’O » de Dominique Aury (un des ouvrages préférés de l’auteur) ne semble jamais très loin. Tous les hommes, y compris et surtout Octave semblent avoir du mal à trouver leur point d’orgue entre les deux, d’où le réflexe d’approfondir de roman en roman le processus identitaire, et ainsi de gagner en profondeur, au travers de l’analyse de sa propre histoire et de son mode de fonctionnement..

Les jeunes biches vierges qui gambadent dans les plaines d’Asie Centrale se muent en putes, dès lors qu’elles sont placées sous le joug du désir masculin. Il est vrai que le désir peut se muer en haine, les être humains en animaux et les seins en mamelles torturées . Le message me semble clair.

On ne se lasse pas du ton libertin de Beigbeder. Les échanges lesbiens sont sexy. En dépit de sa violence, le livre émoustille. Pourquoi le taire ? Je n’achève pas un seul des romans de Frédéric Beigbeder sans avoir envie de tendre la main à mon prochain ET à ma prochaine !!.

(ouf !)

Il faut lire ce roman pour sa maîtrise, pour ses dénonciations, pour l’incroyable talent stylistique et la consistance intellectuelle de l’auteur. J’espère vivement que ce roman sera distingué à l’occasion des prix d’automne. Le contraire serait une grande injustice, une offense à la littérature et à l’idée noble que je m’en fais (et je ne suis pas la seule)

« Chaque homme a besoin de savoir où aller » fait dire Doiestoievski à Raskalnikov dans Crime et Châtiment. Ce roman me semble plein de personnes égarées qui doutent de prendre le bon chemin, et qui, craignant de se retrouver à l’intersection de deux vies, seraient obligées de faire demi-tour (peur de l’engagement). Octave m’a souvent fait penser à cette mouette aperçue dans le ciel rose de Saint-Pétersbourg, qui après s’être égarée dans le ciel parisien serait venue s’ébouler sur le parvis dallé de Sainte-Clotilde, implorant qu’on la ramasse, qu’on la soigne et qu’on la protège. Le Beau et le Bien confondus portent un nom : c’est la Vertu. Et c’est ainsi qu’au plus profond d’eux-mêmes, certains Hommes vivent. Je reste convaincue que l’ « Idéal »-iste Frédéric Beigbeder est un Beau au Bois Dormant romantique et mélancoliste, en quête de son Graal, hanté par la Vertu, par la Grâce et la Poésie, vulnérable, et assujetti aux sirènes des fées et des putains qui se présentent à lui, blanche-neige éthérées ou danseuses du ventre. Il se situe entre l’enfant-roi et l’oiseau-lyre. Mais lorsque leurs baisers le précèdent, il a les ailes repliées dans le dos.

AMEN.

Petit lexique à l’usage des non-initiés. Parce qu’il devient très énervant de lire que Beigbeder est dépourvu de style et qu’il n’écrit que du sirop.

Aphorisme : sentence où s’opposent la concision d’une expression et la richesse d’une pensée, dont l’objectif est moins d’exprimer une idée que de contraindre à réfléchir.

Chiasme : procédé qui consiste à placer les éléments de deux groupes formant une antithèse dans l’ordre inverse de celui qui laisse attendre la symétrie (« un roi chantait en bas ; en haut mourait un Dieu – V.Hugo)

Ellipse : sous-entendu raccourci de l’expression de la pensée.

Maxime : formule brève énonçant une règle de morale ou de conduite, ou une réflexion d’ordre général.

Métaphore : procédé par lequel on transporte la signification propre d’un mot à une autre signification qui ne lui convient qu’en vertu d’une analogie, d’uen comparaison sous-entendue (« la fleur de l’âge », « la lumière de l’esprit »)

Calembour : Jeu de mots fondé sur la différence de sens entre des mots qui se prononcent de la même façon. Illustre exemple : « tu es sûr que tu veux que je tutoie ? » « oui, je suis sûr que je veux que tu me tues, toi » à la page 315 d’Au secours, pardon.

Litote : figure rhétorique consistant à dire moins pour faire entendre plus. (un passage dans le livre où le « je ne te hais point » est utilisée pour dire « je t’aime ») [Laurence Biava]

18 Commentaires

Passer au formulaire de commentaire

  1. Déjà il faut qu’on me donne un prix pour avoir lu ce billet d’une traite ! Mon Dieu que c’était long !

    Mais je voulais te féliciter Laurence pour cette belle critique du livre de Beig, parce que ce que j’ai aimé ici, c’est que tu t’es autant dédicacée ta critique que Beig s’est sans doute dédicacé son roman. C’ est l’Au Secours, Pardon de Laurence que je lis ici, et j’en oublierais presque que c’est Beig qui l’a écrit. Tu t’es tellement sentie à l’aise dans l’univers de ce roman que tu en as fait une déco personnalisée. Bravo ! Et si tous les critiques d’art étaient comme toi , s’ils mettaient tous un peu d’eux-mêmes dans leurs écrits, ah qu’on se régalerait !

    Le seul malus à mon avis, c’est que j’ai encore moins envie de lire le livre depuis que j’ai lu cette critique : j’ai bien plus envie de découvrir ton univers, tes écrits, ou même toi, que de lire Beig dont les thèmes, la philosophie, les pensées, le projet, l’écriture, ne m’interessent guère, pour ne pas dire qu’ils m’ennuient complètement.

    Maintenant ma première critique concerne ce passage :

    "ce sont les valeurs féminines d’écoute de soi, de réceptivité, de lien avec ses émotions, qui sont les plus valorisées sur les plans social et sociétal. (le don, le don de soi, la générosité, la tendresse, l’affection, sont autant de mots employés partout, de l’entreprise à l’hôpital, de l’association humanitaire au club de sport et qui restent presque tabous chez les hommes."

    Je ne pense pas que l’écoute de soi, la réceptivité, la générosité, la tendresse, ou je ne sais quoi d’autre soient des valeurs féminines comme tu dis. Mais on va pas batailler. Je ne suis qu’une existentialiste de rien du tout !

    D’autre part, j’ai trouvé tes réflexions sur le couple, sur les pensées et envies des femmes et des hommes, très maladroites. J’avais l’impression d’entendre Éric Zemmour me parler de ce que les petites gens pensent et ressentent, et c’est rien de le dire. Enfin y avait quelque chose de très arrogant là dedans, et de pas forcément très fin ni très juste, à mon avis (si tu as besoin que j’explicite, je le ferai volontiers mais là il est 5h du mat à Montréal et j’ai sommeil ! lol).

    Mais globalement, j’ai passé un très bon moment à lire ce petit bout de toi, dc vive Laurence !

  2. A noter également en complément, 2 liens :
    la chronique sur Serguei Minaev, écrivain et ami moscovite de Frédéric Beigbeder qui aurait peut être inspiré le personnage de "Serguei"… ? :

    buzz.litteraire.free.fr/d…

    Et en complément de la référence Hamiltonienne, l’amitié de F.Beigbeder avec G.Matzneff :
    buzz.litteraire.free.fr/d…

  3. Un autre son de cloche : http://www.lefigaro.fr/magazine/...

    Je tiens à préciser que je n’ai pas lu le livre et du coup, je suis bien embêté : deux critiques, deux extrêmes. Je vais devoir l’acheter pour m’en faire une idée par moi-même…

  4. Personnellement, j’ai trouvé ce livre différent des autres livres que j’ai lu de Beigbeder (tous).

    Il marque un tournant et l’on attend de voir la site.

    Je félicite Laurence pour son travail, tant d’enthousiasme est réellement charmant et sa critique est réellement bien construite.
    (Au moins, on ne pourra pas lui reprocher de d’avoir fait une critique hâtive sans avoir lu le livre).

    Une seule question pour Laurence, que penses-tu du fait que le personnage de Lena cite Kant a 14 ans ?

    P.S : Beigbeder a un très beau t-shirt sur la photo.

    • laurence biava sur 28 juin 2007 à 12 h 17 min
    • Répondre

    Merci à tous, merci pour tout, merci pour votre patience d’avoir fait une lecture attentive de ce texte très long, votre intelligence, votre gentillesse, merci Generation rose, merci Kebina (les passages que tu ne comprends pas ne sont pas tirés de la chronique mais d’anciennes bribes de conversation ici, je t’écris perso pour t’expliquer, merci la vie, merci la différence, et les différents poiints de vue générationnels. Je voudrais faire icic ma propre auto-critique : mes propos et pas forcément ceux de la chronique étouffent parfois dans les absolues certitudes que j’ai de ma vie, de la vie des autres, au sein de divers environnements, voilà, j’ai un droit fil conducteur et je me fais moi-même le reproche de manquer parfois de légèreté. Je le sais et je le sens. Voilà, c’est ainis, je crois qu’on ne peut paxs passer sa vie à justifier de ce que l’on est ou de ce que l’on n’est pas. Je vous invite à partir de cette fin d’après midi à lire d’autres textes sur mon blog (Beig au Virgin, l’esprit critique littéraire, et un mot sur le bandeau publicitaire paru dans libé d’hier. Déjà 120.000 exemplaires vendus ! bravo Frédéric. Bises à tous

    • boubou rose sur 28 juin 2007 à 12 h 18 min
    • Répondre

    je ne sais pas comment vous faites pour lire cet auteur… je n’y comprends pas, ça me tombe des mains; je sais pas, j’aime bien ces chroniques mais de la a dire qu’il s’agisse d’un ecrivain, il y a un pas que je ne pourrai franchir… comment expliquer qu’on ait l’impression de brasser de l’air en lisant ses livres? serieusement… cest comme manger de la barbe a papa… cest joli et ça sent bon, mais au contact de la bouche il ne reste rien… tout comme Beigbeder! et mec, inutile de te laisser pour une vraie "barbe" a papa…ça change rien!

  5. ca sent la groupie à plein nez!

    le roman est bon,mais ce n’est pas ses meilleurs textes, ceci dit c’est très chouette.

  6. Merci Laurence pour cette critique… qui relance le jeu! J’avoue avoir enterré Beig après l’égoïste romantique: j’y trouvais un arrière goût chloré, pas de tripe et pas d’âme. Pour moi il surfait sur le style, faisait du Beig… déjà…alors que "La littérature est une facilité innée et une difficulté acquise" (Les frères Goncourt non?)Apparemment Beig s’est essayé à sortir de la facilité? Je demande à lire mais je ne demande qu’à y croire. Un p’tit goût de revenez-y pour le Beig 2007? Miam miam!

  7. J’en suis pile à la moitié (non, pas de la critique de Laurence, du roman)… Je suis plus nuancé que notre thuriféraire attitrée, mais je reconnais que c’est un bon roman.
    Dans la veine de "99 francs", avec un peu moins de cabotinage et une portée un peu plus universelle – et toujours cette recherche de la formule qui fait mouche une bonne fois sur deux.
    Avec aussi la sensation de lire un truc unique – un style qui a déjà été largement imité mais qui, je trouve, ne fonctionne qu’avec Beigbeder, sans doute parce qu’il y a beaucoup de "je" là-dedans, parce qu’il parle depuis les carrés VIP et non derrière les barrières, parce que derrière les potacheries (toujours présentes) j’y trouve une sincérité que les imitateurs n’auront jamais, et parce qu’il est difficile de lire ce livre en faisant abstraction du personnage public de FB.
    Oserai-je dire toutefois que (pour l’instant) je n’y vois pas "LE grand livre de FB", contrairement à ce qu’on nous présente ? Allez, j’ose. Ce livre m’apparaît comme une progression plus que comme un tournant. Et j’y retourne…

    (PS private : ça me fait plaisir, Generation Rose, de ne pas être d’accord avec toi, tu ne peux pas savoir ! (parce qu’à être toujours d’accord, on s’ennuie, et quitte à se prendre le bec autant que ce soit avec des gens qu’on aime. à suivre !)

  8. D’accord Laurence, j’attends ton message !

  9. Rapidement : que penses-tu du fait que le personnage de Lena cite Kant a 14 ans ?
    > Ce n’est pas la 1e fois que l’on voit des « enfants savants» dans les romans. La dernière en date : la Paloma du fameux « L’élégance du hérisson » de Muriel Barbery Je pense que ces personnages ont une portée plus symbolique que réaliste. Mais après tout le talent n’attend pas le nombre des années ! ;- )

  10. Laurence, maintenant, ponds nous un roman!!

    Raconte nous ton Beigbeder à toi, celui que tu aimes autant qu’il dérange, agace ou titille.

    Ce sera sans doute très bien.

  11. Oh mais tu sais secondflore, je pense que cette fois encore, on est du même avis.

    Malgré le fait que je salue l’enthousiasme de Laurence, je n’ai jamais dit que je partageais son avis sur le livre.

    Je ne pense pas que Au Secours Pardon soit un chef d’oeuvre, c’est un livre que j’ai apprécié même si je préfère L’Amour Dure Trois Ans ou 99 Francs.

    Je pense juste que ce livre est un tournant pour Beigbeder car d’une certaine façon, il semble vouloir tourner la page et mettre fin a l’aventure Marc Marronier – Octave Parango.

    C’est tout pour l’instant mais j’espère que la suite sera meilleure.

    Un p.s au Flore, j’aime bien ton analyse sur la pertinence du "je" Beibederien.

    • coco sur 7 juillet 2007 à 18 h 17 min
    • Répondre

    Beigbeder est à la littérature ce que Paris Hilton est à la distinction et au bon goût.
    La soupe est servie pour l’été Lévy Musso avec du Poivre d’abord…

    • Beig Beig sur 19 juillet 2007 à 11 h 34 min
    • Répondre

    Merci beaucoup a toi charmante dame qui a eu la tendresse et la gentillesse de me lire deux fois. Tu as senti ma caresse sur tes mains et t’es evanouie en lisant les effluves de mon esprit. Je ne te dirais pas merci, mais je te remets si, et seulement si, tu me chroniques en placant deux fois plus qu’une ma vignette en amazone. Allez a bientot et (PUTAIN DE CLAVIER QWERTY) j’aurais voulu te citer dans mon prochain ouvrage sans accents mais je ne trouve ni l’aigu ni le circonflexe … mais tout ca, ce n’est pas bien grave.
    Ouaf

  12. Beigbeder sauve la littérature du sexe. Il est un trait d’union, de coke et de génie bref, un trait qui s’efface dans son tracé même entre la pornographie du monde ondialisé,
    l’état porno-graphique et specta-cul-aire (smectaculaire?) de l’occident oxidé et les sincérités volontaires et laborieuses des surhommes, aujourd’hui enfermées dans les musées et les documentaires
    d’Arte. Parfois je passe d’une envie de me masturber à une envie de lire Beigbeder et vice versa
    , comme si mon sexe devenait littéraire et faisait le trait en se dressant avec intelligence.
    Lire Beigbeder c’est comprendre le monde dans le cri de son dernier titre: au secours pardon, – il avait pourtant déjà si bien crié, dans Windows.. notamment.
    A quoi il faudrait ajouter un sourire narquois car rien n’empêche de prendre plaisir à cette
    tristesse nécessaire. Oui, la coke, le sexe, la séduction, l’espoir d’amour et tout le reste
    est littérature… Le reste de quoi…? Qu’y avait-il donc en dehors de ce reste ?
    Je ne sais pas si Frédéric Beigbeder et Bertrand Blier se connaissent. Mais les lignes de l’un me parlent
    un peu comme les bobines de l’autre. Même s’ils créent des univers bien différents.
    Octave cherche la plus belle fille du monde pour la vendre et trouve sa fille dont il tombe amoureux. Voila quand même un sujet !Chez Blier aussi l’amour malaxe les liens sociaux et crée des formes.
    Chez Beigbeder le lecteur oscille entre une émission de Thierry Ardisson et une tragédie grecque.

    • Kebina sur 6 août 2007 à 19 h 58 min
    • Répondre

    Beigbeder sauve la littérature du sexe. Il est un trait d’union, de coke et de génie bref, un trait qui s’efface dans son tracé même entre la pornographie du monde ondialisé,
    l’état porno-graphique et specta-cul-aire (smectaculaire?) de l’occident oxidé et les sincérités volontaires et laborieuses des surhommes, aujourd’hui enfermées dans les musées et les documentaires
    d’Arte. )))) bravo ! si ça continue, tu seras bientôt intelligent…encore un effort !

  13. Lu il y a peu ce nouveau livre de F.B. Un peu déçu par une verve moins efficace, un peu décontenancé par la structure, surpris par la fin mais agrablement(on doit s’en douter quand même !!!)Au final, sans doute moins gratuit que certains de ses livres. Donc ouvrage un peu moyen mais j’aime à me dire que c’est le signe d’un changement, d’un bon changement. Je n’ai pas encore lu son livre sur le 11 septembre, il traîne aussi sur une étagère…

Répondre à Beig Beig Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.