« Absurditan » de Gary Shteyngart, une fable politique au pays de Poutine dans le buzz de la rentrée littéraire

Un buzz grandissant se fait entendre autour du deuxième roman « Absurdistan », du russo-américain (né à Leningrad en 1972, émigré aux États-Unis en 1979 : oui, oui) Gary Shteyngart, âgé de de 36 ans, 3 ans après le succès de son « Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes Russes » (les aventures loufoques d’un jeune garçon émigré à New York, ses relations problématiques avec ses parents, sa petite amie et une bande de mafieux postcommunistes…), paru en 2005 toujours chez l’Olivier. La presse a notamment salué son humour débridé, son exubérance lyrique ou encore son érudition mâtinée de folie et de fantaisie !

Dans cette fable politique tragi-comique, l’écrivain qui se réclame de Gargantua, dénonce le capitalisme sauvage et les méfaits de la mondialisation à travers les tribulations de Micha, juif russe coincé dans un corps d’Américain obèse aussi naïf que fortuné (son père, un escroc patenté est la « 1238e fortune de la Russie » et l’a accessoirement banni du territoire US en raison de ses exactions. Son rêve : (outre jouer au « rappeur gangsta » avec son ami Aliocha-Bob), retourner aux Etats-Unis bien sûr (à la veille du 11 septembre 2001) et y retrouver accessoirement Rouena, sa prostituée de fiancée ! Y parviendra-t-il ? Du Bronx à Saint Pétersbourg jusqu’au fin fond d’une république soviétique imaginaire du Caucase, l’Absurditan, où les mafias pétrolières américaines règnent en maître, il finira par se retrouver piégé au cœur d’une guerre civile !

Et de brocarder au passage les corrompus et corrupteurs de tout poil de la société post-perestroïka, les médias, les religions (aussi bien musulmane que juive), les pétroliers texans, le multiculturalisme, les services secrets du Mossad à la CIA et autres services plus ou moins secrets ou encore les monopoles et autres lobbies… Shteyngart dépeint ici toutes les dérives géopolitiques : « On fait sauter quelques quartiers, on attire l’attention sur notre guerre et ensuite on décroche l’aide de la Banque européenne pour la reconstruction. », calcule ironiquement un personnage de cette sinistre farce arrosée de vodka et d’anxyolitiques. Tandis qu’il commente ainsi les écoliers de Leningrad : « Seule leur institutrice, coite, droite, fière comme seule une Russe qui gagne 30 dollars par mois peut l’être, semblait consciente de l’avenir collectif qui attendait ses ouailles, (…) l’alcoolisme, le tapin, les maladies cardiaques et la dépression. »

Dans sa chronique pour le magazine « Lire » de mars 2008, Frédéric Beigbeder n’a pas manqué de saluer l’auteur comme les « chef d’œuvre romanesques de ce début d’année ».

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