« Babylon AD », réduit le roman philosophique « Babylon babies » de Dantec à un film de « gros bras »

Adapté un roman de Maurice G. Dantec est une gageure quand on connaît le goût de la digression métaphysico-scientifico-philosophico-géopolitico-théorique de l’auteur qui en truffe ses intrigues souvent alambiquées (et qui servent davantage de prétexte à ses romans à idées). Il s’agit ici de la deuxième adaptation au cinéma d’une de ses œuvres après La Sirène rouge, d’Olivier Megaton (Le Transporteur III) avec Jean-Marc Barr et Asia Argento en 2002.

En s’attaquant à son thriller d’anticipation dit apocalyptique, « Babylon babies », publié en 1999, troisième roman de Dantec et le second dans lequel apparaît le Mercenaire philosophe Tooroop, Mathieu Kassovitez n’aura hélas pas réussi à retranscrire à l’écran ce qui faisait l’intérêt du livre (justement ces extrapolations et autres digressions sur l’avenir de l’humanité), de l’avis quasi unanime de la critique.

Privé de cette réflexion qui nourrissait l’œuvre en filigrane, le film se réduit à un film « de série B » à grand spectacle et gros effets spéciaux (et gros budget soit 60 millions de dollars), un « film de guérilla » selon l’expression même du réalisateur, mettant en vedette Vin Diesel (taxé de grosse brute par la presse alors que c’est un érudit dans le livre), Mélanie Thierry, Michelle Yeoh. Avec notamment Jérôme le Banner, Gérard Depardieu, ou encore Lambert Wilson. A noter que Maurice G. Dantec a refusé d’être consultant sur le film. Même le réalisateur déplore le résultat comme il le confiait à la chaîne américaine AMCTV : “Je suis très mécontent du film. je n’ai pas eu l’opportunité de tourner une scène telle que je le voulais ou telle qu’elle était écrite. Le scénario n’a pas été respecté. Il convient aussi de dire que le livre a été vidé de sa substance au profit d’un film qui n’est que pure violence et stupidité. Du coup, certains scènes ressemblent à un mauvais épisode de 24 heures“.
De son côté, l’écrivain estime que « le film ne respecte pas les fondations mêmes du roman, il ne pouvait dès lors qu’être raté, tant sur le plan de l’écriture, que sur le plan du casting, ou sur celui des choix de production-réalisation. » (source Contre-feux)

Le pitch : Toorop a mené bien des combats et survécu aux guerres qui ont ravagé le monde depuis le début du XXIème siècle. La mafia qui règne sur l’Europe de l’Est confie une mission délicate à ce mercenaire : convoyer de Russie jusqu’à New York une mystérieuse jeune fille prénommée Aurora pour la remettre aux mains d’un ordre religieux tout puissant…

Quelques critiques :

« Synthétisées en un peu plus d’une heure trente, les six cents pages de Babylon Babies deviennent une tambouille millénariste où l’écologie et la religion sont les seules planches de salut pour s’extraire du chaos ambiant. » Télérama

« Livre et film échangent finalement plus leurs défauts que leurs qualités. » Fluctuat

« Le scénario est criblé de trous béants, les dialogues dignes de Nietzsche (« Y a pas de pitié pour les faibles »), les acteurs roulent des mécaniques, attendent que ça passe ou cabotinent (c’est pas parce que Depardieu a un faux nez qu’il est bon comme dans Cyrano) et tous les plans semblent avoirs étés copiés-collés : Les Fils de l’homme, Blade Runner, Matrix, New York 1997, Incassable, tout y passe ! » Bakchich

« (…) le film réduit malheureusement le propos politico-religieux au rang de décor, recyclant les angoisses et les fantasmes du nouveau millénaire au risque de paraître un peu fourre-tout (géopolitique, bioéthique, mysticisme,…), le tout souvent noyé dans une musique assourdissante. » Avoir-Alire

« il prend les atours déprimants d’une dystopie ordinaire, faite de souvenirs récents des guerres dans les Balkans et le Caucase, de spéculations usagées sur les manipulations génétiques et les mondes virtuels. » Le Monde

« Aux clichés apocalyptiques, s’empile un arsenal en poses du guérillero solitaire (heureusement que Diesel a de la présence) qui, ajoutés aux caprices du cinéaste (une louche de BD, une star pour chaque rôle), écrabouillent un fil narratif riquiqui. (…) La fin, qui emballe la grande vision mystique du bouquin en dix minutes chrono, met tout le monde d’accord. » Chronicart

« Laborieusement prévisible, Babylone A.D. manque à peu près tout ce qu’il tente sur la voie du renouvellement du genre, livrant un pastiche tiède de l’indépassable Blade Runner auquel Matthieu Kassovitz semble avoir voulu rendre hommage. » Libération

La bande-annonce du film :

2 Commentaires

    • mistinguette sur 4 septembre 2008 à 23 h 54 min
    • Répondre

    je ne suis pas d’accord avec ces critiques très sévères. J’ai pu voir ce film, sans avoir lu le livre et je ne m’y suis pas ennuyée sans être une fan du genre.

    L’intrigue est bien menée, Vin Diesel joue son rôle de tueur un peu bourru et Mélanie Thierry celui de la jeune fille pure, leur duo fonctionne bien. La scène sur la banquise (et dans la tente avec la soeur) est assez touchante. La violence aleterne avec les moments de répits et même d’humour selon un rythme bien dosé.
    On finit par s’attacher aux personnages qui contrairement à ce qu’on pourrait s’attendre ne versent pas trop dans la caricature. Il y a bien quelques incohérences de ci de là parfois mais on y prend à peine garde, on se laisse embarquer dans ce road movie qui m’a un peu rappelée les films de Besson (Léon, Le Ve élément). Un bon moment de détente ciné, je recommande.

  1. Je n’y suis allée que pour des raisons bassement hormonales. Raaah Vin Diesel putaiiiiin, c’est où il veut quand il veut.

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