« L’Assommoir » d’Emile Zola : « Le premier roman sur le peuple qui ait l’odeur du peuple »

Déjà en 1877, l’Assommoir d’Emile Zola, 7e tome de la fameuse saga des Rougon Macquart (l’ « Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire »), suite immédiate du roman « La fortune des Rougon » suscitait la polémique en littérature pour son usage du langage « populaire », « de la rue ». Le scandale s’est poursuivi de Céline à Virginie Despentes en passant par Faiza Guène.
Censurée (alors qu’il était publié en feuilleton dans le journal « Le bien public ») puis attaquée pour la « crudité » de sa langue et la « bestialité des personnages », jugées immoraux et de mauvais goût, cette oeuvre emblématique du chef de file du naturalisme, est aussi son premier succès. Et depuis, resté comme l’un des meilleurs des 20 tomes de sa série. Avec ce roman, Zola fait « entrer l’ouvrier dans la littérature ». Néanmoins, il se refuse à tout idéalisme ou « humanitairerie ridicule », pour lui il faut attaquer les plaies au fer rouge, celles de la bourgeoisie, comme celles du peuple « la morale se dégageant elle-même ». Il ne se veut ni philosophe ni moraliste. « J’aime les récits âpres et vrais qui fouillent hardiment en pleine nature humaine », disait-il. Un roman, qui même s’il est étudié en cours, reste un peu moins cité qu’une Madame Bovary (dont son héroïne Gervaise Macquart est parfois considérée comme « sa petite sœur prolétarienne »). Et c’est un tort car son histoire est tout autant si ce n’est plus passionnante :

Un magistral portrait de femme dans l’Assommoir

Avant d’être un roman sur les méfaits de alcoolisme ou le milieu ouvrier, L’Assommoir est aussi et surtout un magistral portrait de femme. Celui de Gervaise Macquard qui devait d’ailleurs donner son nom à l’origine au roman (« La simple vie de Gervaise Macquart »). Elle n’en reste pas moins centrale et ce, devant l’alambic du Père Colomb ! Héroïne attachante, émouvante, surprenante, combattive, que l’on suit au fil des années, au fil de son évolution : de la jeune provinciale tout juste « montée » à Paris, rapidement abandonnée par son gredin d’amant Lantier et père de ses deux garçonnets, à ses débuts comme blanchisseuse, son re-mariage avec le zingueur Coupeau, la tendre amitié pour son voisin le forgeron vieux garçon, la naissance d’une fille, l’âge d’or de son petit commerce, de sa pauvre chambre d’hôtel à son logis rutilant jusqu’à la niche sous l’escalier… Grandeur et décadence d’un coeur simple, d’un coeur pur dont l’idéal était de « travailler, manger du pain, avoir un trou à soi, élever ses enfants, ne pas être battue, mourir dans son lit. » Elle ne demandait pourtant pas grand chose mais l’Assommoir en a décidé autrement…

La force de Zola est de nous faire traverser véritablement avec elle, les épreuves et les petites victoires de sa vie jusqu’à sa déchéance finale. On a froid, on angoisse, on enrage avec elle et surtout on se bat pour s’en sortir, suant à la tâche armée de ses lourds fers à repasser, on jubile aussi quelque fois devant ses réussites. Mais plus souvent, on a peur pour elle, on a envie de lui dire de se méfier, de faire attention à sa trop grande naïveté et indulgence…

Gervaise Macquard est une femme qui tombe beaucoup sous les coups qu’on lui assène de toutes parts, mais qui se relève aussi beaucoup, qui tente de re-creuser son « trou » pour se mettre à l’abri, elle et les siens, de faire le bonheur autour d’elle, de partager, de prendre sous son aile -pourtant meurtrie- les plus faibles. Une femme qui tente de rester debout simplement. Rester « humaine », ne pas sombrer dans le fossé, dans la boue. Zola n’en fait pas pour autant une sainte. Gervaise se sait faible, lâche parfois… : « Elle était très faible au contraire ; elle se laissait aller où on la poussait, par crainte de causer de la peine à quelqu’un. » ; « Gervaise, peu à peu, s’attendrissait. Une lâcheté du cœur et des sens la prenait, au milieu de ce désir brutal dont elle se sentait enveloppée.« 

Cette faiblesse de caractère qui la perdra est d’ailleurs peu cohérente avec la force de caractère qui l’habite parfois comme en témoignent l’incroyable scène de la bataille au lavoir et surtout l’ouverture de sa propre blanchisserie. Gervaise se fait entrepreneuse et patronne. Ce qui n’est pas rien surtout pour une femme à cette époque ! Gervaise a aussi une force de travail titanesque pour une jeune-femme frêle et qui boite de surcroît. Besogneuse du matin au soir, au foyer ou auprès de ses clientes. « Elle d’ailleurs ressemblait à sa mère, une grosse travailleuse, morte à la peine, qui avait servi de bête de somme au père Macquart pendant plus de vingt ans. » C’est une battante qui ne se laisse pas abattre si facilement même si la vie ne lui veut pas du bien.

Mais Gervaise est aussi un agneau qui laisse trop souvent entrer dans sa bergerie les loups… N’osant leur opposer résistance, elle finit toujours par se laisser berner puis « assommer », sans même jamais éprouver rancœur ou haine. « Son rêve était de vivre dans une société honnête, parce que la mauvaise société disait-elle, c’était comme un coup d’assommoir, ça vous cassait le crâne, ça vous aplatissait une femme en moins de rien. » Il y a comme une sorte de masochisme chez cette femme qui s’inflige de rester avec des hommes qui pourtant causent sa perte (et dont elle n’a pas besoin pour assurer sa survie matérielle puisqu’elle gagne sa vie !).

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Gervaise s’entête à choisir les « mauvais garçons » alors que Goujet modèle de vertu lui tend les bras. On reste perplexe devant ses choix sentimentaux comme si elle voulait se fermer à tout prix la porte du bonheur… En voulant contenter tout le monde, elle finit pourtant à s’attirer toutes les foudres. Finalement, c’est uniquement avec sa propre fille, la fameuse Nana, qu’elle sera la plus dure et sans doute injuste. Comme si elle se condamnait elle-même à travers ce double féminin.

Zola souligne aussi la misogynie et le mépris réservé aux femmes tandis que les hommes gardent le beau rôle quelle que soit leur amoralité qu’incarne Lantier : « Mon Dieu ! lui, faisant son métier de coq ; un homme est un homme, on ne peut pas lui demander de résister aux femmes qui se jettent à son cou. Mais elle, elle n’avait pas d’excuse ; elle déshonorait la rue de la Goutte-d’Or. » « Et tout l’honneur de la séparation revenait à ce finaud de chapelier, que les dames gobaient toujours. On donnait des détails, il avait dû calotter la blanchisseuse pour la faire tenir tranquille, tant elle était acharnée après lui. » Le même lynchage sera réservé à Nana qui se trouve accusée d’être poursuivie par un homme d’âge mûr lubrique dans les rues et de « déshonorer la famille ». A noter que Zola commentait à son sujet dans sa lettre de défense : « Quant à Lalie, elle complète Nana. Les filles, dans les mauvais ménages ouvriers, crèvent sous les coups ou tournent mal. »

La « niche et la pâtée » : la terreur de la faim

Tout le roman est tendu par ses deux besoins primaires que sont : d’avoir un toit au-dessus de sa tête (si possible bien chaud !) et pouvoir s’acheter du pain. Les pièces de six ou de vingt sous, si durement gagnées, passent de main en main, comme si les comptes se faisaient sous nos yeux pour payer le terme du logement et faire bouillir la marmite. Mais aussi, de plus en plus souvent au fil des pages, pour être bues au bistrot de l’Assommoir… Alors on s’endette par ci, par là, on va au mont de piété, le cœur brisé, mettre en gage ses effets personnels dont on était pourtant si fiers… Et l’on a beau se tuer à la tâche, cela n’y change rien : la faim, la menace de l’expulsion et le froid sont toujours là, juste derrière la porte prêts à bondir et à vous saisir à la gorge.

Cette angoisse primaire s’avère finalement toujours d’actualité lorsque l’on sait qu’un récent sondage (CSA pour Emmaus – nov 2009) révélait que plus d’un français sur deux (56%) craignaient de devenir SDF, la précarité menaçant de toute part… Et cette peur finira malheureusement par les rattraper, à travers notamment les scènes poignantes de la fin du roman (chapitre XII notamment) où Zola décrit admirablement cette douleur impossible à calmer et qui abaisse les humains au rang d’animaux prêts à tout pour quelques miettes : « Cependant, à force de regarder le ciel blafard, elle s’était endormie d’un petit sommeil pénible. Elle rêvait que ce ciel chargé de neige crevait sur elle, tant le froid la pinçait. Brusquement, elle se mit debout, réveillée en sursaut par un grand frisson d’angoisse. Mon Dieu ! est-ce qu’elle allait mourir ? Grelottante, hagarde, elle vit qu’il faisait jour encore. La nuit ne viendrait donc pas ! Comme le temps est long, quand on n’a rien dans le ventre ! Son estomac s’éveillait, lui aussi, et la torturait. Tombée sur la chaise, la tête basse, les mains entre les cuisses pour se réchauffer, elle calculait déjà le dîner, dès que Coupeau apporterait l’argent : un pain, un litre, deux portions de gras-double à la lyonnaise. Trois heures sonnèrent au coucou du père Bazouge. Il n’était que trois heures. Alors, elle pleura. Jamais elle n’aurait la force d’attendre sept heures. Elle avait un balancement de tout son corps, le dandinement d’une petite fille qui berce sa grosse douleur, pliée en deux, s’écrasant l’estomac, pour ne plus le sentir. Ah ! il vaut mieux accoucher que d’avoir faim ! Et, ne se soulageant pas, prise d’une rage, elle se leva, piétina, espérant rendormir sa faim comme un enfant qu’on promène. »

La violence de l’alcool sans misérabilisme

L’ Assommoir est souvent qualifié de roman « terriblement noir », un roman sur la « déchéance », voire misérabiliste. S’il est vrai que l’alcool occupe une place centrale, ce vitriol, ce « tord-boyau » qui « assomme » hommes et femmes et les rend fous à l’image du père Bijard qui en incarne la face la plus sombre et la plus violente (le personnage de Lalie étant particulièrement déchirant, Zola voulant « faire pleurer » et c’est réussi !), il n’est pourtant pas omniprésent. Et laisse assez souvent à la place, à la vie dans ce qu’elle a de plus intense même si la menace de la mort plane (le fameux abattoir qui guette Gervaise dés le premier chapitre au bout de sa rue). Gervaise illustre d’ailleurs bel et bien le fameux « Carpe Diem ». A un moment, elle décide de ne plus se préoccuper toujours du lendemain et d’épargner comme une fourmi laborieuse, pour vivre au jour le jour et se faire plaisir enfin voire se « laisser aller » aussi en prenant de l’embonpoint (ce que Zola souligne largement comme signe de sa déchéance) mais c’est aussi sa façon de « jouir de la vie » et de ses nourritures terrestres alors que le spectre de la faim agite sans cesse sa sombre carcasse au loin, symbolisé par le pauvre père Bru (dont Gervaise prendra la place à sa mort).

On ressent même presque une volupté au malheur : Gervaise se laisse couler avec une certaine insouciance, sur la mauvaise pente. Si au début, elle est souvent rongée par l’angoisse, elle préfère ensuite ne plus s’inquiéter comme si son expérience de jeunesse l’avait immunisée, que les choses qui doivent arriver finissent par arriver et qu’il faut l’accepter même si l’on fait tout pour en reculer l’échéance fatidique et ne surtout pas y songer, entre stoïcisme et fatalisme. « Et, sur le palier, elle se sentit à l’aise, elle eut envie de danser, car elle s’accoutumait déjà aux ennuis et aux saletés de l’argent, ne gardant de ces embêtements-là que le bonheur d’en être sortie, jusqu’à la prochaine fois. »

Si Gervaise paraît courir après une certaine « idée du bonheur » faite surtout de confort matériel et de tranquillité, elle finit pas se résigner à l’idée que le bonheur n’existe pas et faire avec, devenant même insensible à « l’indignation publique », l’hostilité ou même aux coups qu’elle reçoit. Elle préfère se résigner plutôt que se rebeller comme si elle acceptait sa position de victime, finalement plus confortable. De plus, Gervaise, malgré sa ruine provoquée surtout pas les hommes de sa vie, ne ménagera jamais sa peine, acceptant même à la fin de sa vie d’être la souillon de son ancienne rivale qui ne manque pas de l’humilier à loisir. Certes sa fin sera tragique, mais la vie de Gervaise est loin d’être un tableau noir et sinistre de bout en bout. Elle a connu ses moments de bonheur, de festivité : elle en a profité, succombant aux excès de festins rabelaisiens, à l’interdit de l’adultère, aux lieux de plaisir du Paris nocturne (sortant au cirque, aux cabarets…) jusqu’à l’ivresse… Elle s’est brûlée à la vie contrairement aux Lorilleux qui ont toujours de la soupe dans leur marmite à la fin du roman alors que Gervaise se tord de faim, mais dont la vie terne et étriquée « d’araignée maigre » n’est guère plus enviable finalement.

Le ventre de Paris : Une vision fantastique

Comme avant chacun de ses romans, Zola s’est livré à une véritable enquête de terrain du quartier de la Goutte d’Or et des métiers ouvriers qu’il restitue avec une précision et acuité qui immerge instantanément le lecteur. Loin de descriptions froidement « réalistes », sa peinture des rues de Paris, des immeubles, des machines ou encore des ateliers des ouvriers est au contraire presque surréaliste tant elle est organique et imagée. Sous la plume de Zola, tout s’anime et prend une allure merveilleuse ou monstrueuse, hautement symbolique. Comme une toile impressionniste (les descriptions étant généralement effectuées à partir des impressions qu’elles suscitent du point de vue d’un ou plusieurs personnages). Le fameux alambic est ainsi représenté sous les traits d’une bête diabolique : « Derrière elle, la machine à soûler fonctionnait toujours, avec son murmure de ruisseau souterrain ; et elle désespérait de l’arrêter, de l’épuiser, prise contre elle d’une colère sombre, ayant des envies de sauter sur le grand alambic comme sur une bête, pour le taper à coups de talon et lui crever le ventre. Tout se brouillait, elle voyait la machine remuer, elle se sentait prise par ses pattes de cuivre, pendant que le ruisseau coulait maintenant au travers de son corps. » Les immeubles ouvriers nous emplissent le nez : « L’escalier gris, sale et les marches graisseuses, les murs éraflés montrant le plâtre, était encore plein d’une violente odeur de cuisine. Le plomb soufflant une humidité fétide dont la puanteur se mêlait à l’âcreté de l’oignon cuit. »

Parmi les plus belles descriptions, il faut aussi citer celle, magnifique, de la blanchisserie que Zola transfigure en boudoir sensuel mais aussi comme lieu de purification de la crasse et des vices du quartier (« Dans la boutique, à chaque triage, on déshabillait ainsi tout le quartier de la Goutte-d’Or. » ) :
«  Une lampe pendait du plafond, à un fil de fer ; l’abattoir jetait un grand rond de clarté vive, dans lequel les linges prenaient des blancheurs molles de neige. (…) Et, à mesure que l’heure avançait, les ouvrières se dégrafaient, pour être à l’aise. Elles avaient une peau fine toute dorée dans le coup de lumière de la lampe, Gervaise surtout, devenue grasse, les épaules blondes, luisantes comme une soie (…). Alors il était pris par la grosse chaleur de la mécanique, par l’odeur des linges fumant sous les fers ; et il glissait à un léger étourdissement, la pensée ralentie, les yeux occupés de ces femmes qui se hâtaient, balançant leurs bras nus, passant la nuit à endimancher le quartier. (…) Par moments, un pas sonnait au loin, un homme approchait ; et, lorsqu’il traversait la raie de jour, il allongeait la tête, surpris des coups de fer qu’il entendait, emportant la vision rapide des ouvrières dépoitraillées, dans une buée rousse« .

On aime aussi se balader dans le Paris festif, des cabarets et music-hall lors des chapitres consacrés à Nana dans la deuxième moitié du roman.

L’autre force du roman est de reconstituer avec une grande justesse non seulement le décor mais la vie de quartier avec en particulier ses « clans », ragots, mesquinerie ou encore sarcasmes de jalousie avant de se rabibocher jusqu’à la prochaine « crise » de voisinage. Sans oublier bien évidemment toute la langue du peuple qui rythme le roman (et aura tant choqué !), pour laquelle Zola a étudié des manuels spécifiques d’argot et d’expressions populaires. Il a même été accusé de plagiat (déjà à l’époque avant Wikipédia on criait sur les sources d’inspiration des romanciers !) : « le sublime » de Denis Poulot qui avait écrit un livre documentaire sur la vie des ouvriers. Cette verve très vivante et pittoresque fuse à chaque page à travers les nombreux dialogues et le style indirect libre largement utilisé par Zola. Une incroyable rhétorique, souvent drôlatique, où l’on « s’allonge des claques », on « se mouille d’une tournée générale » entre « vieilles branches » quand « un désir de godaille » vous chatouille avant d’aller retrouver « sa bourgeoise » qui est « joliment » fâchée… A tel point qu’on l’a qualifié de roman « parlé », ce qui à l’époque aura choqué. « Je te vois bien tortiller ton derrière. Ça te chatouille, les belles frusques. Ça te monte le coco… Veux-tu décaniller de là, bougre de chenillon ! Retire tes patoches, colle-moi ça dans un tiroir, ou je te débarbouille avec ! » (Coupeau à sa fille Nana).

L’Assommoir : L’ouvrier artisan de son malheur ?

Zola ne voulait pas donner une vision idéaliste de la figure de l’ouvrier « consciencieux et honnête », ce qui aura également participé au scandale de l’époque. Le livre fut d’ailleurs considéré comme « une mauvaise action » car il peignait les ouvriers sous « l’aspect de dégoutants ivrognes ». Si le bon ouvrier (Goujet) est bien représenté, on compte aussi de nombreuses figures d’ouvrier fainéant, menteur ou profiteur, à commencer par Coupeau qui se laisse entraîner. Pourtant Zola ne sombre pas dans le manichéisme contrairement à ce qui peut se dire parfois. Il analyse finement les mécanismes psychologiques qui conduisent un homme, puis sa femme à se laisser aller, tout simplement pour oublier la dureté de la vie et parce qu’il n’y a rien d’autre qui s’offre à eux. Il ne manque néanmoins pas de détailler, souvent avec une belle technicité lyrique, une foule de métiers : du zingueur au le forgeron jusqu’au travail de l’or, de la fleuriste ou de l’ébénisterie… Il en montre ainsi toute la noblesse même si déjà menacée par les progrès de l’industrie qui mécanise de plus en plus les métiers manuels…

Zola était un conteur, un « story-teller » dirait-on aujourd’hui, mais il savait raconter avec un style profond et riche (ce qui est plus rarement le cas de nos jours…). Un style qu’il définissait mieux que personne : « Veiller au style. Plus d’épithètes. Une carrure magistrale. Mais toujours de la chaleur et de la passion. Un torrent grondant, mais large, et d’une marche majestueuse. ». Il y a une âme dans son écriture, une très grande sensibilité. Quelque chose d’infiniment vivant et palpitant plus que dans l’écriture froide et sophistiquée de Flaubert. Le seul (petit) reproche que l’on pourrait faire à ce roman est due à sa construction en tableaux, certes parfaitement calibrée mais qui comporte aussi le défaut de sa qualité : trop « construit » en « pile » successive, due à sa publication initiale en feuilleton ce qui conduit à quelques longueurs.[Alexandra Galakof]

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