Les caprices de Marianne de Musset: résumé et explications scène par scène

Résumé, acte par acte et scène par scène de Les Caprices de Marianne d’Alfred de Musset, pièce tragicomique en deux actes de 1833 avec explications (vocabulaire, intrigue et métaphores) et questions-réponses:

Questions:
Les caprices de Marianne Musset analyse et explications scene par sceneA quoi sert la scène 2 de l’acte 1 ?
Lors de la scène de l’acte I, la mère de Coélio lui confie une part de son histoire sentimentale personnelle qui fait écho à la situation de son fils. En effet, la pièce prouvera que l’histoire se répète comme si une malédiction transgénérationnelle s’était transmise de mère en fils. Comme lui, elle a été l’objet d’un triangle amoureux où son père était originellement le messager de son prétendant initial mais lui aura volé le coeur de sa bien-aimée conduisant à son suicide. Une tragédie prophétique qui annonce ce qui attend Coélio. On peut y lire une « revanche » du destin (fatalité) telle que l’affectionne les tragédies grecques et néoclassiques du XVIIe siècle (cf. Racine).

Pourquoi Coélio va-t-il au devant de la mort ?
Coélio pense avoir été trahi par son meilleur ami Octave et dés lors ne voit plus raison de continuer à vivre.
Il préfère donc se laisser assassiner, ce qui revient à une forme de suicide.

Marianne fait-elle vraiment des caprices ?
Marianne est une jeune-femme pieuse, fidèle et dévouée à son époux. Elle résiste et repousse les avances de Coélio transmises par Octave, non par « caprice » mais par honnêteté. Toutefois vers la fin de la pièce, son coeur penche pour Octave et elle requiert donc qu’il vienne lui apporter son foulard.
Les hommes ont traditionnellement attribué aux femmes une réputation de « capricieuse » (en particulier quand ces dernières refusent de se soumettre à leur bon vouloir) basée sur une culture histroiquement misogyne de dévalorisation des femmes

Que signifie la phrase « Coélio était la bonne partie de moi-même; elle est remontée au ciel avec lui » énoncé par Octave ?
Octave et Coélio sont construits par contraste, où le premier est censé incarner l’homme hédoniste, volage,, amateur de vin et de bonne chère et des plaisirs de la vie tandis que le second mène une vie d’ascète, solitaire, sérieuse et nourrit des sentiments sincères bien qu’à sens unique pour une femme (Marianne). Coélio est donc censé representer un certain idéal judéo-chrétien. En étant ami avec ce dernier, Octave se « rachetait » une bonne conscience en quelque sorte.

Acte 1, Scène 1
L.1-l4
Dialogue entre Marianne et Ciuta.
Marianne, une jeune femme mariée pieuse est interpellée dans la rue en sortant de chez elle alors qu’elle s’apprête
probablement à aller à la messe, par une vieille femme.
Celle-ci lui apprend qu’un jeune homme noble de la ville du nom de Coelio, est fou amoureux d’elle
et rêve de lui déclarer sa flamme.
Marianne est choquée par ses propos et la rejette, tout en menaçant de dénoncer Coélio à son mari.

l.14-22
Ciuta rapporte ses propos à Coelio qui l’avait missionné, et qui en est désemparé.

l.22-61
S’ensuit une discussion entre Claudio, le mari de Marianne, préoccupé par sa femme, et Tibia son fidèle serviteur.
Ce premier soupçonne Marianne d’avoir des amants car il entend des sérénades jouées chaque soir près de sa maison.
Il craint d’être déshonoré publiquement.

l.61-232
Dialogue entre Coélio et Octave
Coelio s’inquiète du mode de vie d’Octave qui passe sa vie dehors (« huit jours hors de chez toi ») à faire la fête
et à boire du vin de Chypre comme il s’en amuse au début (humour sarcastique pour dédramatiser les malheurs
du pauvre Coelio transi pour sa Marianne, tel un Werther d’avant l’heure).
Octave aime s’ennivrer et profiter des plaisirs de la vie, sans penser au lendemain (« mon caractère est d’être ivre »).
Désinhibé, il propose de parler à Marianne pour Coélio qui hésite mais Octave lui promet qu’elle « sera à lui ».
Octave le libertin et Coélio le coeur pur et romantique.

l. 233-fin
Octave aborde Marianne; Il l’accuse de causer des tourments à Coélio, face à Marianne interloquée et
ne comprenant pas. Il l’accuse de le faire souffrir du « mal le plus cruel de tous car il est sans espérance » (= le mal d’amour)
On retrouve aussi la vision tragique et fataliste des sentiments de Musset.
Il lui livre une métaphore très lyrique.
Elle finit par comprendre que Coélio l’aime.
Octave lui demande son âge et lui prédit cyniquement qu’elle n’a que quelques années encore pour aimer, une fois sa jeunesse envolée
« Vous avez donc encore que 5 ou 6 ans pour être aimée, huit ou dix pour aimer, et le reste pour prier Dieu »
Finalement Marianne réplique qu’elle aime son mari et ne veut pas être importunée davantage, elle prend congé.

Acte 1, Scène 2
La mère de Coélio cherche à connaître ce qui « ronge le coeur » de son fils et quelle est la raison de sa peine.
Elle regrette que son fils ne se confie plus à elle comme lorsqu’il était enfant.
Coélio préfère interroger sa mère sur son passé amoureux.
Il lui demande de raconter un souvenir car un parent de son père est mort pour elle.
Sa mère lui raconte encore comment son père avait été chargé par son ami Orsini de jouer les intermédiaires
et de la demander en mariage mais suite à son refus, elle préféra épouser ce premier.
Orsini, souffrant de cette trahison finira par se suicider (« traversé de part en part de plusieurs coups d’épée »)

Acte 1 Scène 3
Claudio poursuit sa conversation avec son valet Tibia et doute toujours de la vertu de son épouse Marianne.
Tibia lui annonce que le spadassin (assassion) qu’il a demandé vient le soir.
Puis Marianne arrive et informe son mari que Coléio la poursuit de ses assiduités et lui demande de les chasser.
Pourtant Claudio ne lui fait toujours pas confiance et croit à une ruse de sa part.
Il souhaite enquêter.
Claudio, le vieux juge, incarne (représente), l’ordre par la loi (ordre ancien).

Acte 2, Scène 1
Coélio est désespéré face à l’indifférence de Marianne et préfère se résigner.
Octave ne comprend pas sa réaction et refuse d’abandonner.
Ensuite Octave discute à nouveau avec Marianne.
Il fait croire que Coélio ne s’intéresse plus à elle et Marianne prétend qu’elle commençait à l’aimer.
Octave ne la croit pas et l’accuse de se moquer de l’infortuné Coélio.
Marianne compare l’amour de Coélio à un bébé, suggérant qu’il n’était pas encore très développé, et peu intense.
Octave poursuit la métaphore en accusant Marianne d’avoir été nourrie au lait de l’indifférence dans sa jeunesse
,puis à une rose du bengale « sans épine » et « sans parfum », en d’atres termes d’être sans coeur et dénuée de sentiment
ou même de compassion à l’égard de son prétendant.
Marianne plaide ensuite la cause des femmes, qui sont souvent victimes et tributaires du désir des femmes,
et dont la réputation peut facilement être entachée.
Marianne se plaint de l’autorité des hommes sur les femmes (obéissance et adultère).
Marianne exprime la fragilité des femmes aux yeux des hommes, alors qu’elles sont souvent victimes de leurs désirs
éphémères (« une coupe fragile », « une goutte de rosée).
Marianne sort.
Octave se retrouve seul et commande à boire.
Arrive Claudio. Celui-ci, en colère, lui révèle que Marianne lui a avoué ses avances et que désormais sa porte lui sera fermée.
Leur dialogue est plein d’ironie en rapport avec la fonction de magistrat de Claudio qu’Octave méprise (« cher procès-verbal », cher verrou de prison »)
Il lui affecte des surnoms qui témoignent aussi de sa volonté de séquestrer sa jeune femme et de maintenir son autorité.
Puis Coelio arrive.
Octave lui rapporte sa conversation avec Claudio et dénigre Marianne qu’il traite de « bégueule » (prude, excès de morale).
Il conseille à Coélio de l’oublier et de boire un verre avec lui.
Mais Coélio a le coeur brisé et préfère se retirer.
Octave s’inquiète de son air sinistre « comme s’il allait se noyer », ce qui annonce un sombre présage…
Il tente de le réconforter en lui disant qu’il rencontrera « une autre Marianne ».
On retrouve ici l’opposition entre les deux personnages: l’un superficiel et hédoniste, infidèle papillonnant d’une femme à l’autre et l’autre romantique et amoureux transi.
Mais Coélio ne l’écoute pas et ne semble pas vouloir suivre son conseil. Il le quitte.
Octave regrette de souper seul et de ne pas être en galante compagnie, avec sa maîtresse Rosalinde.
Sur ces entrefaites arrive Marianne.

Marianne compare les femmes à une bouteille de vin qui procure une « ivresse grossière » ou « divine ».
Filant la métaphore avec laquelle il joue, Octave compare ensuite Marianne à une bouteille à laquelle il faut faire la cour. Il la complimente indirectement en la décrivant comme un « esprit céleste » (faisant écho à l’ivresse divine
précédemment mentionnée par Marianne).
Octave dit ensuite que la bouteille est « bonne à boire et est faite pour être bue » puis que « jamais elle n’a laissé languiré » (…) un « voyageur dévoré de soif ».
Ce qui signifie que la beauté de Marianne, comme une bonne bouteille de vin, est prête à (et doit) être consommée pour le délice/plaisir de l’homme.
Il n’est pas raisonnable qu’elle se refuse en d’autres termes.

Acte II Scène 2
Ciutat recommande à Coélio de se méfier d’Octave (« se défier »).
En effet, elle a vu ce dernier discuter avec Octave, ils avaient l’air proches.
Mais Coélio a confiance en Octave et pense qu’il vantait ses mérites auprès de Marianne.
Ciutat l’encourage et le laisse.
Octave rêve de vivre à l’époque des chevaliers pour impressionner Marianne et lui prouver son amour
en bravant des adversaires. Il regrette toutefois de ne savoir trouver les mots pour la séduire.
En d’autres termes de manquer de l’éloquence d’Octave « ma langue ne sert point mon coeur« .

Acte II Scène 3
Claudio et Marianne se disputent car Claudio est jaloux de la conversation que Marianne a eu
avec octave sous une tonnelle.
Marianne furieuse interpelle Octave dans la rue et lui demande pourquoi Coélio ne vient pas lui parler
directement. Octave lui explique que c’est parce qu’elle l’ignore.
En colère contre Claudio qui l’a soupçonné injustement, Marianne finit par lui annoncer qu’elle veut prendre un amant, dans un but de vengeance.
Coelio se lance alors dans un pladoyer en faveur de Coelio afin qu’elle accepte de lui accorder son amour.
Mais cela a l’effet contraire sur Marianne qui est séduite par Octave.
Elle affirme que « Coelio lui déplaît » et n’en veut pas comme amant.
Octave proteste et essaie une ultime fois de plaider la cause de Coelio, en regrettant que Marianne
se contente du « premier venu ».
Marianne lui demande de lui envoyer un amant digne d’elle, ce qu’Octave qualifie de « petit caprice de colère ».

Acte II Scène 4
Octave donne à Coélio le foulard de Marianne et lui dit d’aller la trouver car elle accepte
d’être son amant.Coelio est fou de joie et part la rejoindre mais entre temps un domestique
apporte une lettre à Octave l’informant que des assassins seront postés autour de la maison.

Acte II Scène 5
Coelio s’introduit dans le jardin de Marianne qui le confond avec Octave et le prie de s’en aller
sous peine d’être tué par les assassions de son mari qui le guettent.
En entendant le nom d’Octave, Coélio croit avoir été trahi par Octave.
Coélio décide alors de se laisser tuer par dépit. A la fin de la scène Octave éploré,
somme Claudio de lui dire où est Coélio. Il menace de le tuer en représaille.
Claudio prétend ne rien savoir mais Octave n’en croit rien et part à sa recherche avec ses serviteurs.

Acte II Scène 6 (scène finale):
Marianne et Octave se recueillent devant la tombe de Coélio.
Octave, désespéré, s’accuse de la mort de son meilleur ami dont il vante les mérites et vertus.
Il se remémore leurs souvenirs et leurs conversations qu’il compare à des « oasis » pour démontrer leur caractère précieux et important.
Il le compare à la « bonne partie » de lui-même (Octave menant une vie dissolue, et Coélio une vie plus sage, vertueuse et solitaire)
qui l’a désormais quitté avec sa mort et donc le laissant livré à ses démons.
Il fait son éloge et sa capacité à rendre heureuse une femme.
Marianne toutefois lui demande s’il serait aussi capable de rendre une femme heureuse, ce à quoi
Octave répond par la négative et poursuit son éloge de Coélio qu’il pare de toutes les qualités, notamment sa grande sagesse et s’accable de défauts (« je suis un débauché », « un lâche »).
Il se reproche aussi de ne pas avoir su venger Coélio et de ne pas savoir « aimé ».
Pour conclure, il déclare à Marianne que son amour n’est pas réciproque et dit adieu à son insouciance.
Cette scène est essentiellement constituée des monologues d’Octave et se termine donc tragiquement.

1 Commentaire

    • Emmanuelle sur 25 avril 2021 à 16 h 06 min
    • Répondre

    A quoi on peut voir le « mal du siècle » ?

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