Les jeunes talents français prennent la plume pour rendre hommage aux victimes des attentats

Il y a eu le « Bloody sunday » de U2 (1983), depuis 2015 la France pleure, après celui du 7 janvier, un vendredi 13 sanglant qui inspire des textes émouvants mais pas larmoyants aux jeunes talents de la chanson française sur le Net, ainsi qu’aux blogueurs dessinateurs. Réaction spontanée à la perte d’êtres chers ou en solidarité tout simplement, de belles réalisations qui permettent de mettre des mots sur des maux…

Les enfants de la patrie nous adressent, chacun à leur façon, un message d’espoir et d’humanité contre la barbarie, plus chaleureux que celui de notre bonne vieille Marseillaise qui devrait sans doute être quelque peu ré-écrite, soit-dit en passant…

Tout d’abord, une jeune artiste Alice Raucoules, qui s’apprête à sortir un premier album, compose et poste sur sa chaîne Youtube (en collaboration avec Jimmy Levy) le 5 décembre 2015, sur une mélodie sobre au piano, aux accents d’un Benjamin Biolay, une chanson assez poignante intitulée « En plein coeur de Paris ». Les paroles célèbrent la légèreté d’un vendredi soir d’une jeunesse qui sort, qui espère, qui profite de la vie sans anticiper une minute bien sûr l’horreur qui les attend, ainsi que le vide qu’ils laisseront bientôt dans les vies de leurs proches. Une chanson très subtile et vraiment forte que l’auteur-interprète a décidé pourtant de ne pas commercialiser comme elle l’indique sur sa chaîne. Espérons qu’elle change d’avis, ne serait-ce qu’en mémoire de ce drame !

Voir aussi sa page Facebook: https://www.facebook.com/alice.raucoules/

Voici ses paroles:

« T’étais sorti un 13 novembre
Il faisait doux, l’air était tendre,
A Paris ce vendredi

T’étais sorti pour voir dehors la vie
Pour la chanter, la danser toute la nuit,
En espérant retrouver cette fille
Qui t’avait chaviré près de Bastille

T’étais sorti à République
Remonté l’avenue Voltaire
Tout droit vers les Filles du Calvaire
Au Bataclan y’avait concert
Du Bataclan t’entendais la musique

En plein coeur de Paris

T’étais sorti sur un coup de tête
Chercher l’amour et faire la fête
A Paris ce vendredi

T’étais sorti pour faire plus belle ta nuit
A la chaleur du rire de tes amis
En espérant que la fille de Bastille
Apparaîtrait au hasard de la ville

T’étais sorti pour prendre un verre
A la terrasse de la Bonne bière
Et t’as trinqué à coeur ouvert
A l’heure où le ciel s’est couvert
Quand la lumière s’est soudain assombrie

En plein coeur de Paris

T’étais sorti un 13 novembre
T’as laissé un vide dans ta chambre
A Paris ce vendredi

A la terrasse de la Bonne bière
Y’a plus de fleurs qu’au cimetière
Et des trous noirs à ta mémoire
Dessinent des étoiles de verre
Où des milliers de flammes scintillent

En plein coeur de Paris.

Le cousin d’une des victimes du carnages (Marie, jeune nancéienne de 24 ans), Matthieu Mosser (du groupe JetMo) a aussi diffusé un morceau sur YouTube, intitulée « Tu seras », hommage à l’amour qu’il vouait à sa parente et à la lumière qu’elle a toujours été pour lui. Ici encore loin de tout pathos, le chanteur préfère garder en mémoire le positif, les moments de joie partagés qui ne pourront pas être effacés, « un hymne à la vie« .

« Tu seras cette image baladée dans ma tête
D’une fille pétillante que je trouve bien chouette
Tu seras cette photo, ces vacances, une phrase
Prononcée mèche en l’air avec grande emphase
Tu seras la lumière que t’as toujours été
Le sourire à mon coeur depuis que je te connais
« 

Le refrain s’engage davantage et exprime sa volonté de ne pas céder à la peur et à la soumission à la loi intégriste, tout en restant unis sans sombrer dans la haine:

« Et tu danses, sur la piste, insolente réponse aux idiots d’intégristes, et tu danses pour les tristes, les regrets et la haine ne sont pas sur ta liste et tu danses sur la piste. Tu seras la lumière que t’as toujours été et aujourd’hui le monde s’en trouve éclairé. »

MAJ: Jeanne Cherhal a également composé un titre interprété par Johnny Halliday, « Un dimanche de janvier », le 10/01/2016, sur la place de la République à Paris, en hommage aux victimes des attentats (Charlie Hebdo et Bataclan) et pour saluer la grande marche républicaine du 11 janvier 2015 qui avait réuni plusieurs millions de personnes et de nombreux dirigeants étrangers à Paris.

« Pour apaiser la peine
De tout un pays soulevé
Nous étions venus
Sans peur et sans haine
Ce dimanche de janvier
Pour garder en mémoire
Nos héros d’encre et de papier
Nous étions restés debout jusqu’au soir
Ce dimanche de janvier.
 »

Et pour finir le dessin tout en sobriété d’une jeune blogueuse illustratrice métisse, Madlili, qui s’ajoute aux dizaines d’autres qui ont fleuri sur la toile, mais qui semble s’accorder aux messages véhiculés par les textes ci-dessus, en restant du côté de la vie e de l’espoir en dépit de la tragédie…
Elle commentait à son sujet, en novembre dernier, en citant Hemingway:

« Hier, aujourd’hui, demain; Paris est et restera la ville Lumière.
Je veux continuer de célébrer la vie ici ou ailleurs.
Les mots d’Hemingway expriment parfaitement mon sentiment : « Si vous avez la chance d’avoir vécu jeune homme à Paris, où que vous alliez pour le reste de votre vie, cela ne vous quitte pas, car Paris est une fête.
« 

Illustration hommage aux victimes des attentats du 13/11/15 par Madlili (http://madlili.com/2015/11/paris-mon-amour.html)

Illustration hommage aux victimes des attentats du 13/11/15 par Madlili (http://madlili.com/2015/11/paris-mon-amour.html)

http://www.nympheasfactory.com/blog/je-ne-suis-pas-une-machine-de-guerre/

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Une initiative intéressante à soutenir aussi pour contrer des discours de propagande haineuse des intégristes:
l’association « Nous sommes unis »
Car c’est bien une bataille de mots et d’idées qui se livre ici, ce sont eux qui poussent à prendre les armes… ou pas. [Alexandra Galakof]