« Ecrire », collection littéraire à publication limitée

« Une nouvelle collection littéraire dans laquelle on ne pourra publier qu’une fois, et une seule » : c’est le principe d’Ecrire, collection de premiers textes inaugurée en février au Seuil avec « Les Lacets rouges » de Lucas Bernard et Après le spectacle du comédien Francis Leplay.

Pour Olivier Cohen, directeur du Seuil, il s’agit avant tout de « renouer avec une tradition, celle de Jean Cayrol, découvreur magnifique, attentif à la voix, au ton des futurs écrivains qu’il repérait dans le flot des manuscrits arrivés par la Poste », et de se détacher d’un « monde éditorial dominé de plus en plus par la loi des gros tirages et le fracas médiatique ». Des intentions louables, donc…

Ce premier roman de Lucas Bernard, 25 ans, qui après des études de cinéma a travaillé comme assistant opérateur frappe dés les premières pages par la sécheresse de son écriture à l’américaine, qui impressionne. Son héros Félix, personnage transgressif par excellence, est à la fois instrumentalisé et infantilisé et cherche à s’affirmer en tant qu’adulte et repoussera pour cela toutes les limites (banditisme,meutre, fuite…) jusqu’au jugement ultime…

Sur le mythe des amants criminels, Lucas Bernard refuse de juger les personnages, ce qui rend son histoire d’autant plus poignante.

Présentation de l’éditeur :

Lorsque j’ai pris connaissance de ce roman envoyé au Seuil, j’ai été tout de suite frappée par sa force, son rythme, la sobriété incisive de son style sans apprêt ni fioriture, immédiatement en phase avec une réalité qui échappe à tout discours comme à tout commentaire. Un fait est très frappant ici : les motivations des personnages sont tues, omises, comme enveloppées dans la trame secrète d’un destin irréductible à toute interprétation psychologique, à tout jugement moral. Félix tue accidentellement un autre homme à la suite d’une altercation, et se retrouve subitement démuni face à l’absurdité de son acte, l’étrangeté absolue de l’irréparable. Il n’accepte pas le statut de meurtrier que la société veut lui faire revêtir; il n’accepte pas non plus d’être considéré comme un enfant irresponsable. A vingt ans, c’est encore un adolescent immature, il le sait, mais la force de tuer qu’il trouve en lui est l’Indice d’une énergie dont il veut assumer jusqu’au bout les conséquences. Il fuit dans la montagne en attendant son jugement, mais sa fuite, loin de l’ascèse promise, reste un simulacre, empruntant encore les formes juvéniles de la fugue. Il rencontrera dans une auberge Anne, son double féminin, mais aussi son antithèse incarnée : une vraie meurtrière. Un huis clos érotique et meurtrier va naître entre eux, fait de compromis inavouables mais aussi d’aveux sans issue, laissant percer entre les lignes, au détour d’un dialogue anodin, d’une scène muette, la violence sourde d’un destin qui les dépasse.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.