Photographie d’un hamburger, de Lucien Cerise : les tribulations d’un névropathe parisien, sur fond de guerre des sexes mondialisée…

Ce nouveau roman paru chez Scali (sous l’impulsion de Stéphane Million) et signé de l’illustre inconnu Lucien Cerise, (jeune philosophe et co-fondateur de la revue Philosophie, également auteur de plusieurs Rebonds dans Libération pour défendre son ami Michel Houellebecq lors de son procès sur l’Islam) semble à vrai dire très appétissant ! Humour décalé, analyse des maux de notre société avec une verve corrosive, roman d’époque et de génération… Bref tout ce qu’on aime sur le Buzz littéraire. L’auteur s’est plus particulièrement penché sur la perte des identités sexuelles, avec tous les déchirements que cela suppose, sujet très en vogue et qui sonne très Technikart ! Une sorte de « Conjuration des imbéciles d’aujourd’hui, affreusement réaliste », décrit son éditeur. Rien que ça ! A découvrir donc…

Selon le résumé de l’éditeur, ce premier roman raconte les tribulations d’un névropathe parisien, sur fond de guerre des sexes mondialisée. Pourquoi un névropathe parisien ? Parce que la névrose est probablement la chose du monde la mieux partagée, en particulier dans les grandes villes et à notre époque. Pourquoi une guerre des sexes mondialisée ? Parce que la névrose contemporaine semble liée à la redéfinition des identités sexuelles, avec tous les déchirements que cela suppose, et concerne le monde entier. Ce roman se veut ainsi une illustration du « malaise dans la civilisation » dont parlait Freud.

Des clichés de notre société, de nos angoisses, de notre schizophrénie. Un panorama cynique, froid et jouissif, porté par un personnage, Lucien Cerise (l’auteur et le personnage), si désespéré qu’il ferait passer Houellebecq pour Coelho ! Ce roman s’inscrit dans une réflexion sur le féminisme (théme également présent dans uin autre livre de la rentrée : Sida Mental de Lionel Tran). Mais Lucien Cerise dépasse le constat sociologique et construit un véritable roman d’essence classique (balzacien). L’auteur trace une série d’images, de clichés qui composent notre réalité jusqu’à la caricature. C’est également un roman de la culture mondialisée – car il est aussi question des archétypes – qui annonce un dyptique : sur la lutte des classes, après celle de la guerre des classes.

Un roman qui paraît ambitieux et rappelle la forme de celui de Camille de Toledo, publié en 2002 (« Archimondain, jolipunk » sous-titré « Confessions d’un jeune homme à contretemps »), avec des accents houellebecquiens. Un extrait du livre avait été publié au préalable dans le numéro « Bordel à la télé« .

Un extrait :
– J’en ai marre de ces soirées. Il faut toujours se définir positivement par des qualités socialement admises, répondit Lucien.

– Et comment veux-tu faire pour lier connaissance ? Il faut bien dire qui on est ! Comment faire autrement ?

– Je ne sais pas. Mais avant d’être ceci ou cela, avant tout, je ne suis rien. Ou plutôt, je suis un potentiel évolutif, un mouvement virtuel. C’est ce que la psychanalyse nous a enseigné. Et avant elle, Pascal et Nietzsche.

– « Ça yest ! Il recommence à délirer ! », pensa Ahmed. Il rétorqua :

Ok, mais la philo c’est bon à la fac. En dehors ça sert à rien. Si on te demande ce que tu fais dans la vie, tu peux pas répondre : « Je suis un potentiel évolutif ».

– Mais c’est la vérité !

– Oui, mais dans une soirée, on ne te demande pas de dire la vérité ! On est pas au tribunal. On te demande seulement de dire ce que tu fais dans la vie, de plaisanter un peu, etc. Ce sont les règles de base de la communication.

– Le problème c’est que je ne fais rien. Il ne se passe rien dans ma vie. Je n’ai rien à dire sur ce sujet.

– Tu n’as quà dire d’où tu viens. C’est souvent ça dans les soirées avec les étrangers, chacun parle de ses origines. C’est intéressant.

– L’origine ne définit pas l’identité.

Ahmed commençait à s’énerver. « Il me fait chier ! Ce mec est indécrottable ! »

Voir aussi l’article sur « Le retour des sexes » vu par Technikart
et la chronique du roman Indecision de Benjamin Kunkel

1 Commentaire

  1. Million et Cerise

    Décidément, mon prochain séjour à Paris promet d’être assez busy: Thomas Clément et Max Monnehay ont déjà accepté d’être interrogé dans le cadre des Podwrath, c’est maintenant au tour de Stéphane Million et Lucien Cerise. Stéphane Million…

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