« Boborama » de David Angevin, une tentative de 99 francs dans les coulisses de la presse en général et de Télérama en particulier

Que faire quand votre boîte vous insupporte et que vous sentez la rupture de contrat proche ? Ecrire un livre pardi ! Frédéric Beigbeder a inauguré la tendance avec brio en 2000 avec son caustique et drôlatique 99 francs sur le monde des pubeux. David Angevin ancien journaliste de Télérama de 35 ans, a tenté, dans son sillage, en 2006, de dépeindre les coulisses des journaleux et plus particulièrement la face cachée de la célèbre bible culturelle « catho-gaucho-bobo » des profs socialistes et d’une certaine « élite française » de l’Ile de Ré à l’île Saint-Louis, répondant au doux pseudonyme de « Boborama ». Toute ressemblance avec des faits réels serait fortuite of course ! Il livre donc sa vision de l’intérieur d’un système qui attise bien des convoitises mais génére aussi bien des désillusions. Si l’idée de départ aiguise la curiosité (et aurait fait grincer des dents), le traitement s’avère un peu décevant même si demeurent de bons passages… A noter que l’auteur devrait publier courant 2007 un nouveau roman (comédie familiale).

Paul Santini, double à peine voilé de l’auteur, est le responsable des pages Culture de Boborama, grand hebdomadaire culturel français. Il est aussi l’heureux papa de trois adorables bambins dont une ado en crise qu’il adore, l’époux d’une attachée de presse ultra-carriériste avec qui il partage encore quelques frénétiques rapports charnels à défaut de centres d’intérêt communs…
Paul Santini fait partie de cette France d’en haut, à la vie bourgeoise bien installée et au confort matériel qu’il nous décrit à la moindre occasion (sa maison de vacances dans le Lubéron, sa baby-sitter, les hammams de sa femme et ses meubles « Conran Knoll et Poltrona Frau », ses déjeuners « algues spirulina et extraits de pépin de pamplemousse »…)

En dépit de cette réussite apparente, Paul Santini ne va pas bien. Le pauvre chou regrette le bon vieux temps où son magazine « aux valeurs humaniste et chrétiennes » défendait de « vraies convictions » et affichait une « vraie différence ». Désormais Boborama devient « comme les autres », moutonnier, à la solde du Grand Capital en particulier depuis son rachat par la Planète, le grand quotidien national de référence, cherchant à séduire toutes les cibles marketing (« du vieux de province au citadin branché jusqu’à l’étudiant qui quitte le cocon familial et l’abonnement Boborama »…) : « Un journal d’opinion est mort quand il commence à donner ce qu’il pense qu’on attend de lui« , déplore ainsi le narrateur en opposition avec toutes les pratiques et mentalités de sa rédaction dans laquelle il se sent comme « une taupe infiltrée dans le camp adverse ».

Ce livre est donc un exutoire pour laisser libre court à ses griefs. A commencer par ses collègues qu’il attaque férocement : des « réacs de gauche » qui pensent que « José Bové est le nouveau Che Guevara » ou qui « soutiennent n’importe quel régime totalitaire pourvu qu’il soit anti-impérialiste », des ultra gauchistes qui servent la soupe aux palestiniens…
Un journal qualifié par l’un de ses amis de « club américanophobe des cathos progessistes et des marxistes« . Cela donne quelques passages truculents du roman (car c’est un roman ne l’oublions pas ! ) tels que la correction d’un article en forme de pensum sur le théâtre de rue, la marotte de la rédac’ chef, les conférences de rédaction dont celle -un brin caricaturale !- sur la tragédie du 11 septembre où certains assènent par exemple des « On ne peut pas imposer ses vues à la terre entière sans en subir les conséquences un jour ou l’autre » et où « la densité d’égo au mètre carré rend impossible toute intervention de plus de 3 mots« , les éditos du directeur de rédaction, fidèle condensé tiède et consensuel de toutes les opinions des autres journaux, le cahier des charges « couverture Boborama » assez hilarant… Des passages prometteurs situés surtout en début de roman qui sont hélas noyés par de trop nombreux chapitres qui se traînent en longueur (la description du voyage de presse : de l’avion à l’arrivée à l’hôtel jusqu’au clip de Ben Harper en passant par l’interminable shopping trip dans les malls avec son cortège de lieux communs sur la culture de consommation américaine ou sur les « il ne faut pas se fier aux apparences » ou autre Los Angeles « machine à broyer les rêves », les cocktails auxquels il assiste avec name dorpping de people en rafale ou encore ses vacances au Lubéron…). Il achève cette énumération sur une fin assez mièvre, aux accents d’American Beauty (le père qui veut renouer avec ses rêves de jeunesse…), même si le motif de licenciement vaut tout de même son pesant d’or.

« Très vite j’avais une carte de presse, un poste envié de journaliste titulaire, et l’impression étrange d’avoir braqué la banque armé d’un couteau à beurre. Il n’y avait pas de gardiens à l’entrée. Juste quelques chefs de service bourrés de privilèges et de choléstérol… L’art du consensus, principale qualité de celui qui veut monter en grade sans encombre était devenu une seconde nature. »

Au final, on sort de cette lecture assez mitigé, pas déçu mais pas aussi enthousiaste qu’à la fin d’un 99 francs dont on a envie de citer toutes les répliques (enfin pour ceux qui ont aimé bien sûr).
En fait, on a du mal à compatir ou même à prendre au sérieux le sort doré de ce privilégié, ce journaliste nanti, bien au chaud dans la sécurité de son puissant média, bien à l’abri de la précarité et des conditions parfois violentes de travail de ses confrères pigistes (dont il exploite bien le travail au passage) qu’il évoque tout de même brièvement avec une certaine lucidité (« Rien de tel qu’un statut de pigiste payé au feuillet pour s’assurer la docilité et la productivité d’un plumitif.« ).
Ses leçons de morale font donc doucement sourire. D’ailleurs il n’est pas dupe lui même de son « idéalisme » comme il le dit : « Si j’étais seul maître à bord, mon journal se vendrait à une misérable poignée d’exemplaires. » Il fait un peu trouillard ce Santini : après tout s’il rêve d’une autre presse, il est libre de lancer son magazine, de créer, de renouveler. Mais se complaire dans la plainte et la victimisation sont certes plus aisées que l’initiative et la prise de risques. En tout cas en France…

Au fur et à mesure des pages, gagne aussi une certaine irritation face à la suffisance hautaine et le mépris qui transparaissent derrière toutes ses critiques. Il est ce qu’il dénonce même si on sent la sincérité de l’auteur qui écrit en toute bonne foi, sans se rendre compte certainement de l’énormité de certains de ses propos en particulier ceux portant sur la « Culture », sujet ô combien sensible. En effet, le héros se targue de savoir ce qu’est « la vraie culture », celle qui a de la valeur.
Et d’égrener les références bien convenues d’une contre-culture (Bukowski dont il se plaint de n’avoir jamais pu écrire une ligne dans Boborama, car jugé « pornographe », Ellroy, Fante, Bret Easton Ellis…) brandie comme le gage d’un certain niveau intellectuel novateur et pointu avant de descendre en flèche TF1, Michel Sardou, le journal de Jean-Pierre Pernaud et autres sujets dits « beaufs » parce que « popu » ou « culture de masse ».
Voici par exemple comment il juge la valeur d’un critique : à sa tenue vestimentaire ! « Un critique digne de ce nom ne conduit pas une Citroën Xsara, évite les chemises à motifs grotesques, les associations de couleurs douteuses et ne porte pas de chaussures Mephisto avec des chaussettes blanches. » Avant d’ajouter à propos de son équipe : « Ces tocard écoutent Johnny Hallyday, jugent la Star academy sympa puis se permettent d’émettre un jugement d’ordre esthétique sur Aki Kaurismaki, Larry Clark ou Martin Amis. » ou « Comment un type qui s’extasie devant le style d’Alexandre Jardin porte des mocassins à glands, conduit une française diesel peut-il avoir carte blanche pour émettre des réserves sur l’oeuvre de Bret Easton Ellis ou Raymond Carver ? »

Des considérations bien étriquées et simplistes qui reflètent bien le cloisonnement élitiste et manichéen de la culture d’une certaine soi-disante « intelligentsia » (parisienne en général) : Oui il est certainement possible d’aimer Lou Reed et Pascal Obispo, Monsieur Angevin-Santini, cela n’a rien d’incongru !
Sans oublier le dédain moqueur pour les petits artistes autoproduits ou Internet « Les sites Internet de fans sont des mines. Il y a toujours un maniaque pour archiver l’intégralité des articles publiés sur son idole. » ou encore les journaux de province et plus particulièrement le « torchon de la région PACA » qu’il commente en ses termes (à propos d’un portrait de Jean-Luc Lahaye) : « L’article est un monument de mièvrerie comme seule la presse régionale méditerranéenne, sans conteste la plus nulle du territoire, ose encore en publier. » Et vlan !
Et enfin n’hésite pas à condamner la nouvelle génération de journalistes sur un air de « nous sommes irremplaçables » :
« La nouvelle génération ne fera rien. Une bande de larves, de sympathiques cloportes en jean XXL fraîchement émoulus de l’école de journalisme, qui se laissent porter par le courant. Ils sont tièdes, sans idéaux, spécialistes en rien, moyens en tout. »

Pas de scoop ni de révélation extraordinaire dans ce roman (sauf peut-être pour ceux qui ne connaissent pas du tout ce milieu), qui se veut pamphlet mais qui témoigne surtout de l’amertume d’un homme, qui n’a pas connu beaucoup de difficultés et qui aurait aimé avoir le beurre et l’argent du beurre, un peu comme un petit garçon très gâté à qui on aurait subitement retiré ses jouets…

Découvrez Boborama de David Angevin

David Angevin a dit (tchat sur le Nouvel Obs au sujet de Télérama) :
« Le journal se normalise à mort. C’est bien triste. Depuis le rachat par le Monde, Télérama brille par son caractère moutonnier. Ses sommaires sont les mêmes que ceux de ses concurrents directs. Les mêmes papiers partout au même moment. Les grosses machines culturelles décrochent la Une de Télérama systématiquement. Les maison de disques et les éditeurs mettent le paquet pour s’assurer de rafler la mise : achats de pubs en échange d´articles (<< la presse va mal, elle ne peut pas se permettre de se mettre à dos les annonceurs >> disait souvent Bruno Patino). D´une manière générale, la concentration des médias est une catastrophe pour la qualité de la presse. On va vers toujours plus d´uniformisation, de consensus, ici sous un vernis « progressiste, rebelle de gauche ». La situation est critique. »

A propos de l’édition de son livre :
« Les éditeurs ont pourtant tous aimé le texte. Ce n´était pas le problème. « Formidable, c´est du jamais lu sur le sujet », ils disaient. « Mais ça ne va pas être possible, tu me comprends bien, je ne peux pas me griller à vie avec deux médias aussi importants que Le Monde et Télérama pour un simple livre. Je risque ma tête ». Bref, rien d’étonnant. Je suis journaliste. Je connais le milieu. Je m´attendais à souffrir un peu. L’éditeur du Dilettante, Dominique Gaultier je crois, m´a bien fait rire. Il a refusé mais avec des prétextes assez navrants. Genre « nous n´avons pour habitude de tirer sur les ambulances, critiquer Télérama est d´une affligeante banalité ». Je cite de mémoire, mais c´était plus grotesque en vrai. Comme si les livres du genre pullulaient dans les librairies. Un authentique loser ce Monsieur. Finalement Pascal Galodé du Rocher a choisi de le sortir parce qu´il aimait le ton et l´humour du livre. « Nous, on s´en fout du Monde, il m´a dit à un moment. Ils ne font jamais un papier sur nos bouquins »… »

Découvrez Boborama de David Angevin
Lire aussi : Le journalisme est mort, vive le journalisme !

25 Commentaires

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  1. Je suis un lecteur de Télérama et cet article m’a donné envie de lire "Boborama".

    C’est vrai que Télérama devient lourd. C’est une caricature de journal de bobos avec dans chaque numéro une interview d’un opposant à Bush et un artiste qualifié de "nouveau Dylan" (ou de "nouveau Brian Wilson".) José Bové doit être à 20 interviews (même si Daniel Cohn-Bendit le rattrape) et on ne compte plus les sujets sur les intermittents du spectacle ou les "personnes issues de l’immigration".
    Au moins, il évite les habituels sujets racoleurs de l’été (au hasard, le sexe…)
    Et face à Télé 7 jours ou Télé Z, il reste le meilleur hebdo télé.

    En ce moment, le journal qui me désole le plus, c’est Libé. On a coutume de taxer Le Figaro de journal de Sarkozy, mais en cette année d’élection, Libé est devenue: "Le journal du fan-club officiel de Ségolène."

    Dans un autre genre, je regrette aussi le déclin de l’autre hebdo du mercredi (le premier étant Télérama): Auto Hebdo. Enfin là, ça devient hors-sujet…

    • JOJO sur 12 juin 2007 à 15 h 36 min
    • Répondre

    Bah, c’est vrai que télérama fait "Inrocks" recentrés, et c’est vrai que le roman, au final, est "moyen-moyen", cependant Alexandra je vous trouve un peu sévère avec l’auteur, il n’y a c’est vrai pas l’ambition d’un catherine ou d’un adam mais il y a quand même son envie de se coller au réel, assez courageux même si le personnage central est un peu "petit", pas 36 livres en ce moment, en France, par les temps qui courent sur le sujet.

  2. Alexandra je crois que c’est la première fois que je lis une critique sévère venant de toi ! Moi je dis Bravo !

    Quoique… : « "Comment un type qui s’extasie devant le style d’Alexandre Jardin […] peut-il avoir carte blanche pour émettre des réserves sur l’oeuvre de Bret Easton Ellis ou Raymond Carver ?" » Sur ce coup là, je suis d accord. Y a littérature et Littérature. Donc je suis probablement victime d’un cloisonnement élitiste et manichéen de la culture. Ohh pauvre de moi…!

  3. Télérama ou Télé Star ?
    Télérama ou Télé Poche ?
    Télérama ou Télé 7 Jours ?

    Moi, en tout cas, bobo ou pas, j’ai choisi.

    Sur le livre d’Angevin, les extraits cités tendent à accréditer la thèse d’une succession de clichés, de lieux communs, de blagues pas drôles et d’allusions d’une extrème finesse ("la Planète" pour "le Monde", il fallait y penser…) Bref, pas très envie de lui donner mes euros à ce monsieur…

  4. J’ai acheté le livre hier (merci pour le conseil du Buzz, car à la Fnac, il est planqué, alors qui voudrait l’acheter?). Je vous dirais comment c’est lorsque je l’aurais fini…

  5. bon alors pour ne pas faire celui qui se plaint toujours, je vais vous faire part d’un vrai coup de coeur chez mon marchand de journaux:

    "Mouvement" l’indisciplinaire des arts vivants trimestriel 9 euros.

    Ok c’est un peu cher mais c’est tous les 3 mois. Les articles sont nombreux , bien ecrits et interressants (!!) avec du fond et de la forme (le numero en cours sur la responsabilité du present devrait être étudié en classe !); les choix culturels sont vraiment pointus et originaux et pour finir (j’ai testé pour vous) leur selection de disques est juste parfaite mettant l’accent sur des albums dont on ne parle pas ailleurs et qui sont juste des perles…

    Alors bref, enterrez les inrocks, oubliez telerama et jettez vous sur "mouvement"!

    yann frat

    ps1 non je n’écris pas chez eux, je n’ai aucun lien avec eux ;)) Mais j’essaye d’etre honnette intellectuellement on ne peut pas critiquer sans faire de louange…

    ps2 Dans telerama, je n’aime que le courier des lecteurs… Ca va c’est pas trop long à lire…

    ps3 Et niveau revue litteraire, a ce jour rien ne vaut en "attendant l’or" qui doit être toujours en vente il me semble…

    ps 4 : quelqu’un me dira t il un jour ce que sont les bobo et qu’est ce qu’on leur reproche hein? 😉
    a+

  6. Mes chers jojos (Joest + Jojo = 2 jojos), vous avez tout à fait raison.
    Provenant d’une « Télérama family », je dois dire que j’ai moi aussi un certain attachement à ce magazine qui fait preuve d’une grande qualité en dépit de ces inclinaisons parfois un peu lourdes (mais qui n’en a pas ?).
    Je ne le lis pas tous les 4 matins il est vrai, mais en général j’aime à le feuilleter et je fais assez confiance à leurs critiques en particulier ciné et théâtre et bien sûr TV même si je regarde peu la TV (il faudrait qu’ils se lancent ds la critique web !).
    En même temps Boborama n’est pas Télérama (fiction, fiction !).

    Sinon, oui c’est vrai après relecture, cette chronique rédigée il y a quelque temps déjà, apparaît assez sévère, sans doute un peu trop, car finalement ce livre mérite le détour en dépit de ses côtés agaçants. Directement concernée par le sujet, les attentes étaient fortes.
    Ce livre a des qualités certaines mais il manque quelque chose pour que l’ensemble se tienne en dépit de l’histoire avec sa femme et ses enfants. Je crois que c’est parce qu’on n’arrive pas à s’attacher au héros contrairement à un Octave par ex.

    PS : Joest, je viens de regarder ton blog où j’ai trouvé tes réponses aux questions que m’avaient posées Technikart. Savais pas que c’était « la nouvelle mode » ! ;- ).
    Cool pour le livre, j’ai hâte d’avoir ton avis, assez impitoyable en général…

    Ma chère Kébina, lis bien et tu verras que contrairement à un mythe très répandu il y a bon nombre de chroniques qui ne sont pas spécialement « positives » sur le site…
    Toutefois le but n’est pas d’être « polémique » ou « gentil » mais juste sincère sur ce que l’on ressent à une lecture. Concernant la remarque sur le cloisonnement de la littérature, il est certain que tout le monde partage en général ce point de vue. Si tu aimes tel auteur, tu ne peux pas aimer tel autre. On a vite fait de cataloguer les gens, c’est dommage ou d’effectuer des comparaisons qui n’ont pas lieu d’être.
    Etant l’incarnation vivante d’une multitude de paradoxes, passant allégrement de la culture « populaire » à la culture dite « élitiste » et trouvant du plaisir dans les deux, je peux dire que oui, ces cloisonnements st totalement idiots ! Sus aux bien-pensants et vive la liberté ! ;- )

    Chroniques, oui il y a quelques clichés et quelques trouvailles inévitables (tu me diras « L’Idéal » pour « L’Oréal », cf dernier roman de F.Beigbeder c’est pas non plus d’un subtil renversant…). Il force le trait de façon générale : parfois c’est drôle, parfois ça tombe à plat.

  7. Un autre livre sur le thème des médias/journalistes dont je n’avais pas connaissance :
    Nos amis les journalistes de François Reynaert
    <strong>Pitch (sur parutions.com)</strong> : Le rédacteur en chef du magazine Le Journal se martyrise le cerveau pour tenter d’y trouver l’idée gé-ni-ale qui fera remonter ses ventes. La solution s’impose d’elle-même : comment surprendre le lecteur blasé, si ce n’est en lui offrant un numéro spécial sur le non-événement ? Disserter non sur le vide, mais sur le banal. Halte à l’extraordinaire, bienvenue au lieu commun. Toute ressemblance avec un média réel serait-elle fortuite ?

    Une équipe improbable (un pigiste spécialiste des programmes TV, une vieille féministe du service Société…) est dépêchée dans la petite république asiatique du Tourdistan, principauté co-gérée par Moscou et Téhéran. A l’image de l’Andorre, sa consœur hispano-hexagonale, cette nation est riche d’une qualité providentielle : il ne s’y passe jamais rien. Jusqu’à l’arrivée de nos pieds-nickelés…

    Cet ami des journalistes nous fait embrasser sa profession, d’abord en la faisant chuter de son piédestal : si le journaliste pratique un sport, c’est en premier lieu la chasse aux notes de frais. S’il est féru de géopolitique, les retournements d’alliances internes aux rédactions sont sa première préoccupation. Enfin, on l’aura deviné, les publi-reportages pour des entreprises cosmétiques sont plus fréquents que les analyses de politique internationale. Fin de toute illusion romanesque sur ce métier.

    A voir aussi ici : ecrits-vains.com/critique…

  8. J’ai eu une visite sur mon site chez Lulu! Wahou, je vais sortir le champagne!

    Tu as vu mon blog principal, "Streng! Online" ?

    P.S.: j’ai horeur qu’on m’appelle Jojo.

    • half a person sur 13 juin 2007 à 21 h 19 min
    • Répondre

    Hello, ce n’est pas parce qu’on traite un sujet de l’intérieur qu’on le traite avec justesse. Il y a souvent une part de fantasme, l’auteur capture le fantasme des lecteurs pour se jouer d’eux. Ainsi Begbed avait servi une pub clichée datée 70’s à un lectorat avide, on avait en effet rarement levé le voile sur le système publicitaire. Disons que le principe était de donner aux lecteurs exactement ce qu’ils attendaient. Avec brio et humour, certes, c’est là sa force au Beigbed. Mais il n’avait pas dit la vérité, et je pense qu’il en est de même pour le texte sur Télérama, le gars nous sert ce qu’on a exactement envie d’entendre, de lire. C’est habile. Mais faux.

  9. Merci pour ces precisions Alex.

    Half a person, I totally agree with you !

    • JOJO sur 14 juin 2007 à 13 h 13 min
    • Répondre

    D’accord avec toi Half sur le Beig de 99 frs, j’ai pensé exactement ça en le lisant, par contre, non, le Bobo est moins calculé, mais moins flembant aussi, mais je pense que l’auteur essye vraiment de dénoncer sans calcul, sauf qu’il s’aveugle un peu sur son positionnement… Mais c’est bien, ça donnera peut-être l’envie à un autre auteur de creuser plus, d’attaquer le sujet qui reste finalement peut traiter ici, les gros groupe de presse, Half toi je crois par ex que tu es chez Hachette, non ?, les intérêtes croisés, la façon d’analyser l’image, le ciné américains des années 7à traite de ça, mais ça peut été abordé ici encore.

    JJ

    • half a person sur 14 juin 2007 à 15 h 23 min
    • Répondre

    Putain, pas moyen de se planquer.

    Oui je suis chez hachette (j’arrive pas à mettre de majuscule), et j’assume toujours pas d’être là-bas, alors que les gens avec qui je bosse sont très cool, rien à redire, on s’entend bien, mais c’est le truc "vendeur d’armes pro-sarkozyste" qui me dégueule. Si mes éditeurs précédents s’étaient pas fait vider de la boîte qu’ils avaient créée, je serais encore là-bas évidemment, à vie probablement, mais bon, voilà.

    Pour la pub, et 99F, c’est juste mon avis, mais bon, je crois que j’ai quand même une petite idée sur le sujet, j’ai eu le Beigbed comme voisin de bureau pendant plusieurs années et dans plusieurs agences.

    Quant à Télérama, j’ai bossé sur plusieurs de leurs campagnes à l’époque où ils étaient chez CLM, je les connais un peu, mais c’est vrai, pas autant qu’un mec qui vient de l’intérieur qui va utiliser le versant réel et fantasmé de la bestiole. J’ai pas lu le truc de Télérama, jpeux pas vraiment me prononcer. Quoi ? je ferais mieux de fermer ma gueule ? Oui, c’est vrai.

  10. J’avais lu le livre à sa sortie, hélas pas uniquement pour analyser son style d’écriture (mais je ne peux en dire plus). Je ne pense pas que l’ambition de son auteur soit vraiment de se posistionner comme un romancier, il y a en effet énormément de messages à unique destination des journalistes travaillant dans le groupe de télérama…
    Je dis bravo à l’auteur, qui m’a fait mourir de rire (parfois jaune), mais aussi à l’éditeur, car il savait très bien que la majorité des personnes concernées par le livre… le recevraient en service de presse !

    • JOJO sur 14 juin 2007 à 19 h 47 min
    • Répondre

    Euh, Half, je ne te reprochais pas d’être chez Hachette, je constatais, je crois qu’un auteur fait le plus souvent comme il peut avec ça. Je pense effectivement qu’il n’y a pas d’enjeu littéraire dans ce roman mais bien une volonté de dire des trucs, il y a sans doute, comme le dit Christophe, des choses qui peuvent échapper aux non-initiés (dont je suis), manque peut-être un truc plus ample, plus universel.

    JJ

    • JOJO sur 14 juin 2007 à 19 h 47 min
    • Répondre

    Euh, Half, je ne te reprochais pas d’être chez Hachette, je constatais, je crois qu’un auteur fait le plus souvent comme il peut avec ça. Je pense effectivement qu’il n’y a pas d’enjeu littéraire dans ce roman mais bien une volonté de dire des trucs, il y a sans doute, comme le dit Christophe, des choses qui peuvent échapper aux non-initiés (dont je suis), manque peut-être un truc plus ample, plus universel.

    JJ

  11. J’en suis à la page 75. Ca se lit facilement. Ca ne vaut quand même pas un dossier du Canard Enchaîné. De plus, l’espèce de style calqué sur Brett Easton Ellis, c’est lourd à la longue.

    Mon avis (pour l’instant): un livre idéal pour lire à la plage.

  12. Précisons que c’est grâce à Christophe que ce livre a été chroniqué ! Alors merci Christophe de l’avoir porté à connaissance l’an passé. Au fait avais-tu aimé ou non ?
    C’est vrai qu’il est susceptible d’intéresser en 1e ligne les journalistes donc le service de presse n’aide pas à sa vente. Toutefois seuls les critiques littéraires sont concernés.
    De plus il y aussi toute la masse de ceux qui veulent « en être » ou même les lecteurs de Télérama qui pourraient être curieux de découvrir les coulisses.
    Pour en revenir à l’exemple de 99 francs, les lecteurs ne sont pas uniquement des gens travaillant dans la pub par ex.
    Néanmoins je ne sais pas si cet ouvrage a rencontré ou non du succès. Il n’est pas sorti en poche en tout cas à ma connaissance.

    Vrai également qu’un certain nombre de clichés attendus ont été développés dans l’ouvrage.
    En même temps, ces clichés ne sont pas totalement faux.

    Merci Joest de ces impressions live !

  13. J’avais adoré ce livre, car comme je te l’ai dit j’y ai reconnu énormément de travers du critique culturel, mais aussi il y a une analyse purement économique du milieu qui est vraiment passionnante pour ceux qui s’y reconnaissent.
    Ceci dit, je trouve que ce livre est plus proche du pamphlet que du roman. Pour moi, il n’a absolument rien à voir avec 99 Francs, par exemple, car ici ce sont des personnes très précises qui sont visées plutôt que le milieu en général.
    Mais je suppose que pour le grand public, le livre est un peu trop élitiste pour être vraiment apprecié. Mais je sais pas, je ne suis pas assez objectif pour vraiment donner une opinion qui se tienne, car comme je le disais plus haut, je ne l’ai pas lu pour des raisons littéraires (d’où l’absence de critique sur Culture Café, soit dit en passant).

  14. Tu aiguises ma curiosité là !
    Il va falloir en dire un peu plus hein… Serais tu le négre de David Angevin ?!
    En tout cas j’ai apprécié la réaction de l’auteur très fair play vis à vis de cette chronique.

  15. En effet là ça devient intéressant !

  16. PS : il y a aussi quand même une belle vanne sur la presse du Sud…

  17. A y est, j’ai fini de le lire!

    Ma critique est à lire (et à commenter) ici:
    http://www.leblogart.com/2007/06...

    • Antonia Gramsci sur 10 avril 2011 à 19 h 12 min
    • Répondre

    Allez lire le jolies choses que monsieur Angevin écrit avec ses potes de l’Action Française…Je ne defend pas Telerama, mais je ne vois pas l’interet de donner de sous pour lire les conneries d’un pseudo journaliste d’extrème droite.

    • Christophe sur 23 juillet 2011 à 17 h 39 min
    • Répondre

    En effet (voir post ci-dessus) David Angevin, dont j’ai apprécié quelques livres ("Une année sans ma femme", "Le maillot à pois…") a dû rater une marche ou un truc. La bien-pensance c’est pas bien OK, mais la mal-pensance alors ça, ça schlingue un peu plus et ça occasionne à l’occasion quelques bobos qui font bien mal.

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