24 secondes dans la vie de Stéphane Million, éditeur [BUZZ… littéraire Guest] #1

Chers lecteurs, voici donc enfin révélé, après un suspens insoutenable (si, si !) de près d’une semaine, le nom de notre premier invité, dans le cadre de la nouvelle rubrique « BUZZ… littéraire Guest », il s’agit de : Stéphane Million. Personnalité iconoclaste, passionnée et… « bordélique » -créateur de la revue littéraire Bordel-, pour reprendre les indices distillés, dont vous aviez pu lire une interview en septembre dernier.
Il devrait vous donner rendez-vous mensuellement pour une tranche de vie express sur son nouveau métier d’éditeur indépendant et de lecteur impénitent. Pour son premier billet rédigé lors de l’annonce du prix Goncourt 2008 (Atiq Rahimi pour son roman «Syngué Sabour. Pierre de Patience», chez POL.), il revient sur l’actualité littéraire tout en préparant déjà activement la rentrée littéraire de janvier, eh oui déjà !

Gilles Simon a battu Federer. Il n’a pas volé sa victoire. Par contre, pour le Goncourt, les boules. L’auteur ressemble à un type de la tournée des yéyés. Sur Itélé, le playmobil Nicolas Demorand tourne en boucle et sa voix mécanique évoque le roman « écrit directement en français » – ce ne sont pas mes informations, mais peu importe, ça reste un roman de piètre qualité, il suffit de prendre une page au hasard, c’est morne littérairement. Encore un prix pour Gallimard (POL étant distribué par la Sodis (Gallimard)). « La carte de la diversité » éraille le présentateur figé. Ça me fait penser à cette sensation de bouillie mentale que l’on retrouve dans Robocop ou dans ce film avec l’invasion d’énormes bestioles dégoûtantes…
Heureusement, il y a la météo de Lorraine Denis et sa petite digression historique. À la librairie Le Divan (encore du Gallimard, ils sont trop forts), sur le joli livre de Zulma (que personne n’a lu), les étiquettes posées se superposent de façon tragi-comique : prix de la Fnac, prix Médicis, Coup de cœur du libraire – une mamie finira bien par y oublier sa liste de courses. Ils n’ont pas mes livres, ou ont-ils été vendus. Ils en avaient pris un de chaque, je crois – un de chaque, c’est pas gagné, tout ça. Il y a une vielle dame qui repart guillerette avec le livre de Françoise Hardy : les yéyés, je vous dis !

Moi, je file sous le vent et sprinte pour attraper le bus 62 qui me dépose devant la poste, rue de la convention. Ce n’était pas une grande période de l’histoire de France, ça déconnait pas, les Billaud-Varenne, les Fouquier-Tinville, les Fouché : sévère ! (C’était autre chose que Naulleau chez Ruquier !) Je balance l’enveloppe dans la boîte : une facture (ma première) pour des Bordel Basquiat, déposés, dans l’après-midi, chez Colette – la boutique du 213 rue Saint Honoré. Drôle, le gars à la réception des colis tamponnait « 10/03 » sur les bons des livreurs… Qu’est-ce que je faisais le 10 mars ? Je présentais mon premier livre (Bordel La jeune fille) aux représentants dissipés de chez Vilo, mon diffuseur distributeur (enfin…). Une dizaine de personnes, venues de toutes les régions de France – et de Belgique, bien que mon ami bruxellois, François Lebovy, attend son Denis Parent depuis fin septembre. Je dois présenter mon ouvrage en dix minutes, les éditeurs se succèdent les uns aux autres, chacun avec ses breloques, chacun arguant que ses livres sont les meilleurs – enfant, quand avec ma mère on venait à Paris avant Noël, je me souviens des bonimenteurs boulevard Haussmann, ou rue de Rivoli. Mais cette fois-ci, ce sont eux, les passants blasés, et pressés.

Là, je peaufine mes deux romans de janvier. ATTENTION, séquence promotion : « Miss Saturne » de Barbara Israël & « Si tu meurs je te tue » de Philippe Sohier. Le Barbara part à l’impression le 14 novembre, et le Sohier, le 19. [Coup de téléphone] Cédric. Il est sur la route de Lille, avec Vaan. Mes amis d’enfance. Vaan a adoré Perdu avenue Montaigne Vierge Marie, et depuis, s’attend à la rencontrer à tout moment ; Cédric, lui, y a vu une Marie qui représente la « femme de sa vie », celle qui bouleverse l’existence et ouvre toutes les lignes de fuite. Ils foncent sur l’autoroute du Nord. Jusqu’où iront-ils ? Je ne suis pas allé au prix de Flore. Je n’ai pas été invité, et c’est bien navrant (pour eux), mes huit ans de pion aurait pu être utile. Pierre Vavasseur relatant le prix dans Le Parisien : « Une séance de striptease dans un filet suspendu ou la prestation d’un chanteur de « La Nouvelle Star » dont personne ne savait le nom, donnaient à ce 15e anniversaire un petit air de 1er avril en hiver ». Il s’agissait du très sympathique Benjamin Siksou (spontanément je l’aime bien, il a l’air intelligent, lui). Je n’irai à aucun prix, c’est définitif, ni le Sade, ni le VLAM, ni le SCHLURP, ni le BANG, ni le OUPS…

24 secondes : sur Itélé, le chanteur des yéyés de chez POL (qui a de faux airs également de Sébastien Folin) parle des femmes afghanes – un jour, il y a longtemps – je buvais alors –, un serveur m’avait sorti que je ressemblais à un lévrier afghan, ça m’avait guère enchanté… [Stéphane Million]
Le 10 novembre, 19h48.

Retrouvez les autres épisodes de « 24 secondes dans la vie de l’éditeur Stéphane Million« 

2 Commentaires

  1. Super sympa

  2. Stéphane Million n’est pas très fortiche au jeu des ressemblances. Le mec de chez POL qui a décroché le Goncourt ressemble à Kevin Gage, acteur Américain vu dans "Heat" notamment.

    http://www.kevingage.com/

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