L’attrape-coeurs de J.D Salinger : A quoi tient la magie d’Holden Caulfield ?

L’attrape-coeurs de Salinger est un petit livre d’à peine 300 pages, publié discrètement en 1951 par un jeune nouvelliste du New-Yorker alors encore méconnu. Succès immédiat aux US mais il fait d’abord chou blanc en France en raison de son langage trop familier. Frédéric Beigbeder lui clame son admiration et a même tenté de rencontrer le vieil écrivain retiré de la vie publique depuis 1965 (cf : son documentaire « L’attrape-Salinger » ; voir ci-dessous son analyse du roman) tandis qu’en 2009 un jeune auteur a tenté d’en écrire la suite après avoir été « guéri » en le lisant. Il hante Mel Gibson dans « Complots » qui voit en lui la seule façon d’apaiser ses angoisses ou inspire Indochine (« Des fleurs pour Salinger »)… Mais quel est le secret de ce mystérieux livre culte, vendu à plus de 60 millions d’exemplaires et qui a ouvert la voie à toute une nouvelle littérature ? Une « grande histoire », un « souffle historique », une « vision du monde », un « engagement politique »… ? Non, « juste » l’histoire d’un gamin…

Un gamin un peu paumé et déprimé à quelques jours de Noël, un ado de 16 ans qui vient de se faire virer pour la énième fois de son collège et qui décide de fuguer parce qu’il en a marre de tout ça et d’eux surtout… Un gamin avec ses petites idées sur la vie, les filles, les gens, les livres, le ciné ou encore sa petite sœur, la « môme Phoebé » qu’il adore, sa mère qu’il ne veut pas décevoir… Alors oui pas grand chose finalement, juste un long monologue, des petits bavardages sur tout et rien, des paradoxes mais pas des « conneries à la David Copperfield » comme il dit. Et pourtant… Holden Caulfield attrape notre cœur, il nous étonne, nous émeut, nous fait rire. Nous émerveille. Voilà c’est sans doute cela le secret de son succès indémenti: son merveilleux, cette magie qui agit quelque soit son âge…

« Si au moins quelqu’un écoute, c’est déjà pas mal. »

C’est tout d’abord par sa structure narrative originale que le livre interpelle. Entièrement porté par la voix et la gouaille du héros, il se concentre sur son errance pendant trois jours dans New-York. Sur près de 300 pages, on suit ainsi ses tribulations dans les rues et boîtes de nuit de New-York, rythmées par ses (nombreuses) rencontres pour tuer le temps en attendant de rentrer chez lui, une fois la nouvelle de son renvoi digérée par ses parents.
On pourrait craindre les longueurs ou la répétition, mais c’est sans compter avec la verve ébouriffante du narrateur. qui fait toute la valeur et le charme du roman.
Quand Holden commence à vous « causer » de la « foutue baraque », de ce « sacré bordel » ou encore de sa « saloperie de copie », on comprend que l’on ne va pas le lâcher jusqu’à découvrir ce qui se cache derrière son franc-parler haut en couleur, les excès aussi cocasses que poignants de ce « fieffé menteur ».
Holden s’emporte, s’excite, s’enthousiasme, se désole, cafarde, se bagarre, a « envie de vomir »…, avec toute la fougue, l’énergie désespérée et le romanesque romantique qui caractérise son jeune âge et plus particulièrement sa personnalité à part… plus sensible, plus fragile que ses pairs.
« Je voyage incognito. Je déteste employer des expressions à la con comme « voyager incognito » Mais quand je suis avec un mec ringard, forcément je lui parle ringard.
Il veut faire le brave mais avoue la phrase d’après qu’il est « trouillard » ou « un dégonflé ». Derrière ses jugements définitifs, ses airs blasés, pitreries et tout son baratin, il dévoile ses faiblesses et ses failles.
Brusquement, il avoue qu’il a le cafard, qu’il se sent seul, et puis évoque Allie, son petit frère mort quand il était encore enfant, son autre grand frère parti se « prostituer » comme scénariste à Hollywood (il n’aura de cesse de diaboliser le cinéma durant le roman, on sent ici plus particulièrement la plume et le mépris de Salinger pour cet univers factice). Et c’est toute cette complexité, la richesse des nuances psychologiques de son caractère qui nous fascinent de la première à la dernière ligne. Cette authenticité, cette justesse qui se dégagent de ce langage faussement naïf, à la fois familier et emprunt de poésie.
On pense beaucoup au Arturo Bandini de Fante en le lisant qui possède le même pouvoir envoûtant de parole et des points communs avec le pittoresque d’Holden. Comme cette scène (aussi drôlatique que touchante) avec la jeune prostituée très taxi driver où Holden n’ose pas passer à l’acte et propose de discuter même si « elle était pas douée pour l’échange de propos ».

« – La vie est un jeu mon garçon. (…)
– (…) Un jeu, mon cul. Drôle de jeu. Si on est du côté où sont les cracks, alors oui, d’accord, je veux bien, c’est un jeu. Mais si on est dans l’autre camp, celui des pauvres types, alors en quoi c’est un jeu ? C’est plus rien. Y’a plus de jeu.
« 

Les dialogues aux répliques et réparties parfois à la frontière de l’absurde et du ridicule rappellent ceux des premiers romans de Bret Easton Ellis (« Moins que zéro » et « Les lois de l’attraction»). Autre point commun avec ce dernier : le choix de mettre en scène un fils à papa (il se paie hôtels, verres et taxis), contrairement à la figure littéraire plus classique « à la David Copperfield » qu’il réfute justement en première page. Il inaugure ainsi le genre du malaise de la jeunesse dorée repris par bien des écrivains contemporains : « J’ai une grand-mère qui s’en balance de dépenser son pognon. Elle perd un peu la tête – elle est vieille comme le monde – et elle m’envoie au moins quatre fois par an de l’argent pour mon anniversaire. »
A ce titre, les conversations et confrontations des premières pages, avec ses camarades de chambrée dans l’internat de son collège sont particulièrement truculentes. Il nous restitue sur un ton ultra-vivant toute la rivalité et la fébrilité qui animent les jeunes garçons de cet âge, entre complexes, mauvaise foi et petites manipulations.
Stradlater, le bellâtre (qui rappelle le personnage stupide de Sean Bateman) qui demande à Holden de faire ses dissert’s – « Tout en disant ça il baillait comme un four »-, la seule matière où il est bon. « Stradlater (…) il voulait qu’on se figure qu’il était nul en dissert’ pour la seule et unique raison qu’il mettait pas les virgules au bon endroit. » On ne peut aussi s’empêcher de rire en lisant les sarcasmes d’Holden avec l’infortuné « môme Ackley » puant des pieds et passant son temps à triturer ses boutons…: « T’es un foutu prince (…), un gars cultivé et raffiné. », « T’es un chef môme Ackley. »

Y’a pas au monde une seule boîte de nuit où on puisse rester assis pendant des heures sans une goutte d’alcool pour se biturer. A moins d’être avec une fille qui vous tape vraiment dans l’œil. »

Mais Holden est aussi un grand romantique, incapable de résister aux charmes des filles ou même de ses aînées. « Voilà l’ennui avec les filles. Chaque fois qu’elles font quelque chose de bien, même si elles n’ont pas beaucoup d’allure, ou même si elles sont stupides, vous tombez à moitié amoureux d’elles, et alors, vous ne savez jamais où diable vous en êtes. Les filles. Jésus-Christ. Elles sont capables de vous rendre cinglé. Vrai, elles y arrivent. » Ce qui donne lieu à quelques scènes d’anthologie comme celle où il fait le joli-cœur auprès de deux bonnes-sœurs ou encore de la mère d’un de ses camarades. Il a une façon unique et inattendue de les dépeindre, attentif au moindre petit détail : « Elle avait une voix agréable. Ou plus précisément comme une agréable voix de téléphone. Elle aurait dû transporter un téléphone avec elle. »
Malheureusement il a encore bien du mal à les comprendre… « On sait jamais si les filles elles veulent vraiment qu’on arrête ou si elles ont juste une frousse terrible, ou si elles vous disent pour que, si vous continuez, ce soit votre faute et pas la leur. En tout cas, moi j’arrête. »

Mais celle qui a toutes ses faveurs, reste sa petite sœur Phoebé qu’il chérit. On est ému par leur complicité quand ils dansent dans sa chambre en cachette ou encore leur longue promenade dans Central Park.

« Y aura pas d’endroits merveilleux où aller quand j’aurai fini mes études. »

Holden, un idéaliste qui refuse le monde des adultes
Personnage sur la brèche, Holden Caulfield oscille en permanence entre joie enfantine démesurée et gravité. Un caractère qui a suscité bien des analyses et interprétations.
L’attrape-cœurs est ainsi considéré tour à tour comme une « odyssée » existentialiste ou plus simplement un parcours initiatique où le héros se cherche des raisons de vivre et tente d’envisager son avenir. La scène où il s’emballe avec sa jeune amie Sally et où il lui propose de fuir avec lui dans le Massachussetts pour travailler dans un ranch en constitue le point d’orgue. Elle démontre la folie vers laquelle il penche, incapable de se résigner à la réalité qui l’entoure, à une trajectoire toute tracée, aux codes étriqués d’une société gouvernée par le fric, corrompue ou perverse (comme la scène de la fin avec son professeur qui le « tripote »).
Car Holden est une sorte de Peter-Pan qui refuse de grandir, comme cela transparaît à travers son attachement très fort à sa petite sœur mais aussi aux enfants qu’il croise sur son chemin.
Il se sent de leur côté et ne manque pas de nourrir une forte nostalgie pour sa propre enfance. Il a conservé cet idéalisme absolu et cette innocence pure propres aux moins de 10 ans. Le titre* du roman le symbolise d’ailleurs.

La triste beauté d’Holden : Vers la folie…
La joyeuse escapade de l’adolescent apparaît alors sous un autre jour.
Ce qu’Holden nous raconte, c’est finalement sa descente aux enfers, sa « chute » comme le prédit son professeur à la fin. Car c’est a priori depuis l’hôpital psychiatrique où il a été enfermé que le jeune-homme nous raconte son ultime moment de liberté.
Plusieurs indices l’indiquent en début (« Je veux juste vous raconter ce truc dingue qui m’est arrivé l’année dernière vers la Noël avant que je sois pas mal esquinté et obligé de venir ici pour me retaper. ») et en fin de roman (« Je pourrais vous raconter […] comment je suis tombé malade et […] quand je serai sorti d’ici. Y a un tas de gens comme ce type, le psychanalyste qu’ils ont ici, ils arrêtent pas de me demander si je vais m’appliquer en classe…. » Certains lecteurs ont ainsi pu voir ce livre comme un livre sur l’autodestruction où plane constamment le spectre de la mort (outre son frère Allie décédé, on remarque également cette scène où Holden s’imagine avec « une balle dans le ventre »).

Ce qui est passionnant dans ce roman c’est justement cette dualité et cette ambigüité du personnage. Salinger parvient à jouer, avec une rare virtuosité et subtilité sur les deux registres burlesque et tragique, passant avec une fluidité déconcertante de la plus extrême légèreté à la plus grande noirceur. Il capte avec fraîcheur et justesse toute la jeunesse exubérante de son héros dans cette délicate et déchirante transition vers l’âge adulte.

* A propos du titre The catcher in the rye en VO traduit en VF par L’attrape-coeurs :
The Catcher in the rye est le titre américain de ce livre mais il sera traduit en français l’attrape cœur par référence à l’accroche cœur de Boris Vian publié quelques années auparavant. L’explication du titre est donnée dans ce chapitre, lorsque Holden et Phoebé parlent du poème de Robert Burns Comin’ Through the Rye. Il s’imagine dans un champ de seigle avec des milliers de petits « mômes », il est au bord d’une falaise et doit seulement les empêcher de tomber, s’ils ne regardent pas où ils vont, s’ils s’approchent trop près du bord. Il serait « l’attrape-cœurs » (« the catcher in the rye »). On peut comprendre ce passage comme étant la plus grande envie de Holden: empêcher les enfants de grandir, de tomber de la falaise.

Ce qu’en dit Frédéric Beigbeder :
« L’auteur de L’attrape-cœurs est mon écrivain préféré, il a 88 ans et j’en ai marre qu’il soit mon contraire absolu. Quand il avait mon âge, Salinger était une star qui draguait les filles, dînait au Stork Club, jouait au poker, fréquentait les journalistes, et se saoûlait au Chumley’s avec des écrivains et des éditeurs. Et puis, un beau jour, il a complètement disparu. C’était le 19 juin 1965, après la publication de sa nouvelle Hapworth 16, 1924 dans le New Yorker. Trois mois après, je naissais: cela ne peut pas être un hasard. Son célèbre héros Holden Caulfield, l’éternel adolescent fugueur, a changé ma vie: un garçon qui s’enfuit de son école, ment sur son âge pour entrer dans des bars, harcèle une pute, prend des taxis qui puent le vomi, se demande où vont les canards de Central Park en hiver, dit «nom de Dieu» tout le temps avant de tomber amoureux d’une bonne sœur ne pouvait que devenir mon meilleur copain. (…)
Selon moi, Salinger a écrit une Odyssée de la même importance que celles de Joyce ou Homère, à une différence près (qui rend son «bildungsroman» bien supérieur à mes yeux): son chef-d’œuvre est beaucoup plus court. En Amérique, The Catcher in the Rye est un peu l’équivalent de L’étranger de Camus, publié dix ans plus tôt (si Albert Camus n’avait pas eu d’accident de voiture en 1960, il aurait aujourd’hui à peu près le même âge que Salinger – à peine six ans de plus).
 » (source : Lire)

17 Commentaires

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    • yann frat sur 5 juin 2009 à 8 h 53 min
    • Répondre

    Alors alexandra, tu révises ton bac français ou quoi ? ;)))

    Bon plus sérieusement j’ai toujours eu du mal avec ce texte (comme avec "ne tirez pas" que tu ne cites pas ?!?) : je le trouve trop "fait" voire "trop bien fait". Pour moi c’est du grand art mais sans âme, sans sincérité, sans trou et sans tache. De l’écriture de pro trop propre qui ne m’intéresse pas trop car je ne sens jamais l’auteur derrière…

    Je suis tout seul?

    a+

    yann Frat

  1. (je crois pas que l’attrape-coeurs soit inscrit au programme du bac français… par contre très étudié aux Etats Unis oui, il y est considéré, je cite comme « une référence pour sa description de la colère et du désarroi propres à l’adolescence ».)

    sinon voici un peu mon avis personnel sur l’attrape-coeurs 🙂 rédigé pour Café livres :

    Ces derniers jours, on parle beaucoup de la suite du célèbre roman de J.D Salinger, L’Attrape-coeurs, par un jeune auteur encore inconnu (mais qui par cette polémique bénéficie déjà d’un bon buzz, effet sans doute recherché…) : John David California (J.D California).

    Le débat s’articule autour de la légitimité d’une telle suite autrement dit peut-on toucher à ce chef d’œuvre et livre culte sans le dénaturer voire le salir ?
    C’est en tout cas l’avis de l’auteur, particulièrement attaché à préserver son Holden qui a attaqué, avec virulence le jeune auteur.

    De notre côté sur Buzz littéraire, cela nous a donné envie de relire ce livre magnétique. Enfin j’emploie le qualification de "magnétique", uniquement depuis cette deuxième lecture car contrairement à ma consoeur pour qui ce livre était particulièrement cher à son coeur depuis son adolescence (avec "Le coeur est un chasseur solitaire" de Curson Mc Cullers, livre que j’ai lu aussi et que je n’avais pas aimé particulièrement non plus à l’époque mais qui sait après une 2e lecture, il faudra que je retente !), je n’avais pas vraiment accroché à l’Attrape-coeurs à ma première lecture. En fait, je n’avais pas saisi ce que ce livre avait de si "spécial" et pourquoi on le vénérait autant.
    Et c’est en relisant et en en discutant que j’ai eu la "révélation" et que j’ai véritablement "plongé" dans son coeur, au sens propre comme figuré.

    A travers la discussion et cette seconde lecture, j’ai compris plein de choses qui m’avais vraiment échappé, , notamment sa filiation avec Arturo Bandini de Fante et les romans de Bret Easton Ellis, j’ai compris ce que l’auteur avait apporté à la nouvelle génération littéraire, même si je persiste à penser qu’il y a malgré tout quelques longueurs.
    Autre élément que je n’avais pas du tout capté : l’enfermement psychiatrique d’Holden, j’avoue que ce détail m’était passé à côté et donne un tout autre éclairage au livre (en ce sens cela m’a fait penser au roman de Joan Didion, "Maria avec ou sans rien" en VF). Je ne sais pas si J.D California en aura tenu compte dans sa suite…

    Pour en revenir à cette suite, je n’ai pas réellement d’avis sur la question…
    Je pense que quoique fasse cet auteur, il n’enlèvera rien au charme et à la puissance du roman originel de Salinger. Est-ce que je comprends la réaction de l’auteur (qui se fout totalement de mon avis au passage mais je le donne quand même) ? Oui et non. Oui parce qu’il est toujours désagréable de voir son travail récupéré et quelque part "exploité" (ça sent quand même un peu le coup marketing et le hold-up de lectorat en tirant profit du nom de Salinger comme appat ; à la limite il aurait pu imaginer son histoire sans faire référence à Salinger, juste l’histoire d’un vieux qui s’échappe de sa maison de retraite, après libre aux lecteurs d’y voir ou non une filiation avec Salinger). Non parce qu’il aurait pu y voir une forme d’hommage (même si ce genre de chose lui passe totalement au-dessus on l’aura compris depuis son retrait du monde en 1965, tiens le titre du dernier roman de Kennedy "Quitter le monde" irait bien à Salinger !) et que cette suite va forcément donner envie aux jeunes de lire l’Attrape-coeurs ou à nous « vieux » lecteurs de le relire, la preuve !
    Bref, dans tous les cas, je ne crois pas que cela puisse lui nuire.

    Enfin j’aimerais réagir sur la légende autour du retrait de la vie publique de Salinger et ce mystère qu’il entretient autour de sa personne. Je ne comprends pas vraiment ce qu’a voulu faire Frédéric Beigbeder avec son documentaire L’attrape-Salinger, enfin si je comprends si ce n’était qu’un prétexte pour rendre hommage à son auteur culte, mais si c’était vraiment pour "comprendre" le mystère Salinger, il suffit de lire ses livres pour cela, ses nouvelles et bien sûr l’Attrape-coeurs.
    Salinger est un homme écoeuré tout simplement.
    Beaucoup de citations d’Holden Caulfield permettent de le comprendre facilement comme cette petite phrase lancée anodinement par le jeune garçon à propos de son départ d’un autre collège : « Une des principales raisons qui m’ont fait quitter Elkton Hills c’est que j’étais entouré de faux jetons. Là-bas c’était tout pour l’apparence. »

    • Laurence Biava sur 5 juin 2009 à 19 h 19 min
    • Répondre

    Frédéric Beigbeder a voulu aller cueillir Salinger dans sa retraite parce qu’il est obsédé par la disparition. Il s’identifie beaucoup comme il le dit lui-même à Holden Caufield au moment de son adolescence comme il s’identifie beaucoup à Boris Vian à qui l’on areproché d’être un écrivain qui aimait s’amuser. "Le paradoxe" est le trait de caractère le plus significatif chez Beigbeder. Il s’agissait d’une quête, je crois. Une quête existentielle. Aller au devant de Salinger, même pour rien, car je crois qu’il ne se faisait pas d’illusions, c’était une façon de se donner le courage de disparaître aussi, un jour, quand on a conscience d’apparaître trop. Il me semble. Il refera sans doute le voyage, plus tard, un peu comme on accompli une missin, quand on a le sentiment de ne plsu rien avoir à prouver. Merci pour ce message Alex, d’accord avec la filiation d’avec Ellis et le coté magnétique du roman. Tu m’as d’ailleurs donné en vie de le relire. Biz

    • laurence biava sur 9 juin 2009 à 17 h 11 min
    • Répondre

    complètement d’accord avec cette analyse fine du style de Holden

    • Lauren sur 4 janvier 2010 à 2 h 28 min
    • Répondre

    Par rapport à la partie sur Holden et la folie, il me semble qu’interpréter le lieu duquel Holden raconte son histoire comme un hôpital psychiatrique est une légère erreur. Il le dit lui même à la fin du premier chapitre : "c’est comme ça que j’ai attrapé des B.K. et qu’on m’a envoyé ici pour ces foutus contrôles et radios et tout". On a donc plus à faire à un Sanatorium sur la côte Ouest où Holden vient soigner une Tuberculose. Cela n’enlève rien à la pertinence de l’analyse d’un Holden perdant peu à peu pied dans la réalité, mais atténue quand même sa supposée folie.

    • moonshadow sur 28 janvier 2010 à 22 h 06 min
    • Répondre

    J’ai beaucoup apprécié cet article et je souhaiterais (avec votre permission) en citer un extrait pour mes amis dans mon blog en hommage à J.D. Salinger qui vient de nous quitter.
    En donnant un lien vers votre article bien sûr. Enattendant votre réponse je vous dis encore bravo pour un article qui m’a beaucoup ému .
    Amicalement. Mary

    • moonshadow sur 30 janvier 2010 à 22 h 25 min
    • Répondre

    Merci beaucoup ! Amitiés de Mary

    • Mathilde sur 3 mars 2010 à 12 h 33 min
    • Répondre

    Ah!Je viens d’atteindre ma majorité,et,il faut bien l’avouer,toute mon adolescence a été influencée par "l’attrape-coeur".C’est en effet une sorte de "roman initiatique" où beaucoup peuvent s’y retrouver.J’ai toujours penser qu’Holden était incroyablement simpliste,et cela,pas au mauvais sens du therme…au contraire,tout le monde crée des complications autour de sa propre vie,comme si on avait toujours des problèmes,alors que,lui,garde un certain détachement,et,j’ai l’impression qu’à la fin du roman,il est devenu un vrai homme,bien malgré lui,la preuve,c’est qu’au début,tout lui indiffère,mais,qu’après avoir parler de ses souvenirs: "On ne devrait jamais raconter ses souvenirs à quelqu’un. Dès qu’on le fait, on commence à regretter le temps passé.",il est donc réellement attaché à sa propre vie,ce qui ne paraît pas evident au debut.
    Enfin!Salinger a aussi influé sur toute ma manière d’écrire!
    Je n’avais pas remarqué qu’il finissait en hôpital psychiatrique…Vous venez de tuer le héros de mes 16 ans!A vrai dire,je ne comprend pas…Les personnes remarquables sont elles toujours folles?

    • Fir de nisip sur 11 juillet 2010 à 18 h 42 min
    • Répondre

    A propos des interprétations et des analyses parfois tirées par les cheveux des "grands" livres (pauvres auteurs !):

    http://www.south-park.me/the-tal...

    • Xx sur 22 septembre 2010 à 13 h 22 min
    • Répondre

    Wow ! je m’attendais à un truc sympa, mais c’est vraiment pas terrible. Aucun intérêt cette histoire. A éviter.

    • Hugo sur 2 décembre 2010 à 19 h 44 min
    • Répondre

    Réponse rapide à Lauren…

    Merci pour la remarque sur le fameux BK.

    Seulement, dans la version originale, il n’est nullement question de tuberculose: Holden se trouve simplement "run-down" (à plat, crevé…), ce qui réactive les interprétations…

    La traduction est un boulot fort noble… mais parfois…

    • Bernie sur 13 décembre 2010 à 16 h 21 min
    • Répondre

    Bonjour,

    Le cas Caulfield/Salinger porte un nom simple: cyclothymie. C’est fréquent, ça peut passer mais généralement ça finit mal quand s’y ajoute la paranoïa ce qui était le cas de l’auteur.

    • auteur théâtre écoeurée aussi sur 14 décembre 2010 à 18 h 52 min
    • Répondre

    De longues analyses et soudain une phrase :

    Salinger est un homme écoeuré tout simplement.

    Oui, on devient ainsi écrivain et on peut arrêter pour la même raison.
    Car on est un homme écoeuré, oui tout simplement.

    • Lauren sur 28 juillet 2011 à 22 h 37 min
    • Répondre

    Avec quelques mois de retard pour Hugo.

    J’ai lu également la version originale de l’attrape coeur, c’est d’ailleurs à cette occasion que j’avais remarqué l’allusion à la tuberculose, beaucoup plus évidente en anglais qu’en français puisque Holden parle de T.B., petit surnom anglo saxon de la Tuberculose et non de bacille de Koch.

    "That’s also how I practically got t.b. and came out here for all these goddam checkups and stuff"

    En le relisant aujourd’hui pour vérifier, je me rends compte qu’il y a le mot "practically", la tuberculose n’est peut être qu’une excuse utilisée par les parents pour interner leur fils

  2. Un article extrêmement complet et intéressant! Les comparaisons avec les auteurs américains sont hyper percutantes, dont celle avec Fante, Ask the dust ayant été une rencontre comme on en fait peu

    • eye sur 20 décembre 2011 à 13 h 31 min
    • Répondre

    désolé de ne pas partager l’opinion générale, ce type me fais l’effet du joueur de flute de Harlem qui entraîne la jeunesse à sa perte. Devenir adulte n’est pas un drame mais une libération

    • yosmeite sur 19 février 2022 à 10 h 06 min
    • Répondre

    c’est l’ARRACHE cœur de vian

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