« Il n’y a pas d’échec amoureux » : Amélie Nothomb inspirée par Alfred de Musset…

On entend bien sûr beaucoup parler d’Amélie Nothomb en cette rentrée littéraire, comme le veut la coutume. Dans son cru 2009, « Le voyage d’hiver », en tête des ventes mais à l’accueil mitigé, la célèbre auteur nous intrigue en quatrième de couverture avec cette phrase énigmatique : « Il n’y a pas d’échec amoureux« .
En effet, à travers sa triangulaire de personnages, le thème central du roman repose sur un hommage vibrant au sentiment amoureux en tant que tel.

Même s’il n’est pas pas partagé, même s’il occasionne des souffrances et se termine dans l’apocalypse, il est déjà une victoire en lui-même. Et de citer -avec humour- les nombreuses vertus de l’amour fou (« On n’est vraiment indulgent que quand on est amoureux fou ; dès qu’on aime un rien moins, la vacherie naturelle reprend le dessus. », « celui qui attend une lettre de la personne aimée sait ce pouvoir de vie ou de mort des mots », « mon existence était suspendue à du langage qui n’existait pas encore, à la probabilité d’un langage« …). Dans un entretien au Monde, elle décrit son roman comme « le récit d’une catastrophe amoureuse » mais ajoute « Un échec est une expérience qu’on regrette. Je pense qu’on ne peut regretter aucun amour, si catastrophique soit-il. » Un point de vue original certes mais qui rappelle pourtant quelque chose de déjà vu ou plutôt déjà lu près de deux siècles plus tôt… La littérature n’est qu’un éternel recommencement ne l’oublions pas !

Dans sa célèbre pièce de théâtre « On ne badine avec l’amour » (1834), le romantique Alfred de Musset ne tenait-il pas déjà ce raisonnement, lors de la célèbre tirade de son personnage Perdican, alors éconduit par la pieuse Camille effrayée à l’idée de souffrir par les hommes et qui pour cette raison lui préfère le couvent :

« Adieu, Camille, retourne à ton couvent, et lorsqu’on te fera de ces récits hideux qui t’ont empoisonnée, réponds ce que je vais te dire : Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière ; et on se dit :  » J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. »

Une interview vidéo d’Amélie Nothomb au sujet de son roman « Le voyage d’hiver » :

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