Un prof de français piège ses élèves sur Internet… (et réponse d’Oodoc sur les corrigés en ligne)

Le problème du plagiat sur le web ne touche pas que les écrivains et/ou personnalités qui se font régulièrement épingler pour leurs livres piochant allégrement sur la toile. Cela commence à l’école avec parfois quelques abus des élèves se contentant de copier-coller les corrigés pêchés sur certains sites spécialisés, forums ou Wikipédia… Un prof de français s’est livré à un vrai coup monté pour dénoncer ces dérives !

Sur son blog, « La vie moderne », ce professeur de lettres classiques d’un lycée parisien, « Loys », explique comment il « a pourri le web ». Son plan d’attaque ? Infester la toile de fausses informations sur un poète baroque, Charles de Vion d’Alibray, du XVIIème siècle, introuvable ou presque sur le web, dont il a donné ensuite l’étude d’un poèmes à ses élèves.
Résultat : « Sur 65 élèves de Première, 51 élèves – soit plus des trois-quart – ont recopié à des degrés divers ce qu’ils trouvaient sur internet, sans recouper ou vérifier les informations ou réfléchir (…) aux éléments d’analyses trouvés sur le Net. » s’indigne le professeur.

internet-cours-francais-plagiat.gif Et de conclure alors, sans guère plus de mesure, sur les méfaits du Net à l’école : « les élèves au lycée n’ont pas la maturité nécessaire pour tirer un quelconque profit du numérique en lettres. Leur servitude à l’égard d’internet va même à l’encontre de l’autonomie de pensée et de la culture personnelle que l’école est supposée leur donner. En voulant faire entrer le numérique à l’école, on oublie qu’il y est déjà entré depuis longtemps et que, sous sa forme sauvage, il creuse la tombe de l’école républicaine« .

Le machiavélique enseignant oublie peut-être, qu’avant l’apparition d’Internet, s’il avait truqué divers ouvrages reliés de la bibliothèque scolaire, le résultat aurait sans doute été le même. Plutôt qu’une condamnation sans appel de ce formidable outil de connaissance qu’est le Net, un apprentissage de l’usage de ses sources d’information serait plus pertinent…

NB : A noter que différentes universités françaises, à l’instar des anglo-saxonnes, se sont dotées de logiciels anti-plagiat (comme le logiciel de détection « Compilatio ») afin de détecter les copiers-collers de plus en plus fréquents dans les copies et travaux universitaires des étudiants. Ils consistent à repérer les associations de six mots consécutifs à partir d’Internet et d’une base de données interne. Selon une étude menée auprès de 1 200 étudiants lyonnais issus d’écoles d’ingénieur ou à l’université en 2007, huit élèves sur 10 parmi les sondés déclaraient avoir recours au copier-coller. Un devoir type contiendrait en moyenne 20 % de copier-coller selon les enseignants interrogés lors de cette étude.

Mise à jour 26/03/2012 :
Suite à l’emballement médiatique sur cette affaire, le professeur a publié, sur son blog, un 2e billet réfutant certaines accusations qui lui avaient été opposées. Il ré-affirme notamment « qu’aucune recherche n’était nécessaire pour ce devoir » que « le seul vrai enseignement de cette expérience, est les élèves […] ont simplement renoncé à penser par eux-mêmes. Google a pensé pour eux et ils n’ont par conséquent pas compris le sonnet. » Il précise aussi que sa première cible était les sites de corrigés en ligne payants qui ont depuis retiré ses faux documents. L’un d’entre eux, Oodoc.com, a proposé une « grande discussion » aux acteurs du monde éducatif sur l’usage des technologies, afin de « réfléchir à des solutions pédagogiques et techniques pour l’utilisation efficace et réfléchie de cette abondance de contenus », selon leur communiqué. Ils déplorent « les lacunes pédagogiques quant à la recherche et la vérification d’informations ainsi que le recoupage des sources qui sont pourtant des compétences essentielles que doivent avoir nos élèves dans notre société de l’information ». Enfin, ils précisent que « le corrigé mis en ligne par M. BONOD sur Oodoc.com n’a jamais été consulté ! »

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