« La théorie de l’information » d’Aurélien Bellanger : « J’ai songé à dédier mon livre à Wikipédia »

Après le succès de « La revanche d’un solitaire » (The social network) de Ben Mezrich adapté avec succès au cinéma par Fincher, on se demandait quel serait le Mark Zuckenberg français qui inspirerait un romancier ? Aurélien Bellanger répond à cette question en choisissant pour inspiration, le fondateur de l’opérateur télécom Free, Xavier Niel. En retraçant son parcours en près de 500 pages, le trentenaire tente de raconter notre histoire économique et sociale de ces dernières décennies et plus particulièrement la révolution numérique.
« Pépite » pour certains, trop « scolaire » ou « pensum ennuyeux » pour d’autres, « La théorie de l’information » premier roman d’Aurélien Bellanger, philosophe de formation et ancien libraire, divise la critique et fait le buzz en cette rentrée littéraire 2012. Le romancier qui avait l’ambition d’écrire un roman « balzacien » (rien que ça !) est aussi comparé à Houellebecq, sur lequel il a d’ailleurs écrit un essai. L’auteur partage d’ailleurs un point commun avec son idole : la fascination pour Wikipédia. Dans une intéressante interview, il explique d’ailleurs comment l’encyclopédie en ligne réinvente l’écriture romanesque :

Extrait interview Aurélien Bellanger, Libération, sept. 2012 :

« Depuis que je suis enfant, je suis un grand lecteur d’encyclopédies. Aujourd’hui, je peux passer des heures sur Wikipédia, à sauter d’une page à une autre. J’ai même songé à dédier ce livre à ce site, mais cela aurait hélas sans doute été reçu comme de l’ironie. Je n’y ai pas pris toutes mes infos, mais si Wikipédia n’existait pas, ce roman n’aurait jamais vu le jour. Et puis aujourd’hui un romancier doit prendre en compte le fait que le lecteur est en mesure de faire du fact-checking, de lire son smartphone à la main, pour vérifier tel ou tel détail. Cette fois, nous assistons pour de bon à la fin du narrateur omniscient. Le narrateur Wikipédia, c’est aussi un narrateur une page au hasard, d’ailleurs Wikipédia m’a sorti plusieurs fois d’impasses narratives. La logique de l’hypertexte et du clic permet de tirer de nouveaux fils, et donc de retrouver une forme de naïveté du narrateur.


(…) Balzac est un alibi pour écrire un roman «réaliste», même s’il ne l’est pas totalement, affronter un sujet à la fois social, économique, historique. C’est aussi utiliser à plein ce que permet le roman : y faire entrer un maximum de choses, théoriques ou non. Mais l’idée était d’écrire un roman contemporain, au point que cela posait parfois de drôles de problèmes, comme de savoir de quel modèle d’iPhone j’allais parler, ou si Facebook existerait encore au moment de la sortie… »

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