Auteur : Colette

Plébiscitée pour "la musique de sa phrase, les rondeurs rustiques de son vocabulaire, son amoralisme, ses provocations calculées, son sensualisme sauvage et néanmoins civilisé, sa célébration entêtée du bonheur" (Pierre Brunet), Sidonie Gabrielle Colette est une figure emblématique de la littérature françaises, dont l'oeuvre puise au cœur de sa féminité, des tourments âpres du coeur, de l'amour et du désir, mais aussi de sa passion pour la nature et les animaux qu'elle dépeint avec sensualité. Née en 1873 à Saint-Sauveur-en-Puisaye (Yonne), elle incarne la "femme libérée" de la Belle époque. Après son scandaleux mariage en 1893 avec Henri Gauthier-Villars, dit Willy, de 14 ans son aîné, elle commence à écrire sous sa houlette ses souvenirs d'enfance (la série des Claudine signée d'abord du nom de Willy 1900-1904). Divorcée en 1906, elle devient mime, vit des aventures féminines tout en continuant à écrire – romans ou souvenirs : Les Vrilles de la vigne, La Vagabonde, Dialogues de bêtes, La Retraite sentimentale ou encore L’Envers du music-hall. Elle écrit aussi des articles pour le Matin dont elle épouse le rédacteur en chef, Henri de Jouvenel, en 1912. Membre de l’Académie royale de Belgique (1936) et de l’académie Goncourt (1944), elle meurt à Paris en 1954.

Chéri de Colette: « Elle battit des paupières, éblouie par l’approche du visage éclatant qui descendait sur elle… »

Avec Chéri, Colette écrit l’un de ses peut-être plus célèbres et sulfureux romans en 1912 (publié en 1920) alors qu’elle traverse la quarantaine, et vivra elle-même une liaison avec son jeune beau-fils Bertrand de Jouvenel. Chéri est un violent drame en trois actes sur le désir et la cruauté de la séduction mais aussi et surtout la difficulté de renoncer à séduire, à voir sa beauté se faner en particulier lorsque l’on est femme (double critère/double standard oblige !).

« Home-writing » : quand les écrivains se font décorateurs d’intérieur… (autour de Moravia, Tanizaki, Anais Nin, Sagan, Colette…)

En regardant les photos des magazines déco (ou maintenant les « planches d’inspiration » des réseaux sociaux), l’imagination vagabonde… : on peut parfois se raconter toute une histoire rien qu’à la vue d’un salon, d’une chambre ou même d’un fauteuil… Certains romanciers (à commencer par les réalistes et les victoriens du XIXe siecle qui ont peut-etre inauguré cette tendance), l’ont bien compris et décrivent avec minutie les intérieurs de leurs personnages qui reflètent leurs personnalités, enrichissent leurs psychologies, tout comme la façon dont les personnages occupent et utilisent cet espace. A l’instar du « nature-writing », on pourrait peut-être ici parler de « home-writing » ?! 🙂
De l’appartement ultra-design et siglé de l’Upper East Side du glacial Patrick Bateman dans American psycho ou dans un tout autre genre les vieux châteaux venteux et inquiétants des Hauts de Hurle-Vent aux vastes cheminées et escaliers grinçants ! Ces décors jouent un rôle à part entière dans l’intrigue.

Ecrire selon Colette

« Ecrire ! Pouvoir écrire ! Cela signifie la longue rêverie devant la feuille blanche, le griffonnage inconscient, les jeux de la plume qui tournent en rond autour d’une tâche d’encre, qui mordille le mot imparfait, le griffe, le hérisse de fléchettes, l’orne d’antennes, de pattes, jusqu’à ce qu’il perde sa figure lisible de mot, mué en insecte fantastique, envolé en papillon-fée…

La maison de Claudine de Colette, « Tout est encore devant mes yeux, le jardin aux murs chauds, les dernières cerises sombres pendues à l’arbre… »

« La Maison de Claudine » de Colette, publié en 1922, bien après sa célèbre série dite des « Claudine » qui retraçait ses années d’apprentissage d’écolière puis de femme mariée avant de divorcer, ne constitue donc pas un prolongement de ses précédents romans à succès.