Rentrées littéraires

Publications de septembre et janvier

Trois jeunes nouvellistes flirtent avec le surréalisme : Jakuta Alikavazouvic, Marie Hélène Poitras, Marie-Hélène Lafon

La nouvelle n’est, paraît-il, pas un genre très populaire en France (dixit Olivier Nora patron de Grasset). Même si l’effet Gavalda lui a redonné une deuxième jeunesse. Ainsi, des recueils affluent régulièrement et renouvellent le genre avec talent, permettant de goûter une nouvelle plume ou d’envisager une autre sous une nouvelle perspective… Nous avons repéré trois jeunes auteurs qui ont choisi d’aborder l’exercice sous une forme originale avec des thèmes poético-surréalistes : Jakuta Alikavazouvic, Marie Hélène Poitras et Marie-Hélène Lafon. De France, du Québec ou Cosmopolite, ces fablières modernes nous offrent un florilège d’histoires tragicomiques et anticonformistes :

« Octave avait 20 ans », une expérience sensuelle, onirique et dangereuse signée Gaspard Koenig

La jeunesse dorée du XVIe arrondissement parisien n’en finit pas d’engendrer des vocations littéraires. Plus ou moins réussies.
Après Lolita Pille, qui a ouvert les hostilités, on parlait beaucoup l’an passé de Thibault de Montaigu (« Les anges brûlent »). Récemment un DVD retraçait comme autant de flashs de strass les destinées de ces jeunes flambeurs(ses) tout en baptisant cette jeunesse dorée de « Nappy » (fusion d’happy et et « no nappy »).
Une génération qui n’en finit pas de déplorer son statut de « pauvres gosses de riches »… Entre malaise existentiel et excès en tout genre, arrogance non assumée et fragilité. La rentrée littéraire 2004 a accouché d’un nouveau spécimen : Gaspard Koenig dont le roman vient de sortir en poche en janvier 2006. On prend les mêmes et on recommence ? Pas tout à fait.

« Insecte » : Claire Castillon dissèque les rapports mère-fille

Le nouveau Claire Castillon s’apprête à venir ensorceler les rayons des libraires en janvier 2006. Après avoir exploré les malaises de la féminité de l’enfance à l’âge adulte (« Vous parler d’elle » en 2004), l’écrivain au visage angélique et à la plume d’arsenic a choisi de sonder les méandres de la relation mère-fille… Et de s’interroger sur « l’instinct maternel », le rôle d’une mère ou encore l’amour maternel… Elle utilise pour cela la forme de la nouvelle qui s’approche souvent de la fable cruelle. Un ouvrage qualifié de « dérangeant » par son écho toujours juste malgré les situations improbables (voire insoutenables). On aurait parfois envie de rire, mais il est finalement difficile d’y parvenir car l’humour noir et cinglant est omniprésent. Claire Castillon frappe fort, avec une écriture sans retenue.

Bonheur 230 d’Anna Rozen, le bonheur en pièces détachées…

Rentrée 2004, Anna Rozen, l’auteur sensuelle de « Plaisir d’offrir, joie de recevoir » ou encore de « Méfie-toi des fruits », change radicalement de registre (enfin presque !) et livre un étonnant roman aux accents d’anticipation qui contient en filigrane ses idées féministes, dit-elle à son sujet. Bonheur 230 qui imagine un paradis totalitaire pourrait être un cousin du meilleur des mondes d’Huxley, à quelques détails près… Dans ce monde presque parfait, il faut tout de même choisir entre ses jambes ou sa tête ! Une incursion originale dans un genre bien éloigné de son univers habituel et quelques belles trouvailles pour une auteur qui avoue n’avoir jamais lu de science-fiction !