Nathacha Appanah, écrivain franco-mauricienne déplore la politisation de ses romans

Dans sa chronique pour le journal Lacroix, intitulée « Langue vivante, pays vivant« , l’écrivain franco-mauricienne, Nathacha Appanah, auteur notamment de Tropique de la violence sur les adolescents de Mayotte, regrette que des aspects périphériques au littéraire comme ses origines retiennent davantage l’intérêt que son univers d’écrivain, les histoires qu’elle raconte

Dans cette chronique publiée le 25/01/17, elle s’étonne notamment de devoir sans cesse se justifier d’écrire en français, langue, apprise à l’école, qui lui est naturelle pour écrire (même si sa langue maternelle est le créole et que la langue officielle est l’anglais), des questions qui lui paraissent -à juste titre- secondaires et sont connotées politiquement et socialement.

J’espérais naïvement que ma fiction intéresserait plus que ma couleur, mon sexe, mon origine et mon histoire personnelle. Je pensais que seuls comptaient la prose, la poésie, l’histoire racontée et l’équilibre délicat entre elles.

Elle note également que seuls les écrivains d’origine étrangère sont tenus de se justifier sur l’emploi du français. Et ceci non pour des raisons esthétiques tels que la « musique de la langue » ou de style, mais pour évaluer son « statut » par rapport aux autres langues et dans son sillage celui de la France, remarque-t-elle.
Ceci rappelle les critiques des écrivains ayant signé le manifeste pour une littérature monde en 2007 en réaction contre l’étiquette « francophone » mais aussi les regrets d’auteurs comme Mabanckou notamment de voir la littérature noire cantonnée au registre « engagé » et « identitaire » (voir article : Contre le ghetto de la littérature « noire » engagée ou « francophone »: Mabanckou, Laferrière, Diome).

Enfin, perspicace, elle s’amuse de l’étonnement des journalistes et autres observateurs quand certains milieux dits « défavorisés » qu’is viennent de banlieue, du monde du rap ou du slam, démontrent d’une belle maîtrise du français et en réfère alors à la « langue de Molière » pour la saluer. Une référence quelque peu datée selon la romancière qui dénote une réticence à laisser la langue s’ouvrir à la multiculturalité. Elle appelle au contraire à plus d’ouverture car selon elle: « c’est dans l’acceptation de l’évolution de sa langue, je crois, qu’un pays s’ouvre et se protège des extrémismes. »

La chronique complète à lire ici:
http://www.la-croix.com/Debats/Chroniques/Langue-vivante-pays-vivant-Natacha-Appanah-2017-01-25-1200820036

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