« Lucie » de Véronique Grisseaux et Catherine Catel, la vie en pointillés d’une trentenaire parisienne toute en finesse

Héroïne inventée par le duo féminin Véronique Grisseaux et Catherine Catel en 2000, Lucie est souvent comparée à Monsieur Jean (du duo masculin Dupuy et Berbérian) et à Bridget Jones (qui est un référent un peu fourre-tout). Signes particuliers : une jeune femme trentenaire, citadine, partagée entre son désir d’indépendance, de réalisation professionnelle, ses émois amoureux changeants et sa maternité. Bref une héroïne de génération dans laquelle nombreuses se reconnaîtront. Sur un ton drôle et subtil, les deux dessinatrice et scénariste ont réussi une belle série féminine très appréciable en cas de coup de blues !


Voici une bande dessinée comme on les aime : une bande dessinée des « choses de la vie » portée par le charme d’une héroïne moderne et attachante. Développée sur 4 albums, nous suivons les évolutions de Lucie, trentenaire d’aujourd’hui, à la fois adulescente, inconstante en prise avec ses désirs et la nécessité de faire les (bons) choix au fil de sa vie.

Dans le premier recueil elle affronte le cap des 30 ans, et son lot d’interrogations et de tourments sur son parcours et son futur. Avec son style de vie d’éternelle étudiante, presque adolescente, elle nourrit encore beaucoup de fantasmes et de rêves même s’il y a toujours une copine ou une collègue de travail pour lui rappeler qu’elle doit désormais se prendre en main !

La trilogie d’albums qui suit, publiée dans la collection « Ligne de vie » de Casterman, nous montre une Lucie plus active et moins dans l’attente. Elle a grandi mais n’en garde pas moins ses doutes sur le bonheur conjugal. Après avoir fondé une famille et enfanté, elle doit faire face à la routine et à l’érosion du désir dans son couple, à la tentation de l’infidélité… Malgré le tourbillon des fêtes, des séances d’équitation, de piscine ou de club de gym, elle finit par divorcer pour se griser aux délices de la nouveauté et des grand voyages avant d’être rejointe par ses démons familiers…

Toujours épaulée par les bons conseils de ses amies, la fragile Lucie tentera de trouver un équilibre à travers les crises successives qu’elle traverse. Sa copine Valou, croqueuse d’hommes exilée au Maroc lui affirme par exemple au sujet de son cas de conscience adultérin : « A chacun son mektoub. Peut-être as tu simplement besoin de tes deux amours pour être entière. » Tandis que Eléonore l’overspeedée parisienne est plus radicale : »On la connaît l’histoire des amants illégitimes, la force qui les jette l’un vers l’autre. C’est d’une banalité affligeante ! Il faut savoir une chose : quand on trompe quelqu’un, c’est soi-même qu’on trompe… »

A chaque fois, on retrouve les confidences et les conversations entre filles, les histoires de régime et de crème de beauté, d’incompréhension homme-femme, traitées avec beaucoup de causticité, sans jamais tomber dans la caricature.

A la fois sensible et réaliste, ces albums pourraient aussi s’intituler « chroniques en demi-teinte de la vie d’une trentenaire d’aujourd’hui ».
Le tout servi par un trait de crayon élégant et dense, de subtils jeux de rétrospectives et d’ellipses dans des décors parisiens romantiques de toits de zinc et de bistrots. Un style qui rappelle celui de leurs confrères Dupuy et Berbérian pour lesquels Véronique Grisseaux a d’ailleurs été coloriste. Sans avoir l’originalité de leur approche, elles revisitent les classiques du genre avec une vivacité et une bonne humeur qui donnent envie qu’un cinquième tome voit le jour !
Découvrez les 3 tomes + 1 préliminaire de Lucie

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