Slow news Day d’Andy Watson : comédie romantique au charme désinvolte

Slow news Day (littéralement « Journée calme sans actualité majeure ») fait partie des bonnes surprises de la rentrée BD 2005. Dans la droite lignée du roman graphique intimiste (voir notre entretien avec son éditeur Serge Ewenczyk des éditions « Cà et là »), il se déguste comme une bonne comédie romantique à la Hugh Grant mâtinée de David Lodge. Son auteur Andy Watson, ancien du jeu vidéo, est un spécialiste du genre, plusieurs fois nominé aux prestgieux Eisner Awards. Il est réputé pour aborder avec finesse les relations hommes-femmes comme l’ont démontré ses précédents albums Dumped ou Breakfast After Noon (chez Casterman). Son univers de prédilection : des personnages un brin désabusés, fragiles derrières leurs abords assurés, des couples qui tournent en rond et s’ennuient dans des jobs précaires…


L’histoire ? Katharine, jeune étudiante de San Francisco, débarque pour un stage à la rédaction du Mercury, le quotidien local de Wheatstone, petite ville de province anglaise. Aux côtés d’Owen, elle paticipera à la vie du petit journal et aux crises qui l’affectent. Après des débuts orageux, les deux protagonistes apprennent à se connaître et à s’apprécier, jusqu’à ce qu’Owen découvre la motivation réelle de la présence de Katharine en Angleterre…

Jouant sur les ressorts narratifs classiques du « choc des cultures » entre l’américaine moderne, ultra-dynamique et fonceuse et l’anglais aigri, râleur et un peu rétro, Watson raconte avec humour et tendresse la rencontre de ces deux mondes, de ces deux styles de vie opposés, tout en livrant une peinture de la middle class provinciale anglaise.
Sans jamais verser dans l’écueil du cliché. Hormis quelques allusions aux pubs ou au climat pluvieux, les scènes de bureau ou d’extérieur pourraient se dérouler dans n’importe quelle petite ville occidentale.

Dialoguiste prolixe, l’auteur s’amuse à confronter les idées préconçues des personnages tout en révélant au fur et à mesure leurs frustrations mutuelles (l’un vit encore chez son père et rédige des papiers minables tandis que l’autre rêve d’Hollywood mais se heurtera au diktat de l’audience…) mais aussi leurs petites jalousies, rivalités, mesquineries ou lâchetés… Le tout avec un humour sucré-salé typiquement british en particulier lors des scènes de conférence de rédaction où les intérêts publicitaires priment sur les intérêts journalistiques obligeant les deux héros à se farcir des sujets tous plus déprimants les uns que les autres sur les hamsters, les dindes ou les chiens attaqués par des kangourous… Ou encore les prises de bec sur les mérites comparés des systèmes anglais et américains : « J’aimerais pas être malade chez toi ! » lance Owen après avoir dénoncé la privatisation des services de santé « où l’on vérifie ta carte de crédit avant de mettre dans l’ambulance » tandis que Katharine lui rétorque « Et moi j’aimerais pas être malade. Agoniser et être sur liste d’attente ! »
Leur relation évoluera jusqu’au dénouement final…à l’américaine !

Andy Watson évite la prise de partie : pas de « méchant » ni de « gentil ». Chaque personnage cultive ses ambivalences, ses fragilités et ses parts d’ombre. Même les personnages secondaires comme la petite amie d’Owen, directrice de la publicité, sous ses dehors vélléitaires, tente en vain de sauver son couple qui bat de l’aile.

L’ensemble de facture classique est bien mené, rythmé alternant moments dramatiques et de complicité, même si l’on peut regretter le manque d’originalité et un peu trop de verbiage. Le coup de crayon, proche d’un Dupuy et Berbérian (dont Watson est un grand admirateur), est vif et stylisé donnant des planches à la fois denses et épurées. Son succès public n’est donc pas usurpé !

Découvrez de toute urgence Slow news Day !

…mais aussi les précédents ouvrages d’Andy Watson comme « Breakfast After Noon », une satire moderne et tendre sur l’amour à l’épreuve du chomage et du désoeuvrement et son nouvel album « Rupture », une subtile chronique des petits malentendus et des gros mensonges au sein des couples qui se font et se défont à paraître le 20 mai 2006.

Andi Watson sera en dédicace :
– le samedi 20 mai à la librairie Bulles en Stock, 4 rue du Marché Lanselles à Amiens
– le samedi 10 juin à la librairie Expérience, 5 place Antonin Poncet à Lyon
– le samedi 17 juin à la librairie Album Lafayette, 16 rue Lafayette, Paris 9ème
Les rencontres/dédicaces auront lieu en début d’après-midi.

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