« Clumsy » de Jeffrey Brown: Découverte amoureuse tendre et maladroite…

Publié en janvier 2006, « Clumsy » de Jeffrey Brown (en français : malhabile, maladroit) a été acclamé par la critique, les fans de BD indépendante mais aussi les maîtres du genre tels que Chris Ware, James Kochalka ou Daniel Clowes… Pourtant l’ouvrage, fort original, a de quoi dérouter par son réalisme minimaliste naturaliste mais toujours pudique de la relation amoureuse à distance d’un jeune couple américain. Écrit à l’âge de 25 ans par Jeffrey Brown, cet album autobiographique, dans la veine d’un « I never liked you » (Je ne t’ai jamais aimé ») de Chester Brown, a d’abord été autopublié avant d’attirer l’attention d’un éditeur face à l’engouement des lecteurs.

Un jeune homme « Jeff », et une jeune femme « Thérésa ». Ils se rencontrent, tombent amoureux et débutent alors une histoire à distance faite de rendez-vous les week-ends, les vacances et d’allers et retours entre le Michigan où vit Jeffrey, et la Floride où habite Thérésa.

Une histoire banale en somme mais Jeffrey Brown choisit justement de creuser cette « banalité » pour en restituer l’essence. Il nous montre son coeur même c’est à dire l’intimité des corps et leur apprivoissement progressif au fur et à mesure que s’épanouit la complicité entre les deux protagonistes. De débuts malaisés aux jeux amoureux, il dépeint avec une justesse saisissante tous ces petits moments de doute, de timidité, de maladresse et de fragilité qui font partie de la découverte de l’Autre et de son « apprentissage sexuel ».

Et c’est cela qui peut dérouter à l’heure des héros surdoués au lit, toujours au faite de leur forme physique… Chez Jeffrey Brown, les ratés et les pannes existent aussi. De même, les personnages sont loin d’arborer une plastique parfaite (Thérésa est affublée d’un bedon et de petits seins tandis que Jeff est malingre et mal rasé). Un couple volontairement imparfait qui nous le rend encore plus attachant.

Sous la forme d’un journal intime, faussement brouillon (le trait est volontairement gauche en écho aux comportements du narrateur), il enchaîne, avec une économie de mots, les saynètes de la première rencontre (où Jeff trouve que Thérésa ressemble à « une vieille hippie ») aux moments de complicité sur la plage, en balades en forêt aux séance de cinéma, de coups de téléphone, d’attente, de retrouvailles, des difficultés du désir ou encore le besoin irrépressible du corps de l’autre… Comme des instantanés sans fard et délicats.
La scène de « Farscape » est en ce sens représentative : Jeff appelle Thérésa qui veut regarder un film. Il raccroche donc mais en proie à l’angoisse, il la rappelle et lui demande simplement de pouvoir rester au téléphone sans rien dire, juste sentir son souffle, sa présence. Les titres de ces historiettes sont tout aussi évocatrices de ce quotidien sensible : « Avec les doigts », « Tatouages au feutre », « Numéro de téléphone », « Douche matinale », « A l’improviste »…

L’ensemble est apparemennt décousu car il ne suit pas un ordre chronologique. Mais ce choix (pas si arbitraire) renforce le récit. Ces flash back font ainsi entrevoir toute la subtilité de l’évolution des sentiments si mouvants et cristallins. Rien n’est jamais évident mais au contraire subtile et ambigu. Son style très impressioniste s’attarde sur l’indicible, les jeux de regard, les silences aussi (des cases sans dialogue se succèdent parfois où seule l’expression des visages change).

Et ce faisant, il atteint l’universel où chacun se retrouve dans une parole, une attitude, parfois un petit rien mais tellement révélateur de ce que l’on peut ressentir à un instant T d’une relation. Touchant, drôle et incroyablement spontané, il y a une pureté et une innocence presqu’enfantines dans ce petit couple qui s’unit et se désunit sous nos yeux. [Alexandra Galakof]

Deux trois choses qu’on sait de lui :
Né en 1975, Jeffrey Brown grandit dans le Michigan qu’il quitte à 25 ans pour suivre des études d’Art à Chicago. Il abandonne la peinture pour se consacrer entièrement à la bande dessinée. Il autopublie son premier livre, Clumsy, inconnu de tous et réussit à captiver à la fois l’attention des lecteurs et des auteurs de bande dessinée comme Chris Ware, James Kochalka ou Daniel Clowes. Jeffrey Brown est aujourd’hui reconnu pour ses oeuvres autobiographiques et ses études de sentiments amoureux qu’il a développés dans sa « Trilogie des petites amies » : Clumsy, Unlikely et Aeiou. Les deux autres volets paraîtront prochainement chez ego comme x. Il fait partie de cette nouvelle génération d’auteurs américains (Seth, David Heatley, Sammy Harkham…) qui se baladent toujours avec leur carnet intime à la main, croquant sans arrêt le monde qui les entoure. Une sorte d’écriture automatique appliquée à la BD. Des journaux dessinés qui collent à la vraie vie.

Plus d’infos sur le site d’Ego comme X
et Lire une interview de Jeffrey Brown (VO)

1 Commentaire

  1. Comment sa l’agressiviter n’est pas utile?
    Moi je trouve que c,est de la bullshitte.Ben non jniaie…Mais sans etre méchante je trouve vos dessins stupide.Mais pas exemple vous nous avec bien fait passer la vie de monsieur Brown(rire) 🙂
    bye contacter moi au beautiful_djouli@hotmail.com
    ou alors aller me laisser un message dans mon site internet ;; d-wordl-xo.piczo.com (dans mon guest-book)
    bye
    D’joulissa aliass;; A.K.A

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