« Les bienveillantes » de Jonathan Littell : Le destin d’un monstre ordinaire au coeur de la mécanique nazie

Son nom est sur toutes les lèvres et fait bruisser tout le petit milieu littéraire depuis le printemps dernier : Jonhatan Littell, un romancier de nationalité américaine, d’à peine 40 ans et parfaitement bilingue en français, signe un colossal premier roman de 900 pages, « Les bienveillantes » (qui tire son nom de la mythologie grecque, les Erinyes, ou Euménides, ces déesses persécutrices, vengeresses, hideuses sont appelées par euphémisme, et par crainte « les bienveillantes »), qui devrait faire grand bruit en septembre. Une époustouflante fresque, de 1941 à 1944, archi-documentée, au coeur de l’administration nazie meurtrière et sa folie industrieuse, retraçant le destin de l’un de ses bourreaux. Pour une nouvelle fois essayer de comprendre ou du moins d’interpréter l’indicible…

« Frères humains, laissez-moi vous raconter comment ça s’est passé… »

Situé en pleine seconde guerre mondiale, il raconte, à la première personne, l’histoire d’un trentenaire franco-allemand (né en Alsace), à la formation de juriste, cultivé (grand amateur de Lermontov, Stendhal ou encore Flaubert)…, perturbé par une relation incestueuse avec sa soeur (dont les fantasmes le hanteront toute sa vie), tout en s’adonnant par intermittence à des expériences homosexuelles qu’il refoule.

Bref un homme, avec ses petits mensonges, ses perversités, ses hyprocrisies et ses grandes certitudes. Fonctionnaire convaincu, il rêve de servir son pays avec une abnégation qu’on ne pourrait que louer… Cet homme érudit, doué d’un esprit de synthèse peu commun, se voit mandater par sa direction pour effectuer des missions à l’étranger. Objectif : « améliorer le rendement » ou encore perfectionner les infrastructures ferrovaires entre l’Allemagne et ses voisins frontaliers… Aller toujours plus loin et plus vite. Laborieusement, il met tout son « coeur » à l’ouvrage, assistant à d’incessantes réunions avec ses collègues, se rendant sur « le terrain », n’hésitant pas à « mouiller sa chemise » auprès de ses subalternes…
Il est un serviteur de son Administration exemplaire et zélé. Mais cela ne suffira pas à gripper la machine de cette « entreprise florissante » qu’il s’est acharné à édifier : jalousies, insultes, dénigrements déchirent progressivement ce microcosme putrifère de hauts-fonctionnaires.

Un demi-siècle plus tard, nous retrouvons Herr Maximilien Aue, sous un nom d’emprunt, devenu directeur d’une fabrique de dentelles. On apprend que des « accidents » ont fait échouer les ambitions grandioses de son Administration. Et éclate alors, à travers ses souvenirs, la vérité sur toute l’épouvante que fut sa vie : celle d’un officier SS oeuvrant à la destruction de l’Est, au génocide des juifs, des tziganes, des polonais et des bolcheviques au sein des horribles Einsatzgruppen SS (les équipées mobiles qui dans le sillage de l’armée allemande assassinaient les communistes et les juifs des territoires conquis). Allant jusqu’à commettre un paricide. Un monstre inconscient, endoctriné, qui ne regrette rien si ce n’est de n’avoir pu réussir la mission qui lui avait été assignée… « Ce que j’ai fait, je l’ai fait en pleine connaissance de cause, pensant qu’il y allait de mon devoir et qu’il était nécessaire que ce soit fait, aussi désagréable et malheureux que ce fût« , dit-il en introduction à ses mémoires.

Littell dépeint ici une fresque magistrale du destin d’un homme embrigadé dans les mécanismes industriels de l’horreur nazie, la mise en œuvre organisée du génocide qu’il décrypte avec précision, sans verser dans le pathos. Un chantier littéraire ambitieux voire démesuré dans sa plongée vu de l’intérieur du Mal et ses ramifications sinistres qui tueront des millions d’innocents. Le choix de la première personne était une difficulté supplémentaire car il ne pardonne aucune fausse note.

L’auteur pêche cependant par ses dialogues, nourris d’une documentation fouillée (il a étudié pendant deux années les archives écrites, sonores ou filmées de la guerre et du génocide, les actes des procès, les organigrammes administratifs et militaires, les études historiques et interprétatives, lu près de 200 ouvrages sur l’Allemagne nazie et en particulier le front de l’Est et s’est aussi rendu à Kharkov, à Kiev, à Piatigorsk, à Stalingrad…, sur les traces de l’invasion sanglante de la Wehrmacht s’enfonçant en URSS, à partir de juin 1941 selon le magazine Télérama), qui sonnent parfois faux et semblent plaqués artificiellement. De même que ses descriptions sans fin des différents organes responsables de l’extermination frôlent l’indigeste. L’ensemble n’en reste pas moins très impressionnant.

Voir aussi : le roman de Martin Amis sur le même thème retraçant le destin d’un médecin nazi

Extrait :
«En fait, j’aurais tout aussi bien pu ne pas écrire. Après tout, ce n’est pas une obligation. Depuis la guerre, je suis resté un homme discret ; grâce à Dieu, je n’ai jamais eu besoin, comme certains de mes anciens collègues, d’écrire mes Mémoires à fin de justification, car je n’ai rien à justifier, ni dans un but lucratif, car je gagne assez bien ma vie comme ça. Je ne regrette rien : j’ai fait mon travail, voilà tout ; quant à mes histoires de famille, que je raconterai peut-être aussi, elles ne concernent que moi ; et pour le reste, vers la fin, j’ai sans doute forcé la limite, mais là je n’étais plus tout à fait moi-même, je vacillais, le monde entier basculait, je ne fus pas le seul à perdre la tête, reconnaissez-le. Malgré mes travers, et ils ont été nombreux, je suis resté de ceux qui pensent que les seules choses indispensables à la vie humaine sont l’air, le manger, le boire et l’excrétion, et la recherche de la vérité. Le reste est facultatif.»

Le mot de l’éditeur :
Avec cette somme qui s’inscrit aussi bien sous l’égide d’Eschyle que dans la lignée de Vie et destin de Vassili Grossman ou des Damnés de Visconti, Jonathan Littell nous fait revivre les horreurs de la Seconde Guerre mondiale du côté des bourreaux, tout en nous montrant un homme comme rarement on l’avait fait : l’épopée d’un être emporté dans la traversée de lui-même et de l’Histoire.

Deux ou trois choses que l’on sait sur l’auteur :
Jonathan Littell est né en 1967 à New York. Il a longtemps travaillé pour l’organisation humanitaire Action contre la Faim, notamment en Bosnie-Herzegovine, en Tchétchénie et en R.D.Congo. Il est le fils de l’écrivain américain et grand reporter à Newsweek, Robert Littell, auteur de plusieurs best-sellers (romans d’espionnage pendant la guerre froide notamment) et spécialiste des questions du Proche-Orient.
De nationalité américaine, il écrit, lui, en français ayant grandi et passé son bac en France et est diplômé de Yale. Il puise d’ailleurs ses principales références dans la littérature française : Sade, Flaubert, Genet, Blanchot, Bataille… Il souhaite même être naturalisé, ce qui lui a été refusé deux fois de suite pour d’obscures raisons administratives. Outre l’anglais et le français, il parle couramment le russe et le serbo-croate, pas encore l’espagnol ! Après trois années passées à la fac, il part dans les Balkans en guerre afin de « voir de près ce qu’était la guerre ». Sur place, à Sarajevo, il entre en contact avec l’association humanitaire Action contre la faim (ACF). Il y travaillera sept ans, multipliant les missions, en Bosnie donc, puis en Tchétchénie, en Afghanistan, au Congo, à Moscou… Il arrêtera en 2001. La même année, il commence à travailler sur Les Bienveillantes. Aujourd’hui il vit à Barcelone, où il a emménagé cet été avec sa femme belge et ses deux enfants.

148 Commentaires

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  1. Si vous l’avez déjà fini, alors là chapeau !! Je l’ai commencé hier, ce livre est vraiment incroyable en effet. Juste une précision : le livre n’est pas directement "Situé en pleine seconde guerre mondiale", en fait ce sont des mémoires.

  2. Juste une question : tout le monde met en avant ce "jeune auteur américain" sans expliquer pourquoi le livre paraît en collection "blanche" chez Gallimard : manifestement il ne s’agit pas d’une traduction… ce qui à mes yeux est d’autant plus réjouissant (même si j’aime beaucoup la littérature étrangère) ; j’ai l’impression qu’on assiste à un timide retour des pavés de qualité (je pense notamment à Garat et Kaddour l’année dernière) dans les lettres françaises…

  3. A Tétanos : votre remarque est très pertinente, je me suis aussi posé la question car je croyais avant d’avant d’avoir le livre en mains que c’était une traduction.
    Pour tenter une réponse, j’ai constaté sur le livre que le copyright de Gallimard est signalé comme étant une "première édition", sans jamais faire référence à un traducteur. Je pense donc que Littell a écrit le livre en Français, car de plus il fait souvent référence à des événements français.
    Mais celà change beaucoup de choses : le livre devrait pouvoir concourrir pour les prix littéraires, par exemple.

    • Héloise sur 20 août 2006 à 20 h 34 min
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    Le problème avec les pavés c’est qu’il y a souvent des longueurs et celui-ci ne semble pas déroger à la régle;

  4. Jonhatan Littell, de nationalité américaine, est en effet un grand francophile puisqu’il a étudié en France et a même passé son bac en France. Il parle donc parfaitement français, langue dans laquelle il a écrit ce roman. Il vit actuellement à Barcelone… Cosmopolite donc !

  5. a t’il un lien de parenté avec robert littell ?

  6. c’est le fils. On ne sort pas une fois encore du milieu.

  7. Je viens de faire une recherche sur internet et je vous mets ceci ( http://www.chechentimes.org/en/p... ) en lien.

    Vous verrez qu’au sujet de Robert Littell, on évoque son fils Jonathan.

  8. Merci de ces compléments d’infos.
    Jonhatan Littell est bien le fils de Robert Littell. Cet ex-grand reporter est l’auteur de nombreux best-sellers notamment sur la guerre froide.

    On retrouve des préoccupations historiques communes chez le père et le fils.
    Toutefois il serait réducteur de lui apposer l’étiquette "fils de" au vu du boulot d’investigation énorme qui a été ici mené.

    • Yoyo sur 27 août 2006 à 23 h 06 min
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    Vous rigoliez peut-être! Toutes ces précisions, livre écrit en français, fils de Robert Littell, a raté la nationalité française, tout cela était écrit partout avant même la sortie du livre! Allez! Il n’est pas difficile à lire, mais neuf cent et quelques pages, qui auraient fait plus de deux mille pages en caractères habituels de la Blanche, aïe! il faut du temps.

    • alain sur 30 août 2006 à 9 h 48 min
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    il n’y a aucune longueur dans ce livre capitalissime. Comme tous les grands livres, beaucoup en parleront mais bien peu le liront.Moi je viens de le terminer et je le recommence car une seule lecture ne suffit pas, je crois.

    • Bernard sur 31 août 2006 à 13 h 27 min
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    Surprenantes toutes ces interrogations au sujet de l’auteur des Bienveillantes alors que toute la presse ne parle que de lui et de son roman depuis quelques semaines.Il suffisait en effet de lire les journaux ou de faire de brèves recherches sur Internet pour tout savoir sur Jonathan Littell et notamment qu’il est le fils de son père et qu’il a fait ses études secondaires en France. A ceux qui ne l’auraient pas encore lu je recommande un trés récent numero du Nouvel Oservateur avec deux papiers de Jérôme Garcin et de Dominique Fernandez.
    J’ai dévoré le livre en une semaine – j’étais en vacances! – et je ne saurais trop vous recommander d’en faire autant. Il n’y a que Guerre et Paix du grand Tolstoi qui m’ait laissé un tel souvenir!
    Bonne lecture donc!

    • alain sur 1 septembre 2006 à 15 h 37 min
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    j’avais, je crois, raison de dire qu’une seule lecture ne suffit pas. A la seconde, on perçoit bien d’autres strates et des clés de lecture inattendues.C’est vraiment un grand bouquin. Quelqu’un veut-il en parler, sur le fond, pas seulement en s’extasiant? Au fait, rien à voir avec Tolstoï ni Grossman ou alors il faut expliquer en quoi.merci et bonne relecture à ceux qui vont recommencer.

    • RÉGIS sur 4 septembre 2006 à 17 h 28 min
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    Enorme bouquin.Documentation impressionnante.Style remarquable.Quel talent! Comment un garçon de 40 ans peut-il se transporter avec un tel réalisme dans ces années troubles et nous faire vivre ces moments avec une telle vérité? De la grande littérature.

    • ororin de Charleroi sur 6 septembre 2006 à 19 h 13 min
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    OK ,Alain. Rien à voir avec Grossman et Tolstoi … Ce livre m’a plutôt évoqué un Malraux du côté obscur de la Force ; une version noire de la Condition Humaine/ (Dés)Espoir par ses longues discussions philosophiques des personnages. Mais il y a plus : ces paysages caucasiens de montagnes magiques, la musique baroque et les grands classiques littéraires , d’Eschyle à Lermontov , Stalingrad en no-man’s land vitrifié par le gel, une obsession coprologique , l’atmosphère de fin du monde de Berlin en 1945 … , et tant d’autres choses … une seule lecture ne peut suffire .
    Ce livre ne ressemble à rien que je connaisse .
    On n’en sort pas intact : un vrai laminoir des sentiments …

  9. Précisons que le roman est sans surprise dans la sélection Goncourt…

    • alain sur 8 septembre 2006 à 15 h 59 min
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    à ororin de charleroi : enfin quelqu’un qui parle du texte: effectivement le Caucase et Piatigorsk et les cinq volcans, cela pour les lieux et puis les ruptures dans la narration, les interpellations directes au lecteur comme un flash célinien, le tout sur fond de connaissance historique impeccable, imprenable, car tout y est même les incertitudes sur Speer,même l’adjoint de Globocnik, Wippern..est là. Littell va à Toulouse le 06 octobre, il faut aller le saluer et lui dire merci.cela se passera à la librairie ombres blanches.

    • ororin de Charleroi sur 11 septembre 2006 à 22 h 57 min
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    J’ai voulu m’éclaircir les idées sur ce livre : mon post servira peut-être comme amorce pour d’autres candidats lecteurs … ?
    Les Bienveillantes – le premier monument littéraire du XXI° siècle ?
    Sur un plan factuel, deux obstacles de base :
    – on est d’emblée intimidé par le poids de ces plus de 900 pages, tassées, sans paragraphe, imprimées en caractère 6 …
    – Il faut surnager, au début, dans la houle des …strumfurher et des vocables germaniques, dans la noria de noms ukrainiens ou caucasiens de lieux et d’organisations : ce trait, qui m’a assez gêné au début, participe, pourtant, sans doute, à la patine, au grain photographique du récit, qui prend le poids d’une réalité dense, par-delà la fiction. A noter que l’essentiel des patronymes, des endroits et des épisodes rapportés appartient à l’histoire et à la géographie du réel ( Wikipédia & Google vous seront , à ce niveau, des amis utiles. )
    Si l’on surmonte ces deux obstacles et que l’on parvient à la page 125 sans trop d’épuisement, je gage qu’on ne quittera plus le récit jusqu’à sa finale convulsive.
    Le récit est structuré comme une suite musicale de danses classique : toccata d’exposition, allemandes, courante, gigue et fugue.
    Dans la Toccata, le narrateur expose ses motifs et ses moyens : du fond de son bureau de directeur d’une usine de dentelle au nord de la France, il entreprend sur le tard la rédaction minutieuse de son parcours de guerre, qui nous conduira de l’attaque-surprise du Reich contre la Russie stalinienne en 1941 à l’apocalypse berlinoise de 1945. Ses raisons ne sont pas clairement énoncées : tout au plus un besoin d’exonération , comme les matières fécales , en tout cas pas le regret ou le remords, à l’en croire.
    La suite se compose de longs récits polyphoniques, pour se conclure dans une fugue démoniaque et haletante.

    Max Aue cache une fracture originelle : enfant mal aimé, entre un père allemand ancien combattant tôt disparu et une mère française remariée, reflet sombre d’une sœur jumelle solaire, faisant office d’idéal féminin incestueux, Max se cherche sans trouver son unité. A la suite d’une scolarité rigoureuse et grise, d’internat en pension austère, Son penchant homosexuel commence à s’affirmer. Il se consacre à un doctorat en droit et, à sa majorité, choisit la nationalité paternelle : il rompt ses derniers liens familiaux et gagne l’Allemagne de Weimar à bout de souffle.

    Esprit fin, assoiffé d’absolu, en quête d’objet, il est rapidement séduit par la radicalité du national-socialisme et adhère au culte du Volk. Au gré des circonstances, des rencontres et d’un fait-divers homosexuel dont il doit s’amnistier, ses compétences juridiques aidant, il rejoint la SS. Il quitte son poste administratif en 1941 , pour le front de l’est, dans les rangs de l’einzatgrup SS du sud , fraichement constitué, pour sécuriser les arrières de la Wermacht dans les vastes territoires rapidement conquis et y mettre en œuvre une épuration d’abord sur des critères idéologiques , puis rapidement raciaux. Le glissement progressif d’une mission d’un service spécial en guerre vers un processus, d’abord artisanal, pus organisé et peaufiné, coordonné et rationnalisé, à l’image du Fordisme dans l’industrie lourde, en vue de l’anéantissement définitif d’une « race » entière nous est rendu, par petites étapes successives, où s’observent tout le panel des réactions individuelles, dans cette descente infernale vers la transgression morale définitive.
    Benjamin Littell nous emmène presqu’en douceur vers l’un des visages les plus hideux du Mal , à travers l’esprit rationnel , précis , subtil et conscient d’un être qui paraîtra longtemps proche de nous, malgré ses actes et sa dérive intérieure , proche par ses doutes et ses faiblesses , proche par les rares pépites de pureté qu’il héberge encore .

    Les scènes d’action (massacres, accrochages) alternent avec des longues périodes d’attente, où les officiers se lancent dans des discussions aussi variées qu’imprévisibles. Les références fourmillent, à un corpus éclectique de savants , de philosophes ( Tertullien, Spinoza , Heidegger, … ) , d’écrivains ( Lermontov, Stendal , Maupassant, Maurice Gauchet, …) , de musiciens ( Rameau, Couperin, Monteverdi, Bach , évidemment ) .
    La route chaotique de l’Est nous conduit de Kiev aux limites du Caucase, de la steppe aux montagnes volcaniques, où se côtoient splendeurs naturelles et culturelles, à peine obscurcies par les horreurs de cette guerre.
    La course fatale de Max se termine dans la nasse de Stalingrad, dont Littell nous dépeint, avec densité et économie, l’atmosphère inhumaine et glaciale. Héros un peu malgré lui, gravement blessé, Max échappe in extremis à la capture.
    Au terme d’une lente convalescence nostalgique sur les rives de la Baltique, il rejoint Berlin en 1944 pour reprendre sa place dans l’administration mortifère de la solution finale, dorénavant clairement énoncée et méthodiquement industrialisée et mise en œuvre, depuis la conférence de Wansee. Un court détour par la France lui offre l’occasion de franchir le point de non-retour , dans son parcours individuel, vers sa malédiction intime.
    Dans la capitale d’un Reich déliquescent, Max côtoie un monde interlope où s’agitent, sous la caste de quelques seigneurs nazis, des petits comptables du crime, des nobles prussiens cyniques, des parvenus vulgaires, des veuves séduisantes, des escrocs. De la piscine au bistrot, puis du bar aux abris, sous le feu croissant des avions alliés, le temps paraît suspendu, au bord du vide de la défaite.
    Dans son rôle bien rôdé d’évaluateur de la chaine de destruction, Max, sur l’injonction de Speer, va s’activer pour adoucir un peu la condition des déportés, du moins ceux qui pourraient représenter un potentiel de travail inestimable dans la guerre totale de Goebbels. Il se heurte aux obsessions purificatrices d’Himmler, aux visées carriéristes d’Eichmann, à l’inertie sadique des bourreaux de terrain.
    Max s’inscrit à la stricte intersection d’une démence collective titanesque, dont il nous montre bien la multiplicité des ressorts et d’une folie personnelle autodestructrice et immanente, proche du fatum latin, coupable expiatoire d’une faute commune et d’un crime individuel.

    L’explosion de folie finale, où Max révèle toutes les facettes de son « dasein », dans le climat d’apoptose morbide et violente qui baigne Berlin en août 1945, nous en parait d’autant plus ambigüe.

    La malédiction du peuple allemand lui répond en écho, comme, à l’opéra, le chœur au soliste.
    Il en ressort une responsabilité collective, qui échappe à l’addition des culpabilités individuelles.

    – Le titre « Les Bienveillantes » fait référence au nom d’entités mythologiques primordiales, censées, dans la tragédie grecque, pourchasser sans répit les auteurs d’actes inexpiables – la légende des Atrides et la malédiction d’Oreste, matricide par la volonté des Dieux ( Eschyle ) .

    Ce roman est un monument littéraire somptueux, impressionnant par son souffle épique, sa densité, sa richesse, ses multiples niveaux de lecture et de références, posant de façon originale les questions de la responsabilité et de la culpabilité, individuelle et collective de l’homme, et auscultant de façon troublante notre parenté au bourreau.
    Style touchant au naturalisme, avec des échappées dans le baroque et l’onirisme.
    Lecture qui donne à réfléchir, à s’interroger, à se souvenir et à ressentir, sur les questions essentielles de notre histoire et de notre civilisation.
    Je me permets de citer, pour conclure, Alain Nicholas , chroniqueur littéraire de l’Humanité :
    « Jonathan Littell, qui se confronte dès son premier roman à une matière pleine de risques, et au genre difficile du roman historique, se l’approprie avec maestria. Mieux encore, il le tire hors de ses codes, l’ouvre à la modernité sans sacrifier l’efficacité de la narration ni le réalisme de son univers. Le lecteur qui voudra bien accompagner cette démarche verra ses efforts récompensés. »

    • Olivier sur 15 septembre 2006 à 17 h 31 min
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    L’ouvrage fondamental de Johnatan Littell est un plaisir bizarre. Il joue de notre fascination morbide pour le genocide, dont nous sommes les temoins immortels. Toujours cette question nous taraude, nous turlupine, comment cette entreprise a t elle ete possible? A la fois reduite a une miserable inventaire d’ambitions bureaucratiques et de motivations ideologiques insensees, mais reelles, cette action d’assassinat collectif de masse prend un jour humain sous les traits du heros. Apres tout qu’aurions nous fait, que faisons nous pour arreter le massacre actuel? Voila l’idee de JL en rapport avec son engagement humanitaire (qui n’est pas seulement celui d’un journaliste ou spectateur engage). Pour conclure, cet ouvrage sera enseigne a nos enfants comme un des premiers de la litterature mondiale qui n’ait rien a donner au consensus bourgeois de la banque mondiale.
    Olivier B

  10. Juste un mot pour signaler ma critique du livre surCulture Café à l’adresse : http://www.culture-cafe.net/arch...

    • Orciae sur 17 septembre 2006 à 10 h 15 min
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    Le tapage sans précédent autour de ce livre a fait que je me suis retrouvée moi aussi avec ce pavé entre les mains.
    Et la déception fut à la hauteur de mes attentes. Littel se complait dans une description clinique et glaciale, dépourvue de toute émotion et d’humanité, de ce "monstre" humain. Des pages insoutenables qui relèvent plus du rapport clinique que de littérature même si tout cela est parfaitement écrit. J’ai l’impression qu’il y a un certain plaisir voyeuriste dans les éloges que je lis de toute part ?

    • ororin de Charleroi sur 17 septembre 2006 à 12 h 21 min
    • Répondre

    Moi , j’en suis à la fin de ma 2° lecture ,
    où je découvre via google et wiki tous les sites et personnages , ou références , évoqués dans le Livre et où j’essaie d’analyser la fascination trouble que l’objet a exercé sur moi …
    tout en écoutant Monteverdi et Rameau …
    Lecture vraiment hors norme , par ce qu’elle nous révèle sur nous-mêmes … je crois
    Il y a sans doute une part de fascination morbide quelque part , mais cela b’explique pas tout : dans le domaine, il y a beaucoup plus trash ailleurs en littérature
    NB Les jumeaux sont-ils les enfants adultérins de Max ???

    • Jean-Louis C sur 24 septembre 2006 à 1 h 55 min
    • Répondre

    Je viens de commander l’objet sur Amazon, en livraison express; il lui faudra bien une semaine pour faire le tour du monde.
    Donc, pas encore lu mais prêt dèjà à livrer mes commentaires.
    La fascination que nous éprouvons tous pour le naufrage d’une nation, hautement civilisée, et la peur qu’une même éducation aurait pu faire de nous des nazis (cf. "Les bourreaux volontaires de Hitler" de Goldhagen).
    Retrouver avec dégoût et crainte les obersturmbannführer, hauptsturmführer ou untersturmführer (haïr le nazisme et connaître les grades de la SS…bizarre..)
    Et 900 pages : plus c’est gros, meilleur c’est (aucune connotation autre que littéraire..). Etre effrayé par la taille d’un livre, je trouve cela un peu étriqué, non ? Les 2401 pages de la Recherche du temps perdu : limite plaisir interdit , non ?

  11. Bonjour,

    Les commentaires intéressants sur les "bienveillantes" me poussent à copier ici ma petite recension à moi, prochainement aussi sur http://www.sombreval.com

    Les bienveillantes, (Jonathan Littell, Gallimard 2006)

    A la fois roman d’un homme, d’une époque, roman psychologique et tragédie, roman historique et onirique, réflexion sur l’origine, l’action, l’allure et les effets du mal, "les bienveillantes" est une oeuvre capitale qu’il faut lire.

    Le meilleur de la rentrée, de l’année, de la décennie

    Il n’est pas besoin de lire les 600 ou 700 romans de la « rentrée littéraire » pour voir immédiatement que « les bienveillantes », de Jonathan Littell, est de loin le meilleur d’entre eux et, j’ose le dire, le premier grand roman français du XXIème siècle, l’homologue de ce que furent il y a cent ans « la porte étroite », ou « du côté de chez swann ».
    Comme eux, il fait entendre un son nouveau, que l’on n’aurait pas su déduire des romans qui l’ont précédé ; comme eux il marque profondément et durablement ; il présente d’emblée un auteur, un style, un thème qui, bien que rebattu, dégage une inextinguible impression de nouveau. Les débuts de Jean Rouaud il y a quinze ans font pâle figure en regard.

    L’objet du roman : le mal

    Aura-t-il fallu pour cela plonger au fond du gouffre, enfer ou ciel ? Oui et non. Oui car le sujet des « bienveillantes » est résolument métaphysique ; non car la manière de l’aborder, de l’exposer, n’est en rien métaphysique.
    Les recensions ont assez dit l’extérieur du livre : ce sont les mémoires d’un officier SS, l’Obersturmbannfüher Dr. Maximilian Aue, de père allemand et de mère française, jumeau d’une sœur, et qui fait beaucoup de vilaines choses.
    Allons droit au but : l’objet du roman, c’est le mal, son effet sur le personnage principal et sur le monde qui l’entoure. Par instant, « les bienveillantes » sont aussi un roman historique, un roman policier, un roman symbolique, un récit onirique… mais c’est la problématique du mal qui reste centrale.
    Le Dr. Aue est bien placé pour le voir à l’œuvre, le mal, puisqu’il travaille dans un commando SS chargé d’éliminer, derrière le front de l’est, juifs, communistes, tout ce qui lui tombe sous la main. Puis il est envoyé à Stalingrad, d’où il se tire miraculeusement ; et enfin il passe la dernière partie de la guerre entre Berlin et Auschwitz.

    Le mal bénin

    La première caractéristique du mal, illustrée tout au long de ces 900 pages, c’est sa banalité, et sa propension à se développer sur les faiblesses des bons. Littell n’a pas commis l’erreur de peindre ses SS comme des ogres buvant le sang des enfants juifs, ce qui est après tout l’image qu’on en a dans la société contemporaine. Comme de nombreux autres, le Dr. Aue est humain, cultivé. Il a un travail à faire, un sale travail – mais cela n’en fait pas un sadique pour autant. On aimerait le voir sanguinaire, violent, fanatique, mais non. Il s’attache à « humaniser » des détails de la mission d’extermination des SS sans jamais remettre en cause le but principal, sans même sembler voir qu’il est mauvais. Il s’inquiètera ainsi des effets que peuvent avoir les exécutions menées par centaines quotidiennes sur la santé mentale des troupes, sans contester la nécessité d’une élimination totale des juifs. Il veut faire baisser le nombre de suicides dans les rangs de l’armée, s’insurge contre la pratique d’exécution à deux tireurs seulement (cela ne « dilue » pas assez la responsabilité des soldats), contre certains soldats sadiques, contre l’ordre de Hitler d’exécuter aussi femmes et enfants.

    Mais Aue n’est pas un carriériste. C’est un juriste qui s’est retrouvé dans la SS pour échapper à un procès de mœurs (les mœurs d’Aue mériteraient un livre à part), et qui fait un travail auquel il ne se destinait pas, avec conscience professionnelle : rapports soignés, enquêtes sur le moral des troupes. A Auschwitz il s’insurgera de même contre la condition des prisonniers, aux rations insuffisantes, dont une part était encore détournée par un système de corruption. Il tentera de « coincer » les corrompus dans la SS, sans succès. Il tentera d’améliorer l’ordinaire des prisonniers des camps, pensant que leur force de travail devait être mieux exploitée mais ne remettant jamais en cause le fait qu’ils devaient mourir. Il le fera de manière très bureaucratique, d’ailleurs, en établissant un système de rationnement du surplus selon la force des prisonniers. Pour tout dire, Aue fait de l’audit et du contrôle de gestion ; il planifie, essaie de faire avec ce qu’il a sous la main ; c’est un « bon petit soldat » qui n’entend rien à la politique, s’indigne que Höss habille ses enfants avec des vêtements de juifs gazés, ne comprend pas les demi-mots et manque toutes les chances d’avancement par… candeur.

    C’est ainsi qu’il se retrouve à Stalingrad sans réellement comprendre pourquoi ; c’est aussi pour cela qu’il croise sans arrêts la figure de Thomas, le supérieur qui l’a enrôlé, qui le protège et qui lui sauve la vie. Divinité bienveillante, Thomas est ce que Aue pourrait être s’il se prenait en main : officier carriériste, coureur, détaché. J’écris « bienveillante » à dessein car le roman est traversé de ces personnages allégoriques qui forcent Aue à se positionner, à prendre parti. Les deux policiers, Clemens et Weser, enquêtent sur la mort de sa mère et de son beau-père, à Antibes, alors qu’il était présent… mais sans se souvenir de rien. Il y a également deux mystérieux jumeaux, fils de sa sœur dans on ne sait trop quelle affreuse union. Tour à tour erinnyes ou euménides (d’où ce titre des « bienveillantes »), ce sont les personnages qui dirigent la vie de Aue durant tout le roman… jusqu’à la fin où il échange ce fardeau pour un autre plus classique.

    Les effets du mal

    Le mal, Aue ne le voit pas partout, surtout quand il est énorme, mais il en ressent mystérieursement les effets ; vomissements et diarrhée s’installent avec les exécutions et le ne quittent qu’avec elles. (Le chapitre où cela atteint son point culminant s’appelle « courante ». Coïncidence ? Peut être ; les titres des chapitres sont empruntés à la « suite » classique, Gigue, Gavotte, Air etc. L’auteur est trop bon pour que cela ne soit pas un hasard)

    Parfois ces symptômes interviennent sans s’annoncer, on ne sait trop pourquoi. C’est qu’Aue ne va pas bien dans sa tête. Homosexuel dans un monde où l’homosexualité est punie de mort, il a de fortes tendances incestueuses qui le poussent vers sa sœur jumelle… et vers des scènes qui empruntent à Georges Bataille, voire au divin Marquis et qui sont la raison que nous déconseillons la lecture des « bienveillantes » aux esprits impressionnables. Entre exécutions, coliques et tableaux de bord de gestion, Aue préserve, grâce à l’art, à la littérature surtout, un semblant d’humanité, qui ne se réveille plus que devant un livre. Tout le reste, tout le sens moral conscient est anesthésié ; c’est le corps qui est le dernier à garder un sens moral, qui en chie au sens propre. Le mal est annoncé par la prestilence, par la saleté. Les impressions animales l’atteignent encore ; la garde d’honneur déployée par Frank, l’administrateur de Reich en Pologne, le fascine par sa barbarie.

    Le mal : banal, seulement ?

    Un critique a pu parler de « banalité du mal » ; je ne crois pas que cela soit aussi simple. Il y a banalité parce qu’il y a extraordinarité ; plusieurs personnages insistent pour dire que l’élimination physique des Juifs est nécessaire parce qu’on ne peut pas faire mieux à l’heure actuelle (pas assez de moyens pour les déporter, en somme). J’ai plutôt l’impression que « les bienveillantes » rendent compte de l’invisibilité du mal : on ne le voit pas, ou plus ; ou alors on le voit là où il n’est pas. Il y a pire : le mal est dissimulé par la chaîne des responsabilités. Chacun n’en fait qu’un tout petit peu (à quelques exceptions près). Aue pourra ainsi assister au processus de « triage » à l’entrée d’Auschwitz sans mentionner une seule fois que les triés étaient gazés sur le champ. C’est là une des choses que nous avons le plus de mal à accepter au sujet du mal : tous les maillons de la chaîne semblent bénins, et la responsabilité peut rarement être accablante. Aue est persuadé que la SS sera le bouc émissaire, paiera pour les atrocités des sadiques en son sein, pour celles de la Wehrmacht… il n’est pas persuadé du tout d’être le dépositaire d’une énorme reponsabilité morale. Banalité, donc, mais aussi invisbilité, irresponsabilité, bénignité, impunité peut-être, tel est le mal peint par Littell. Je le crois très réaliste et c’est peut être pour cela que certains auront du mal à l’accepter. Après tout, le SS-boucher est une figure plus rassurante.

    La folie

    Par moments, Aue devient complètement fou. Une blessure, à Stalingrad, l’envoie dans plusieurs pages délirantes qui ne sont pas sans évoquer de semblables passages dans « mort à crédit ». De même, alors que Berlin va tomber, que le pays est la proie des Russes, Aue fuit dans la maison désertée de sa sœur et là, il oublie tout, le temps, la guerre, l’espace, le besoin de se nourrir et il vit quelques jours dans une bulle, suspendu dans le souvenir incestueux de sa sœur. C’est sans doute le plus beau passage du roman, une unité de lieu, un temps suspendu et du cul, du cul, du cul… on dirait une parodie de Julien Gracq par Sade. Ou le contraire. Immédiatement après, le récit de la fuite à travers les lignes russes, de la rencontre d’une bande d’enfants meurtriers, et de leur conversatation imaginaire avec Hitler, à travers une boîte de conserve et un fil, est à peine moins réussi.
    Un semblable accès de folie en fait le meurtrier inconscient de sa mère ; un autre accès de folie lui fait abattre froidement un organiste dans une église, qui « joue du Bach alors que le Reich s’effondre » alors que lui, Aue, n’y tient plus tellement, au Reich. C’est encore un accès de folie hilarant, dans le bunker de Hitler, qui mettra en branle les événements qui lui sauveront sans doute la vie.

    Le polar, la tragédie, le symbolisme, l’introspection…

    Donc, je l’ai dit, il y a du roman policier (les deux flics qui cherchent à lui mettre le meurtre de ses beaux-parents sur le dos), du roman symbolique (les principaux personnages sont autant de divinités qui manipulent la vie de Aue à leur guise), du roman philosophique (une des thèses de Aue est qu’on ne déteste bien que ce qui nous ressemble ; l’application qu’il en fait aux Juifs et aux Allemands ne sera pas du goût de tout le monde). C’est aussi le roman d’une personne qui se débat dans ses propres complexes (l’amour de sa sœur, que rien ne peut remplacer), dans le divertissement pascalien (il trompe l’ennui et la nostalgie de sa sœur en cherchant à capter, dans les exécutions, l’instant précis de la mort, à voir s’il peut saisir l’essence de la mort, une généralité à partir des cas individuels), dans la « world company » (la SS est une multinationale dans laquelle il n’est pas suffisamment arriviste), dans l’expérience physique du mal (qu’il ne reconnait pas).
    C’est aussi un roman historique, en ce sens que le substrat du roman, une longue narration un peu bureaucratique, est incroyablement bien et minutieusement documentée. Elle reflète naturellement l’esprit de personnage : been there, done that, qui mentionne les plus grandes horreurs comme des détails. Le talent de l’auteur se mesure à sa capacité à nous faire admettre, presque immédiatement après quelques effets rhétoriques du prologue, la réalité du narrateur. Le Dr. Aue sonne « juste » tout le temps.

    Riche, complet, profond, essentiel… donc bon

    C’est à mon avis cette alliance extrêmement réussie de la peinture du mal, de celle d’un homme qui en est l’auteur, le tolérateur et la victime à la fois (on ne peut être l’un sans être l’autre, au demeurant), de celle d’une époque, et de la complexité du mal, de l’homme et de l’époque qui fait que « les bienveillantes », malgré la sécheresse de sa prose, est un roman dont on ne peut sortir avant la dernière page. Aue se libère-t-il des griffes de ses démons ? Oui, en un sens, mais c’est pour reprendre les mêmes que tout le monde et assumer la condition humaine, mortelle, et son autre cortège de fardeaux, énoncés au dernier paragraphe.

    Je ne souhaite pas le Goncourt, un peu galvaudé, à Littell mais le Grand Prix de l’Académie Française. Un tel livre a de plain pied sa place dans les manuels de littératures à naître. « Frères humains, laissez-moi vous raconter comment cela s’est passé » est un incipit qu’il faudra connaître. Qu’il n’ait pas le Goncourt en plus serait un déni de justice, au demeurant. 5/5

    • BLR sur 25 septembre 2006 à 14 h 17 min
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    Livre éblouissant , notamment la métaphore obsésionnelle de la "merde" ,jamais un cinéaste ne pourra la traduire…

  12. Merci de tous ces avis hautement intéressants. Vu dans la nouvelle émision de Frédéric Taddéi le débat entre Lanzmann (Shoah) et Semprun sur le livre où l’on apprend notamment que Johnatan Littell est juif et qu’il n’a pas par exemple pu assister à l’intégralité du film « La liste de Schindler ». Lanzmann estimait également que seules quelques personnes (dont lui) pouvaient réellement comprendre cet ouvrage. Un peu réducteur…

    • lavendes sur 1 octobre 2006 à 16 h 13 min
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    J’arrive bientôt à la page 125,le cap qu’il faut franchir,semble t il d’après l’un.Deux jours de lecture,d’abandon,de reprise.Angoisse des cauchemars à venir,inquiétudes de passer à mes yeux pour un voyeur des crimes hallucinants,curiosité enfin.
    J’aimerais connaitre la réaction des allemands à cet ouvrage qui ne peuvent pas passer l’éponge en refilant aux nazis et à eux seuls les horreurs de leur deshonneur.

    • christophe sur 4 octobre 2006 à 10 h 56 min
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    j’en suis actuellement aux deux tiers du bouquin. Je ne reviendrais pas pesamment sur la "polémique lanzmann"; je pense simplement que ce bouquin est un formidable complément à shoah. Donc une contribution de très grande importance. Et les passages que je viens de lire concernent de manière récurrente les relations du narrateur avec Albert Speer : la division entre méchants et moins méchants, entre acteurs directs et grands ordonnateurs, entre basiques et idéologues n’est plus de mise; et ce que j’en perçois, et qui a été évoqué auparavant dans le livre, c’est que le jeu des pouvoirs entre les différents protagonistes devient la toile de fond d’un projet politique, et que le projet politique n’est plus la finalité, mais la justification de comportements, de postures, de jeux d’alliances. Les interrogations du narrateur n’ont rien à voir avec une posture morale, avec la recherche d’une justification : elles le replacent régulièrement dans son questionnement : quelle est , quelle peut-être, quelle doit être ma place dans cette histoire.
    En complément : la seule chose qui me gêne, parfois, dans la lecture, c’est l’évocation, par le narrateur, des destinées des protagonistes, par rapport à Nuremberg. Ca parasite un peu le propos? Quoique, de son point de vue, çà résume un peu le propos. Au point de ma lecture, j’en déduis que le narrateur s’en est sorti, ça c’est simple à saisir, et que l’un des personnages qui résume en partie l’ambiguîté de la responsabilité (de l’indivisuel au collectif), c’est A. Speer. Sorti de Spandau après des années de détention, il arbora (si je me souviens bien de quelques images d’archives) un sourire non feint, et publia par la suite un best seller. Dernier commentaire, que je lie à l’actualité que je viens de lire : à propos des plaintes déposées par des fils et filles de déportés contre les chemins de fer français : serge klasfeld estime qu’on ne peut attaquer l’entreprise en tant que telle…
    J’ai beaucoup d’estime pour S. Klarsfeld, mais je ne suis pas persuadé par ses arguments. Et là, on retrouve toute la problématique du processus de responsabilités, qu’à mon avis résume l’introduction du livre de J. Litell : "Frères humains… "
    Et j’ajouterais : ce livre est important, car il n’est pas une pièce de plus au dossier pour juger et stigmatiser (quoique les stigmates, dans ce livre, sont légion) mais pour poser une question, "tréfondamentale" : comment en est on arrivé là? (et comment on en arrive là, puisuqe la problématique est aussi universelle) Les ressorts, la mécanique, la superposition d’ambitions humaines (la lâcheté et l’indifférence, l’aveuglement sont bien des ambitions, et non pas seulement des renoncements…).
    Pardon pour ces réflexions en vrac. Il y a beaucoup plus à dire : je ne sais pas si ce livre mérite tous les adjectifs évoqués dans la presse. Le fait est qu’il possède la faculté d’interpeller et de faire réagir.
    Pour ma part, puisque des oeuvres littéraires ont été évoquées à son propos, je rapproche le choc de sa lecture à celui d’une journée dans la vie d’Ivan denissovitch, de Soljenitsine, et au dalhia noir, de James Ellroy : la multiplication des sigles relatifs à toute organisation, qu’elle soit policière, concentrationnaire ou étatique, ne parasite en rien la lecture : elle accentue le vertige de la pénétration d’un univers. Et dans tout les cas, nous permet d’aborder une esquisse de vérité : "frères humains…"

  13. Merci Lavendes et Christophe de ces avis respectifs. Comme tu l’évoques Christophe par tes rapprochements avec Soljenitsine et Ellroy, il serait dommage de réduire cet ouvrage à sa dimension historique. On a beaucoup entendu que Littell n’avait pas de style ou un style "plat". A ce sujet, le blog de Guillaume Chérel contient d’intéressantes réflexions émises par Stéphane Koechlin qui le résume comme « un style qui rôde dans la brutalité et la sécheresse » et de le justifier ainsi :

    « Ce jugement ne correspond pas au dégoût que le lecteur ressent en dévorant ces neuf cents pages de souffrance. L’écriture ici est américaine. Les écrivains outre-atlantiques n’ont jamais été des monstres d’élégance et d’invention stylistiques, contrairement aux écrivains français qui peuvent se prévaloir d’artistes raffinés comme Anatole France (un peu oublié), André Gide, ou novateurs comme Céline et Claude Simon. Ces genres-là sont des espèces rares du côté de New York ou de Los Angeles. Mais faut-il pour autant en conclure que les Américains n’ont pas de style ou une écriture plate? Car accuser Littell de platitude stylistique, revient à jeter le discrédit sur Hemingway, Norman Mailer (celui des "Nus et des Morts") car l’auteur des "Bienveillantes" en est l’hérititer direct. Comme ses aînés, il a une écriture "rentre-dedans", rapide, urgente. Oh bien sûr, elle manque d’apprêt et d’ornements fleuris, de métaphores, de constructions savantes, mais le sujet permettait difficilement des morceaux de bravoure poétiques ou structurels. Ce qui rend ce livre impressionnant, c’est le compte-rendu froid des statistiques auquel le narrateur nazi se prête. Il égrène sans émotion la liste des morts soviéttiques, des morts allemands, le nombre de morts par heures entre telle ou telle date. Max Aue, le nazi, est un archiviste de la mort. Le style est là, dans ce rapport clinique, inuhumain du cauchemar qui contraste avec les scènes barbares des exécutions de masse pendant la campagne de Russie. C’est un regard, l’expression d’un cynisme sans limite que peu de romans dans l’histoire ont approché, sans doute par peur. Littell, lui, est allé jusqu’au bout de la répugnance.« 

    Il cite ensuite quelques passages du roman tel que celui-ci :

    "Le corps de cette fille aussi était pour moi un miroir. La corde s’était cassée ou on l’avait coupée, et elle gisait dans la neige du Jardin des Syndicats, la nuque brisée, les lèvres gonflées, un sein dénudé rongé par les chiens. Ses cheveux rèches formaient une crète de meduse autour de sa tête et elle me semblait fabuleusement belle, habitant la mort comme une idole. Notre-Dame-des-Neiges."

    Démontrant que le style est puissant et va jusqu’à le comparer à Chateaubriand, avec unt extrait de son chef d’oeuvre "Mémoires d’Outre-Tombe" :

    "Les soldats sans chaussure sentent leurs pieds mourir; leurs doigts violâtres et raidis laissent échapper le mousquet dont le toucher brûle. Leurs cheveux se hérissent de givre, leurs barbes de leur haleine congelée. Leurs méchants habits deviennent une casaque de verglas. Ils tombent, la neige les couvre. Ils forment sur le sol de petits sillons de tombeaux…. Les sapins changés en cristaux immobiles s’élevent ça et là, candélabres de ces pompes funèbres. Des corbeaux et des meutes de chiens blancs sans maîtres suivaient à distance cette retraite de cadavres".

    Une analyse très intéressante et pertinente !

    Toujours question style, Yannick Bourg complète en estimant lui que
    Littell serait "un rejeton de Hammett, à qui des imbéciles reprochaient une absence de style, qui n’est que l’absence apparente de style qui a fait son style, eh oui. C’est un style en creux. Il compresse le langage."

    De nouveaux éclairages passionnants sur cet ouvrage qu’on a pas fini de décortiquer !

    • Hugues de Crégy sur 25 octobre 2006 à 23 h 56 min
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    Lecture en cours pour moi aussi. C’est le débat Semprun-Lanzmann qui a aiguisé ma curiosité (malgré la façon inqualifiable dont Taddéi a abandonné ses invités comme deux vieux cons qui radotent sur un divan au fond d’une boîte de nuit branchée…). J’aborde cette somme comme on se lance dans l’ascension d’une montagne. Et plus j’avance (pas aussi vite que je le souhaiterais), moins l’air est respirable. Mais plus les perspectives qu’on découvre dans ce texte foisonnant donne envie de continuer. On ne parle plus de défi pour continuer, comme en montagne. Mais presque de discipline qu’on s’impose à soi-même. Pour aller jusqu’au bout et savoir "comment cela s’est passé", il faut ingurgiter des centaines de pages d’abominations qui, si j’en crois les uns et les autres, sont historiquement justes. Avec pour guide un homme dont le côté monstrueux se révèle peu à peu. Pour le moment (page 140 atteinte), je n’ai pas encore déserté. Ni quitté la cordée pour redescendre où l’air est plus frais… Mais on sait aussi que c’est un roman. Il ne faut pas l’oublier si l’on a encore en tête les mots des récits autobiograhiques de Joseph Bialot (C’est en hiver que les jours rallongent), Imre Kertesz (Êtres sans destin) et Primo Levi (Si c’est un homme)… dans lesquels ils nous racontent, avec une économie de mots et de style – incomparables à ceux de Littell- comment ils ont vécu la Shoah de l’intérieur. Et comment ils en sont revenus. "Comment cela s’est passé".

    • BxN sur 3 novembre 2006 à 13 h 07 min
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    Stylistique plate ou pas, comprendre ou impossibilité de comprendre, le bien, le mal, le train-train quotidien. Rares sont les critiques qui n’élargissent pas le fossé qui les séparent de l’oeuvre (veuillez me compter dans la présente catégorie). Elles sont autant de soleils aveuglants par rapport à cette fièvre froide qui accompagnent chacune de nos actions. Frère humain, Jonathan Littell, je vous jalouse. Je me suis senti bien à la lecture de votre livre, quelques nausées parfois, mais dans l’ensemble serein. Et au final, peu de questions. Mirroir éclatant qui laisse l’ombre du lecteur se dessiner distinctement.

    • intrepide77 sur 4 novembre 2006 à 1 h 28 min
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    je suis en seconde lecture . c’est très bien écrit , surtout les longueurs . cependant je conseille d’aller sur le net avant d’ouvrir le livre . il y a des sites traitant de ce sujet . son style d’écriture me fait penser à selby "le démon" en particulier bien que le sujet soit différent .

    • kékun sur 5 novembre 2006 à 21 h 17 min
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    Lecture entamée voici un peu plus de trois semaines. D’abord à petits coups : difficile de pénétrer les arcanes compliqués du système labyrinthique aux innombrables cloisons, tiroirs, et autres murs destinés à isoler, compartimenter, contrôler ou fonctionnariser mis en place par le national socialisme – et qui frisa la perfection en matière de déshumanisation cruelle ou abjecte ou monstrueuse ou n’importe quoi d’autre pour tous ceux qui de près ou de loin eurent à l’approcher et le connaître. Bourreaux et victimes également broyés par le mal omniprésent et plus glacial que le glacial hiver où tombent par centaines de milliers hommes ou femmes ou enfants. Et puis l’on finit par s’y faire : à cette complexité autant qu’à l’effroyable destin de tous, ceux qui meurent atrocement et les autres qui les mènent à la mort atroce dont le sort parfois paraît presque moins enviable tant ils se trouvent englués dans l’horreur et que placés du "bon côté de la barrière" il leur reste chaque jour à poursuivre leur œuvre au nom d’une idéologie où la folie de tous rejoint celle de leur chef, lui qui "captait et concentrait la volonté du Volk pour la diriger sur un point, toujours le plus juste." Et Maximilien Aue de poursuivre : "Ainsi, s’il parlait de lui-même, ne parlait-il pas de nous tous ?" Et l’on se surprend à lire de plus en plus, tenu en haleine non par les faits époustouflants, la précision chirurgicale avec laquelle J. Littell enfonce clou sur clou mais bien davantage par la pensée effroyablement perspicace de Aue, par sa terrifiante lucidité quant à l’incapacité absolue de l’homme de décider du bien et du mal. A partir de quoi tout devient possible et y compris le pire et toutes les mécaniques se valent : "L’important n’est pas tellement ce qu’on croit ; l’important c’est de croire" cite Thomas rapportant un écrit de Goebbels. A quoi Max répond :" Thomas, tu m’impressionnes." Mais moi, c’est lui qui m’impressionne. Et à travers lui, le personnage, l’audace du créateur de situer constamment son propos à l’extrême limite de la raison.
    J’en suis à la page 707. J’irai au bout, tanguant toujours entre fascination et répulsion. Mais je sais déjà où Littell va me mener : toujours plus loin au bord du gouffre. Et je lui en sais gré parce que c’est là seulement que l’on risque d’approcher la vérité de l’homme. A condition d’accepter de regarder le vide autour de et devant soi. Je ne terminerai pas sans m’étonner qu’aucun commentaire – en tout cas aucun de ceux que j’ai pu lire – n’ait évoqué Villon à propos de l’incipit "Frères humains". Sans avoir lu la suite déjà et aussitôt j’y ai songé entamant ma lecture. J’en suis encore bien plus convaincu aujourd’hui : ces deux-là sont bien frères, le Pendu de Villon, le Aue de Littell, en ce qu’ils nous écrivent l’un et l’autre de l’au-delà tant il est vrai qu’ils ont tous deux franchi les limites de l’horreur, le premier sous la plume du poète, le second sous celle du romancier. N’ayons donc contre eux nos cœurs endurcis.

    • Laurent sur 6 novembre 2006 à 11 h 25 min
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    Je viens de terminer la lecture, parfois penible, toujours envoutante. Reste une question : comment peut-on ecrire un tel livre, quel enfer faut-il traverser ?

    • Ludi sur 6 novembre 2006 à 18 h 13 min
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    Je viens de le commander, en fin de semaine IL sera là.
    Vivant en Allemagne et étant francaise de souche, vous pouvez imaginer mon intéret, depuis Septembre pour ce Livre grace à l’article paru dans ELLE. Le Prix Goncourt aura donné le dernier coup de pouce á l’étudiante en droit très occupée que je suis, pour lire ce "pavé" de 900 pages. Pour tout vous dire, j’ai appris le décernement du Prix par Die Welt (la version allemande du journal Le Monde) et le journaliste n’en fait que des éloges. Pourquoi cette question de ce qu’en pense les allemands? Sommes-nous pas á une époque oú il faut séparer le passé et le présent. Ne faut-il pas arreter de regarder les Allemands encore et toujours comme les brutes de la Seconde Guerre Mondiale?
    Je suis d’origine juive, j’ai perdu de la famile dans les camps et je suis née en Allemagne! Alors?cela fait de moi quoi? Un problème que j’ai fort ressentie lors de mon année á a la Sorbonne.
    Néanmoins j’espére que ce livre, dont je pense, sans l’avoir lu, qu’il soit un Meilenstein de la littérature francaise,ne renforcera pas les préjugés si fort des francais par rapport aux allemands.
    Il faut connaite pour se permettre de parler et juger!
    Bonne Lecture á tout le MONDE!

  14. Un roman autrement plus dérangeant que les Bienveillantes parait sur
    htt://une-page-par-jour.over-blog.com/
    Ecrit par un américain il traite des mêmes sujets
    il s’appelle ILKYA
    publié sur le net aux USA il a été supprimé après 9 11 il parait en français

    • bob sur 7 novembre 2006 à 18 h 36 min
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    Ok Denger mais je n’arrive pas à mettre la main dessus à l’adresse mentionnée. Peux-tu préciser l’adresse ou me dire dans quelle rubrique chercher ?

    • malveillante sur 7 novembre 2006 à 18 h 37 min
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    Ah les bienveillantes .. c’est un joli nom ça. C’est probablement une histoire de fées que je me suis dit et bien c’était à côté
    C’est une histoire de sale merde de nazi qui couche avec sa soeur tout en étant homosexuel, souffre de diarrhées parce que les exécutions le stressent et rêvasse devant une belle jeune fille pendue dépendue les cervicales en miettes et le sein rongé par un chien
    oh la la C’est pas très glamour quoique … Et qu’est ce que j’entends dans tout ce tintamarre ? Que c’est le chef d’oeuvre du XXIème siècle sauf qu’on est seulement en 2006 Et qu’est ce que j’entends encore ? Qu’on n’a pas besoin de lire le reste des 600 romans de la rentrée car c’est le meilleur… Tiens donc … Ce roman est probablement intéressant et nauséeux Bien écrit il faut l’espèrer Il fascine comme toujours fascine le mal cet autre terrible en nous loin loin loin Certains arrivent au bout de ce kilo 14 grammes D’autres non
    Il y a la première longueur 125 pages puis la seconde 300 et la troisième 500 Après on laisse filer et on cauchemarde probablement un peu Si Jonathan Littel a eu besoin de vivre près de la guerre et se plonger dans le nazisme pendant deux ans c’est qu’il en avait besoin et c’est bien S’il a eu envie d’écrire ce livre c’est bien et s’il vit reclus comme une star aussi mais de grâce qu’on arrête de nous casser les couilles avec ce Maximilan Aue Même que j’ai déjà le nom de cette ordure au creux de l’oreille

    • karmaone sur 7 novembre 2006 à 21 h 07 min
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    Le livre est aride, il passe difficilement, ce n’est ^pas de la littérature guerrière de gare comme le soulignait Lanzmann, je crois. Les bienveillantes me fait penser à la version "épique" d’un film russe, le seul du genre, sur une "Aktion" d’un einsatzkommando dans un petit village en Ukraine: "Va et regarde" d’Elem Klimow. Je conseille à tous de voir ce film avant de lire le livre.
    Je ne peux pas encore donner un avis pondéré car je suis en pleine lecture. Mais j’ai été frappé par le mélange des genres: sur le web, juste à côté d’un article sur "Les Bienveillantes", le site de RTL affichait une publicité pour un jeu vidéo 3D stratégie en temps réel qui est une reconstitution très énergique de la 2ième guerre mondiale, particulièrement, le débarquement: "Company of Heroes". C’est sans doute ce qu’il y a de plus troublant dans la campagne marketing de ce livre: les mélanges de genres causés, je l’espère, pas un simple hasard. Car mettre sur le même pied le récit d’un officier d’une unité mobile de tuerie avec un jeu vidéo style "FPS" et stratégie-guerre en temps réel laisse augurer du pire. Qui sait, un jour, un éditeur "pirate" lancera un "Sim" mais au lieu de gérer une ville, on gèrera un camp de concentration ou les "aktions" d’un sonderkommando en Crimée ou en Ukraine? Tout est possible, malheureusement.

    • Bob sur 8 novembre 2006 à 2 h 05 min
    • Répondre

    A karmaone. Es-tu sûr du titre ? Ne s’agit-il pas de Requiem pour un massacre du même Elem Klimov.

    • UnMec_cent_neuf sur 8 novembre 2006 à 7 h 58 min
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    Merde alors! C’est une scandale! Comment peut-on oser a offrir le Goncourt à un américain, comment un fils de cette nation qui verse le bon vin de France aux égouts, et dont les fromages ont aucune charactère, peut il se présenter comme candidat pour joigner les rangs des immortels de l’Académie Française?! J’entends Flaubert qui fait des pirouettes dans son tombeau et Lamartine qui s’étouffe sur ses tartines! Aux armes, Citoyens! Réclamons nous notre dignité! Rendons le Goncourt à sa patrimoine!

    • malveillante sur 8 novembre 2006 à 21 h 07 min
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    Aujourd’hui je suis entrée dans une des librairies de ma ville, j’avais un peu de temps devant moi Je l’ai trouvé tout de suite, exposé avec les autres nouveautés Un bandeau rouge… deux décorations… Hummm …J’ai allongé le bras et je l’ai pris avec précaution _ Jonathan Littel les bienveillantes _ Je l’ai soupesé …Lourd … Un kilo 140 grammes je m’étais trompé dans mon précédent billet de 100 grammes J’ai examiné les feuilles.. Fines …Non pas 80 grammes mais 50 comme c’était écrit dans la presse
    Je voyais d’ici le truc pourri avec des fumeroles plein les pages J’ai ouvert, j’ai commencé à lire
    Une ouverture magistrale et calme Une voix sombre dans la nuit glacée J’ai encore feuilleté un peu Ca n’avait pas l’air trop gore, peut être j’allais supporter Au fond je n’avais rien contre ce livre, je n’avais pas supporté le battage médiatique Et ce mépris de certains pour les autres, ces romans écrabouillés par le "chef d’oeuvre "
    J’ai reposé les bienveillantes Peut être je le lirais un jour, j’aime les monologues…
    Oui peut être en décembre …25 euros ce n’était pas beaucoup mais pour le moment là j’étais un peu juste Et puis je n’étais pas sûre au fond, j’allais encore réfléchir Peut être en décembre, oui… mais un si gros pavé !! Maximilian Aue est correct il prévient que ce sera long car c’est nécessaire

    • The Little Crooked Girl sur 9 novembre 2006 à 14 h 00 min
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    Ce livre, j’en ai entendu parler par-ci par-là. Mais c’est mon professeur d’Histoire qui m’a donné envie de le lire. Un livre qui parle de la Seconde Guerre Mondiale, de l’extermination en masse des Juifs et des autres personnes jugées ‘inférieures’ mais cette fois-ci, vue du côté allemand. Pourquoi pas ? Etant en troisième, j’étudie les Guerres Mondiales en Histoire et je dois bien avouer que cette période me fascine. C’est décidé, l’après-midi même, je me rends à la librairie. Je le trouve sans même avoir à demander, il est bien mit en valeur, ce pavé de 900 pages. Je lis le résumé et tout de suite, je sais que je le veux.
    Je l’ai commencé le soir-même, en deux heures j’avais lu une cinquantaine de pages. Faut dire, c’est écrit très petit. Mais j’adore, c’est bien écrit. J’en suis à la 120 ème page. Certes, ce livre est gros, mais j’ai l’habitude des pavés. Certes, certains passages peuvent sembler un peu gore, mais personnellement cela ne me gêne pas plus que cela.
    Les Bienveillantes, je ne l’ai pas encore finit mais cela devrait se faire bientôt, dans quelques jours.

  15. Jonathan Littell est sur VIVRE FM Samedi 11 Novembre à 16h00. Enfin on va pouvoir l’entendre.

  16. Est-ce la fin du Tégévisme en littérature française? La parution et l’attribution du Goncourt à Littel semblent l’indiquer. Tégévisme, tendance littéraire des dernières décennies en France : lecture d’un roman entre Paris et Marseille, soit trois heures de trajet en TGV, ce qui permettait de finir un roman de 200 pages en caractères de mal voyants avec au maximum 400 mots de vocabulaire. Les éditeurs français prenaient leurs lecteurs pour des débiles et des illetrés. Seules les traductions de romans étrangers, notamment américains, pouvaient satisfaire les lecteurs intéressés par des romans complets , complexes, controverses et non les frottis psychologiques étalés sur quelques feuilles de papier. Bravo pour ce revirement!
    Cependant sur le site une-page-par-jour.over-bl… paraît un roman d’un auteur américain aussi, version française, intitulé ILKYA. Mis sur le net en anglais aux Etats-Unis en 2000, il a été brutalement supprimé après 9 11: c’est la même démarche d’esprit du SS mais chez un commando de terroristes qui préparent un attentat sanglant. La version en français sort à présent. C’est aussi un pavé ( 965 pages). Les Américains semblent incapables de faire moins!!!

    • Nakamura77 sur 10 novembre 2006 à 20 h 59 min
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    Pour moi cela ne faisait aucun doute.

    >>> il falllait que je l’achete ^^

    j’ai déja économisé pou avoir la "maudite" (plutôt, la bienveillante…) somme de 23€.

    >> L’incipit est fabuleux malgré que, pour un élève de 1ere STG Gestion, cela n’est pas très facile avec des tournure de phrase plutôt complexe et des mots extremement recherché…

    Le dictionaire ainsi, que l’outil internet, me seront d’une grande aide! 😉

    J’espere que ce livre sera un de mes livres préferé, pour l’instant seul Le Magnifique Livre De Eiji YOSHIKAWA m’a marqué…
    (Livre en deux parties racontant les aventures d’un samouraï (tiré à 120 Millions d’exemplaire au pays du Soleil Levant.

    Je vous dirais mon avis personnel à la fin de ma lecture qui sera, je l’espere, studieuse !

    Ps: Merci de m’avoir donné envie de lire ce livre.

    • malveillante sur 10 novembre 2006 à 22 h 21 min
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    Je voudrais répondre à Louis Jaro qui peste contre les romans courts
    C’est vraiment dommage que cet internaute se sente débile et illettré devant un texte court Si c’est juste devant un texte court ce n’est pas encore trop grave mais dommage quand même Moi ça ne risque pas de m’arriver De me sentir débile et illettrée je veux dire et encore moins dans le TGV car je ne peux pas lire dans le train, je me sens mal ha ha ha
    A titre d’exemple quelques étrangers traduits
    Motel chronicles _ Sam Shepard 150 pages
    L’invité d’un jour _ Truman Capote 58 pages
    Mémoire de mes putains tristes _ Gabriel Garcia Marquez ( nobel de littérature ) 157 pages
    Le joueur d’échecs _ Stefan Zweig 110 pages
    Et vive les choses courtes …ouah …

    • Nanou sur 11 novembre 2006 à 10 h 00 min
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    Entièrement d’accord avec malveillante et je rajouterai Contes de la folie ordinaire de Charles Bukowski. Le talent n’attend pas le nombre de pages…

    • KB sur 11 novembre 2006 à 22 h 43 min
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    La folie, les soubresauts mortels, nihilistes d’une humanité à jamais condamnée à tout recommencer, se souvenir, oublier, construire, difficilement et détruire, détruire puisque rien ne sera jamais possible. Que valent les mots après de tels souvenirs? Il faudra oublier et un jour se retrouver. Bonne lecture.

    • malveillante sur 12 novembre 2006 à 16 h 32 min
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    Ah ce vieux Hank …Charles Bukowski my love … bon allez il,faut que je me calme
    Je m’éloigne de Jonathan Littel qui est quand même, il faut le rappeler, le héros de ce site En tout cas nanou a raison de rajouter Bukowski car c’est un très grand, un tourmenté de première mais si désopilant
    Moi ce qui m’afflige un peu c’est les trucs sur les nazis et je n’ai toujours pas compris cet engouement un peu contagieux pour les mémoires de Maximilian Aue Assez joli nom malheureusement …
    Je parle bien l’allemand, so eine wunderschöne Sprache, j’adore cette langue et je suis triste de ce que les nazis ont fait aux hommes bien évidemment mais aussi à cette langue
    J’aime les mots … D’ailleurs j’en veux un peu à Littel Je lui en veux d’avoir flingué ce mot tendre et doux si rassurant Je lui en veux de l’avoir associé aux cris de douleur et d’ effroi J’en veux à Littel d’avoir crucifié le mot " bienveillante "

    • amarat sur 13 novembre 2006 à 14 h 27 min
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    Je n’ai pas encore terminé le bouquin, j’en suis à la page 500 et vais continuer la lecture jusqu’à la fin, puis comme c’est toujours le cas quand une "oeuvre" m’intéresse, je le relirai une , peut-être deux fois;
    tout ces commentaires m’intéressent vivement et valent toutes les critiques car faits par des lecteurs anonymes.
    Quand j’avais vingt ans, il y a de cela 2 fois vingt ans, j’avais lu la série de Christian Bernadac sur les camps, une remarque, l’horreur était mille fois plus au rendez-vous!j’avais beaucoup de mal à continuer ces descriptions presque irréelles, ce livre me prend aux tripes mais pour la profondeur vers laquelle il amène l’être humain.

    • veritas sur 13 novembre 2006 à 21 h 50 min
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    fini depuis une semaine…les bienveillantes…j’y pense encore impossible de passer a autre chose ..trop grave trop vraissemblable .me plonge dans des abimes de réflexions sur l’humain .l’écriture est prodigieuse .impossible de préter le livre car j’ai besoin de m’y replonger …comment littel a-t’il pu l’écrire? bravo a lui .

    • amarat sur 14 novembre 2006 à 5 h 14 min
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    "J’y pense encore, impossible de passer à autre chose" dit Veritas. C’est tout à fait ça et cela veut dire que l’on s’est mis dans la peau de Auer en essayant vainement de comprendre le personnage!
    Le tour de force de Jonathan Littel est de saisir le lecteur dans son ego et de l’amener à réfléchir:qu’aurais-je fait dans les mêmes circonstances?
    Question sans réponse. La nationalité importe peu, l’histoire de la Gestapo française est là pour nous le démontrer. On est simplement du côté du bourreau ou bien de celui de la victime. Le fort ou le faible, qui aurait souhaité être le faible? pourtant,et fort heureusement des millions de faibles ont survécu parcequ’ils étaient plus forts que leur bourreau, ce n’est pas spécifique à cette sombre période de notre Histoire commune. Dans notre vie de tout les jours la même relation existe: dans la rue, au travail, à la maison.
    Ceux qui sautent en l’air devant leur propre destin n’ont ni tord ni raison, il faut je le crois prendre ce personnage qui nous ressemble comme il est, avec ce qui le torture et ses ambitions.
    La question que je me pose au sujet de Jonathan Littel est de comprendre comment il a pu aller si loin dans l’être humain, comment a-t’il pu dans son imaginaire reproduire avec autant de détails et de réalisme un homme sommes toutes normal?
    Ce qui est monstrueux, c’est le contexte, ce qui l’est moins, c’est la proximité de ce genre humain qui est à notre porte, je veux dire qui nous cottoie tous les jours. Il n’y a pas longtemps, j’ai vécu un an dans la capitale du plus grand pays d’afrique "le pays des noirs" là aussi, la vie humaine n’a pas de prix, enfin si,celui d’un esclave qu’on persécute, que l’on vend encore et que l’on peut faire ou laisser mourir sans état d’âme, par millions! cela me choque, cetaines gens que je croisais dans la rue tous les jours étaient aussi ce bourreau, rien que leur regard face à l’étranger le laissai percer et d’autres baissaient la tête en essayant de ne pas se faire remarquer.
    Invité chez eux, une grande courtoisie et une grande culture réignait, les esclaves s’affairaient pour nous servir, avec le sourire!
    Que dire enfin, je n’arrêterais pas, ce livre me secoue, remue les cellules de mon cerveau, celles qui sont transmises de génération en génération depuis la nuit des temps et qui font l’homme d’aujourd’hui que je suis.

  17. J’ai lu "les bienveillantes" assez rapidement pour le lecteur lent que je suis. Il y a plusieurs semaines maintenant. Et pourtant…

    Et pourtant, je le regarde encore souvent, posé là sur cette étagère. Des coups d’oeil qui m’y replongent. C’est le seul qui autant m’en impose.
    Et je parcours encore aujourd’hui le net, cherchant ce qui en est dit, ça fait pourtant plus d’un mois que je l’ai lu.
    Le temps fera bien sûr son oeuvre et éloignera ce livre de moi…Mais il aura laissé quelque chose en moi, quelque chose de fort…

    Je m’apprête à écouter en Podcast l’interview qu’à accordé son auteur à la radio VivreFM. Voici le lien pour ceux que cela intéresse :
    http://www.bloghandicap.fr/archi...

    • Mjölnir sur 14 novembre 2006 à 12 h 35 min
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    "Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?", disait Victor Hugo. Plus je lis ce livre (j’en suis à la p. 566, après une semaine), cet objet, plus je le considère avec gravité, qu’il est d’une importance capitale. Le dégoût mélé à la volonté de comprendre me saisissent… J’ai eu le même sentiment à la vue de Shoah, de Lanzmann. Ne lui déplaise, ce livre complète très bien son oeuvre. Le passage halluciant, qui m’a très marqué, est le dicours de Himmler, qui a un écho très actuel finalement, promettant de la faire de la Crimée un gigantesque Club Med et de ne pas exterminer tous les Slaves mais de les repousser derrière l’Oural, et de garder cette frontière, de se battre contre ces Slaves qui voudront irrémédiablement récupérer leurs terres. Tout ceci pour que les Allemands ne sombrent pas dans l’avachissement généralisé. Quel infantilisme ! L’europe en giganteque jeu de Risk et la Crimée en parc d’attractions ! Tout cela construit sur des cadavres ! Je comprends mieux maintenant le personnage de l’enfant-roi pervers dans Excalibur…
    Bravo Jonathan Littell ! Vivement que ton livre soit traduit en Russe. Cela sera un choc aussi là-bas, pas qu’en Allemagne…

    • Mjölnir sur 16 novembre 2006 à 10 h 54 min
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    J’ai fini.
    Laissez-moi vous raconter comment ça s’est passé: après la dernière page sidérante, j’ai posé le livre sur ma table de nuit, j’ai pris mon visage entre mes mains, je me suis levé et j’ai tourné en rond dans mon appart en pleurant une bonne demi-heure… Je me suis enfin allongé sur mon lit, et j’ai regardé, puis, léssivé, le plafond de ma chambre, bouche bée, pendant une bonne heure. Puis, un sentiment de tristesse infinie m’a envahi, suivi d’une immense mélancolie, puis d’une angoisse oppressante et étouffante, de nausées et d’un besoin d’air urgent, je suis du coup allé sur le balcon. Pendant encore une heure, je connus ce vague mais réel tourment, avant de m’endormir, à trois heures du matin, et j’ai mal dormi. J’ai lu les trois cents dernières pages d’une traite, entre 21h et 1h. Pourtant j’ai vu Shoah, Nuit et Brouillard, j’ai lu Hilberg et Arendt. Mais tout n’avait pas été dit !
    Les pages 574-575-576 saisissent les tripes, d’autres provoquent la sidération, des rires mêlés de pleurs jaillissent tout seuls devant l’absurde, le ridicule mêlé à l’horreur.
    Le quatuor infantilisme-irresponsabilité-crime-damnation est vraiment infernal. A lire absolument.

  18. Merci de ces témoignages vibrants de lecteurs. Que pensez-vous de cette rumeur selon laquelle cet ouvrage serait en fait une oeuvre collective ?

    • amarat sur 16 novembre 2006 à 20 h 36 min
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    J’insiste et je m’adresse à Mjölnir, il faut absolument que vous lisiez la série sur les camps de Christian Bernadac,ce ne sont pas des nausées que l’on a, le chapitre "la courante" n’est rien à côté ! 40 ans après les avoir lu, j’en frissonne encore.

    • kékun sur 17 novembre 2006 à 10 h 42 min
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    Comme d’autres ici, j’ai achevé la lecture depuis un certain temps : à la fin volontairement je ralentissais, ne voulais pas entendre enfin résonner le mot ultime. Bienveillantes. Mon commentaire à venir ne retranchera rien à l’exceptionnelle qualité du roman. Un vrai, un pur, un dur. un comme on les aimerait plus souvent. Max Aue fête son trentième anniversaire à un moment donné (en 43 ou 44). Et le voici plongé dans l’écriture de ses Mémoires, derrière les vitres de son bureau, sans faire dans la dentelle… Mais quel âge a-t-il le ex SS aussi dégénéré que raffiné? ben, disons, si l’on considère qu’il effectue ce travail dans le temps où Jonathan Littell accomplit le sien de son côté, donc en 2000 et quelque : 80 balais. Bonne et heureuse retraite à tous ces ancien nazis à la reconversion bien réussie, planqués ici et là dans les affaires et dont le roman de Littell nous rappelle qu’ils existent. Ils sont là à côté de nous et nous les voyions pas, nous oubliions leur discrète présence , ces bons grand-pères de famille à faire sauter sur leurs genoux leurs beaux petits-enfants. Parce qu’à 80 balais aujourd’hui on est un beau vieillard, pour peu qu’on dispose d’un peu de pognon et de pas trops d’ennuis de santé. On peut même se donner du plaisir… Et faire dans la dentelle.

    Si quelqu’un pouvait m’aider maintenant : j’ai le sentiment d’avoir lu "meurtre mhévique", mais suis incapable de retrouver le passage d’une part et d’autre part de savoir le sens de ce "mhévique" inconnu de mes dicos au point que je me demande s’il n’est pas né de mon imagination.
    J’aimerais aussi pouvoir relire la page où Aue se trouve confronté au spectacle de la femme russe suppliciée et couchée dans la neige.

    • kékun sur 18 novembre 2006 à 10 h 25 min
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    La nuit porte conseil : un rapide calcul "révisioniste" m’a éclairé sur mon erreur de 10 années. Même un peu plus si l’on considère que de 43 à 2005 ce sont …62 ans qui se sont écoulés. Voici donc notre Max installé dans le bureau de son usine à dentelles à …92 ans. C’est déjà plus tout à fait le même homme que dans ma précédente représentation. Plus tout à fait aussi alerte. Plus tout à fait aussi joueur avec la vie (même s’il n’apparaît pas d’un enthousiasme immense dans la toccata qu’il interprète magistralement dans ses trente premières pages (" Manger du boeuf ou du poulet, quelle importance? Il faut bien se nourrir, c’est tout."). Et du coup, il ne paraît pas avoir fait grand cas, notre Littell, de cet âge avancé. P.19 : "Ma femme, je l’honore encore de temps à autre, consciencieusement, avec peu de plaisir mais sans dégoût excessif. Et de loin en loin, lors de voyages d’affaires, je me donne la peine de renouer avec mes anciennes moeurs.
    Même en littérature et surtout dans un roman qui se veut si totalement enraciné dans la vie, ne faut-il pas travailler à la crédibilité totale du personnage? Je sais pas, moi, par exemple trouver un tour de passe passe qui expliquerait tant de vitalité encore, tant de précision et de virtuosité dans la mémoire et la pensée d’un vieillard de 92 ans? Ou alors, autre artifice, celui de tirer d’un placard le lourd manuscrit écrit quelques années plus tôt et pour des raisons qui me demeurent obscures, le livrer entre les mains d’un éditeuren le jetant dans sa boîte un beau matin pluvieux de désespoir final – et laisser à ce dernier le soin de se dépatouiller avec.
    Encore une fois, je ne retranche rien au talent, à la bravoure de l’auteur. Je me dis simplement qu’en étant un peu moins pressé de délivrer au monde son message, il aurait pu davantage le peaufiner. Lui donner encore plus de poids. Et son éditeur, un peu moins pressé de rafler la mise et de jeter le pavé dans la mare des romans de rentrée, un peu plus vigilant, l’eût invité à revoir quelques pages. Et certains critiques aigris et autres pisse-copie de la première heure se seraient concentrés sur de vraies maladresses plutôt que sur des remises en cause douteuses me laissant soupçonner que peut-être bien ils ne l’avaient tout simplement pas lu, le bouquin. Trop volumineux et trop décourageant pour la plume de qui doit noircir sa page chaque semaine. La preuve? Une perle relevée dans le Point du 31 août, p. 81 sous la plume du très sérieux Michel Schneider ( je dis sérieux parce qu’il a pas l’air de rigoler avec le talent, le type) : " Il [ le personnage] revit le bon vieux temps en se donnant le beau rôle, en arrangeant, en oubliant (p.880),((sic), le Fürher, dont Aue … ( là, je ne citerai pas, parce que c’est dégueulasse pour le lecteur ce qu’il a fait, Schneider, – ou se raconte qu’il lui … ( je m’abstiendrai toujours de citer, pas comme ce salopard de Schneider -, porte une casquette alors qu’il entre en scène tête nue" Double mensonge, monsieur Schneider : ou vous ne savez pas lire, ou vous écrivez vos articles au lance-pierres. Et là , je recommande aux lecteurs qui n’ont pas encore atteint la page 880 de ne surtout pas se précipiter. Qu’ils prennent leur temps, qu’ils arrivent à leur rythme à cet endroit et ils verront comme moi à quel point Schneider raconte ce qu’il veut, c’est-à-dire n’importe quoi, sans que je parvienne d’ailleurs à comprendre ses raisons. En a-t-il?…
    Les autres, plus lucides, auraient pu s’interroger. Mais à vouloir ou devoir toujours agir dans l’urgence… Car ne l’oublions pas, du phénomène Littell-les Bienveillantes il en ira comme des autres avant lui. L’on finira pas se lasser dans le landerneau littéraire. L’on partira en quête d’autres talents. L’on chassera le grand titre à effet scoop ( "Littell est grand", Nouvel obs du 24 au 30 août, avec en bandeau de couv : " le premier roman de Jonathan Littell: ATTENTION CHEF D’OEUVRE! en lettres rouges. "Littel Big Man", l’Express du 7 septembre.
    Ai-je été clair ? oui, je défends « les Bienveillantes » comme étant un grand, un beau, un vrai roman, avec ses grandes qualités et ses petits défauts. Mais j’aimerais davantage de pondération ici ou là. Et surtout que ceux qui ont leur mot à dire, les « institutionnels » du livre oublient parfois leurs prétentions économiques pour se soucier davantage de tirer du « produit » sa quintessence.

  19. A signaler une contre-enquête polémique "Les malveillantes" de Paul-Eric Blanrue, portant sur le phénomène littéraire Les bienveillantes qui démontrerait l’imposture littéraire :
    buzz.litteraire.free.fr/d…

    • Mjölnir sur 18 novembre 2006 à 13 h 38 min
    • Répondre

    Je vourais dire à Kékun que pour moi, c’était évident dès le départ que Aue, lorsqu’il parle au présent, parle au début des années 80. En effet, il est encore en activité, honore sa femme régulièrement et même là-dessus, on serait surpris de voir l’activité sexuelle de certains à 90 piges… Et, au vu des commentaires de lecteurs sur le net, je ne suis pas le seul à situer le "présent" du roman dans ces années-là, plutôt que dans les années 2000. De toute façon, une "crédibilité totale" est-elle souhaitable ? Tous les grands héros de roman sont des "monstres", en ce sens qu’ils ne sont jamais le "vulgum pecus". Même le personnage de Mandelbrot est peu crédible (les historiens en conviennent), mais il a une saveur extraordinaire, et il ne faudrait pas le retirer ! C’est cela la force des grands romans, une bonne dose de réel, plus l’irréel, ce supplément d’âme et de magie indispensable.

  20. Jonathan Littel versus Amélie Nothomb

    Le roman – j’insiste sur le terme – de Jonathan Littel a soulevé une polémique à de nombreux niveaux et parmi divers courants littéraires. De grands critiques se son confrontés et le livre a été traité de « malséant », « famélique » ou « outrancier ». Beaucoup de spécialistes comme Lanzmann sont montés au créneau pour dénoncer non seulement le thème mais aussi la manière dont il a été manupulé : rendre le nazisme digeste et démontrer que n’importe quel individu aurait pu être ainsi dévoyé. L’épaisseur du volume a apporté la critique aussi bien que l’admiration. Il y avait longtemps qu’une telle œuvre n’avait été publiée et mise sur le marché avec autant de succès. Neuf cents pages pour faire l’apologie des crimes SS alors que depuis des décennies, on tentait d’oublier le sujet et surtout de l’enterrer une fois pour toutes. Le nazisme et sa machine de destruction humaine n’avaient trouvé un terreau fertile que chez les monstres et les détraqués vicieux, sans âme, sans foi, sans conscience. Or ne voilà pas que celui qui se confesse semble être un monsieur tout le monde et la théorie que cette idéologie n’avait prospéré que par l’intermédiaire d’homme hideux , pervertis jusqu’à la moelle. Il apparaît à la fin du livre que le monstre n’est que vous ou moi. De quoi faire bondir ou se retourner dans leur tombe tous ceux qui depuis la découverte des camps de concentration ou des horreurs nazies ont tout fait pour bien séparer les crimes SS des autres crimes de guerre. Faire une comparaison entre l’acte meurtrier d’Oradour-sur-Glane par la Division Das Reich et le massacre de Sétif par les Français était intolérable alors qu’il n’y avait aucune différence pour les victimes.
    Jonathan Littel a remis les pendules à l’heure : les crimes nazis ont été commis par des intellectuels, des médecins, des professeurs de l’enseignement supérieur aussi bien que par des ouvriers, des artisans, soit par l’ensemble d’un peuple. Et aucune nation n’est à l’abri de telles abominations, aussi démocratiques soient-elles. C’est évidemment éviter de faire des bonds en arrière pour dénoncer l’Inquisition, les génocides occasionnés par les colonisateurs, la disparition des Aborigènes, des Indiens de l’Amérique du Sud. L’occident n’aime pas du tout que l’on remue la merde du passé : elle sent trop mauvais !
    Alors que vient faire Amélie Nothomb dans ce débat : elle a longtemps représenté ce à quoi se cantonnait la littérature française : le Tégévisme comme expliqué dans divers articles. La confrontation d’une jeune femme avec ses propres découvertes, le fait de devenir femme avec tous les problèmes qui s’y rattachent, ses émotions vives, comment analyser son frottis psychologique qu’elle goûte du bout de la langue, qu’elle hume et qui l’inspire comme dans sa dernière œuvre de 130 pages ( 15 lignes par page). Alors le pavé de Jonathan Littel de 900 pages ( 50 lignes ou plus par page) ébranle l’habitude et la conviction des critiques et éditeurs. Surtout que le succès est à la clé et que de nombreux lecteurs s’attaquent avec beaucoup d’enthousiasme à sa lecture. Comme s’ils grimpaient l’Everest.
    Nous assistons au combat de David et Goliath et il est à remarquer que cette semaine, les deux œuvres sont côte à côte sur les gondoles des libraires : Jonathan, meilleure vente n°1 et Amélie N° 2 . Et c’est tant mieux puisqu’à présent grâce à Jonathan, il y en a pour tous les goûts.
    Pour ceux qui veulent un livre complet, complexe et controverse, c’est une victoire, une très grande victoire malgré quelques défauts insignifiant qu’un certain Husson essaye de transformer en erreurs capitales.
    Et derrière suit un autre pavé : Ilkya.

    • Mjölnir sur 18 novembre 2006 à 16 h 32 min
    • Répondre

    Iogaro, j’ai beaucoup aimé votre critique de l’article outrancier et par la même insignifiant de Husson (c’est moi qui vous ai répondu, pseudo Freyr) sur le site du Figaro.
    Je voulais simplement vous dire que M. Aue, je ne le trouve pas si banal, ou alors c’est une fausse banalité. En effet, tel un héros faustien, on lui tend la perche plusieurs fois pour qu’il se "rachète" ou n’aggrave pas son cas (prendre sa mère dans ses bras, accepter au moins la tendresse d’Hélène, épargner le vieux Juif et ne pas tuer son seul et unique ami !), refuser tout cela, cela fait beaucoup pour M. tout le monde… En même temps, on le sent proche de nous par une facette de son caractère, il a souvent des réactions face aux évenements somme toute banales et sensées, même ses petites révoltes nous sont sympathiques. C’est en cela que Littell a fait très fort. Une personne douée d’affects souvent normaux mais qui est quand même dans ses actes et ses choix non déterminés, ou en tous cas pas tant que cela, par les évenements et sa psychologie , un vrai salaud incapable d’aimer, qui se damne à 100% à la fin. Il est une larve comme il le dit, et le restera toute sa misérable vie.

    • kékun sur 18 novembre 2006 à 16 h 35 min
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    Ok, MJölnir, je veux bien l’évidence des années 80. Il n’en reste pas moins que cette évidence-là n’a pour moi rien d’évident puisqu’elle ne s’appuie sur rien. Ceci dit sans vouloir du tout polémiquer puisque je considère ce bouquin comme le plus fort, le plus intéressant que j’aie lu depuis longtemps. Pour préciser ma pensée j’attends d’un roman installé dans l’histoire, le réel, qu’il s’attache non à restituer l’exactitude et la Vérité des faits – laissons cela aux historiens et à leurs querelles – mais à toujours oeuvrer dans la vraisemblance. Et là je crois que Littell lui-même est foncièrement d’accord avec ce point de vue : lors du fameux épisode des p.879, 880, 881, il se montre véritablement romancier jusqu’au bout des ongles en balançant à l’avance à la tête de ses futurs détracteurs ( comment ne pas savoir qu’on en aura quand on écrit un tel bouquin?) une scène d’antologie dont personne ne peut admettre qu’elle ait existé mais dont tout un chacun peut comprendre qu’il se permette, lui, de l’inventer : qu’on retranche du récit le passage (14 lignes) qui va de "Trevor-Roper…" à "…les archives soviétiques?)" et tout les lecteurs le prendront pour un rigolo, un type qui décrédibilise 900 pages en une seule. Or non. A cet instant Littell admet parfaitement la nécessité de la vraisemblance – et donc il explique et crédibilise son invention – tout en se contrefichant de la Vérité. Et ça c’est diablement intéressant. C’est l’audace de s’attaquer au mythe, la volonté de tourner en ridicule la Vérité, l’insolence de jouer de l’ironie dans une histoire qui ne pouvait pourtant guère laisser de place au rire. Et pour ce qui est de Mandelbrot, il me plaît en tant que création litéraire, ce gros lard adipeux tireur de ficelle. Combien y en a-t-il dans la réalité de ces types à qui tout est permis du seul fait de la fortune dont ils disposent? Le nazisme a eu les siens, comme le capitalisme a les siens et comme le communisme et aussi le colonialisme. Les éminences grises que grise leur occulte pouvoir, sont souvent plus monstrueuses que les monstres occupant le devant de la scène.

    • Mjölnir sur 18 novembre 2006 à 17 h 05 min
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    Je crois que Mandelbrod symbolise aussi les sommes d’argent colossales que les nazis ont planqué à travers l’Europe, surtout à Monaco et en Suisse, et lorsque Aue dit que seulement en Suisse ou à Monaco on peut avoir un pouvoir politique non corrompu, j’ai trouvé cela délicieux, ces Etats n’étaient effectivement pas trop corrompus et "adipeux" avant 1945, mais après c’est autre chose… Aue ne montre jamais un dirigeant nazi effectuer un virement bancaire, Mandelbrod suffit…

    • Mjölnir sur 19 novembre 2006 à 13 h 24 min
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    Dans la dernière phrase de mon précédent texte il fallait lire Littell et non Aue (lapsus de base…)
    Pour répondre à Kékun, les années 80 me semblaient convenir, n’étaient pas forcémént une évidence… Tout à fait d’accord sur les pages 879-880-881. Elles sont "inventées", mais ce qui est intéressant, c’est qu’elles ne remettent pas en cause la suite réelle des évènements, et cela, un romancier a le droit de le faire. Ce roman, à mon avis ressemble dans sa structure, à Guerre et Paix (la partie Guerre uniquement) (Tolstoï) , dans sa structure et son souffle épique. Dans son ton il ressemblerait à "Voyage au bout de la nuit" de Céline, et dans son atmosphère et contexte au "Château" de Kafka et à "Cent ans de solitude".
    Mais ce livre est unique. Jorge Semprun, victime des camps, a parlé de "livre du siècle". De la décénnie c’est quasiment sûr.

    • amarat sur 19 novembre 2006 à 13 h 53 min
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    Très marrants vos discours , si vous étiez membres d’un jury littéraire Jonathan n’aurait jamais été primé car si l’on commence à comparer un auteur à d’autres, il n’a plus de valeur intrinsèque.
    Il est lui- même et vous ne le changerez pas, heureusement!
    J’avance dans sa lecture et j’en suis satisfait, bouquin du siècle ou de la décénnie ou de l’année, je n’en ais cure, l’important, c’est qu’il existe et qu’il fasse parler de lui, c’est bon signe et j’espère qu’il y en aura d’autres aussi intenses. Alors, je vous en prie, arrêtez ces fausses dissertations et évoquez vos sentiments,ce sera l’occasion d’échanger nos pensées intimes. En auriez -vous peur? Pour mémoire, le ch "â "peau de la cime est tombé dans l’abîme!

    • Mjölnir sur 19 novembre 2006 à 14 h 52 min
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    Pour lire ce que j’ai ressenti, sans aucune retenue, Amarat, lis le texte n° 59. J’ai dit "Ce livre est unique", et je le répète. J’ai du mal à m’en défaire… La rage de certaines critiques destructives (d’historiens et de critiques littéraires), en fait des aboiements dans le désert, m’amuse parce que là ils montrent qu’ils n’ont pas pu ou oser franchir un mur difficilement franchissable, là où un presque inconnu y est arrivé avec talent… Chapeau!

    • kékun sur 19 novembre 2006 à 15 h 34 min
    • Répondre

    Amarat, as-tu éprouvé l’envie ou le désir de t’exprimer ici ou là sur un autre bouquin. Je sais pas, un Nothomb, un Angot, un Houellebeck, un Beigbeder… moi pas. Première fois que je tchatche (oui…)avec des inconnus, que j’éprouve un besoin de lire leurs commentaires en plus de toutes les âneries qu’on peut lire ailleurs. Car à propos des "Bienveillantes", plus qu’une envie, une nécessité… Pourtant d’autres m’ont interessé dernièrement "Dévoration" de Millet, "Noeuds et dénouements" d’Annie Proulx, "On s’est vu quelque part?" de Nuala O’Faolain, "A la cadence de l’herbe" de Tom McGuane. Mais ils me semblent si légers à présent, si vite digérés, bien rangés dans leurs cases. Aucun semblable aux autres et cependant tous "égaux". Tandis que celui-ci… Oui il me tire encore de mon sommeil. Oui il est là, à mes côtés, et sans cesse j’en relis des passages. Une vraie nourriture qui me glace et qui me ravit.

    • malveillante sur 19 novembre 2006 à 18 h 23 min
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    ha ha ha j’adore …
    l’internaute qui se trompe,
    qui dit que littel est un salaud
    Ah la la inconscient quand tu nous tiens
    Ce grand autre au fond de nous qui nous fait dire ce qu’il ne faut surtout jamais dire mama mia

    • amarat sur 19 novembre 2006 à 19 h 19 min
    • Répondre

    Grand merci à Mjölnir et à Kékun d’échanger directement avec moi. Je suis un novice dans le domaine et n’ai pas eu souvent l’occasion de donner en pâture mes pensées réelles sur une oeuvre que ce soit littéraire, peinte,sculptée ou artisanale pour ne pas dire manuelle. je suis né en 1945 et ais rencontré dans ma jeunesse des gens qui avaient été torturés par la gestapo française, je ne veux pas rentrer dans le détail mais un simple exemple suffira : deux mains aux ongles arrachés, un oeil perdu!
    Oradour sur Glane dix ans après le massacre, en "visite" avec mon père qui était à cette époque dans le maquis dans les monts d’Ambazac
    J’ai donc été affranchi très jeune sur ce que je n’ai pas connu et ne souhaite pas connaître, le temps passant, mon frère aîné est parti en Algérie comme "appelé" il y est resté 28 mois et en est revenu destabilisé, il n’était plus le même.
    Je suis allé en Algérie en 1978 pour raisons professionnelles (formation de cadres algériens dans le domaine de la sécurité) après avoir reçu chez moi en France leur représentant avec lequel j’ai beaucoup parlé, il ressort qu’il avait été torturé par des Français en 1960:enfermé dans un puits qui servait de latrine à 20 mètres sous terre, pendant deux mois, il en est ressorti presque aveugle car ses ueux n’ont pas supporté la lumière du jour intense de ce pays; Il m’a posé une question un jour entre Laguoat et Gardhaïa : quaurais*tu fais si on avait massacré toute ta famille? j’ai répondu que mon frère était en Algérie à cette époque et que si on l’avait emasculé par vengeance, j’aurais probablement fait la même chose!
    Je suis également allé en Bavière en 1969, j’y ai rencontré des anciens Waffen SS qui avaient fait la Russie, leurs récits étaient horribles, jusqu’où a pu aller l’horreur et la résistance humaine.
    Prêt à continuer mes états d’âme…
    Quant à "malveillante" je trouve que le pseudo est véritablement bien placé.

    • Frédéric Maurin sur 22 novembre 2006 à 21 h 44 min
    • Répondre

    Lu sur le site suivant, la critique de Jean-Pierre Chevènement:

    http://www.chevenement2007.fr/Le...

    Les Bienveillantes, un livre révisionniste

    J’ai été fasciné et gêné à la fois par la lecture des Bienveillantes de Jonathan Littel. Ce roman touche en effet à l’énigme même du XXe siècle : comment le génocide des Juifs a-t-il pu être pensé et surtout exécuté dans un pays hautement civilisé comme l’Allemagne ? Les historiens s’y sont cassés les dents. Il y a, on le sait, deux thèses : les «intentionnalistes» et les «fonctionnalistes», ceux qui croient que la Shoah procède d’un dessein réfléchi et ceux qui pensent qu’elle s’est imposée comme un moment de radicalisation extrême dans le mouvement même de la guerre.

    Le livre de Littel ne prétend pas éclaircir cette question, bien qu’il repose sur une documentation impressionnante (et peut-être pour cela même). Ce n’est pas cela qui m’a gêné mais la philosophie « révisionniste » implicite de l’ouvrage, c’est-à-dire le signe d’équation posé entre le nazisme et le communisme. Ce signe d’égalité apparaît dans la confrontation du narrateur, l’officier SS Max Aüe et le commissaire bolchevick fait prisonnier à Stalingrad : « Finalement, fait-il dire à celui-ci, nos systèmes ne sont pas si différents, dans le principe du moins … Quelle différence entre un national-socialisme et le socialisme dans un seul pays ? » (1)

    Que l’inhumanité ait été des deux côtés est certain, mais le dessein de détruire méthodiquement, industriellement, j’allais dire scientifiquement, une population sur un critère racial d’ailleurs complètement irrationnel relève de l’unique. Il me semble aussi que Jonathan Littel se trompe complètement quand il voit dans le nazisme l’exaltation de la nation et le triomphe ultime de l’idéologie de la soumission à l’Etat. Le nazisme en effet ne révérait pas les nations mais la race. Et même si la conception allemande de la nation faisait référence au « Volk », c’est-à-dire à la communauté de culture puis de souche, les nazis étaient partagés sur la définition du peuple supérieur : étaient-ce les Germains, c’est-à-dire les Allemands, y compris les Autrichiens et les Volksdeutschen d’Europe centrale et orientale ? Ou étaient-ce les seuls ressortissants d’une race « nordique » quelque part entre la Scandinavie et le nord de l’Allemagne ? Ou plus généralement les Européens ? Rauschning prête à Hitler ce mot : « L’Allemagne ne sera l’Allemagne que lorsqu’elle s’appellera l’Europe ».

    La nation ne s’identifie pas à la race et pas davantage le nazisme ne reposait-il sur le culte de l’Etat, poussé à l’extrême : c’est au contraire le parti – le NSDAP – qui entendait réduire et, en définitive, absorber l’Etat. Les Bienveillantes sont écrites à travers les catégories politiques d’aujourd’hui largement inspirées de l’assimilation au « totalitarisme » du communisme et du nazisme par Hannah Arendt, assimilation reprise par les idéologues de la guerre froide et par les historiens révisionnistes allemands au milieu des années quatre-vingt. Cette assimilation qu’on retrouve dans la correspondance de François Furet avec Ernst Nolte occulte ce fait essentiel à mes yeux : le communisme soviétique et le nazisme procédaient de philosophies et de visions du monde opposées. L’un s’est effondré de lui-même. L’autre a dû être anéanti par le fer et par le feu.

    Le livre de Jonathan Littel est en ce sens un livre « révisionniste ». Comme Ernst Nolte a cherché à relativiser le nazisme par le communisme, Jonathan Littel parvient à faire que chacun se sente interpellé dans sa conscience individuelle et jamais dans sa conscience civique, évacuant ainsi le rôle des forces politiques. La France n’est vue qu’à travers la collaboration, les copains de Max Aüe, Rebatet et Brasillach. Pas un mot sur la résistance. Voilà pourquoi ce grand livre me paraît porteur d’une vision du monde qui ne nous aide pas à vraiment comprendre notre époque. Il propage, même sans le savoir, l’idée d’un « post-totalitarisme », d’une sorte de fin de l’Histoire néo-libérale qui me paraît fausse. Cette vision méconnaît les tendances impérialistes et belligènes qui existent dans le capitalisme financier mondialisé, aujourd’hui comme avant 1914, et les forces d’obscurantisme qui peuvent être réactivées à travers toutes les formes d’intégrisme religieux, chrétien, musulman ou juif. Ce n’est pas la nation ni l’Etat qui recèlent l’explication en dernier ressort de la Shoah mais le rejet de l’idéologie des Lumières et de la démocratie poussé à son paroxysme dans le nazisme mais toujours présent dans notre société. C’est ce que le roman de Jonathan Littel ne permet pas de comprendre. Son officier SS est un personnage qui nous parle d’un autre temps qui nous fait apprécier la chance toute relative que nous avons de vivre dans le nôtre.

    • harry carasso sur 23 novembre 2006 à 7 h 15 min
    • Répondre

    J’avais décidé d’ignorer ce pavé, qui vient après bcp trop de livres sur le sujet, de Hilberg à Goldhagen, et de David Rousset à William Syron, pour ne citer qu’une poignée. Je pensais qu’on finirait par verser autant d’encre que de sang sur le sujet. Mais en apprenant que Claude Lanzmann se pare une nouvelle fois de sa tiare de "pape de la Shoah", pour l’escamoter, j’ai décidé de l’acheter. J’y reviendrai.

    • jicégé sur 23 novembre 2006 à 9 h 13 min
    • Répondre

    à l’attention de kékun, message n° 62 :
    Voir page 669 : il ne s’agit pas de meurtre mehvique, mais de meurtre vehmique.
    Infos piochées sur Wikipedia : la Vehme était une société secréte fondée au 13ème siècle en Westphalie, et qui avait pour but de pratiquer une justice expéditive, en général par pendaison.

    • kékun sur 24 novembre 2006 à 15 h 30 min
    • Répondre

    Merci Jicégé. Enfermé dans un sans doute vieux reste de dyslexie, je m’épuisais en de vaines recherches autour de mon mehvique. Et comme une bonne info n’arrive jamais seule, j’ai eu la même réponse par un autre canal.

    • Norm Lloyd sur 28 novembre 2006 à 14 h 00 min
    • Répondre

    I picked the book up a couple of weeks ago in Montreal, to read on the plane to Buenos Aires, and I just finished the book yesterday evening. I read whatever book wins the Prix de Goncourt every year, and I expected the usual dense, complicated and frankly, often turgid language that winning the Prix de Goncourt means you’re usually going to get. I also expected the so-so story that’s usually told.

    However I persist in reading the PdeG winner every year even though I’m often disappointed, because every few years, a really good book comes along. And I think that Les Bienveillantes is one of them.

    Sure the language is a little too "literary" for my taste, but it’s a ripping yarn, which is why you read a book in the first place. And the long German officers’ titles drive you nuts, until you realize that it’s integral to the story.

    I know a lot of people who would love to read it, and have already recommended it to a bunch of friends, so I hope it’s translated into English soon. The American, Canadian and UK markets would eat it up! I’d bet that it would make an epic movie… sort of a Dr. Zhivago meets The Talented Mr. Ripley.

    There were a couple of unanswered questions though: Whatever happened to the sister? Were the twins his kids? I guess we wait for the sequel.

    • behemoth958 sur 30 novembre 2006 à 11 h 44 min
    • Répondre

    To Norm :
    – I can’t imagine this book will produce any movie …
    – The twins are obviously the sons of Max and Una : they try to survive after war in Pomeranie .
    – I’d never bet there will be any sequel . It’s not Star War at all , I think … Littell seems to be a one shot artist .

  21. réponse à Bob : pour lire ILKYA le roman sur le terrorisme de Denger voir une-page-par-jour.over-bl…
    puis ILKYA Chapitre 4 est en route : l’épuration de 1944 dans la Drôme et on comprend que Auer peut être partout.

    • Groucho sur 6 décembre 2006 à 11 h 32 min
    • Répondre

    J’ai lu il y a quelques semaines "La faim", un roman sur les affres de la faim pendant le siège de Stalingrad. Je souhaitais lire un livre d’histoire sur le siège de stalingrad. "Les Bienveillantes" a comblé mon attente. Un écrivain de langue française est né, je dit bien un écrivain, pas un romancier. Il était temps, ils se comptent désormais sur les doigts de la main.
    C’est un livre puissamment écrit qui n’est certes pas à la portée de chacun, je suis d’ailleurs curieux de savoir combien des 250 000 acheteurs vont le lire.
    Bravo pour le blog !

    • aurore Bojczuk sur 9 décembre 2006 à 16 h 58 min
    • Répondre

    j’ai acheté ce livre aujourd’hui et je ne lui trouve aucun interet.il est long et rebarbatif

    • jipede sur 11 décembre 2006 à 13 h 17 min
    • Répondre

    Re: Chef-d’œuvre ou imposture ? Les Malveillantes : Enquête sur le cas Jonathan Littell Répondre à ce messageQuant aux fautes de français, le titre ci-dessus laisse entendre que ce sont Les malveillantes qui constituent soit un chef-d’oeuvre (peu
    probable) soit une imposture. Pour le reste, les 120 pages d’anglicismes ou d’erreurs "re-censées" chez Littell contiennent moins de remarques pertinentes (il y en a) que de pédanteries. A quant la relecture de Proust par les nouveaux inquisiteurs ?
    Quelques exemples d’observations de Bruno Janin (de l’ENA) entachées par ses propres fautes. Et ceci ne provient que d’un bref sondage :

    Certains des termes ou des formulations qui trahissent l’origine anglaise du texte sont soulignées.

    . 12 –
    manufacturer des souvenir : de l’anglais manufacture. Nous sommes au début d’une longue liste

    50 – d’autre tenaient des enfants sur leurs épaules : « portaient » est plus juste.

    certains des corps ne bougeait plus : si on se demande si ces hommes sont encore vivants ou non, on ne doit parler de corps.

    La vaste voûte de la nef, la -haut : « au-dessus de ma tête »

    54 – la porte ferrée : elle a des « ferrures », on ne dit pas qu’elle est pas ferrée.
    Un cloïtre, ceint par un petit muret : « entouré » suffit !

    Son chef mort : ce n’est pas le chef de la femme, mais celuidu groupe. Le « maître » de la femme.

    modulée par son doux accent viennois : il a au maximum dit trois (panu ge) ou quatre syllabe et c’est modulé par son accent viennois.

    70
    Une voie assourdie : « une voix sourde »

    • Marcel sur 11 décembre 2006 à 18 h 14 min
    • Répondre

    Mon avis est partagé. La masse d’informations, ce "résumé" saisissant des atrocités nazies passionnent, mais je crois que c’est plus dû au sujet lui même qu’au génie de l’auteur, par ailleurs très brillant (je ne veux pas le diminuer, car son travail est remarquable d’érudition). Le sujet l’emporte sur la forme plutôt bâclée, facile. On est loin de Vassili Grossmann ou de guerre et paix.
    Il y a un problème de fond: l’utilisation du "je" pour un sujet aussi vaste. Ce "je" dans le roman est improbable. Il aurait fallu le "il" pour traiter du sujet comme il le fait. Ce "je" sait tout, voit tout, se rappelle de tout. A force cela fait artificiel. La pyschologie du personnage principal est convenue (officier nazi homosexuel). Des descriptions sans beauté, jamais.
    On me pardonnera de ne souligner que les défauts, amis cet ouvrage, si riche, a recueilli déjà tellement de fleurs!

    • gqabriel sur 12 décembre 2006 à 11 h 50 min
    • Répondre

    je suis à la page 200 je me suis laissé emporter presque bercé par cette musique macabre etimplacable une sensation de voyeur qui ressent sans comprendre toutes les subtilités historiques ,philosophiques,pschologiques.J’ai l’impression de relire un Proust plus sadique plus direct ,plus désespéré car J.L constate,mais ne trouve pas d’explication plausible à la turpitude de l’ètre humain.Pas d’espoir,mais quelle symphonie !!

    • valtethys sur 12 décembre 2006 à 17 h 46 min
    • Répondre

    Meme si Aue ne représente pas le commun des mortels à cause de ses détraquements sexuels et ses tendances incestueuses et parricides,il n’en a pas moins le comportement d’un professionnel consciencieux qui recheche l’éfficacité et obeit à son "administration" en respectant la loi….une attitude louable que tout étre raisonnable essaie d’avoir aujourd’hui. Mais il suffit que le fondement des valeurs change à 180 degrés et que la loi soit "manipulée" à l’envers pour faire basculer l’individu dans l’horreur collective. Il est en effet tres difficile d’appréhender l’invisibilité du mal qui peut se propager au travers d’une organisation bien rodée où les responsabilités sont diluées et la communication adaptée et bien ciblée ( propagande de Goebbels ou abrutissement audovisuel de nos chaines TV….)..C’est l’une des grandes reflexions que je retire du livre de JL. Contrairement à la pensée courante qui evoque le nazisme au travers de quelques monstres brutaux et sanguinaires, l’approche des "bienveillantes" est plus profonde mais aussi plus génante. Pour moi, c’est le grand mérite de JL qui au travers de pages hyperdocumentés mais aussi parfois "délirantes" remet en question notre bonne conscience surtout lorsque nous sommes du bon coté de la barriére!!! Tout ceci est profondément actuel.

    • bijoute sur 13 décembre 2006 à 15 h 11 min
    • Répondre

    Je me suis offert cet ouvrage remarquable pour mon anniversaire, en ce début décembre et je ne le regrette pas.
    J’en suis à la page 320 et jamais il ne m’est tombé des mains.
    La folie nazie, qui, jusqu’à présent n’était pour moi – je l’avoue- "qu"’une horreur virtuelle, se déploie aujourd’hui dans toutes ses dimensions humaine et psychologique.
    Le livre de Jonathan Littell est effrayant et nécessaire.
    Effrayant, car il démontre -avec maestria- comment chacun de nous peut, objectivement, couver un monstre. Ce livre est aussi nécessaire par ce qu’il nous renvoie de nous-même: aujourd’hui,l’horreur s’exprime encore, (la télévision nous en distille une ration quotidienne) et J.L nous interroge… que faisons-nous aujourd’hui, ne sommes -nous pas, plus ou moins les complices muets de tortionnaires???…
    "Les bienveillantes" est aussi un concentré d’histoire, de géographie, d’anthropologie, de linguistique, de psychologie et de sciences politique, mâtiné parfois d’un humour dérangeant…
    Je le savoure page après page -même si la révolte demeure- et je compte bien le relire…
    Merci à ce blog de m’offrir l’occasion de m’exprimer, de ma lointaine Guadeloupe…

    • Ludi sur 14 décembre 2006 à 17 h 58 min
    • Répondre

    Deuxième commentaire de ma part, le premier au numéro 38.
    Je l’ai finis, je suis époustouflée.
    Enfin un livre qui utilise les mots comme il le faut, et surtout qui monte que nombre d’entre eux ne sont pas traduisibles, notamment tous les titres allemands etc…
    Je suis ce blog depuis le début, ce qui me ravie, est que le livre intéresse tout le monde, de n’importe quelle génération.
    Ce que je récuse, la nécessité de l’expliquer !
    Qui sommes-nous de juger J. Littel ?
    Quand Claude Lanzmann (ce n’est qu’un exemple, y en a d’autre qui mériteraient d’être citer) prends la parole á ce sujet, très bien, mais sinon je doute…
    Est-il trop difficile d’accepter, mieux d’apprécier le livre comme il est, au lieu de chercher la petite bête dans des phrases soi-disant mal construites, ou des fautes de forme ?
    J’ai prêté le livre á un ami d’origine allemande qui parle très bien français, il en a été ravi et convaincu qu’il sera un succès, si il est bien traduit. Cela n’est pas mince affaire.
    Combien parmi les lecteurs ici ont déjà été en Allemagne ? et pas qu’une fois ?
    N’est-il pas de temps d’arrêter les reproches envers l’Allemagne ?
    On ne juge pas ce que l’on connaît pas !

  22. Après avoir lu vos commentaires, il en ressort que les reproches faits à Littel sont anodins: ses anglicismes alors que dans la langue française il ne se glissent plus subrepticement mais sans ambages, les prime time, les off, etc fourmillent partout,- dans Ilkya – R;Denger dans un de ses chapitres donnera même la date de la fin du français tel que nous le connaissons remplacé par l’anglais comme le français remplaça le latin . On parle de la longueur du roman : Victor Hugo ne serait pas publié de nos jours. Puis c’est rébarbatif car le texte est rempli de références à l’histoire: n(‘est pas justement la puissance et la valeur de ce roman de bien fouiller les phases d’histoires qui peuvent aider à comprendre le moment passé.
    Mais ce qui frappe dans les commentaires c’est d’avoir choisi une telle horreur: pourquoi le peuple allemand a enfanté de tels monstres. Or cela peut s’appliquer à la France et à sa Révolution, aux Américains et le traitement des Indiens, aux Anglais et leur politique vis à vis des Aborigènes de Tasmanie. Il y a en l’être humain cette part d’horreur qui se libère lorsque l’impunité s’empare du pays. Ilkya parle de tout cela et de l’Epuration – chapitre en cours – dans la Drôme et des excations des soit-disant libératuers.
    Prenez le livre comme il est : la réalité de la race humaine. Elle fait réfléchir et devrait vous inciter à vous demander comment vous réagiriez devant une telle situation. Ayant connu la guerre d’Algérie et les tortures ne jetz jamais la pierre
    logaro Editeur

    • Raklin sur 16 décembre 2006 à 18 h 16 min
    • Répondre

    A 18 ans, il faut lire Crime et Châtiment.
    A 30 ans, Les Bienveillantes.

    • Picot sur 18 décembre 2006 à 20 h 01 min
    • Répondre

    Grand roman parmi les grands. Il faut lire ce bouquin, l’histoire de la période la plus sombre de L’Allemagne de mêle au destin d’un être aux portes de l’absurde et de la perversité obsédé par le sexe.

    • quntefeuille sur 19 décembre 2006 à 0 h 45 min
    • Répondre

    J’ai trouvé dérisoires certains commentaires:
    "J’en suis à la page 320, 200, 125 etc.."
    Ou encore:
    "Je l’ai soupesé …Lourd … Un kilo 140 grammes "
    Et encore:
    "on est d’emblée intimidé par le poids de ces plus de 900 pages"
    Aberrant.
    Exaspérants ces commentaires alors que vous ne l’avez pas encore lu ou fini.
    Exaspérants aussi ces jugements de valeur sur la moralité du personnage, son homosexualité…
    Exaspérants enfin ces commentaires sur l’auteur.
    Seul le livre compte.
    Le seul commentaire qui me vienne: un chef d’oeuvre.

    • pa sur 20 décembre 2006 à 2 h 12 min
    • Répondre

    je viens de terminer il y a 10 minutes et je suis triste.

    n’est ce pas la le signe d un grand moment de litterature ?

    • Sivoussk sur 22 décembre 2006 à 20 h 05 min
    • Répondre

    Je viens de recevoir le livre, je l’ai à peine commencé (une cinquantaine de pages), c’est vrai qu’il a l’air bien. Bon, quelques longueurs par moments, mais c’est un avis subjectif. Etant passionné par la période en question, j’en sais suffisamment, je pense, pour ne pas être choqué par ce que je vais lire au point de ne plus pouvoir dormir, comme ce fut écrit plus haut (MDR, au passage!! ;)). Mais sinon, voilà, l’ouvrage a l’air dense mais passionnant.
    Ciao!

    • Un franchouillard.......standard sur 5 janvier 2007 à 20 h 43 min
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    Je viens de lire vos 96 commentaires, rien à dire, qu’ils soient pour ou contre "les bienveillantes", ils sortent de toute evidence d’esprits vifs et cultivés…..moi perso, je suis loin, tres loin d’etre un intello, je suis un gars simple, je lis, je lis parce que ça me plait….on m’a offert à Noël le livre (pas tres original apres le tapage mediatique!)….je l’ai lu, je l’ai aimé, du coup j’ai visité Berlin, j’ai vu, j’ai aimé….c’est vraiment bien de lire un livre, vous savez cette sensation quand on a fini un bon bouquin, on le ferme, on le touche, on le soupèse, on sait qu’il restera sur une etagere quelque part dans la maison….j’ai un pote qui voudrai que je lui prete, j’ai pas envie, ça se prete pas les bienveillantes…..Merci M.Littell.

    • coline sur 7 janvier 2007 à 16 h 30 min
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    Mon époux m’a offert l’ouvrage concerné pour Noël. Bien que méfiante depuis quelques années à l’égard des Goncourt -(j’ai détesté "La maîtresse de Brecht" que l’on m’avait offert) -, mon intérêt pour le livre de J. Littell a été éveillé lorsque j’ai entendu sur une radio des critiques mettre en parallèle "Les Bienveillantes" avec la "Mort est mon métier" (R. Merle) – ce dernier ouvrage étant pour moi une référence sur le mécanisme de la machine nazie.
    Je suis passionnée par cette période de notre histoire – germanophone et germanophile, l’aspect des choses côté allemand m’attire de plus en plus. Où furent les héros, qui furent les crapules, les collabos… nous connaissons bon nombre des acteurs directs bien que certains (à l’image d’Aue) ont échappé à l’histoire et à la punition ! Lorsque je me trouve en Allemagne et que je croise dans la rue des personnes susceptibles d’avoir vécu entre 38 et 45, je me pose cette question : "qu’ont-elles fait alors, quelles furent-elles à cette époque, ont-elles soutenu le régime nazi ou ont-elles eu le courage de se rebeller ? Car les choses en effet n’étaient pas aussi évidentes qu’on peut le penser, lorsqu’on replace tout dans le contexte (économique en particulier).

    Je dois dire que dès les premières pages des "Bienveillantes", j’ai été quelque peu rétive et décontenancée par l’usage de la première personne.
    Qui plus est, l’entrée directe dans l’action m’a un peu "déboussolée", mais au fil des pages (j’en suis à la moitié), je suis époustouflée par les références littéraires, l’excellente de la culture française sous-jacente et surtout surtout par le travail documentaire. La présentation directe des scènes, sans aucun(e)concession ni artifice, choque d’abord, effraie même … pour produire ensuite une sorte d’émerveillement face à ce gigantesque "culot" en matière figurative (scènes des assassinats dans les fosses communes par exemple).
    Je me plonge chaque soir dans ces mots, dans ces pages avec un bonheur indicible … et je pense comme nombre d’autres internautes qu’une seule lecture n’y suffira pas. Pour une fois, les Goncourt ont bien choisi … cela faisait si longtemps !
    Merci, cher Monsieur Littell !
    Coline

    • legende sur 7 janvier 2007 à 20 h 46 min
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    Après "Les particules élémentaires" de Houellebecq, je n’en finis pas d’explorer le côté obscur de l’âme humaine. Ce livre (les Bienveillantes) est un chef d’oeuvre absolu mais je n’en conseille absolument pas la lecture aux gens que j’aime et à celle qui me l’a offert sans l’avoir lu je pense, car le spectacle de la cruauté et de la perversion n’est pas de ceux que l’on expose à priori à ceux qui nous sont proches

    Dans ce livre, tout me parait à sa place, nécessaire, rien n’est en trop! : L’accumulation et la précision des grades, militaires et administratifs, la complexité des organigrammes, tout nous montre le côté bureaucratique de la société allemande de l’époque. Eh oui, le nazisme, tout comme le communisme est une vaste entreprise bureaucratique ou chacun à sa place, du bas en haut de la pyramide, effectue du mieux possible son petit bout de travail inhumain, ou le tortionnaire ne fait que traduire en acte le décret N° XYZ parut au Journal Officiel d’un Etat monstrueux. Le livre de Litell nous montre cela magistralement.

    Il y a aussi de temps à autre des pauses (que certains peuvent apeller "longueurs") dans l’insoutenable, des dialogues charmants entre gens de bonne compagnie, des respirations, des considérations historiques, sur les langues locales, les paysages, la musique, les coutumes locales, la philosophie …etc. Tout cela n’est pas superflu, au contraire car c’est d’ailleurs grace à cela que l’on peut réussir à lire la totalité du roman car 900 pages d’horreur absolue nécesitent un voyeurisme proche du sadisme qui ne sont heureusement pas dans la nature du commun des mortels.

    Enfin, trève de commentaire, faut que retourne à ma lecture.

    • peintre75 sur 8 janvier 2007 à 10 h 35 min
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    livre remarquableil . Il est évident que dans toutes les cultures, dans toutes les époques,n’importe qui peut faire n’importe quoi…

    • Marisade sur 13 janvier 2007 à 18 h 58 min
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    Aue fait référence à ce nazi qui se prenant pour un savant faisait des expériences sur des chats, leur coupait la queue et pariait que sa descendance naîtrait avec une moitié de queue. Il a écrit autour de ce qu’il prenait pour des expériences du plus haut intérêt. Dans le même recueil – qu’on peut acheter à Auschwitz – on peut lire aussi les mémoires d’Hösse, un moment commandant d’Auschwitz.
    Littell utilise le même ton que tous ces nazis, des vrais pros fiers de leur travail même s’ils le font en se bouchant un peu le nez.
    Contrairement à bcp d’entre vous, je n’arrive pas à le lire vite, alors que je suis plutôt papivore.
    Lorsque je suis prise dans le lyrisme – les pages sur le Caucase – j’en ai un peu honte, je me secoue…
    Régulièrement j’ai besoin de respirer un autre air. De la triche, direz-vous ! Il faudrait s’immerger, comme l’auteur, en s’interdisant l’oxygène ! Plonger dans l’expérience, devenir soi même objet d’une expérience d’intimité avec le Mal.

    Auriez-vous la teneur des commentaires de Lanzmann ? J’ai malheureusement raté son intervention au sujet du livre et ça m’intéresserait.

    • monnoyer sur 18 janvier 2007 à 12 h 02 min
    • Répondre

    Ce livre n’est pas à mettre dans toutes les mains bien qu’il soit époustouflant…
    I
    J’en retiens qu’il faut se méfier de toute idéologie qui à la prétention de faire le bonheur des uns tout en écrasant un certain nombre. je ne suis pas inquiet pour l’avenir de l’homme, seulement vigilant et suis certain de ne jamais devenir un bourreau ainsi que la plupart des hommes.

  23. Bonjour,

    01men organise un sondage sur l’homme de l’année. Venez voter [url=http://www.01men.com/contenu/448... et si vous avez le temps, passez poster un petit message [url=forum.01men.com/01men/peo… 😉

    Bonne journée. 😀

    • Alaric sur 31 janvier 2007 à 21 h 40 min
    • Répondre

    On a refusé la nationalité française à l’auteur….
    Quand je vois à qui on l’accorde parfois …..
    De l’antiaméricanisme primaire… pauvre France qui marche à l’envers.

    • jean-marc sur 2 février 2007 à 14 h 27 min
    • Répondre

    A l’attention de ceux qui n’arrivent pas à lire « Les Bienveillantes » car il est rébarbatif ou trop long. C’est une remarque qui s’applique à de nombreux autres chef d’œuvres Pour moi il y a deux sortes de lecteurs, ceux qui ont été capable de lire « La Montagne Magique », « Belle du Seigneur »… jusqu’au bout, et les autres.

    • Lydie sur 11 février 2007 à 19 h 55 min
    • Répondre

    Message à ma mère, qui m’a prêté le roman de Littell. "Tu sais que j’avance les bienveillantes? page 200 = 1/5ème du bouquin. Par contre, cela m’occasionne des nuits agitées, des cauchemars et même des malaises physiques vaguement nauséeux!!!Pas une bonne idée de lire ça avant de s’endormir… Jamais lu un truc pareil. Rien à voir avec le même sujet traité en documentaire. Le côté fiction/mémoires/écriture à la 1ère personne implique beaucoup plus le lecteur que lorsqu’il s’agit d’un doc. Il faut prendre partie en même temps qu’on lit, et s’accrocher à la RAISON et aux valeurs humanistes (complètement absentes du texte) pour ne pas basculer dans la logique de l’auteur, c’est à dire du héros, et réciproquement. C’est très fort au niveau des effets mêmes. Ca fait complètement réfléchir à la force des mots, à la limite de l’écrivable (il ne doit y en avoir aucune, à mon avis. Il vaut mieux des mots que des actes!), à la puissance de l’écriture. Super. Merci encore!L."

    • Michel S. sur 16 février 2007 à 12 h 17 min
    • Répondre

    Je viens de terminer hier soir la lecture de cet ouvrage "hors norme", et ce matin j’ai découvert ce blog et lu tous les commentaires passionnants. Les lecteurs ont aussi du talent !
    La construction du roman est exceptionnelle. Comment J. Littel s’y est-il pris pour maintenir la cohérence du récit pendant 900 pages ? Son esprit de synthèse est véritablement impressionnant et double avantageusement les qualités de l’analyse.
    J’ai éprouvé parfois un sentiment de gêne en m’attachant subrepticement au personnage du Dr Aue (sa culture, sa sensibilité artistique) et brusquement JL me ramenait à l’horreur. On n’en sort pas intact, et ce qui domine, c’est qu’on aurait pu être à la place de ce personnage ??? Je frissonne à cette pensée.

    • Florent Despes sur 17 février 2007 à 21 h 13 min
    • Répondre

    Pourqoi se poser tant de questions sur la personnalité de Littell ; s’il fait quelques fautes ou s’ils s’y sont mis à plusieurs pour écrire le roman ? Dès lors que le roman est imprimé et les premiers exemplaires livrés en librairie, il commence sa vie, indépendament de son auteur. On trouve normal d’ apprécier l’oeuvre de Céline sans pour autant adhérer aux convictions del’homme ; alors pitié, laissons M. Littell tranquile !

    • Ptiroque sur 20 février 2007 à 11 h 46 min
    • Répondre

    Loin de moi l’idée d’aller encore plus haut dans l’emphase et dans l’encensement de ce livre, mais je peux dire aujourd’hui (j’ai terminé le livre hier) qu’à 52 ans, j’ai connu ma première véritable EMOTION littéraire. Le personnage AUE m’a littéralement habité pendant 3 semaines… et je vais l’héberger en moi longtemps je pense.
    Je n’avais jamais connu cette sensation de manipulation du lecteur par l’écrivain:
    On passe en quelques pages du polar au roman de Sade, du documentaire historique à des considérations linguistiques passionnantes (bien qu’un peu difficiles à comprendre), le va et vient littéraire continue et vous ennivre.
    La manipulation vous fait perdre vos repères entre le bien et le mal, vous attache à un personnage qui fait tout pour vous dégouter.
    Elle m’a fait successivement supporter les 120 premières pages, dévorer les deux tiers du livre, et freiner ma lecture vers la fin , par peur de quitter cet "ami" qui m’a accompagné des heures durant, qui a touché en moi des choses indéfinissables et qui m’a bouleversé.
    C’est, pour moi, le livre d’un siècle. Du XXème siècle par le sujet, mais du XXIème par ce côté novateur, dérangeant, brillant, monumental.
    Merci pour ce cadeau infiniment précieux, M. l’écrivain.

    • boune sur 6 mars 2007 à 20 h 45 min
    • Répondre

    je suis en train de lire les bienveillantes c’est un ouvrage incomparable émouvant et cru a la fois les personnages bien qu’ayant participé au génocide prennent un visage humain ce qui n’est pas tache facile et je me suis particulièrement attachée a Voss merci Monsieur littel de votre beau cadeau

    • Rouquette B sur 7 mars 2007 à 19 h 51 min
    • Répondre

    Lorsque je termine un livre meme lorsque je ne l’aime pas je suis toujours triste c’est horrible, aussi je n’ose imaginer l’eampleur de ma tristesse lorsque je terminerai l’oeuvre. J’ai lu tous les commentaires et les ai trouvé très impressionants il est vrai que je me sens de trop par rapport a tant de culture. D’après moi Mr Littell a réussit un exploit on se surprend tou au long de la lecture a avoir de la sympathie pour Aue et cela fait très peur, parfois le pouvoir de l’ecrivain est tellement fort que je me dis que n’importe Qqui aurait pu etre a la place de Max. Je pense quand meme toujours au victimes et aux familles des victimes de ce génocide je ne prétend pas connaitre leur douleur mais je peux imaginer que cet ouvrage doit en choquer certains. Se dire qu’un homme a fait d’un des plus grands moments de terreur n évènement qui a prouvé encore une fois que l’homme est un loup pour l’homme soit aujourd’hui de la litterature. Je defendrais tout de meme J Littel en me disant qu’il s’interroge s’implement sur "qu’est ce que l’homme a pu infliger a un autre homme" et pas seulemnt a Auschwitz…

    • Rouquette B sur 7 mars 2007 à 19 h 52 min
    • Répondre

    Lorsque je termine un livre meme lorsque je ne l’aime pas je suis toujours triste c’est horrible, aussi je n’ose imaginer l’
    ampleur de ma tristesse lorsque je terminerai l’oeuvre. J’ai lu tous les commentaires et les ai trouvé très impressionants il est vrai que je me sens de trop par rapport a tant de culture. D’après moi Mr Littell a réussit un exploit on se surprend tou au long de la lecture a avoir de la sympathie pour Aue et cela fait très peur, parfois le pouvoir de l’ecrivain est tellement fort que je me dis que n’importe Qqui aurait pu etre a la place de Max. Je pense quand meme toujours au victimes et aux familles des victimes de ce génocide je ne prétend pas connaitre leur douleur mais je peux imaginer que cet ouvrage doit en choquer certains. Se dire qu’un homme a fait d’un des plus grands moments de terreur n évènement qui a prouvé encore une fois que l’homme est un loup pour l’homme soit aujourd’hui de la litterature. Je defendrais tout de meme J Littel en me disant qu’il s’interroge s’implement sur "qu’est ce que l’homme a pu infliger a un autre homme" et pas seulemnt a Auschwitz…

  24. comment ne pas avoir envie de lire ce livre après avoir lu tous ces commentaires très sensés. bravo à Rouquette B. on ne se sent quand même pas à la hauteur de certains des commentateurs, étant donné leur culture, mais c’est bien de les lire et d’appprendre encore; moi j’avais 14 ans en 1944 en France, et je n’oublierai jamais les horreurs de cette guerre. On retourne ses souvenirs comme une plaie mais on en a besoin, et c’est bien qu’un grand écrivain se soit penché sur ce qui s’est passé; personne ne doit jamais oublier. merci à ce site..

    • schmi sur 16 mars 2007 à 1 h 06 min
    • Répondre

    époustouflant. dommage qu’il n’ait pas eu droit a un lecteur qui maitrisait l’allemand. les fautes d’allemand dans le texte sont légions…

    • delphine c sur 31 mars 2007 à 21 h 56 min
    • Répondre

    J’ai lu le roman en essayant de rester détachée du personnage, qui tente de forcer la complicité en montrant son questionnement intérieur proprement humain. Mais je crois que sa dernière action, dans le dernier paragraphe du livre, montre que finalement il n’a fait que nous tromper. J’ai fini par le détester vraiment à ce moment là. Et je me suis dit, après y avoir presque cru à certains moments, que non, nous ne sommes pas tous des AUE.

  25. Ça sent le cadavre !
    On fait maintenant du fric et de la distinction sur des cadavres, comme l’ont fait les dictateurs du temps de leur pouvoir. A Paris c’est les Bienveillantes et à Strasbourg c’est Cher oncle Georges.
    Des millions de cadavres, d’humiliés, de torturés, d’assassinés, gazés, brûlés…par des meurtriers en puissance et des collabos de tout poil…qui ont participé pour s’enrichir, se promouvoir, se glorifier, ou par traîtrise, lâcheté, insouciance ou convoitise…
    La boue, la cloaque humaine dans laquelle les auteurs d’aujourd’hui remuent leurs plumes dans le but d’être édités, de faire fortune, promotion et d’être lauréats de prix littéraires. Se glorifier de titres, sur des cadavres et leurs histoires qui ne pourront jamais être écrites.
    Jamais la conscience des éditeurs n’a menacé de descendre aussi bas.
    Jamais un Goncourt n’a menacé de s’ériger aussi haut dans l’aberration.
    Ce genre de livres n’apporte rien de positif à l’esprit de la jeunesse et encore moins à son moral, et ne forge en rien son idéal.
    Ce qui serait bénéfique à la jeunesse d’aujourd’hui désorientée et désinformés par les médias: la presse, la télévision, le cinéma, les maisons d’éditions…, serait de ne réserver aucune ligne, aucune image, aucun commentaire à ceux qui tuent père et mère, aux escrocs , aux magouilleurs, aux politiciens corrompus, aux guerriers et dirigeants menteurs et despotes, et dont on étale au contraire leurs faits et méfaits en première page, des journaux, en avant sur les rayons des librairies, ou en tête de l’information à la télé… et dont on fait même des films.
    Cherchez un journal, une revue, un magazine, qui met en prière page, le beau, le juste, le vrai, l’idéal, le rêve, la poésie…le méritoire du vécu…l’exemplaire de vertu… bénéfique et instructif pour à la jeunesse et aux adultes…
    Pas un poème, pas une prose, pas une citation, pas un témoignage d’idéal ou de civisme. Absence totale de positivisme. Présence continuelle de négativisme.
    Non, des prix Goncourt de ce genre et les ouvrages de ce genre sont à rejeter.Laissez les historiens décrire la vérité.

  26. Ça sent le cadavre !
    On fait maintenant du fric et de la distinction sur des cadavres, comme l’ont fait les dictateurs du temps de leur pouvoir. A Paris c’est les Bienveillantes et à Strasbourg c’est Cher oncle Georges.
    Des millions de cadavres, d’humiliés, de torturés, d’assassinés, gazés, brûlés…par des meurtriers en puissance et des collabos de tout poil…qui ont participé pour s’enrichir, se promouvoir, se glorifier, ou par traîtrise, lâcheté, insouciance ou convoitise…
    La boue, la cloaque humaine dans laquelle les auteurs d’aujourd’hui remuent leurs plumes dans le but d’être édités, de faire fortune, promotion et d’être lauréats de prix littéraires. Se glorifier de titres, sur des cadavres et leurs histoires qui ne pourront jamais être écrites.
    Jamais la conscience des éditeurs n’a menacé de descendre aussi bas.
    Jamais un Goncourt n’a menacé de s’ériger aussi haut dans l’aberration.
    Ce genre de livres n’apporte rien de positif à l’esprit de la jeunesse et encore moins à son moral, et ne forge en rien son idéal.
    Ce qui serait bénéfique à la jeunesse d’aujourd’hui désorientée et désinformés par les médias: la presse, la télévision, le cinéma, les maisons d’éditions…, serait de ne réserver aucune ligne, aucune image, aucun commentaire à ceux qui tuent père et mère, aux escrocs , aux magouilleurs, aux politiciens corrompus, aux guerriers et dirigeants menteurs et despotes, et dont on étale au contraire leurs faits et méfaits en première page, des journaux, en avant sur les rayons des librairies, ou en tête de l’information à la télé… et dont on fait même des films.
    Cherchez un journal, une revue, un magazine, qui met en prière page, le beau, le juste, le vrai, l’idéal, le rêve, la poésie…le méritoire du vécu…l’exemplaire de vertu… bénéfique et instructif pour à la jeunesse et aux adultes…
    Pas un poème, pas une prose, pas une citation, pas un témoignage d’idéal ou de civisme. Absence totale de positivisme. Présence continuelle de négativisme.
    Non, des prix Goncourt de ce genre et les ouvrages de ce genre sont à rejeter.Laissez les historiens décrire la vérité.

    • Dr Strangegirl sur 24 mai 2007 à 18 h 21 min
    • Répondre

    Don’t let yourselves be tricked: this big brick does not say ANYTHING new about WWII and anything to overexcite Europe so much. Also Quentin Tarantino is able to realise a (funnier) nazisploiting story of queer SS.

    • LaBuna sur 29 juin 2007 à 14 h 11 min
    • Répondre

    J’avais deja laissé quelques commentaires constatant qu’ils ont été effacé(ce que je ne blâme pas biensur).J’ai lu quelques commentaires et je vois que ce roman n’est pas au goût de tout le monde. Que ce soit d’un coté ou de l’autre en tout cas il ne laisse personne indifferent!!!
    J’avais laissé quelques commentaires sans toutefois avoir fini de lire les Bienveillantes aujourd’hui je l’ai terminé et honnetement je n’ai rien compris a la dernière attitude de Aue. Est ce toujours à propos de cette loi du plus fort, la fameuse loi de la nature qu’il justifiai quelques pages avant ou un acte aucunement prémédité, une pulsion?

  27. Pour info, les commentaires ne sont jamais effacés donc soit ils ont été bloqués par l’antispam soit il y a eu un pb de transmission. Merci.

  28. Un roman qui m’a captivé du début à la fin. Il est troublant et nous ramène dans la puanteur et le dégoût des êtres qu’on appelle "humains"…

    • LaBuna sur 2 juillet 2007 à 14 h 09 min
    • Répondre

    Je vous prie de bien vouloir m’excusez Buzz littéraire j’avais mal lu et c’était sous un autre prénom! Encore désolé pour l’erreur

    • Darcoles sur 4 juillet 2007 à 0 h 13 min
    • Répondre

    Absolument incroyable, insuportable d’arrogance ? de masculinité ? Les hommes, nous les virils, les vrais, mis à nu dans toutes leurs ambiguités …. le bien , le mal , la vertu ? l’ideal ? …. ce livre fait véritablement peur à tous ceux qui entrent dans la vie avec des idéaux forts, avec une confiance souvent aveugle, avec la foi dans le système qu’ils servent…. et qui lisent ce livre 25 ans plus tard !
    Je m’étais toujours demandé comment ces concepts, comportements, decisions, actions aussi épouvatables avaient pu être conduit à une pareille échelle, par tout un peuple…. finalement, il semble que ce soit bien plus large que cela évidemment je m’en doutais mais comme souvent le "génial" est celui qui explique véritablement les évidences imposées…. Sans doute faut il toute la clairvoyance d’un gamin d’outre atlantique pour ouvrir nos yeux de vieux civilisés. On ne voit bien qu’avec le coeur ? Il semble pour pour cette fois, j’ aurai eu besoin de l’oeil pinéal de Max. Bonne chance à tous

    • David A. sur 14 juillet 2007 à 12 h 01 min
    • Répondre

    La vérité ne se trouve dans aucune de vos remarques. Il ne s’agissait peut-être pas, de toute évidence pour vous d’affirmer une vérité. Tant mieux, tout au plus chacun pense avoir trouvé une clé, au gré de ses représentations, des mécanismes, souvent de protection, que la lecture suscite. Je ne suis pas fasciné par Maximilien Aue dont les engagements sont peu clairs (l’idéal national-socialiste est un moteur mais il peut douter au point de faire vaciller son engagement, son attitude à l’égard du traitement destructeur des juifs est ambigüe mais il ne songe pas à les sauver pour autant etc etc). Riche, précise, coupante, l’écriture de JL est également ultra-rapide, fièvreuse et hagarde; le rythme qui confère la musicalité à son roman se rapproche de celui qui, dans la douleur, conduit Aue, régulièrement, à se vider, à expulser ce qui lui fait mal. L’oeil pinéal, amis lecteurs, c’est nous pour le meilleur et pour le pire; pas de fadeur dans cette écriture, pas de mièvrerie, pas de miel sucré : le choix est celui de l’aprêté, du spectacle du sang qui gonfle la tempe et parfois son sexe qui le fait souffrir, des fluides corporels qui ramènent en permanence à l’humanité du narrateur. L’extraordinaire "banalité du mal" n’est pas une invention des critiques, ni même de Littell, mais bien le constat calme et réfléchi de Hannah Arendt et d’autres historiens ou sociologues. C’est bien la réflexion que lui a imposé l’écoute des dépositions de Eichmann lors de son procès à Jérusalem. Dans la journée normale (banale) d’un soldat, policier ou officier supérieur, agent administratif ou chef de bureau d’une administration, le sang du juif qui coule, surtout quand il n’est pas visible, n’empêche pas d’aller à la cantine, au spectacle, d’embrasser sa femme ni même de lui faire plaisir. Le mal peut s’exprimer banalement. Littell nous le rappelle. Et souvent même très près de nous, à nos portes, dans nos vies. Mais quels mécanismes surgissent alors ? la question nous hante tous et certains témoignages en attestent. Il reste alors à savoir si ce mal est la conséquence d’inclinations/ tensions psychologiques personnelles plus ou moins visibles qu’ un régime aussi anormalement violent que le nazisme vient exalter ou si la structure sociale de l’Etat totalitaire (nazi en l’espèce) suscite, ou génère, ces comportements violents jusqu’à l’accomplissement du meutre. Browning, historien américain, spécialiste de la II GM et plus encore de la shoah et de ses mécanismes livre une analyse passionnante sur les comportements de policiers "ordinaires" du 10è batalillon de réserve de la police allemande au cours del’extermination des juifs de Pologne. Le résultat de son analyse glace d’effroi et souligne qu’en situation 80% de ces policiers ont procédé à l’exécution des ordres donnés, un tiers même avec application voire excitation. 20% des policiers ont refusé indiquant alors qu’il n’en était pas capables, au risque de passer pour des chiffes molles et de voir leur carrière s’embourber.
    Est-ce pour des motifs que personne ne peut s’avouer que le livre de Littell fait aussi peur et suscite parfois des réactions aussi démesurées ? Aussi violent et dur que soit le contenu de ce roman rien n’entame l’immense qualité de son écriture de sa structure et de passages lyriques qui contrebalancent le nombre important de banalités que nous assène Aue.

    • David A. sur 14 juillet 2007 à 12 h 07 min
    • Répondre

    Il faut lire le 101è bataillon de réserve et non 10è batalillon. Désolé pour cette erreur.

    • catherine sur 17 juillet 2007 à 10 h 51 min
    • Répondre

    Je suis glacée d’horreur…et pourtant je continue, je dévore, je recommence, page après page, je me fonds dans cette fange historique, essayant de comprendre tout en ne désirant rien comprendre, j’ai peur de la suite alors que je n’en suis qu’à la moitié du bouquin, dois-je continuer, dois-je arrêter ???

    • David A. sur 19 juillet 2007 à 17 h 35 min
    • Répondre

    la lecture des Bienveillantes ne laisse jamais indifférent; elle frappe, indispose et s’insinue. S’il ne paraît pas nécessaire de s’imposer la lecture de ce livre il peut être salutaire de faire quelques arrêts, puis reprendre. Le rythme de l’ouvrage permet au lecteur de respirer mais très brièvement avant de poursuivre le ventre, et le cerveau, noués.

    • marsouin sur 23 juillet 2007 à 18 h 42 min
    • Répondre

    Pour Catherine du 17 courant : il faut continuer , boire le calice jusqu’à la nausée : c’est la condition pour tout comprendre de Max ! Bon courage , tenez bon !

    • Simon sur 2 août 2007 à 19 h 14 min
    • Répondre

    Je viens de le lire et de découvrir ce forum, et je suis épaté par l’engouement suscité par cet ouvrage. Bien sûr il s’agit d’un travail collosal, impressionant de documentation, d’un pavé dense qui traite d’un sujet grave et qui en traite bien, comme peut-être jamais auparavant. Mais, puisqu’il s’agit d’un Goncourt, prix littéraire par excellence, je dois avoué que j’ai pour ma part été très déçu par l’écriture elle-même. Peu ou pas de style propre, et une façon très cinématographique de construire le récit. Où sont les Auteurs ?

    • Garance sur 19 août 2007 à 12 h 32 min
    • Répondre

    Je viens de terminer « les bienveillantes »… un second voyage au bout de la nuit en somme… J’ai lu ce livre parce que je respecte la personne qui me l’a offert…
    Je suis saisie encore par la facilité avec laquelle j’ai revisité cet univers innommable…
    Quand on a lu Lévi et Semprun et d’autres témoignages on se dit que tout a été écrit, et pourtant… Littell à son tour a ressuscité cet effroyable passé en y alliant minutieusement le réel et la fiction. On ne peut que s’incliner face à ses recherches historiques où se mêlent des réflexions à la fois anthropologiques, linguistiques, philosophiques et biologiques (la sélection naturelle de Darwin y est douloureusement présente…)
    Quant au personnage principal, d’apparence plutôt ordinaire mais qui ne semble pas avoir fait le deuil de l’absence du père, l’auteur se chargera alors d’en faire un être bien singulier. Outre son homosexualité, il sera à la fois criminel de guerre, incestueux, matricide, trépané, sans parler de ses fantasmes et délires pas très sains (pas surprenant quand on sait que l’auteur est un fervent lecteur du Marquis de Sade et de Jean Genet). Sans parler du contexte historique, Littell n’a pas été avare sur les travers sombres de l’espère humaine, le manichéisme avec sa question du mal pèse lourd. Paradoxalement, il donne cependant à son personnage un sens de l’observation et de l’analyse assez lucide face aux événements. Outre la dominance de l’idéologie raciste d’Hitler, on mesure aussi les rôles qu’ont joué la politique et l’économie. Concernant ces deux dernières, évident aussi de les replacer dans le monde actuel et de penser à l’influence qu’elles ont et à leurs conséquences.
    Autour de moi, personne ne s’est risqué à lire ce pavé, j’en ai seulement discuté brièvement avec un libraire. Je n’ai pas non plus été trop tentée de composer de florilèges, hormis quelques réflexions philosophiques dont j’ai biffé, çà et là, quelques paragraphes, dont celui-ci par exemple :

    « Débarrassée de ses oripeaux et de sa vaine agitation, la vie humaine se réduisait à guère plus que cela ; une fois que l’on s’était reproduit, on avait atteint la finalité de l’espèce ; et quant à sa propre finalité, ce n’était qu’un leurre, une stimulation pour s’encourager à se lever le matin : mais si l’on examinait la chose objectivement, comme je pensais pouvoir le faire, l’inutilité de tous ces efforts était patente, tout comme l’était la reproduction elle-même, puisqu’elle ne servait qu’à produire de nouvelles inutilités. Et ainsi je venais à penser : le camp lui-même, avec toute sa rigidité de son organisation, sa violence absurde, sa hiérarchie méticuleuse, ne serait-il il qu’une métaphore, une reductio ad absurdum de la vie de tous les jours ? »
    p. 572

    Je suis passée au travers des critiques qui ont suivi la parution de ce livre, je suis donc curieuse d’en savoir davantage sur ce jeune auteur peu banal et apparemment discret, car il ne me semble pas l’avoir entendu à la radio, ni vu sur les plateaux d’émissions littéraires.
    Cette lecture n’a de bienveillante que son titre, qui m’a d’ailleurs beaucoup interpellée. En creusant, j’ai découvert que Littell l’avait emprunté à Eyschyle qui dans les Euménides fait intervenir ces fameuses divinités cruelles et vengeresses appelées : « les bienveillantes ».

    Il me faudra un certain temps avant que se dissipent les images sombres suscitées par cette lecture… Mais d’ici-là j’espère, d’autres textes m’y auront aidée…

    Pour conclure, ce texte de Primo Levi, car difficile aussi de ne pas avoir eu une pensée pour lui :

    « Peut-être pourrons-nous survivre aux maladies et échapper aux sélections, peut-être même résister au travail et à la faim qui nous consument ? […]. Nous avons voyagé jusqu’ici dans les wagons plombés, nous avons vu nos femmes et nos enfants partir pour le néant ; et nous, devenus esclaves, nous avons fait cent fois le parcours monotone de la bête au travail, morts à nous-mêmes avant de mourir à la vie, anonymement. Nous ne reviendrons pas. Personne ne sortira d’ici, qui pourrait porter au monde, avec le signe imprimé dans sa chair, la sinistre nouvelle de ce que l’homme, à Auschwitz, a pu faire d’un autre homme. »

    Primo Levi,
    Si c’est un homme, 1947

    • garance sur 19 août 2007 à 14 h 24 min
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    Je viens de lire rapidement les commentaires des unes et des autres… Je me sens donc un peu moins seule…
    Je trouve très bien ce blog qui sucsite l’échange… Je suis aussi tout à fait admirative de certains commentaires… même si je suis décalée dans le temps… j’ai apprécié de vous lire. Merci.

    • tomenys sur 23 août 2007 à 15 h 50 min
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    Un ouvrage fort passionant désormais certains parties du récit deviennent trops longues, surtout vers la fin! très bien documenté mais j’ai trouvé une érreur,Max Aue déguste du Fendant comme un vin qui vient de Genève et le Fendant c’est un vin Valaisan.
    A part ça un roman a pas rater! valaisan!

    • Franck sur 29 août 2007 à 10 h 36 min
    • Répondre

    Je ne suis pas un lecteur assidu et encore moins rapide. Reçu à Noël, je viens de le terminer …
    Très intéressant de lire, sur ce site, les avis des passionnés de lecture, surtout les références littéraires dans lesquelles je vais puiser. Je m’étais interdis de me renseigner sur l’auteur et de lire les critiques avant, pour ne pas être pollué et préserver la découverte du livre.
    Ado, je lisais Sven Hassel. Le coté crade ne m’a pas impressionné. Par contre il faut vraiment s’accrocher pour la hiérarchie tant militaire que politique !

    Pour moi, les jumeaux sont de lui. C’est ce qui provoque le massacre à la hache, et qu’ils en survivent.
    La fin m’a surpris ! Pourquoi tuer son ami et protecteur ? Pour mieux fuir ? Ils auraient pu le faire ensemble ! Pour mieux disparaître, sans laisser de témoins ? J’aimerai bien avoir vos avis.

    • David A. sur 9 septembre 2007 à 20 h 15 min
    • Répondre

    Pour tenter de répondre à la question de Franck : Aue est un individu qui ne laisse rien au hasard, que ce soit dans sa vie ou dans son activité professionnelle. Officier intelligent, habile, même s’il est parfois entêté au point d’agacer ses collègues (hiérarchie ou non), il ne peut laisser sa "sortie" orchestrée par le hasard; son ami et protecteur d’hier, qu’il a souvent envié (carrière, aisance, femmes…), peut très rapidement devenir embarrassant surtout, si l’on remet dans le contexte historique, que la fin de la guerre marque l’ouverture d’une période folle où le "chacun pour soi" domine. Il vaut mieux, c’est l’option retenue pour beaucoup, rejoindre rapidement l’anonymat, se glisser dans de nouveaux vêtements : celui de l’allemand banal après avoir été un bourreau ordinaire.

    • Philip sur 18 octobre 2007 à 17 h 13 min
    • Répondre

    Epoustouflant ! Comme beaucoup je me suis noyé dans l’organisation administrative, servant de colonne vertébrale à cette sauvagerie, "schweinerei", mais, à postériori, je pense que c’est un chemin qu’il faut emprunter, pas-à-pas, si l’on veut saisir toute la force de l’organisation, de l’implacable rationalité et des responsabilités totalement assumées par les auteurs de cette "humaine oeuvre macabre" . Malheureusement il ne peut s’agir d’une oraison funèbre à la lumière des expériences de l’auteur dans le domaine de la guerre . Je veux y voir, plutôt, un rappel à la mémoire, un avertissement pour le présent immédiat, une mise en garde face à la mutiplication, ça et là, au travers du monde de l’expression de la haine de l’autre portée jusqu’à son éradication totale .
    Ce voyage au coeur de la nuit, tellement noire qu’on arrive à ne plus se "ressentir" soi-même jusqu’à perdre la sensation même de vivre, est à faire si l’on refuse de succomber à la mécanisation de la pensée, voire à son formatage clinique .
    Aue, l’"hermaphrodite", tente vainement, tout au long du récit de combattre le doute qu’il ne nommera jamais, préfférant se réfugier dans son "travail" rigoureux, sans passion, et dans sa frustration traumatique sexuelle . Au-delà de la raison, au-delà de la nature .
    Le réalisme, la minutie, avec lequel Littell écrit est "télévisuellement" neutre . C’est froid, exhaustif et fidéle, sans concession .
    C’est, évidemment, un livre dérangeant pour l’immense cruauté exposé, mais un livre à lire et à méditer . Car, dans un tel contexte, Aue nous est-il si étranger ? Ne sommes nous pas l’autre de quelqu’un ? Le bourreau ou la victime …

    • alf sur 5 décembre 2007 à 19 h 29 min
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    Je ne parle pas français et l’ai lu en italien (traduction trés vite). Je suis psychologue et criminologue à l’université et je le trouve un merveilleux example de la banalité du mal. Je vais à l’utiliser avec les étudiants…

  29. heureusement qu’il a eu un prix, sinon personne n’aurait ouvert cette chose. Jamais je n’avais lu quelque chose (sic) comme cela ( je peux me vanter d’être une des rare à l’avoir lu jusqu’au bout, mais en sautant des paragraphes, voire des chapitres), et du point de vue du contenu cynique, monstrueux et froid à souhait, j’espère qu’il n’y en aura pas d’autre ! et du point de vue de la forme : une écriture a-lingue où les tournures ne choisissent pas entre le français, l’allemand, et l’anglais. Trouvez quelqu’un qui vous le prête, il le fera volontiers, il y a un coté pestiféré dans la chose qui fait qu’on est content de s’en débarrasser provisoirement, et tapez vous les 100 premières pages pour voir ? C’est une expérience. Et si vous voulez pire, si vous supportez, allez voir du coté de la page 600. .. avec un mouchoir. Plus, ce n’est pas utile.

    • Danfong sur 22 décembre 2007 à 4 h 36 min
    • Répondre

    Assommé moi aussi à la sortie des dernières pages… mais s’il fallait trouver des failles.. une faille… là où ça semble vraiment, pour le coup, flotter "léger, léger" dans l’exercice de construction du récit, c’est quand l’auteur verse dans une taxinomie des figures de l’extrème-droite française post-maurassienne (ses passages à "je suis partout")en plaquant ça des noms comme s’il les avait sortis des pages blanches d’un annuaire ; une sorte de collage d’élève de beaux-arts, une recherche de rimes, de télescopages esthétiques… il rencontre même Céline… (Mais n’est-ce pas Littell plutôt que Aue qui arrange cette rencontre?)

    • jp44c sur 17 janvier 2008 à 18 h 18 min
    • Répondre

    Comparer ce bouquin à Malhraux une plaisanterie, pourquoi pas Colette ? Préciitez vous sur le voyage au bout de la nuit de Céline, vous découvrirer des similitudes !

    • petit cheval fou sur 10 février 2008 à 9 h 35 min
    • Répondre

    Je viens de finir "les bienveillantes". Ouf, pour un "rapport militaire" c’est pas trop mal écrit. De là à lui donner le Goncourt ? heureusement juste après j’ai vu l’émission consacrée à Felix Kersten, médecin du diable … Et puis j’ai refeuilleté Primo Levi? Au fait, Levi a t’il obtenu un prix ? Fersten en tout cas n’a jamais été cité parmi les Justes …Quelle saleté…

  30. Au sujet de l’édition allemande ( le phénomène littéraire est arrivé en Allemagne le 24-02-2007), ne pas manquer l’émission documentaire sur le roman du jeudi 28-02-2008 sur ARTE ( 22 h 45 ). Pour ceux qui ne les auraient pas écoutées , se reporter aux 2 conférences de l’Ecole Normale Supérieure du 24 avril 2007 ( téléchargeables )

    • Jeune fille sur 15 mars 2008 à 13 h 47 min
    • Répondre

    Bonjour, je doit être une des plus jeune lectrice de ce "roman" étant donné que j’ai 16ans. Je me demandais pourquoi Aue tua Thomas? Par pure instinct de survie? Cela ne lui ressemble pas vraiment… Et pourquoi Le Doktor Aue n’a-t-il pas avoué aux lecteurs son parricide? Merci beaucoup de me laisser vos impressions.

    • anny sur 20 mars 2008 à 12 h 15 min
    • Répondre

    Je le relis, il le fallait. Après sa première lecture en été 2006, avant ce grand mouvement médiatique de son prix Gongourt, et l’impression étrange de lire une oeuvre exceptionnelle, je me suis retrouvée devant ma conscience et la question de mon attrait pour cette période. je veux savoir, je pensais avoir aborder déja une énorme part de ce savoir mais le sujet est immense. Je avalé ce livre comme une chose nécessaire et ma quête se poursuit. Après les travaux du père DESBOIS publiés actuellement, deux ans après les Bienveillantes, il fallait que je repenne ce texte car Raoul HILBERG, Vassili GROSSMAN et d’autres (Robert Merle, La mort est mon métier ou SCHMIT, La part de l’autre, livres témoignages etc…) aussi puissants et talentueux soient-ils, me laissent un désir, j’espère pas trop malsain de continuer ma quête sur la SHOA et d’essayer de comprendre. Les Bienveillantes, à lire absolument et relire après quelques mois tant le malaise est profond la première fois.

  31. Moi aussi j’aimerai vous lançer des pavés dans vos gueules.Il vous faut lire 1000 pages pour savoir que le commun des mortels est mortellement cruel,si tu veux une idée de l’infini…cherche du coté de la betise….et la cruauté sa soeur n’est pas loin…

    • Remi sur 13 avril 2008 à 20 h 11 min
    • Répondre

    Voila terminée la lecture de ce livre capital.Il faut dépasser la période ou l’histoire semble s’arréter.ET pourtant !Je me souviens de mon lycée où un matin d’hiver l’ensemble des élèves fût mené dans le grand hall où "Nacht und Nebel" était projeté.Longtemps ce film m’a habité et je pensais réellement que pareilles horeurs ne pouvaient se revivre. Puis il y eu Sarajevo, Grosny, Kaboul Bagdad et tant d’autres.
    En plus de tout ce que les bienveillantes m’ont laissé (il me faut les relire, j’y compte bien)personne ici n’a parlé du rapport particulier qu’a Litell à la nature, aux arbres aux marais et aux brumes, à la terre et aux paysans, aux ciels et aux atmosphères. Sans l’horreur effroyable, il y a un peu du Grand Meaulnes.Surtout lorsque l’on s’égare.

  32. Le temps passe et les lectures approfondies du roman de J. Littell relativisent les commentaires d’Edouard Husson et de Michel Terestchenko. Jean Solchany pour la recherche historique et Florence Mercier-Leca pour la littérature , et quelques autres , de plus en plus nombreux, ne considèrent plus « Les Bienveillantes» comme un canular . Sans reprendre les propos hyperboliques de certains ( Georges Nivat , Pierre Nora et bien d’autres ) ceux qui ont lu et relu le livre énonce les qualités de cet événement littéraire. Jamais en 60 ans , une oeuvre artistique n’a pu rendre sur ce sujet ( l’apocalypse européenne pendant la seconde guerre mondiale ) , à ce niveau d’incandescence , l’effet de Réel qui émerge de cette narration. Comme le dit Solchany c’est un roman qui réussit là où le cinéma n’a jusqu’à aujourd’hui pas totalement convaincu. Peu d’oeuvres littéraires ont contribué de manière aussi efficace au «devoir de mémoire». La fiction , le témoignage et le livre scientifique constituent 3 approches différentes et non concurrentes du nazisme et de l’extermination des juifs. Certains lecteurs ne semblent pas prêts à reconnaître la légitimité de la démarche fictionnelle, alors que cette dernière jouera à l’avenir un rôle croissant dans la prise de conscience de la monstruosité du nazisme.L’intervention des intellectuels dans le débat critique est indispensable, mais il y a des limites à l’expertise historienne. S’exprimer sur le rapport à la vérité lorsqu’il s’agit de littérature( ou de cinéma ) présuppose une grande prudence.Les historiens ne doivent pas ruiner leur crédit en souscrivant à un fondamentalisme hypercritique qui conduit à assassiner un roman qui ne mérite pas un tel traitement. « Les Bienveillantes» apparaissent comme un texte exigeant. Il sollicite diverses compétences du lecteur et pas seulement culturelles.

    • Olivier sur 16 juillet 2008 à 17 h 12 min
    • Répondre

    J’ai termine le bouquin hier, apres un mois de lecture. Avec le sentiment d’avoir eu affaire a un monumental chef d’oeuvre. Des scenes insoutenables, des centaines de personnages fictifs ou reels, et sans jamais savoir ce que la page suivante nous reserve… Les descriptions de Stalingrad et de la chute de Berlin sont hallucinantes, on dirait que Littell y etait, tellement c’est vivant et bourre de details insolites. Chapeau a un auteur dont le francais n’est pas la langue maternelle: 1400 pages (en Folio), pas un faute, si une toute petite, de syntaxe. A relire dans quelques annees.

    • Joëlle sur 14 mai 2009 à 19 h 06 min
    • Répondre

    Plus que 80 pages environ, et j’aurai le plaisir d’être arrivée au bout. Je ne regrette pas l’effort, si je n’avais pas tant de grands livres à lire encore, j’aimerais recommencer.
    Ma première impression recoupe l’analyse de Lyonel, ci-dessus : cette narration dit et montre beaucoup plus que les films de fictions ou de témoignages. Les faits, les histoires, les impressions sont mieux décrits et précisés avec des mots, des litanies de mots, des paragaphes, des dialogues, des descriptions, des explications et des digressions. Les mots happent le réel qu’ils montrent, nous le mettent sous les yeux, avec un pouvoir hallucinatoire incomparable.
    La narration nette, claire, ne laisse rien dans l’ombre ou le flou. C’est impitoyable, implacable, sans ellipse, sans répit, sans pardon.

    • Un lycéen ayant une prof pourri et étant obligé de chercher ses plans pour l' oral sur internet sur 4 juillet 2010 à 10 h 14 min
    • Répondre

    Bien, ou pas, je ne sais pas, la seule chose que je sais, c’ est qu’ il est assez difficile de trouver une analyse littéraire du début du livre sur internet.
    C’ est un peu la galère donc.

    • lalalala sur 18 février 2011 à 11 h 43 min
    • Répondre

    Magnifique livre!!! Il traite à la fois de la guerre (historique, donc)et de la philosophie (Kant,Marx et le communisme etc…). Très instructif et en même temps tellement fluide…Un des meilleurs livres que j’aie jamais lus.
    Un des passages qui m’a marqué est la discussion entre Max et un soldat (capitaine?) ukrainien sur les points communs entre le communisme (bolchevisme) et le nazisme. L’Ukrainien prétendait que les nazis s’étaient inspirés de leurs doctrines en beaucoup de points: économie, idéologie. Je conseille ce livre à tous les férus d’histoire!

    • regall sur 4 avril 2011 à 10 h 01 min
    • Répondre

    Assommé, je viens de finir ce pavé.
    Fastidieux et rébarbatif : les intrigues et rivalités dans l’armée et l’administration allemandes nous"gonflent", les grades allemands à rallonges nous rebutent.

    Roman très noir, atrocités à la pelle : massacres insoutenables, gazages… L’horreur de la guerre arrive à son comble à Stalingrad et à Berlin.
    Le héros, Aue, est un malade des boyaux de la tête ( relire le délire érotico-incestueux du chapitre Air, assez étonnant ). Je ne lui trouve aucun côté sympathique ou humain.

    Il faut se forcer à lire ce bouquin jusqu’au bout, jusqu’à en dégueuler. Il faut ingurgiter cette période de l’histoire puis la vomir mais ne pas l’oublier.

    Je vais relire ce bouquin, lentement, à petites doses…..

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