La Condition littéraire ou peut-on vivre de sa plume ? L’exemple d’Ayerdhal

Si une poignée d’écrivains « bankable » peut vivre de confortables à-valoirs, 98 % des écrivains exercent un autre métier pour vivre. Le sociologue Bernard Lahire a étudié plus précisement leurs conditions de vie. Son enquête, menée en 2004 et en 2005, s’appuie sur 503 écrivains, nés ou vivant et travaillant en région Rhône-Alpes paraît en cette rentrée littéraire. Voici quelques uns de ses ensignements et le témoignage de l’écrivain de science fiction Ayerdhal :

« 71 % des écrivains ont un niveau d’études supérieur ou égal à bac + 2 – c’est une surreprésentation massive par rapport à la proportion nationale, qui est de 17 %. Ce qui est assez incroyable, c’est qu’il n’y a pas de condition d’entrée dans le jeu littéraire, pas de diplôme exigé. On assiste donc à un phénomène d’autocensure : des personnes moins diplômées ne s’autorisent pas à écrire et à publier. »

« Autre tendance forte : les écrivains ont une position sociale personnelle assez élevée. Ainsi, 64 % d’entre eux exercent, en guise de second métier, une profession qui les rattache à la catégorie des cadres et professions intellectuelles supérieures. »

« Le romancier de science-fiction Ayerdhal est un des rares à vivre de sa plume. Mais, pour y parvenir, il est contraint de publier un livre à peu près tous les ans, et de le vendre à quelque 10 000 exemplaires. Cette obligation finit par le faire douter de son envie d’écrire. Il en vient même à se demander s’il n’aurait pas dû exercer un second métier, afin de pouvoir vivre l’écriture comme une vocation, une passion, et non comme une obligation. Franz Kafka, lui aussi, dans son journal, doute de l’intérêt qu’il y aurait pour lui à arrêter d’exercer un second métier, parce qu’il sait qu’il n’écrit pas suffisamment pour vivre de ses livres, et qu’il écrit des livres trop singuliers pour espérer de gros tirages. »

A lire aussi : notre article sur « La double vie des écrivains »

Propos extraits de l’interview complète disponible sur Télérama (via la Librairie Caractères)

A lire : « La condition littéraire, La double vie des écrivains », éd. La Découverte, 624 p., 25 € (en librairie le 31 août).

5 Commentaires

Passer au formulaire de commentaire

    • Evanesca sur 24 août 2006 à 18 h 51 min
    • Répondre

    oui mais ce qui serait interessant de connaitre c est le montant de leur revenu justement !
    et est ce qu une etude sur la region rhones alpes est vraiment reprensetative??

  1. Evanessa, voici des infos complémentaires :

    10% seulement en ont tiré plus de la moitié de leurs revenus et le mieux loti est une exception avec plus de 79.000 euros de droits.

    Une autre info intéressante :
    "les plus professionnels d’un point de vue littéraire, ceux qui mettent le plus d’art dans ce qu’ils font" sont ceux qui ont le moins de chances de vivre des revenus de leurs publications.

  2. ça fait peur…:-)

    • clmdeg sur 6 février 2007 à 10 h 41 min
    • Répondre

    J’ai lu ce livre, et toute cette étude est, je pense, très représentative de la vie menée par la plupart des écrivains actuels. Et en effets, les résultats sont assez choquants. Pas étonnant que le niveau de culture de la France régresse si vite.

    • joueur sur 13 mars 2009 à 0 h 09 min
    • Répondre

    C’est bien vrai que la plupart des grands auteurs ne se voit pas reconnue qu’aprè sa mort. Les JK Rowlings et Stephen Kings de ce monde ne sont qu’une minorité.

Répondre à Evanesca Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.