Stéphane Audeguy, lauréat du prix des Deux-Magots 2007

L’autre prix du mythique café littéraire de Saint Germain des Prés (après le Prix de Flore) vient d’être décerné à Stéphane Audeguy pour son ambitieux roman picaresque « Fils unique ».

Le 74e prix des Deux-Magots 2007 a été décerné le 30 janvier à Stéphane Audeguy pour Fils unique (Gallimard), élu face à Benoît Duteurtre pour « Chemin de fer » aux Editions Fayard et Antoine Piazza pour « Les ronces » aux Editions du Rouergue.

A propos de « Fils unique » de Stéphane Audeguy : Né de quelques lignes des «Confessions » (« Enfin mon frère tourna si mal qu’il s’enfuit et disparut tout à fait. Quelque temps après on sut qu’il était en Allemagne. Il n’écrivit pas une seule fois. On n’a plus eu de nouvelles depuis ce temps-là, et voilà comment je suis demeuré fils unique. ») où Jean-Jacques Rousseau y évoque son frère, contraint à vingt ans de quitter Genève où il était recherché (et enfermé en maison de correction), ce roman rend hommage à ce frère aîné oublié.

L’auteur se glisse dans sa peau et imagine, sous forme de confessions, son existence dans la France des lumières, la France de Voltaire, en plein éveil démocratique, où science et libertinage s’unissaient au grand dam de la religion…

De son apprentissage en horlogerie à Genève aux maisons closes qui font la célébrité de la capitale française (où il officiera en tant que factotum), jusqu’aux cercles libertins et licencieux qu’il infiltrera (et concoctera par exemple des godemichés et autres automates forniquant à la demande à la grande joie des salons parisiens…), avant d’être embastillé… Le lecteur suivra le jeune François dans son apprentissage du sexe et du plaisir qui le convraincra que l’intérêt de la vie réside dans la jouissance et la débauche.

En trois chapitres à la langue érudite, baroque et précieuse, étonamment fidèle à l’époque, non sans évoquer celle de l’auteur des « Infortunes de la vertu », il ressuscite le vent de liberté, la soif de savoir, de création et l’épicurisme qui baignent alors le pays. Et de croiser sur son chemin toute son intelligentsia : Vaucanson, Damiens mais surtout Sade et de Launay, son geôlier… Un roman ultra documenté, picaresque et sulfureux (à lire après les Confessions du frère cadet…) ! Auquel certains ont toutefois reproché de n’être qu’un exercice de style historique et non un roman à part entière…

1 Commentaire

  1. Après la Vénus anatomique de X. Mauméjean dont nous avions parlé il y a peu de temps (enfin, l’an passé quand même !) voici, pour les amateurs, une autre uchronie, sous la forme des fausses mémoires du vrai frère de Jean-Jacques Rousseau : Fils unique de Stéphane Audeguy.
    Même période (le début du XVIII° et Louis XV) et même air du temps : les Lumières d’avant les bouleversements révolutionnaires et les automates (on y croise de nouveau Vaucanson et son canard qui crotte, décidément !).
    Le tout sur un ton très libertin puisque ce frère coquin de JJ. Rousseau s’essaye consciencieusement à toutes les polissonneries de son époque, et va même jusqu’à côtoyer le marquis de Sade à la Bastille.
    Le style de S. Audeguy est plus travaillé que celui de X. Mauméjean, son roman historique est plus classique mais aussi plus rigoureux.

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