Les auteurs se présentent : « Eden-sur-Seine » d’Olivier Berthelot

Olivier Berthelot auteur d’un premier roman dans la veine des « politique fictions » très en vogue actuellement, aux éditions Punctum, nous a écrit pour se présenter à vous : « Bonjour, jeune auteur (au sens du buzz, Eden-sur-Seine est un premier roman), je vous invite à découvrir ce qu’un blog (100di) a qualifié d’« O.L.N.I. », (Objet Littéraire Non Identifié). Qu’en est-il exactement ? On peut avoir différentes lectures de ce roman que je pourrai qualifier de « roman d’amour, politique, féministe et pornographique ».

Un roman d’amour : J’ai écrit Eden-sur-Seine en cherchant à répondre à cette question qui transcende l’humanité : peut-on dire à une femme « tu es la femme de ma vie » ? (Je me place là, dans le contexte d’une relation hétérosexuelle, mais la question marche quelles que soient nos préférences).
Voir cet extrait du roman :
« Une navette de la police fluviale sillonnait le canal à la recherche d’un corps. La nouvelle avait fait la une du Parisien « Suicide à l’eau douce ». Gabriel avait du suicide une vision romanesque. C’était le seul acte de la vie qui ne dépendait pas du hasard. De tout temps, l’esclave comme le roi, le salarié comme le patron, tous avaient été libres de choisir l’heure de leur mort. Mais pas de choisir la femme de leur vie. La soumission au hasard amoureux est sans doute la seule autre véritable unité de l’humanité. De par le monde aucun homme, aucune femme n’a jamais été à même de dire « je t’aime » sans savoir qu’à une seconde près, à un lacet défait, le même engagement auraient pu être adressé à une autre personne. Comment être sincère en amour quand le hasard a choisi pour vous ? Plus il y pensait, plus Gabriel se perdait dans l’incompréhension. »

Dans Eden, je propose une piste pour s’affranchir de cette contrainte du hasard amoureux. Elle est atypique. Elle pourrait se révéler politique.

Un roman politique : Aujourd’hui, la politique ne semble plus pouvoir changer le monde. Et nous sommes tous désabusés, sans illusions. Est-ce le début de la sagesse ou au contraire, les prémices d’une abdication citoyenne source de danger pour nos libertés et notre avenir d’être humain ? Militant engagé en politique, j’ai souvent été confronté à cette question.

Pour moi, l’écriture romanesque peut être une manière de combattre ce renoncement. C’est l’occasion de redonner espoir, de rendre à chacun le désir des lendemains qui chantent pour qu’il ne soient, non pas demain, mais aujourd’hui. Pouvoir dire à l’encontre de Thorez, et sans récupération sarkozienne, « oui, tout est possible, maintenant, et à toute vitesse » !

Et pour ancrer mes personnages dans le monde réels, pour symboliser que l’avenir politique ne passe plus forcément par Paris, mais bien plutôt dans ce monde en jachère qu’est au yeux de beaucoup la banlieue, j’ai choisi de mettre en scène des hommes et des femmes réels : Patrick Braouezec, député de Saint-Denis, Jack Ralite, sénateur d’Aubervilliers, mais aussi Micahel Moore ou Brigitte Lahaie.

Extrait :
« Après une rapide introduction, Patrick Braouezec donna la parole à Gabriel. A ses côtés, Eléonore, une jeune brune coupée au carré et aux formes généreuses, spécialisée dans la communication politique, lui fit un geste d’encouragement. Il se lança.
– J’ai comme vous assisté à l’incroyable chute des idéaux qui a mené l’extrême droite aux portes de la présidence. Comme vous, je me suis réveillé en me disant : plus jamais ça. Si nous sommes ensemble ce soir, c’est parce que nous avons, Patrick et moi, une proposition à vous soumettre.

Tous écoutaient. Impassibles.
– Les partis ont perdu leur crédibilité en se soumettant aux contraintes économiques et sociales. Ils on ainsi perdu leur légitimité démocratique en devenant des usines à sélectionner les notables…
Gabriel dessina d’une parole sûre la fin de la crédibilité des hommes et des combats politiques. Puis, sans préavis, il décida de brusquer son annonce.
– Face à cette défaite citoyenne, je vais vous parler d’amour.
L’effet fut immédiat.
– Ça y est, il disjoncte !
– Ah l’amour… Je me souviens en 36, on tournait La Marseillaise et il y avait une petite…
– Jack, laisse Gabriel reprendre, tu veux bien ?
– En me promenant le long du canal, j’ai lu cette inscription peinte en grandes lettres rouges : « Politisez vos inquiétudes ».
– Ah ! De la poésie !
– Merci Jack. Oui, « politisez vos inquiétudes ». Ce slogan m’a interpellé. Il m’a ramené à une interrogation sur l’amour qui pourrait transcender les désillusions politiques. Peut-on dire à une femme : tu es l’amour de ma vie ?
 »

Cet extrait vous paraît ouvrir une voie incertaine ? Allez donc voir sur le blog de Clémentine Autain ce qu’elle en pense… !

Un roman féministe et pornographique : En écrivant Eden-sur-Seine, je m’étais laissé aller à imaginer le bandeau rouge (rouge, forcément rouge) qui barrerait la couverture : un roman politique, féministe et pornographique. Je songeais à l’efficacité mercantile d’une alliance entre ces concepts qu’à priori tout oppose : subvertir la pornographie pour en faire un vecteur des combats féministes. Il y avait là les bases de joutes passionnées.

A l’issue incertaine.

Et puis, je me suis aperçu à l’écriture, que je n’étais pas un pornographe littéraire.
Ainsi que l’indique la quatrième de couverture, j’ai alors conservé l’idée originelle de l’utilisation de la pornographie pour porter les combats féministes, mais en la plaçant sous un angle essentiellement sémantique.

Comme l’évoque Eléonore alors qu’elle participe au casting du film d’Absinthe :  » (…) Rappeler que la seule pornographie est sémantique. J’utilise des mots. Je décris des situations. La crudité des paroles est plus créatrice que la nudité des corps. J’ai peur. J’ai rencontré un homme qui croit au paradis. »
Et Absinthe de préciser lors de sa conférence de presse : – « Ce que je veux dire c’est que si la pornographie est une atteinte à la dignité, alors elle est une atteinte à la dignité des êtres humains, qu’ils soient femmes ou hommes. Or, je ne crois pas que la pornographie soit une atteinte à la dignité de l’espèce humaine. Qu’est-ce que la pornographie ? La présentation complaisante d’organes et/ou de pratiques sexuelles solitaires ou groupées. So what ? Ne sommes nous pas des animaux faits de chair et de sang ? Pourquoi notre dignité serait-elle bafouée par la représentation des mille et unes facettes de notre corps ? Pourquoi la description de la beauté lumineuse d’un regard, d’une épaule nue, d’une main ciselée, serait-elle plus digne que celle du liseré soyeux d’un sein ou des ravines d’une verge ? »

Celles et ceux d’entre vous qui auront la curiosité de vivre l’histoire de Gabriel Eiffel, Abstinthe V, Jack Ralite, Patrick Braouezec et Clémentine Autain, y verront que, si l’on peut transformer une inquiétude sentimentale en combat politique, l’emmêlement des chairs est aussi porteuse d’utopie.

Reste à déterminer si un roman politique, féministe et pornographique peut, donc, aussi être un roman d’amour ?
La réponse est page 231.

Pour plus d’infos : le blog du roman et le site du roman.

Et surtout, merci de vos commentaires et notes de lecture, car un roman ne commence réellement à exister que dans les mains de ses lecteurs.

Olivier (un utilisateur du Buzz littéraire lorsqu’il cherche à découvrir ses futurs livres de chevet).

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4 Commentaires

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    • Camille sur 6 mars 2007 à 14 h 10 min
    • Répondre

    J’aime beaucoup cette idée que l’auteur présente lui-même son roman.
    Je compte m’y plonger…

  1. Personnellement je ne suis pas de cet avis. Le rôle d’un média, fusse-t-il mi-pro mi-amateur, est-il de laisser aux participants eux-même le soin d’écrire les articles ?
    Je sais que cette forme de contenu est en ce moment très en vogue sur le web littéraire. J’ai eu plusieurs propositions pour Culture Café que je refuse systématiquement. Pour moi c’est une forme de pub déguisée…

    • folantin sur 6 mars 2007 à 19 h 05 min
    • Répondre

    en même temps c’est assez cocasse à lire ce coté infomercial. Bon ça donne franchement pas envie d’ouvrir le roman mais… ah mince baudrillard est mort

    • Kebina sur 7 mars 2007 à 0 h 17 min
    • Répondre

    Je suis d’accord avec Christophe. Mais n’oublie pas qu’ici c’est "Vivement Dimanche": tout l’monde il est beau, tout l’monde il est gentil.

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