« La Physique des catastrophes » de Marisha Pessl, un campus novel dans le buzz de la rentrée littéraire…

Comme le veut la tradition, la rentrée littéraire révèle quelques (jeunes) « stars » des lettres américaines. L’an dernier c’était Benjamin Kunkel que l’on portait aux nues avec « Indécision » ou Nicole Krauss avec « L’histoire de l’amour » et cette année les médias bruissent tous du nom de Marisha Pessl, une jeune américaine de 28 ans (au moment de la sortie du livre US), venue de Caroline du Nord et diplômée de l’université de Columbia, auteur (qualifiée d' »enfant prodige ») du très remarqué « La Physique des catastrophes » (en VO : “Special Topics in Calamity Physics”). Au jeu des comparaisons, on a déjà droit à « l’orgie romanesque » d’un John Irving ou encore le volumineux Donna Tartt, « Le maître des illusions ». Son premier roman, sélectionné par le «New York Times Book Review» parmi les cinq meilleurs de l’année 2006, a déjà reçu de nombreux prix littéraires. Si vous aimez les campus novels matinés d’érudition universitaire et de suspens typique des « storytellers » américains, alors vous pourrez ajouter ce roman à votre P.A.L (pile à lire) !

Elle nous raconte les mésaventures d’une adolescente américaine pas comme les autres, la jeune Bleue van Meer. Habituée dés son enfance aux déménagement à travers les Etats-Unis où son père, un professeur et intellectuel excentrique, était muté d’un campus à un autre tout en collectionnant les maîtresses, elle développe une intelligence précoce. Leur hobby ? Les joutes verbales où abondent les citations savantes et les analyses de haut vol de l’histoire de la littérature jusqu’à la physique quantique…
Au cours de sa dernière année de collège en Caroline du Nord, l’année de ses seize ans, avant d’intégrer Harvard, cette élève iconoclaste sera confrontée à un drame : la mort de sa professeur préférée, au passé trouble et mystérieux.
Meurtre ou suicide ? La jeune fille mènera l’enquête, entre vraies et fausses pistes, faux-semblants et jeu d’identités, et tentera de percer les secrets de l’enseignante qui la fascinait, sous les conseils de son père qui tente de la raisonner avant de disparaître également… Avant de clore – ou plutôt d’ouvrir- sur une fin étonnante ! C’est aussi une enquête historique qui revient sur les groupuscules terroristes du temps de la contre-culture.

Le ton de la jeune romancière a été plébiscité pour son ironie désinvolte, sa sensibilité et son humour tout en parodie. Ce roman d’apprentissage et d’énigme est aussi bourré de références littéraires (il faut aimer…) où les 36 chapitres portent par exemple le nom de célèbres oeuvres (livre ou film) tel que « Madame Bovary »… Une façon de mettre en scène toute cette culture universitaire qui peut parfois conduire à la folie et d’apporter « une critique inédite de la société consumériste américaine », indique son éditeur.

Extrait :
« Un jour, cependant, juste après le déjeuner, alors que je claquais la porte de mon casier, je trouvai Zach derrière moi avec un sourire un peu comme une tente : un côté droit, l’autre mou.
« Bonjour, Bleue », dit-il d’une voix raide comme des chaussures neuves. Etonnamment, mon cœur se mit à sauter à la corde. (…) Il fallait que je trouve quelque chose à dire, une excuse, une bonne raison de l’avoir laissé tomber au cabaret de Noël comme un gant qu’on égare en hiver.
»

L’avis d’Aurélia (à retrouver dans notre sélection de livres de Noël 2007) :
« Dans la lignée de son confrère Jonathan Safran Foer, la jeune auteur américaine livre un premier roman intelligent et érudit tout en évitant l’écueil de la prétention. Encore une fois, j’ai été attirée par le titre de ce roman (le prénom énigmatique de l’héroïne, Bleue, me plaisait bien aussi) et l’univers de campus dans la lignée d’une Donna Tartt ou d’un David Lodge. On suit les tribulations d’une jeune fille et de son père sorte d’Ayatollah de la culture qui voit en elle un vrai génie et la destine à la prestigieuse université d’Harvard. Pour sa dernière année d’high school, ils décident donc de se stabiliser, débute alors une année scolaire pas comme les autres où la jeune fille sera confrontée à diverses rencontres et disparitions tragiques… L’auteur a un style plutôt cartésien et rigoureux, ce qui ne l’empêche pas de s’amuser à jouer avec ses références littéraires vraies ou fictives (elle fait ici preuve d’un grand sens d’autodérision). Les relations de groupe entre ados sont aussi assez prenantes. Un roman idéal pour replonger dans cette période passionnante de l’adolescence. On retrouve aussi ici des illustrations (dessins de l’auteur a priori) qui jalonnent ces pages. »

Illustration de Marisha Pessl dans son roman représentant le groupe d’amis de lycéens de son héroïne « Bleue » :

A surveiller aussi : l’anglaise, Rachel Cusk (qualifiée de « surdouée » par la presse !), originaire de Bristol, que la revue Granta (grande revue littéraire outre-Manche) a remarquée depuis 2003, finaliste du Booker Prize en 2005, dont le « Arlington Park » (chez l’Olivier) pourrait être « un épisode de « Desperate Housewives » écrit par Virginia Woolf » selon les médias.

15 Commentaires

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  1. Je pense que LA sensation de la rentrée sera le nouveau livre de Mazarine Pingeot. Jusqu’ici, ces livres n’étaient pas restés dans les annales. Mais avec son histoire de bébés congelés, elle a créé LA polémique de l’été. De quoi se faire remarquer parmis les centaines de livre publiés pendant la rentrée.

    De toute façon, comme d’hab’, dés octobre, on l’aura oublié (le livre.)

  2. J’ai lu un extrait que j’ai trouvé très sympa dans les Inrokuptibles et j’attends maintenant le 30 août, date de sa sortie, pour pouvoir l’acheter. le ton me plâti effectivement beaucoup, "Arlington Park" est aussi repéré par les Inrok.

  3. J’ai déjà noté "Arlington Park" sur ma liste à lire, mais pas celui-ci. Et je ne suis pas encore convaincue !

  4. Gallimard aurait dû aller encore plus loin : "la Métaphysique des catastrophes" (plutôt que la simple physique) aurait fait encore plus de peine à Nothomb, chez Albin. Gnak! Faut pas hésiter quand on peut voler des parts de marché! Ils étaient à deux doigts, parait-il, d’appeler le bouquin "Diurétique des tubes". Dommage ça sonnait mieux.

  5. Moi j’ai noté, encadré, surligné, entouré le "Attention" de Heather Lewis qui parait chez P.O.L…

  6. > Joest, oui c’est sûr que cette polémique stérile lui permettra de gagner quelques ventes en plus. Idem pour l’affaire du faux plagiat des deux matrones de chez POL…
    Je ne vois pas, pour l’instant du moins, de livre qui pourrait devenir le nouveau Bienveillantes.

    > Oui, merci, il faut absolument que je récupère ce n° des Inrocks, je vais bien trouver une bonne âme pr me le prêter. J’essaierais de mettre un extrait ensuite.

    > Ah bon ? J’aimais bien, moi, le titre la physique des catastrophes… Ca me rappelle cette expression de « laboratoire de catastrophe générale ». L’expression avait été employée par un lecteur ici et viendrait de Dantec apparemment. Toutefois je ne vois pas bien le rapport avec le thème du livre mais bon.

    > Je serai curieuse de savoir quelles sont les raisons qui te font attendre si impatiemment ce roman ? Sinon j’ai lu (c’est un grand mot) T.de M., à éviter… A suivre par ici bientôt…

  7. Ouais bof… j’ai feuilleté ce bouquin à la fnac, j’ai lu l’extrait des inrocks et bon… je suis assez partagé.

    J’ai pas eu de coup de coeur.
    Je ne suis pas emballé par ce bouquin, long, lourd, ennuyeux et assez bavard dans l’ensemble…

    Enfin… les succès littéraires sont si incompréhensibles parfois…

    Une pensée pour ceux qui ont aimé ! 😉

    Cordialement !;-)

  8. tu as résumé le fond de ma pensée mon cher Hoplite. Je n’avais déjà pas adoré le maître des illusions en dépit de l’enthousiasme de mes collègues donc je vais sans doute laisser passer ce roman. J’ai lu en revanche un extrait où elle s’amusait sur la signification d’une citation « L’amour triomphe de tout » (Omnia vicit amor » ) assez intéressante.
    Par contre je vais me pencher très prochainement sur Eric Reinhardt.

    • Lysiane sur 9 septembre 2007 à 11 h 43 min
    • Répondre

    lu en deux nuits, été bouleversée par "de ça je me console", de Lola Lafont. à mon avis, il ne sera pas "recommandé "par les inrocks, vu sa férocité envers l’ambiance gauche bobo.
    très malin, c’est une vraie fausse biographie, avec plusieurs voix/histoires. ca me paraît, pour le meilleur, très "anglo-saxon" et bourré aussi de références littéraires historiques étranges.
    d’ailleurs, je n’arrive pas à le résumer, mais ce roman m’a arrêtée.

  9. "La Physique des catastrophes" de Marisha Pessl c’est ENORME !!!
    N’hésitez pas, achetez le livre. C’est génial…
    La découverte de l’année, après celle de l’année dernière qu’était Hitomi Kanehara.
    Prenant de bout en bout et un joli brin d’humour en prime!
    Amicalement,
    MonsterJack

  10. Merci Lysianne de cet avis sur le nouveau roman de Lola Lafon.
    La rédaction de Lire en a livre une critique acide hélas :
    http://www.lire.fr/enquete.asp/i...

    Un bel enthousiasme M’sieur Monster !
    Bon bah j’attends ta critique alors 😉 avec les meilleurs passages of course !

    • Lysiane sur 17 septembre 2007 à 12 h 20 min
    • Répondre

    Je l’ai vue, c’est une critique haineuse (un peu trop perso??).
    Pour ma part, j’en ai lu une très belle critique dans métro et dans Témoignage Chrétien (ce qui m’a donné envie de l’acheter…)
    c’est un texte touffu,sans doute vraiment polémique… J’ai comme l’impression que certains "presque morts" (c’est ainsi que Lola Lafon nomme les socialo bobos) se sont sentis terriblement visés…

  11. Lysiane, si tu le souhaites tu peux rédiger une petite chronique sur ce roman que tu as apprécié afin de partager tes impressions et nous le publierons sur le Buzz littéraire
    Voir le principe des tribunes libres ici :
    buzz.litteraire.free.fr/d…

    • Isa sur 21 septembre 2007 à 14 h 56 min
    • Répondre

    Je viens de le terminer. Aux autres lecteurs : comment avez-vous perçu la fin du livre ? Je n’ai pas tout suivi…

    • Anaïsnin sur 5 février 2008 à 17 h 35 min
    • Répondre

    Je viens d’achever le roman (j’avais été "inspirée" par diverses critiques élogieuses) mais je suis vraiment déçue. Il n’y a pas de quoi fouetter un chat ! J’avais vraiment adoré "Extrêmement fort et incroyablement près" (que je recommande à tout le monde !) mais là non. Trop de citations. Trop long. Trop lourd. Illustrations sans réel sens, n’apportant rien à l’ouvrage. Je suis loin de crier au génie !

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