Réactions sur le film « Entre les murs » de François Bégaudeau, palme d’or 2008 (+ extraits choisis de son « Antimanuel de littérature »)

Buzz maximal pour François Bégaudeau, Mr Palme d’or 2008, pour son film « Entre les murs » adapté de son roman éponyme. Difficile de ne pas tomber ces derniers jours, en ouvrant un journal ou un magazine, sur une interview de l’ancien prof de français (qui nous apprend entre autres qu’il a décidé de racheter le FC Nantes ! et donc d’arrêter d’écrire ?), répondant à des questions aussi intelligentes que « N’avez-vous pas peur que les jeunes acteurs prennent la grosse tête après ce succès ? » (le pauvre, on compatit !), et autre polémique toute aussi subtile sur le fait qu’il ne s’agit pas d’un film mais d’un documentaire ou alors est « caricatural » (on se doute que ce n’est pas comme ça partout… on est pas cons non plus !). Bref, toujours est-il qu’il devenait urgent d’aller voir ce qu’il en était entre les murs d’un UGC ciné cité fissa ! Quelques réactions en « mode oral » après cette immersion de « violence des échanges en milieu tempéré » :

Qu’est ce qui m’a frappée dans ce film ? Tout d’abord les rires dans la salle (blindée à bloc dés le premier soir de projection, mercredi dernier). En particulier lors de la première partie du film qui accumule les scènes en classe et les joutes verbales cocasses entre les fortes têtes et le prof qui tente de garder son calme et de dialoguer (l’extrait public sur l’utilisation du subjonctif imparfait en est une bonne illustration).
Pour ma part, je ne ris pas vraiment bien qu’appréciant cette plongée ultra-vivante mais je dois avoir un sourire qui flotte (enfin je suppose, je me voyais pas en fait…).
Par contre deux truies, personnes (au fond à droite, si, si) ont pouffé de rire pendant toute la scène assez dramatique du conseil de discipline et là bon… on a un peu envie d’aller les étrangler… les gens ont aussi beaucoup ri lors du défilé des parents pour les rendez-vous parents d’élèves. Il faut dire que les parents sont assez hauts en couleur en particulier ceux qui ne parlent pas français donc… Enfin pour ma part ça ne m’a pas surpris donc pas amusé, un peu touché quand même (je crois).

Quels personnages m’ont le plus interpellée ? Un peu tous en fait à la réflexion, les deux détestables pestes (« pétasses », le mot du crime dans le film et livre), Esméralda et sa copine (sur l’affiche) qui font de la provoc’ et pinaille sur tout et n’importe quoi (avec une maestria d’actrices !), Souleymane le caïd d’origine malienne au fond de la classe qui vient sans ses affaires et tutoie le prof ou encore le jeune d’origine chinoise qui se bat pour s’intégrer et réussir en classe. Une belle mosaïque de personnalités et des confrontations qui font (presque) toujours mouche.

Ai-je été émue ? Non pas vraiment étrangement, enfin si un peu quand le gamin (Souleymane) était tout content que son travail soit affiché, j’ai bien aimé comment l’acteur a su jouer cela et comment Cantet l’a filmé, un peu par en dessous, également le monologue de Karl, le nouveau, exclu d’un autre collège et la scène de fin de foot qui relâche la tension, entre profs et élèves même si c’est violent finalement puisqu’il y a eu « un mort » juste avant (au sens figuré). C’est amusant à la fin du film les spectateurs prenaient partie s’il fallait on non exclure le môme, les avis étaient assez partagés (pour ma part j’étais contre).

Me suis-je ennuyée ? Non pas trop, en dépit du caractère oppressant du huis clos, même s’il doit y avoir une scène de classe de trop où là ça a commencé à me fatiguer. De plus c’est très bruyant (j’imagine si j’étais réellement prof, le pétage de plomb direct tant côté classe que côté salle des profs d’ailleurs, mon dieu je tombe en dépression profonde avec des collègues comme ça, les pauvres, ils sont sympas, mais quelles plaies avec leur problème de machine à café à la noix !). En ce sens cela m’a rappelé l’Esquive où Sarah Forestier, bien que superbe dans son rôle, est également épuisante avec son verbiage incessant. C’est un film très verbeux. Un film qu’on voit une fois « par curiosité » et qu’on ne revoit pas « pour le plaisir ».

Ce film est-il un « vrai » film ? Oui c’est très réaliste à tel point qu’on a parfois l’impression d’être dans un numéro de l’émission Strip tease mais il faut vraiment avoir deux œillères pour ne pas se rendre compte du boulot de cadrage, des plans sur les visages, les nuques, les mains, les trajectoires, l’enchaînement des séquences qui sont en elles-mêmes porteuses de sens. Tout fait sens dans ce film où justement il y a peu de décors, hormis des tables et des chaises. Un peu comme au théâtre finalement, la mise en scène est primordiale. Le plan final dans la classe vide est génial. C’est exactement ce qu’il fallait, par contre un peu de musique n’aurait pas été de trop.

Ce film méritait-il la palme d’or ? Bah ché pas moi, j’étais pas à Cannes en mai dernier donc j’ai pas vu les autres films en compétition !
Mais bon, je suis très contente 1. que la France la remporte (mon côté con « vive la France ») et de 2. qu’un tel film la remporte, d’autant qu’il est basé sur un roman contemporain français toujours (re-côté con de « vive la France ») d’un jeune auteur (mon côté con « vive la littérature nouvelle génération »).
Et puis ça claque que Sean Penn dise : « L’une des raisons pour lesquelles nous avons pris une décision unanime, c’est qu’on a commencé par l’art cinématographique. C’est un film sans coutures : l’interprétation, l’écriture, tout était magique, les provocations, la générosité. Cela correspond à tout ce que vous souhaitez au cinéma. En plus de cela, et à cause des problèmes que ce film aborde, grâce aussi à l’opportunité de ses sujets, dans un monde qui a faim, qui a besoin d’éducation, qui cherche une voix, ce film nous a beaucoup touchés. » Je ne suis donc pas très objective…

Ai-je aimé le film « Entre les murs » au final ? Je n’avais déjà pas réellement apprécié le roman donc bon le film ne comptera pas parmi mes films culte, mais je voulais à tout prix le voir et je ne regrette pas. En fait c’est exactement ce à quoi je m’attendais. Donc pas de déception après dire si j’ai aimé ou pas c’est plus difficile…
Bizarrement je ne sais pas. Le plus juste serait de dire que j’ai trouvé ça intéressant et que j’ai failli être émue (ça sonne pas très positif ça mais pourtant si !). Il y a quand même un truc qui a dû me gêner mais quoi ? Je ne sais pas… (je cherche et j’vous dis). [Alexandra]

PS : My next movie, le nouveau Woody Allen, rha !

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En cette rentrée littéraire, François Bégaudeau est aussi à la Une pour la sortie de son Antimanuel de littérature (de quoi se faire encore plus détester par tout l’enseignement national !). Une démarche amusante, iconoclaste et singulière : François Bégaudeau, avec cet antimanuel prend les choses à rebrousse-poil en déboulonnant la statue « Littérature », en remettant en question tous les présupposés qui gravitent autour de l’univers des Belles Lettres, et en reprenant un à un ses fondements. Le mot, la phrase, l’écriture, le style, les acteurs du verbe. C’est très enrichissant. Désacraliser la littérature, voilà ce que Bégaudeau tente et réussit avec succès. Avec humour et autodérision, il remet à plat tout ce qui se dit sur la littérature et sur le statut d’exception d’écrivain que beaucoup s’octroient, comme si cela était naturel. Or, il faut sans doute « mériter » d’être écrivain ?… Voici donc une façon subtile et nerveuse de faire grincer quelques dents ? Ou peut-être….pas ! En tous cas, ce manuel est sans conteste un vrai bonheur de lecteur.

En cinq grandes parties, « Qu’est ce que c’est ou qu’est ce que ce n’est pas de la littérature ? , « La pureté lui va t-elle bien au teint ? », « Quand est ce de littérature? », « Qu’est ce qu’un écrivain ? », « La littérature va-t-elle disparaître ? », François Bégaudeau s’emploie à désacraliser la littérature et son corollaire, l’écrivain et sa fonction.Ponctué, à chaque grand chapitre, subdivisé amplement, d’extraits littéraires éclectiques allant de Ambrose Bierce à Philippe Vasset, en passant par Bernanos et Olivier Cadiot, François Bégaudeau jette un pavé dans la mare du monde vaniteux des Belles Lettres et de sa bien-pensance qui prétend à raison que tout le monde ne peut pas se prétendre écrivain – je ne suis pas sûre de lui donner raison – Devraient se sentir visés, à la fois ceux qui s’auto- ou que l’on auto-proclame écrivains, comme si c’était le fait d' »être » écrivain était de posséder un statut supérieur, et quelques autres qui pensent que la littérature est quelquechose d’intouchable et d’intimidant, une icône, une forme de bible sacrée dont le répertoire alphabétique ne contiendrait que les plus méritant,s donc les plus doués, les plu stylés ! Mais c’est quoi « le mérite » en littérature ? Pour quoi le mot « écrivain » serait il un mot divin, dont l’usage ne serait réservé qu’à quelques « privilégiés » ? En gros, Bégaudeau tend à donner une légitimité aux bloggeurs de tous poils , non publiés ou méconnus, qui prétendent que leur manuscrit vaut de l’or et que leur non reconnaissance par l’élite si elle demeure injuste et injustifiée, ne fait pas pour autant, d’eux des écrivailleurs incompétents. Son ouvrage tord le cou à ceux qui pensent que la parole de Madame Michu est tout aussi valide et digne d’intérêt que celle de Raphaël Sorin sur le site de Libération. Intervenir via cet ouvrage à la fois brillant et pseudo-décontracté dans sa présentation, pour remettre en question tous les présupposés qui entourent la littérature et ses habits (concept, style, humeur, apparence de l’écrivain), soit, même si cela peut déplaire ou provoquer des épidermies, façon de remettre les pendules à l’heure. Pour le reste, non, je ne donne pas raison à François Bégaudeau : tout le monde, justement, n’est pas écrivain même si tout le monde a du talent, pourtant.– J’en suis l’exemple incarné. [Laurence Biava]

1er extrait choisi – début –
Chapitre – La pureté lui va-t-elle bien au teint ?

« La culture qui est la règle, l’art qui est l’exception. Formule godardienne très opératoire dans les cafés où nous nous réunissions, étudiants esthètes des années 90. L’art ne s’excepte pas d’une réalité donnée, il est l’exception lui-m^me. Ligne de fuite, ajoutait -on en commandant une Grimbergen éventée. Inutile que al littérature s’emmerde à se donner des contenus subversifs, qu’elle encense l pédophilie, préconise l’eugénisme, la cocaïne pour tous ou la suppression sine die des emballages en plastique violet. Il suffit qu’elle soit dela littérature, pour gagner son excellence surplombante, albatros retardant son piteux atterrissage. Beaucoup de petits Français issus des classes moyennes et supérieure ambitionnent d’écrire sans du tout demander quel genre de livre. Seul importe qu’ils fassent acte de littérature, parce que ça reste classe, étonnamment classe cu la voie de garage sur laquelle les livres dits littéraires attendent une dépanneuse en forme de lecteur. Et pour bien que ça se voie, le contenu redouble cette intention symbolique qui est une fin en soi ; le texte n’a plus qu’une chose à dire : je suis de la littérature« .

2ème extrait – après le milieu du livre
Chapitre : La littérature est -elle littérale ?

« Autour de la reine métaphore, les princesse périphrases, hyperboles et métonymies composent le staff dirigeant des figures de style. Appellation fort opportune, en ce qu’elle renvoie au patinage, artistique si l’on y réalise des figures de style. Il existe aussi une littérature sans figure, un patinage non artistique confiant en la puissance immanente de la glisse. Patinage de vitesse, ça s’appelle. Ne cherche pas le beau. Ne décolle jamais. Reste collé à la glace, au sol, à la terre.
………
On connaît bien le littérateur. On l’a observé à la jumelle dans la réserve naturelle où il écrit, souffre, doute, désespère de son époque, résiste, écoute la matinale de France-Inter. Et constaté mille fois qu’il crache du feu par les naseaux quand on lui parle d’objectivité. La littérature, c’est le ressenti, le sentiment, la finesse, la sensualité, l’émotion ! éructe t-il, dragon qu’on aurait traité de lézard. Il ne dit pas « âme », trop la honte, mais il le pense fort, religieux sans religion comme pas mal de ses semblables…
« 

13 Commentaires

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    • laurence.biava sur 26 septembre 2008 à 12 h 09 min
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    Merci Alexandra. Je reviens bientôt avec une critique plus fournie et plus étayée.
    bisous

  1. Toutes les polémiques m’ont dégouté de l’envie d’aller voir le film. J’ai l’impression que c’est un film très caricatural sur les "quartiers" avec un prof super-héros. De toute façon, moi, je l’ai quasiment vécu en "live". J’ai été dans un lycée technique au pied d’une cité et à une époque, j’ai donné des cours de soutien à un collégien digne du Souleymane (après un trimestre, son carnet de liaison était déjà plein, suite à ses multiples exclusions de cours!) Je n’ai pas envie de revoir ça.
    J’ai hurlé en lisant certaines tribunes dans Le Monde, où des intellectuels vous disent que c’est tout à fait normal que des ados écorchent le français au-delà du raisonnable, car ils viennent des "quartiers" (donc il ne faut pas trop leur en demander.)
    Beaucoup de gens oublient que c’est une fiction avec un parti pris idéologique.

    Néanmoins, j’avais beaucoup aimé "Ressources Humaines" de Laurent Cantet.

    • bartleby sur 28 septembre 2008 à 11 h 31 min
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    film demago pour les gauchistes bobos parisiens… tant que la gauche n’aura pas decide de remettre les points sur les i (avec Beagaudeau, Royal & co, on est mal barres!) on restera en-deçà de toute possibilite d’evolution… Non Mozart et NTM ne sont pas comparables, point barre ; la sous-culture, les sous-identites doivent se couler dans un moule plus large de culture et d’identite nationale… il faut arreter cette bien pensance qui fait beaucoup de mal pour tout le monde… je prefererai voir des jeunes des cites initiés a la peinture de Montegna (actuellement au Louvre), Emil Nolde (au grand palais, Picasso (a Orsay)… plutot que de se complaire dans la fange… non, le respect de l’eleve et le respect des profs, l’un envers l’autre, ne passent que par un principe d’autorite qui replace chacun a sa juste place… l’un apprend, l’autre enseigne… reste le reste… entre les murs… pas pour moi…

    • Misha sur 28 septembre 2008 à 12 h 49 min
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    Je suis une enseignante. Dans ce film, le prof n’est pas ce que j’appelle"le prof idéal". Peu s’en faut. D’aucuns disent que c’est "un mauvais prof". Je dirais qu’il est trop affectif et se laisse déborder par lui-même. Il se laisse trop facilement embarquer par les trublions et dérape du sujet en cours (ex poème de Rimbaud). Veut être "copain". Eduquer (parents) ou transmettre un savoir (le rôle de l’enseignant) doit se dégager de vouloir "se faire aimer à tout prix". Il y a une certaine violence dans l’éducation (sortir l’enfant ou l’ado de son ghetto intérieur, parfois…). Il faut amener les élèves à une certaine discipline de la pensée. Si un lien affectif se construit, il se fait à travers des relations de respect et de justice, une rigueur, une écoute "juste à sa place" sans trop (garder une distance non méprisante), entre le prof et les élèves. Ne pas se laisser détourner de la tâche par les "forts en gueule" et ne pas oublier les discrets ou ceux qui ne parlent pas. Qu’en est-il d’eux dans le film ? Et la technique qui consiste à travailler "à partir d’eux-mêmes" ne me semble pas les faire respirer. Où est l’imaginaire ?
    D’autre part, dire qu’un élève est "scolairement limité" est abominable. Des élèves en difficulté scolaire peuvent être très motivés par le théâtre (la preuve), faire des décors, la peinture, la musique… les rapports changent (des négociations peuvent se faire mais le prof doit garder son statut d’adulte). Alors, le prof peut glisser un enseignement général car les élèves en acceptent le deal. Je l’ai fait. Je le sais. On a des surprises étonnantes et valorisantes pour les deux parties.

    • Misha bis sur 28 septembre 2008 à 13 h 21 min
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    Suite…

    Aucun intérêt pour ce film déprimant qui montre un constat d’échec. Maintenant, l’acteur-prof a très peu d’espérience de prof…
    Il aurait été plus intéressant de montrer des expériences de profs qui travaillent autrement avec des classes difficiles…
    Toute proportions gardées, on se souvient de l’excellent film "Avoir et Etre"…
    Pourquoi ce film a-t-il été primé? Quelle image négative de l’école française montre-t-on au monde entier!!! Tellement de profs s’échinent à avoir des idées et à inventer leur pédagogie! Oui, pourquoi primé ??? Pour moi, cela restera un mystère.

  2. Bonjour,
    Merci de vos avis. C’est vrai que je n’ai pas regardé ce film avec un œil politique ou pédagogique (n’étant pas enseignante). Je ne me suis donc pas posée ces questions (gauchiste, bon enseignant ou pas, image de la France à l’étranger, etc.). Je suis allée voir un film. Point.

    Je crois que ce qui est intéressant d’un point de vue artistique/cinématographique c’est cette histoire d’un prof qui raconte, avec humilité j’ai trouvé, son expérience, peut-être pas la plus brillante, peut être pas la plus intelligente, mais humaine. Il a tenté quelque chose, une autre approche, parfois ça donne des résultats intéressants, parfois non (cf : le Cercle des poètes disparus, autre célèbre prof atypique du ciné à l’américaine !).
    Ce qui est intéressant là-dedans, pour moi en tt cas, c’est le théâtre des relations humaines.
    Il n’y a pas de manichéisme, Bégaudeau ne se donne pas le bon rôle loin s’en faut, il montre ses limites, ses faiblesses, ses dérapages, la tension qui règne, les moments de détente, l’équipe pédagogique qui peut se sentir débordée/dépassée, etc. Il montre des gamins qui cherchent, qui provoquent, qui veulent être reconnus, des personnages auxquels on s’attache ou pas, qui nous font rire, qui nous font peur et pourront ou pas émouvoir. Personne n’a le bon rôle dans ce film (ni le mauvais d’ailleurs, c’est toujours ambivalent). Ce film nous fait réfléchir, se poser des questions, interpelle, appelle à débat, en ce sens c’est réussi donc.
    De plus, je crois pas que l’intention de l’auteur était d’être représentatif, il montre une situation, un cas particulier.
    Voici ce que j’aurais retenu pr ma part au-delà des polémiques diverses et variées…

    PS : A quel moment Bégaudeau dit-il que "Mozart et NTM sont comparables" ???

    • Kebina sur 29 septembre 2008 à 9 h 52 min
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    Ravie d’être de retour sur ce blog apres un été bien riche de mon côté.

    J’avoue que je n’ai pas très envie de voir le film, mais je le ferai (palme d’or oblige) par contre le ton de son dernier livre me correspond tout à fait (merci pour les extraits 😉 )

    • dany sur 29 septembre 2008 à 11 h 41 min
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    sur le blog de Pierre Assouline… pour faire écho aux avis négatifs!

    Trop fort, Bégaudeau !

    Pourtant, je m’étais promis de ne pas aller voir son film et donc de ne pas en parler. La bande-annonce m’avait suffi, impression confirmée par ses innombrables interviews. Le récent dossier du Nouvel obs, rare voix détonante dans un choeur dirigée à l’origine par Sean Penn qui ne comprend pas le français, m’avait ragaillardi. Enfin, des enseignants de la proche banlieue qui osaient mettre un zéro pointé à cette copie pleine de clichés racoleurs !Précisons que j’avais tout de même lu le livre à l’origine du film ainsi qu’un autre particulièrement calamiteux paru peu après. Il y a comme ça des gens qui vous tapent sur les nerfs avant même qu’ils aient ouvert la bouche. Disons que c’est épidermique. Mais voilà que le Bégaudeau me rattrape jusque chez moi en me faisant tenir son Antimanuel de littérature (300 pages, 21 euros, Editions Bréal) orné d’une exquise dédicace témoignant de ce que

    François est un lecteur assidu de la RDL :” Cher P.A., toujours un plaisir d’être brocardé par les réacs, vous gênez pas“. Même là, il parle en djeune ! Te gêne pas ! Nique ta grammaire ! Bref, j’ai lu tout de même cette oeuvre d’un homme de progrès. C’est écrit comme c’est dédicacé. La matière est classée en cinq parties : Qu’est-ce que (n’est pas) la littérature ? La pureté lui va-t-elle bien au teint ? Quand est-ce de la littérature ? Qu’est-ce qu’un écrivain ? La littérature va-t-elle disparaître ?

    On y trouve les grands auteurs du programme ainsi que des inédits de lecteurs graves de chez grave (”Putain oh putain, t’es trop amoureuse toi, trop space et zarbe…”), Montesquieu et la fille de ma voisine. Ca se veut panoramique, ce n’est que bavard. Le pire c’est que ça se croit drôle alors que c’est d’un lourdingue ! Surtout les notes en bas de page où l’on doit subir, en deux couleurs, un ping-pong entre l’auteur et l’éditeur. Genre à propos de Zola :”N.d.é : L’Assommoir est publié cent ans avant le premier album des Damned, qui lance vraiment le mouvement punk. N.d.a. : il y a quand même aussi le passage des Pistols à l’émission de Bill Grundy. N.d.é.: oui mais je parlais discographiquement. N.d.a.: OK”. Mais quel âge a-t-il au juste, Bégaudeau ? Il est resté trop longtemps à l’école. C’est de l’humour à deux balles comme on dit du côté de chez lui.

    Il n’y a qu’à voir ses définitions des auteurs cités (mais oui, mais oui, un auteur se définit) :”Artaud : sa soeur Florence traversa l’Atlantique en catamaran pour fuir ses cris”, “Bernanos : Antisémiteet auteur de bons livres, cela se peut”, ” Char : M’aura au moins permis de placer “Arrête ton char René” dans quelques conversations”, “La Rochefoucauld : Rien à faire, chaque fois que vous le croisez en ville vous l’appelez Maxime”, ” Proust : Peut être considéré comme un immense écrivain, si on arrive à oublier qu’il se prénomme Marcel”, “Zola : Aurait eu l’air malin si Dreyfus était coupable”, “Diderot : Un ami, et c’est réciproque”… . Comme quoi on peut être benêt et agrégé, ce n’est pas incompatible. Et dire que ça se veut un aussi un “guide de l’écrivain en herbe”… François Bégaudeau présente son Antimanuel comme “un livre un peu comique qui me ressemble”. C’est bien ce que l’on craignait.

    Il est si pressé de désacraliser la littérature, en cédant à toutes les sirènes de la mode, de l’air du temps, de la médiocrité et de la démagogie ambiantes, qu’il la massacre avec la suffisance que lui autorise désormais l’auréole du succès. Deux bons points tout de même : les extraits, bien choisis (Gombrowicz, Faulkner, Guyotat, Barthes, Rancière, Stendhal…) et les illustrations (photos, peintures, dessins, bravo l’iconographe). Dommage qu’on les ait entrelardés d’un texte aussi infantile digne de l’infra-potache. Le succès du film lui a si vite monté à la tête qu’il n’a pas vu à quel point il se déconsidérait en publiant ça. Si j’avais eu un professeur de Lettres comme François Bégaudeau, je me serais inscrit au télé-enseignement. Pour 21 euros, Brèves de blog en dit bien davantage, bien mieux et en plus drôle sur la littérature et les écrivains. Enfin, ce que j’en dis…

  3. Tiens Kebina, une revenante, je t’aurais bien vu dans cette classe, en rebelle tenant tête au prof 🙂

    Merci de ce billet (fort remonté !) mais ça aurait été mieux que tu donnes ton propre avis Dany…

    • Gwen sur 1 octobre 2008 à 22 h 02 min
    • Répondre

    Trop de buzz sur ce film ; plus vraiment envie de le voir
    => j’attends Scarlett J. par contre à Barcelone…

    • Kebina sur 2 octobre 2008 à 3 h 26 min
    • Répondre

    Lol merci Alexandra. Faudrait que je le vois alors 😉

  4. C’est vrai que tout a été dit sur ce film mais honnêtement ça vaut le coup, enfin on peut très bien attendre le DVD, le grand écran n’est pas indispensable (et pour le Woody, je partage ton impatience, l’affiche est superbe, je crois qu’on renoue avec le brio de MatchPoint !).

    Kebina, j’attends ton avis !

    A noter que Mister Bégaudeau, qui décidément ne s’arrête jamais sera aussi au théâtre :

    En octobre, le Théâtre Ouvert publie Le Problème, la première pièce écrite par l’auteur, qui "déjoue les clichés de la famille traditionnelle" (Ed. Théâtre Ouvert/Tapuscrit). Dans le cadre de la 20e édition de Lire en fête, le même théâtre proposera le 12 octobre une mise en voix du roman Fin de l’histoire de François Bégaudeau, par et avec François Bégaudeau et Cécile Backès. Sur scène, deux paroles se croiseront : celle de la journaliste Florence Aubenas, pendant sa conférence de presse quelques jours après sa libération d’Irak en juin 2005, et celle du narrateur, qui construit un monologue intérieur tout en assistant à la conférence. Cette mise en voix sera suivie d’un dialogue autour des thèmes "Ecritures/roman, cinéma, théâtre".
    Le Théâtre Ouvert annonce également, pour le 16 janvier 2009, la création scénique d’Entre les murs, par le metteur en scène François Wastiaux. (lu sur Fluctuat)
    > ceci complète notre papier sur La rentrée des romanciers au théâtre :
    http://www.buzz-litteraire.com/i...

    • Gwen sur 13 octobre 2008 à 20 h 44 min
    • Répondre

    passouline.blog.lemonde.f…

    Je signale cet article….

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