« Dans mes yeux » de Bastien Vivès: La grâce féminine saisie par un trait (passionné)

« Dans mes yeux » de Bastien Vivès, est le second opus de ce jeune auteur, âgé d’une vingtaine d’années, qui monte et dont on parle beaucoup. Tout d’abord avec un premier album  » Le goût du chlore » (2008), multi-récompensé au festival d’Angoulême 2009, étonnante plongée aquatique dans l’univers bleu-vert-gris de la piscine et surtout rencontre d’une belle nageuse qui fascinera le narrateur venu ré-éduquer son dos. C’est encore une histoire de fascination que signe ce diplôme de l’école des Gobelins, avec « Dans mes yeux » un superbe hommage à une jeune étudiante, femme-enfant, aux yeux de chat et à la chevelure flamboyante, que l’on découvre, par les yeux -fous amoureux- de l’auteur, de la B.U au restaurant, ciné ou soirée d’anniversaire…


Ce fin observateur (passionné) des visages féminins sait capter et saisir leurs moindres mimiques, moues, regards, gestuelles, profils… Et s’applique à nous les restituer dans tous leurs détails et nuances, jusqu’à composer des mosaïques étonnantes et mouvantes d’expressions et de mouvements. Comme une série de clichés prise en rafale par un photographe.
Une belle inventivité graphique est aussi à noter dans l’usage des couleurs, effets de fondu ou encore de « crayonné/pastel » (l’album est entièrement dessiné aux crayons de couleur) qui symbolisent les moments de trouble, d’incompréhension, d’intimité ou encore de jalousie…
A tel point que le dessin se fait parfois peinture fauviste ou expressionniste.
Servi entièrement par sa mise en scène, très cinématographique (son père a travaillé sur les décors de ciné de Jean-Pierre Jeunet sur La cité des enfants perdus, ou avec Jean-Marie Poiré sur Les Visiteurs), le texte se fait minimaliste (et malheureusement assez pauvre d’intérêt…).

C’est avec son dessin très sensoriel et poétique qu’il nous raconte, implicitement, à travers le regard subjectif qu’il porte sur « Elles » (aussi bien « Dans mes yeux » que dans « Le goût du chlore »), comment s’opère la séduction, le désir, la naissance des sentiments…
On pense à « Elles » de Frédéric Boilet, au roman « Anissa Corto » de Yann Moix (par ses aspects de « cristallisation » et d’obsession amoureuses) qui écrivait « Les femmes sont des hypothèses dont nous voulons faire des théorèmes.« , ou encore au film « La femme défendue » de Philippe Harel pour le principe de « filmer » uniquement le protagoniste féminin, sous le regard du réalisateur/auteur.
Un regard d’adolescent transi. Un contemplateur à la très grande sensibilité… irrémédiablement touchante.

Bastien Vivès a aussi un blog !


Planche extraite de « Le goût du chlore, le précédent album de Bastien Vivès, récompensé du prix « Essentiel Révélation » à Angoulême en 2009

1 Commentaire

    • CecileLo sur 20 juillet 2011 à 23 h 45 min
    • Répondre

    J’ai lu les 2 et il est vrai qu’il a une approche plutôt sympathique de la BD à nous faire partager

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