Extrait King Kong théorie de Virginie Despentes (3) : l’idéal féminin

Un petit extrait du dernier ouvrage de Virginie Despentes, King Kong théorie, permet de se plonger dans l’ambiance de ce pamphlet à la fois féministe et féminin…

« J’écris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, les hystériques, les tarées, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf. Et je commence par là pour que les choses soient claires : je ne m’excuse de rien, je ne viens pas me plaindre. Je n’échangerais ma place contre aucune autre, parce qu’être Virginie Despentes me semble être une affaire plus intéressante à mener que n’importe quelle autre affaire.

(…)

Parce que l’idéal de la femme blanche, séduisante mais pas pute, bien mariée, mais pas effacée, travaillant mais sans trop réussir, pour ne pas écraser son homme, mince mais pas névrosée par la nourriture, restant indéfiniment jeune sans se faire défigurer par les chirurgiens de l’esthétique, maman épanouie mais pas accaparée par les couches et les devoirs d’école, bonne maîtresse de maison mais pas bonniche traditionnelle, cultivée mais moins qu’un homme, cette femme blanche heureuse qu’on nous brandit tout le temps sous le nez, celle à laquelle on devrait faire l’effort de ressembler, à part qu’elle a l’air de beaucoup s’emmerder pour pas grand-chose, de toutes façons je ne l’ai jamais croisée nulle part. Je crois bien qu’elle n’existe pas. »

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17 Commentaires

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  1. Quand même, y a pas à dire…elle écrit sacrément bien..:-/

  2. Je ne peux rien dire de Virginie Despentes car je n’ai encore rien lu d’elle, mais c’est dans mes projets.
    Ce que je retiendrais surtout de cet extrait, c’est qu’elle est lucide.
    Maintenant, pour dire qu’elle écrit bien, j’attendrai d’en lire davantage. J’ai lu bien meilleurs extraits d’autres écrivains. Par exemple de vous, Antoine, sur votre site lui-même, et c’est sincère.

  3. Nathalie, tu m’as doublée ! 🙂
    J’allais dire la même chose à Antoine sur ses écrits.
    J’avoue que je reste encore un peu perplexe sur ledit livre même si une énergie incontestable s’en dégage.

  4. *tout rouge* beh alors, ils attendent quoi Grasset pour me signer…;)

  5. King Kong est une femme…

    Hier soir, d’une traite, je lis KING KONG THEORY, le dernier livre de Virginie Despentes. Couverture impeccable, bel objet en soi, la couv de Marie Meier éclatante de symboles. D’abord le texte au dos que j’ai déjà lu à droite à gauche,…

  6. Marie-Charlotte, peux tu me dire ce qu’est une "femme comme toi" ? 🙂
    Sinon à signaler la critique enthousiaste et un brin démago du Monde où J.Savigneau conclut :

    "Il y a, dans ce King Kong théorie, des douleurs, des plaies, des bosses. Et, pourtant, c’est un vrai bol d’air, cette véhémente affirmation de liberté, ce cri d’une femme "pour les femmes, pour les hommes, et pour les autres".

    Lien : http://www.lemonde.fr/web/articl...

  7. Ce qui est sûr, c’est que Virginie n’écrit pas pour les femmes comme moi, ni mes amies…Nous faisons partie de ces extra-terrestres qu’elle n’a jamais vues…

  8. Une femme comme moi? Très précisément celle qu’elle prétend ne pas exister: femme blanche, séduisante mais pas pute, bien mariée, mais pas effacée, travaillant mais sans trop réussir, pour ne pas écraser son homme, mince mais pas névrosée par la nourriture, restant indéfiniment jeune sans se faire défigurer par les chirurgiens de l’esthétique, maman épanouie mais pas accaparée par les couches et les devoirs d’école, bonne maîtresse de maison mais pas bonniche traditionnelle, cultivée mais moins qu’un homme, cette femme blanche heureuse qu’on nous brandit tout le temps sous le nez, celle à laquelle on devrait faire l’effort de ressembler, à part qu’elle a l’air de beaucoup s’emmerder pour pas grand-chose, de toutes façons je ne l’ai jamais croisée nulle part. Je crois bien qu’elle n’existe pas."

  9. Et je précise que je ne m’emmerde pas pour pas grand chose: je suis tout simplement bien dans mes pompes, ce qui n’est pas le cas de cette malheureuse Virginie…:)

  10. Il est vrai que ce portrait que tu évoques et auquel tu t’identifies (même pour « moins cultivée qu’un homme » ???) est peut être celui qui a complexé V.D donc elle essaie de se rassurer en imaginant "qu’elle n’existe pas" (à quand un débat Marie-Charlotte versus Virginie !? lol). D’ailleurs le "housewife style" est très en vogue actuellement… Et connaît même un nouvel engouement. Paradoxal ?

  11. Ma foi, j’ai la modestie ou la lucidité de considérer que je suis fort peu cultivée, par comparaison à d’autres de tous sexes…En revanche, ma fleur est régulièrement arrosée par mon jardinier, c’est ce qui manque à Virginie, peut-être?

  12. Virginie a apparemment préféré "une jardinière", donc…

    Tout cela m’a aussi rappelé le roman de Cholé Delaume "Les mouflettes d’Atropos" où elle s’exprime aussi sur son expérience de la prostitution et le rapport au corps féminin, d’une façon différente mais assez violente aussi (la scène de la crémation de pénis est assez stupéfiante !). Il est intéressant de mettre les 2 livres en parallèle.

    • King-kong sur 13 octobre 2006 à 14 h 53 min
    • Répondre

    Marie-Charlotte tu es l’ennemie de la condition féminine.
    Celle qui dit qu’elle écrit ça car elle est mal baisée parce que justement elle est moche.

    Tu es bien dans tes pompes c’est bien, mais est ce que tu vois qu’elles sont collées dans du béton tes pompes et que si tu veux faire un pas tu tombes?

  13. Ma foi, mon King-Kong, je les enlève et je cours pieds nus…comme toi dans ta jungle! Amicalement!

  14. J’avance prudemment parce que je n’ai pas lu King Kong. Cependant, il me semble que la représentation de la « bonne meuf » telle qu’elle est décrite dans l’extrait et reprise par Marie-Charlotte est une guerre un peu ancienne ?

    L’expression « bonne meuf » est assez habile : elle renvoie à la fois à l’expression typiquement masculine (ado et post ado), « putain la meuf, comme elle est bonne ! », mais aussi à une valeur morale, la bonne mère, la maman, celle qui véhicule des valeurs positives.

    J’aurais préféré pour ma part que Virginie – qui d’ailleurs rentre pour beaucoup dans la définition de la « bonne meuf » si ce n’est qu’elle n’est ni maman, ni mariée, pour le reste elle est blanche, séduisante, fait plutôt jeune, mince sans excès etc…- que Virginie donc, travaille plutôt autour de la première catégorie, les vraies bonnes meufs, c’est-à-dire les 16 – 25 ans que l’on voit partout pour le coup, à la télévision bien sûr – MTV ! – mais aussi dehors, dans la rue, qui seront les femmes de la génération suivante et pour lesquelles, il me semble, il y aurait matière à question ou positionnement.

    En tout cas, je serais vraiment curieux de savoir ce qu’elle a à dire là-dessus.

    Donc, quitte à entendre Virginie parler de femmes– et il faudrait qu’elles soient plus nombreuses à le faire -, je préfèrerais que ce soit de celles qui arrivent, qui font demain, plutôt que de celles qui s’en vont, pour qui les jeux sont faits – en bien ou en mal d’ailleurs.

  15. Après 25 ans, on ne ne fait plus "demain" ?!

    Pour ma part, je trouve les propos de Despentes très justes et très pertinents.

    J’ai 37 ans, je travaille, mais je suis aussi au "foyer" (car je ne comprends pas : celles qui travaillent s’occupent aussi des enfants, font aussi la lessive, le ménage etc, on est toutes "mères au foyer" quand on des enfants, à moins d’avoir des boniches), je suis "blanche", je suis aussi cultivée que mon mari, j’ai 3 enfants de 3 à 15 ans et demi. Et je pense encore pouvoir "faire demain", Nicolas, comme toi : en écrivant.

  16. Oui Emmanuelle, c’est un peu radical ce que je dis et prête à confusion. Cependant, mettons si tu veux bien hors champ les auteurs comme toi, et les artistes en général qui ne me semblent par relever de la « bonne meuf » décrite par Virginie.
    En disant « celles qui font demain », je voulais dire « celles qui feront les femmes de demain ». Pour ma part, il me semble plus intéressant de travailler sur une projection de ces femmes là, plutôt que sur un constat de cette génération à laquelle nous appartenons tous les deux.
    Tout ça n’enlève rien à la pertinence des propos de Valérie, c’est simplement le sujet de l’étude qui me semble manquer un tout petit peu de pertinence.
    Encore une fois, j’aurais bien aimé que Virginie, avec toute la puissance polémique qu’elle incarne se tourne vers la jeune génération et qu’elle prenne position.

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