Les femmes qui lisent sont dangereuses…

Une petite note rien que pour la beauté du titre de ce livre (qui complète notre billet « l’acheteur de livre est une acheteuse« ). Dès le moment où les femmes prirent le temps de lire au détriment de leurs tâches ménagères et familiales, elles devinrent dangereuses… Une fenêtre sur le monde s’ouvrait à elles.


Ce livre n’est pas un essai mais un recueil d’oeuvres d’art occidentales (peinture, photographie) représentant des femmes lisant, du Moyen Âge au temps présent, en s’attachant plus spécialement à certaines oeuvres de Rembrandt, Vermeer, mais aussi Manet, Matisse ou Hopper, jusqu’à la fameuse photographie d’Eve Arnold montrant Marilyn Monroe en train de lire Ulysse de James Joyce. Belle absorbée dans leur lecture, alanguie, concentrée ou jeunes filles fascinées par leurs ouvrages : duchesse, actrice ou amoureuse des belles lettres…

Conduit par Laure Adler (écrivain et responsable littéraire au Seuil depuis fin 2005, par ailleurs féministe et fidèle de Michèle Perrot) et Stefan Bollman, cet ouvrage retrace l’histoire des femmes et de la lecture, de ces moments d’alliance entre la lectrice et l’espace du livre, de l’action de lire comme conquête de la liberté. « Les livres ne sont pas des objets comme les autres pour les femmes ; depuis l’aube du christianisme jusqu’à aujourd’hui, entre nous et eux, circule un courant chaud, une affinité secrète, une relation étrange et singulière tissée d’interdits, d’appropriations, de réincorporations. », déclare Laure Adler dans son texte d’accompagnement. Stefan Bollmann invite lui « à flâner à sa guise dans ce musée imaginaire, à feuilleter le livre dans un sens ou dans l’autre.»

Selon la présentation de l’éditeur : « Les artistes de toutes les époques ont représenté des femmes en train de lire. Pourtant, il aura fallu des siècles avant qu’il soit accordé aux femmes de lire à leur guise. Ce qui leur incombait d’abord, c’était de broder, de prier, de s’occuper des enfants et de cuisiner. Dès l’instant où elles envisagent la lecture comme une possibilité de troquer l’étroitesse du monde domestique contre l’espace illimité de la pensée, de l’imagination, mais aussi du savoir, les femmes deviennent dangereuses. En lisant, elles s’approprient des connaissances et des expériences auxquelles la société ne les avait pas prédestinées. »

Les reproductionschoisies pour illustrer ce billet sont respectivement :

« La Lecture abandonnée » de Félix Vallotton (1924) représentant un modèle qui interrompt sa lecture pour observer le peintre ou le spectateur. La rêverie de la lecture n’est plus présente dans l’image, la sensualité du nu est suspendue par ce regard pointé sur nous. »

La célèbre photographie d’Eve Arnold de Marilyn Monroe lisant attentivement Ulysse de James Joyce (prise à Long Island en 1954) ou comment contrecarrer l’image de la blonde en « ravissante idiote » !

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