Faut-il brûler la littérature « nouvelle génération » (bon et pis c’est quoi ce concept bidon d’abord ?) ?

Comment mettre un peu d’animation à un dîner entre fins lettrés sans pour autant semer la zizanie ? Facile… Lancer le sujet éternel mais ô combien fédérateur du « La littérature contemporaine c’est de la merde et du c’était mieux avant… » Vous verrez immédiatement les têtes acquiescer, s’enthousiasmer, se gargariser, abonder dans votre sens et se lancer dans des tirades enflammées « C’est une honte… », « Tous ces pseudo-auteurs de merde… », « Il n’y a plus de vrai écrivain en France… (à part peut-être moi ?) ». Patati et patata. C’est bien connu : « Un bon écrivain est un écrivain mort ». Tout le monde s’auto-congratulera de cette saine prise de conscience. Et c’est là que Buzz littéraire entre en scène…

« Buzz…littéraire, à l’origine c’était la mise en avant la littérature « nouvelle génération »« . Cela fait beaucoup de gros mots dans la même phrase. Eh oui, que voulez-vous, c’est mon côté masochiste (je suis l’heureuse maman de l’intitulé).

Tout d’abord le « buzz« , terme à mauvaise réputation (on l’associe au marketing et autre vent médiatique) alors qu’il signifie originellement bouche à oreille tout simplement, une pratique courante en matière de livre. C’est un intitulé certes un peu moderne voire branché, mais qui est justement revendiqué. Pourquoi la littérature devrait-elle être austère ou poussièreuse pour être digne d’intérêt ou de valeur ? J’aime beaucoup ce que dit la jeune écrivain Sofia Guellaty (oh encore « une pseudo-auteur de merde » entends-je déjà souffler…), auteur de « Le sablier », à ce sujet :
« Il faudrait que la littérature soit un peu plus accessible, enlever les livres des musées pour les réintroduire dans un espace ludique et populaire. Organiser des soirées livres, proposer des émissions plus attractives et non en fin de soirée, à des heures impossibles. Quand je serai diplômée, avec plus de temps libre, j’aimerais m’atteler à rendre le livre plus branché. » (Source : Evene).

Le problème c’est que pour beaucoup le livre doit rester dans son écrin sacré et ne surtout pas essayer d’en bouger sous peine d’être taxé de « littérature de merde ».

Poursuivons le décryptage : « littérature nouvelle génération« , alors là on frôle le crime de lèse majesté ! Mais que sont-ils encore allés inventer avec leur concept bidon ?! Eclaircissons un peu ce « sous-titre ». En fait c’est assez simple, elle est directement inspirée de la collection J’ai lu, lancé en 1996 par Marion Mazauric (qui a tout compris avant l’heure) dont la définition est « la rencontre de nouveaux talents, d’un ton moderne, d’une langue réinventée, un univers ultra contemporain, le combat ordinaire contre tous les tourments du XXIème siècle, et la drôlerie tendre ou cynique du quotidien… Un seul mot d’ordre pour la Nouvelle Génération : inventivité ! »

Une définition qui colle parfaitement à ce que nous avons eu envie de présenter et partager sur ce « blog-site » à travers nos thèmes de prédilection (donc forcément limités mais c’est une « bulle » après tout, elle n’a pas vocation à être exhaustive).

Et cette nouvelle littérature est là, bien vivante, dans toute sa diversité et sa richesse, aussi « valable » que celle d’hier. Bien loin des considérations oiseuses et aigries sur « la qualité littéraire qui se perd »…
Oliver Rohe (encore un jeune auteur (Défaut d’origine..), décidément comme c’est bizarre !) l’expliquait très bien dans l’excellente émission « Leçon de littérature » sur France Culture : « La littérature ne suit aucun ordre. Il n’y a ni matière noble ni matière honteuse. La littérature n’est qu’une tentative sans cesse renouvelée de restitution de la complexité, du désordre qu’elle charrie. »

De Julien Gracq (La littérature à l’estomac) à Richard Millet (Harcèlement littéraire), le discours n’a pas changé. Toujours les mêmes plaintes hautaines, pleine de suffisance, de mépris, les remontrances au nom d’une grande morale littéraire dont leurs auteurs pensent détenir, la clé, le grand secret. Et de se désoler de « l’approximation syntaxique » et du « tout-à-l’égoût linguistique » de leurs contemporains.

« Je ne lis presque plus mes contemporains, par dégoût de leur langage, manque d’intérêt pour leurs thèmes. (…) Le roman français souffre d’un manque d’ambition, d’architecture, d’intelligence, de culture même, et de la nostalgie de ce qu’il a été, autant que d’être fasciné par le modèle anglo-saxon- toutes choses qui me font mépriser à peu près tout ce qui paraît en France et n’avoir pas d’estime pour ce qui est généralement reçu comme littéraire » Richard Millet

En littérature (comme dans tout domaine artistique), tout est affaire de subjectivité. Certains tiendront Bret Easton Ellis pour un génie tandis qu’American psycho tombera des mains d’un autre. Ce dernier devra t’il pour autant déclarer que c’est « de la merde » ? Est-ce parce qu’on n’aime pas un auteur que sa prose est pitoyable, bonne au rebut ? Bravo l’ouverture d’esprit et la tolérance. Qui peut prétendre savoir ce qui est « bon » ou « mauvais » en littérature ? Bon pour qui ? Mauvais par rapport à quoi ? Qui peut prétendre avoir lu l’exhaustivité des milliers de nouveaux livres qui sortent chaque année en France ? Qui dispose d’un système d’évaluation de qualité littéraire infaillible et scientifique qui lui permettrait de déclarer qu’une seule et petite poignée d’écrivains actuels vaut la peine ? Qui peut prétendre faire de son opinion personnelle une généralité ?

Ils sont là les jeunes auteurs, la plume fébrile, caustique, assassine, poétique, fiévreuse, loufoque ou mélancolique… De Bégaudeau à Amélie Nothomb (oui, elle aussi, elle vend et ce n’est pas pour cela que c’est une pseudo-auteur de merde), de Chuck Palahniuk à Bernard Mourad ou James Flint, de Nancy Huston à Olivier Adam, de Thomas Gunzig à Philippe Djian, Houellebecq, Régis Jauffret, de Douglas Coupland à Jay Mc Inerney, de Lucia Etxebarria à Sophie Jabès, du génial Niccolo Ammaniti à Paul Auster, de Laurence Tardieu à Arnaud Cathrine, Lionel Tran, Vincent Ravalec, de Chloé Delaume (ajout du 15/09/06 de cette photo ci-dessus qui nous est envoyée par Magalie et qui s’étonnait des reproches faits par l’auteur sur son blog aux « pouffes hypeuses » de la littérature) à Faïza Guène ou encore d’Anne Godard ou Ariel Kenig à Frédéric Beigbeder ou Virginie Despentes (oui, oui eux aussi que ça plaise ou non !)… Et tant, tant d’autres (sans parler des littératures dites de genre : du polar à l’heroïc fantasy…). Lolita Pille, ambulance parmi les ambulances, sur laquelle les « vrais littéraires » aiment tant tirer, a certainement apporté bien plus à beaucoup d’ados que beaucoup de grands auteurs si l’on en juge par le nombre de fois où son nom est saisi, chaque jour, dans Google, et le nombre de messages qui nous ont été envoyés à son sujet, par exemple. Qu’on le veuille ou non c’est ainsi. La littéraure est vivante, elle évolue, ce n’est pas un animal empaillé. Elle touche, elle donne du plaisir, elle accompagne, elle fait écho, elle dédramatise, elle met des mots sur nos malaises, nos peurs, elle nous aide tout simplement.

Chacun avec leur style, leur univers, leur langage, leurs questionnements, ces jeunes auteurs nous font réfléchir sur notre époque, notre génération, celle d’hier, celle de demain. Il suffit de vouloir la rencontrer en allant par ou ici ou encore et

Et, à moins d’avoir un ego surdimensionné, de ne jamais sortir de sa tour d’ivoire ou d’être de franche mauvaise foi, il est tout bonnement impossible de la condamner en une ou deux phrases définitives.

Pour finir, je citerai ce passage de George Orwell extrait de son livre « Un peu d’air frais » où l’un des personnages ne lisait que de la littérature latine :
« Peut-être bien que la plupart des gens que nous voyons marcher sont morts. Nous disons qu’un homme est mort quand son cœur cesse de battre, pas avant. Ca semble un peu arbitraire (…) Peut-être un homme meurt-il vraiment quand son cerveau s’arrête – quand il a perdu l’aptitude à enregistrer une idée neuve. (…) Dit les mêmes choses, remâche les mêmes pensées, jour après jour, année après année. Il y a des tas de gens comme ça. Morts dans leur tête, bloqués de l’intérieur. Avançant et reculant sur la même voie exigue, et perdant sans cesse de leur consistance, comme des spectres. » [ Alexandra, Buzz littéraire ]

Nb : une petite humeur en clin d’oeil amical aux notes de ‘La litterature’ (Où sont les jeunes auteurs ?, elle même en écho à la note de Chloé Delaume, que nous remercions au passage d’être une de nos lectrices même si nos idées sont en effet différentes) et à Ladywriter.

67 Commentaires

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  1. Je lis beaucoup d’auteurs contemporains, beaucoup, beaucoup, des plus vieux, des plus jeunes que moi. Il y en a que j’admire, énormément, des vivants, très jeunes, ou vieux. Médiatisés ou pas. Il y a plein de trucs à lire qui valent le coup. Mais :
    J’ai connu le mépris très premier degré de certains "jeunes écrivains branchés" dans "certains" salons, parce que j’étais comment dire… pas à la mode, pas habillée (pas buzz ?), pas médiatisée, etc. Je vous jure que ça existe. Je ne citerai personne, aucun intérêt, mais du coup cela permet de relativiser et de comprendre l’agacement de Delaume, quand même : y’a des "jeunes filles" qui se prennent vraiment pas pour de la "merde" mais, contrairement à Millet et Delaume, pas de façon "publique"…

    • Hélène sur 14 septembre 2006 à 15 h 33 min
    • Répondre

    Saviez vous qu’Amélie Nothomb était étudié au lycée ? désolée si ça n’apporte pas beaucoup au débat.;

  2. Perso, je viens de feuilleter le dernier opus de Zeller (je fais des efforts, hein!?) et je comprends vraiment pas le concept : comment peut-on avoir la prétention de réécrire The Catcher in the rye, de salinger, sans même avouer une quelconque forme d’hommage (qui serait par ailleurs stupide sous cette forme). D’ailleurs, ironie de l’histoire, Salinger mettait autant de soins à fuir media et honneurs que Zeller en met pour faire l’inverse. Est-ce ça la littérature contemporaine? Désolé mais, une fois de plus, lisez plutôt le fort joli livre de Salinger que la photocopie merdique de Zeller.

  3. Emmanuelle, où vois tu que je parle « d’habits » dans mon billet ???
    Je ne sais pas si l’on parle de la même chose là… Il faut arrêter de réduire la littérature contemporaine à 2 à 3 figures sur-exposées sur lesquelles des étiquettes stupides ont été apposées. Ce n’est qu’une toute petite partie de l’iceberg… J’ai l’impression d’avoir cité un panel d’auteurs tous très différents et renvoyer sur des sites qui démontrent la richesse et la diversité de la littérature contemporaine/nouvelle génération.

    Merci Hélène de cette info intéressante et bien dans le "débat" ! Je crois qu’un certain nombre d’auteurs contemporains commencent à être étudiés à l’université notamment (je pense à Echenoz…, les autres noms m’échappent).

    Max, on a fait le même constat alors (voir notre billet sur la question). Mais puis-je t’inviter à lire d’autres jeunes auteurs pour te lancer dans la littérature "vivante" ? + même réponse qu’à Emmanuelle 🙂

  4. J’aurais encore d’autres noms à ajouter à la liste…
    Beaucoup de bons, je suis d’accord, chacun trouvant son ton pour évoquer l’époque… Mais l’époque est petite si l’on ne regarde pas devant, et nombre de ces auteurs ont, il est vrai, le nez plongé dans le quotidien.
    Quant à trouver des "grands", laissons le temps faire son oeuvre, et tournons en attendant les pages avec plaisir.

    (PS : je tiens volontiers BE Ellis pour un génie MAIS American Psycho m’est tombé des mains… dame! je ne sais plus dans quelle catégorie me ranger, est-ce grave? 😉

  5. A-t-on déjà évoqué le "cas" Christian Bobin sur le buzz ?

  6. … je dis "habits" à cause de "branché" : tu sais bien que des "auteurs" sont lancés comme des produits de mode, et (c’était mon anecdote), et certain(e)s jouent le jeu au premier degré (voilà pourquoi C.Delaume les traite de "pouffes hypeuses").

    Quand à être "étudié" au lycée, je ne vois pas en quoi cela "assoit" une légitimité. Sur mes trois livres parus, un a été étudié dans un lycée, l’autre dans une trentaine de lycées, et franchement, je me sens loin, très loin, de Charles Juillet étudié par mon fils. La littérature contemporaine, comme l’art contemporain, ont toujours fait partie des enseignements, du collège à l’université*. Tout-à-fait d’accord avec toi sur la littérature "vivante".

    * spécialement en seconde, tiens, je pense que ça peut t’intéresser :

    http://www.ac-rennes.fr/pedagogi...

    (voir séquences du chap "Ecrire, publier, lire" dans "programmes seconde et première) y’a des séquences qui se basent sur la collection "harlequin", en voilà du contemporain pas branché ! Quoique ?

    • Pistolero sur 14 septembre 2006 à 17 h 52 min
    • Répondre

    Mon avis est simple. Il y a aujourd’hui trop d’écrivains alors que la littérature a cessé d’être essentielle à l’esprit de l’époque. "La nouvelle littérature" n’est certainement pas pire ou meilleur que l’ancienne, elle souffre sans doute de sa volonté de coller au temps, mais ça ne lui est pas particulier.
    Ce qui manque aujourd’hui, ce sont les GRANDS auteurs. Il n’y en a pas. Il y en a des bons, des biens, des pas mal mais strictement aucun GRAND.

  7. …a chaque époque son histoire…je pense quand même qu’il y aura quelques survivants de l’actuelle…aujourd’hui dans l’"aire" de l’image et du "zapping" il semble assez difficile et ou incongru d’utiliser un langage Proustien ou Flauberien…nous devrions peut être aussi dresser un inventaire des sorties de romans des époques dîtes riches littérairement car il y a du y avoir des succés assez médiocre dont nous n’avons plus trace ni importance aujourd’hui…Florian Zeller je trouve ça vraiment léger…mais actuellemnt je relis bright light big city de McInerney et je le trouve vraiment beau et intéressant…

    • Pistolero sur 14 septembre 2006 à 18 h 06 min
    • Répondre

    Florian Zeller n’est pas un écrivain, il est beaucoup trop protégé par son entourage pour en devenir jamais un. Son cadre de vie, son cocon l’empêche d’écrire. Mais bon, aucune importance…Il vend des livres et c’est très bien pour lui.
    Quand je dis qu’il n’y a plus de grand, je veux dire qu’avant on avait Aragon et Sartre, aujourd’hui c’est sollers et BHL, il y avait Beckett, Duras, Sarraute aujourd’hui c’est Angot, Millet et consoeurs. Et le seul auteur sur lequel tout le monde semble s’accorder c’est le pénible houelbecq, autant dire que la crise est très profonde…

  8. Pour moi, Sartre c’est déjà de la sous-philo (parlons même pas de littérature), Duras et Sarraute de la sous-littérature. Préférez Heidegger, bukowski, Vian, Pagnol, Camus…

    • Pistolero sur 14 septembre 2006 à 18 h 58 min
    • Répondre

    Je ne veux pas entrer dans des querelles de goût, nous n’en sortirions plus. Je préfererai une réponse sur le fond du problème, une analyse.
    En France aujourd’hui, on exige plus des restaurants que des écrivains, on critique tout sauf la littérature qui est une sorte d’exception et à la télé, par exemple, nous sont présentés au moins dix chef-d’oeuvre par semaine. Et tout le monde trouve ça normal et les éditeurs sont ravis, on vend du papier et on ne parle pas de contenu.

    • PhJ sur 14 septembre 2006 à 21 h 04 min
    • Répondre

    Les éditeurs sont ravis ? Sûrement pas. On vend du papier ? Pas beaucoup. Bien moins qu’avait en tout cas – il y a 30 ans, un roman qui faisait 80 000 exemplaires faisait un score correct, sans plus. Aujourd’hui c’est un exploit. Quand au "fond du débat", Pistolero, il n’y en a pas sans "querelles de goût". Le débat que tu proposes est : avant il y avait de grands auteurs, maintenant il n’y en a plus. Mais comme grands auteurs, à titre d’exemples, tu cites Aragon, Sartre, Sarraute, qui pour beaucoup de gens n’en sont pas, de grands auteurs, loin de là – pour moi, en tout cas, ces gens sont tout ce qu’on veut sauf de grands auteurs. Donc ton postulat de départ ne tient plus, et il n’y a plus de débat. Les grands auteurs de maintenant, s’il y en a, tu ne les connais peut-être pas. Il faut des années et des années pour révéler un grand auteur.

    • Pistolero sur 14 septembre 2006 à 21 h 27 min
    • Répondre

    Les ventes baissent donc mais la publicité augmente…si j’ai bien compris. C’est un star system de gens qui ne vendent même pas beaucoup…C’est très ironique.

    En fait, ce qui m’étonne c’est que par le passé, les auteurs avaient une audience, on respectait ça, aujourd’hui tout le monde s’en fiche. Les gens n’ont plus besoin de lire, la télé, la radio, le cinéma leur apportent tout et leur paresse intellectuelle en est justifiée. Et je ne les critique pas, je suis moi aussi comme cela.

  9. "Qui peut prétendre savoir ce qui est "bon" ou "mauvais" en littérature ? Bon pour qui ? Mauvais par rapport à quoi ? Qui peut prétendre avoir lu l’exhaustivité des milliers de nouveaux livres qui sortent chaque année en France ? Qui dispose d’un système d’évaluation de qualité littéraire infaillible et scientifique qui lui permettrait de déclarer qu’une seule et petite poignée d’écrivains actuels vaut la peine ? Qui peut prétendre faire de son opinion personnelle une généralité ?" (Buzz)

    "C’est là dessus que joue l’incompétence : profitant de ce que nul ne peut dire ce que doit être la littérature, elle interdit qu’on dise que ce qu’elle traite comme telle n’en est pas" (Qui a peur de la littérature, Domecq)

    Il faudrait organiser une sorte de critique de la critique… montrer qu’elle prend parfois des vessies pour des lanternes, avec une bonne foi crasse. Il faut faire attention à ce genre d’argument déresponsabilisant. S’il est malaisé de définir ce qui est beau ou bon, il n’est pas tout à fait impossible de trouver quelques critères objectifs qui feront sens.
    À part ça je suis totalement d’accord pour dire que la littérature contemporaine n’est pas morte.

    • PhJ sur 15 septembre 2006 à 1 h 22 min
    • Répondre

    "La publicité augmente" ? Quelle publicité, où ? Le "star system" ? Faut ouvrir les yeux, Pistolero, regarder autour. Les gens s’en foutent, des écrivains. Selon un sondage de l’année dernière, 80% des Français ne savaient pas qui était Michel Houellebecq. N’en avaient jamais entendu parler. 80%…

    • Pistolero sur 15 septembre 2006 à 1 h 50 min
    • Répondre

    La publicité, il n’y a que ça. Regardez les émissions littéraires, elles ne servent qu’à faire de la promo. Un livre est traité en deux minutes et vendu avec un pitch.

    Le star system, même chose. Il n’y a plus que ça. Beigbeder, Zeller, Rey, Angot sont tous passés par la case télé et leur notoriété est intimement liée à ce media. Ils travaillent à la télé, ils sont même animateurs.
    Et ne croyez pas que je juge, je constate seulement. Je suis assez intelligent pour savoir que ça ne sert à rien de détester la télévision puisque nous vivons avec. Et après tout, je ne demande même pas à la télévision de parler de littérature puisqu’elle n’en est pas capable. Il reste toujours France Culture.

    • Pistolero sur 15 septembre 2006 à 1 h 56 min
    • Répondre

    Faites un jour une comparaison sérieuse entre les émissions culinaires et les émissions littéraires (par exemple la chronique de François Simon sur Paris Première). Dans un cas, vous verrez un critique minutieux, estimer chaque détail d’un plat, vérifier chaque aliment, de l’autre vous n’aurez que de la complaisance et des propos de table.

  10. Emmanuelle, oui j’ai passé un très bon moment à la lecture de "Stupeur et tremblement" d’Amélie Nothomb, dois je m’en excuser ou en avoir honte ? Peu importe qu’elle soit étudiée ou non au lycée.

    Pour moi "la grande littérature" et les "grands auteurs" sont ceux qui me donnent du plaisir. Des livres auxquels j’ai envie de retourner. C’est ma seule définition.
    Mais je ne l’impose pas : à chacun ses critères.

    Je respecte ton univers qui n’est pas le même que le mien. Les auteurs, les thèmes qui te touchent sont différents des miens apparemment, est-ce pour autant que j’irai les critiquer ou les prendre de haut ? Ca ne me viendrait jamais à l’idée…

    Que l’on n’aime pas un livre ou un auteur, c’est bien légitime mais ce qui me choque c’est de dire "C’est de la m## » là où il faudrait seulement dire "Je n’aime pas". Ce qui me choque c’est de faire de son opinion personnelle, une généralité.

    Par ailleurs, je ne comprends pas qu’on puisse condamner la littérature contemporaine en la réduisant à des "auteurs lancés comme des produits de mode" ou à des "pouffes hypeuses" dont tu parles en citant Chloé Delaume.

    Outre le fait que je ne partage pas du tout cette vision des choses [ Qu’est ce que les vêtements viennent faire là-dedans ? N’a t’on pas le droit de s’habiller comme on veut quand on est écrivain ? Si on est bien habillé alors on est automatiquement mauvais ? Par exemple, devrais-je blâmer Chloé Delaume pour s’habiller tout en noir ou pour avoir posé récemment en pleine page dans le magazine Elle -magazine de "pouffes hypeuses" ?, bien sur que non ce qui m’intéresse ce sont ses livres, même si effectivement elle dégage aussi une certaine "aura" qui participe aussi à son succès je pense, mais est-ce un mal ?], je trouve ça inadmissible au regard de la diversité des auteurs (voir les liens cités en référence qui donnent un aperçu de nombreux jeunes auteurs en activité et qui ne demandent qu’à être lus !).

    Il est tellement facile d’éviter ceux que l’on aime pas pour découvrir d’autres talents avec lesquels on est en affinité. Je comprends que c’est plus facile de se réfugier derrière un "la littérature contemporaine c’est de la merde", mais pour moi c’est juste une pose et ceux qui déclarent cela, sans nuance, n’ont pas fait l’effort de creuser le sujet. Et c’est ça qui me fait bondir !

    Et Tsquaron, j’insiste encore une fois sur la notion de subjectivité : la littérature c’est une histoire personnelle et personne ne peut décider pour quelqu’un d’autre ce qui est bon pour lui ou non. Il n’y a pas de critères objectifs et universels pour juger de la qualité d’un livre.
    C’est déstabilisant, mais c’est ainsi. Oliver Rohe le dit mieux que moi :
    "La littérature ne suit aucun ordre. Il n’y a ni matière noble ni matière honteuse. La littérature n’est qu’une tentative sans cesse renouvelée de restitution de la complexité, du désordre qu’elle charrie."

    Montesquieu déjà en 1757 pour ne citer qu’un des nombreux essayistes sur le sujet entre le XVII et XVIIIe s et après… « Les sources du beau, du bon, de l’agréable, etc., sont dans nous-mêmes ; et en chercher les raisons, c’est chercher les causes des plaisirs de notre âme. » (essai posthume sur le goût 1759)

  11. Dxtr, sans être une experte du genre, "Elle" c’est quand même le magazine de la mode et de la hype par excellence et du parisiannisme… 🙂
    Mais à la limite peu importe… après tout ! C’est juste le décalage qui est intéressant là.

  12. alexandra : je ne sais pas toi mais j’ai été un peu déçu par les suivants de McInerney…
    chez Martin Amis il y a aussi des trés bonnes choses…notamment London Fields…

  13. Joest, pour répondre à ta question : Est-ce que Faiza Guène ou Lolita Pille font de la littérature tout court ? Je vais me répéter (mais bon cette phrase est tellement vraie) et citer Oliver Rohe :

    "La littérature ne suit aucun ordre. Il n’y a ni matière noble ni matière honteuse. La littérature n’est qu’une tentative sans cesse renouvelée de restitution de la complexité, du désordre qu’elle charrie."

    Et concernant Philippe Djian, oui pour moi sa prose est extrêmement moderne et contemporaine. C’est un inventeur et un explorateur (cf son dernier roman basé sur les techniques audiovisuelles).
    La nouvelle littérature ce n’est pas une question d’âge à mon avis.

  14. Oui Mat, idem pour les suivants à part « Trente ans et des poussières » qui est pas mal, mais glamour attitude ne m’a pas du tout tenté par ex. On peut avoir la même déception sur BEE et Nick Hornby. Suis pas une grande fan d’Amis par contre sinon même si figure incontournable. Cela m’amène aussi à dire que « suivre » un auteur n’est pas forcément toujours pertinent, je préfère suivre les bons bouquins en fait (ce qui reste bien sûr relatif et limité à mon jugement personnel : un bon bouquin pour moi ne sera pas forcément un bon bouquin pour d’autres hein !)… CQFD 🙂

  15. Chère Alexandra, je vous cite encore, pour ne pas perdre le fil :

    « La littérature c’est une histoire personnelle et personne ne peut décider pour quelqu’un d’autre ce qui est bon pour lui ou non. Il n’y a pas de critères objectifs et universels pour juger de la qualité d’un livre.
    C’est déstabilisant, mais c’est ainsi. Oliver Rohe le dit mieux que moi :
    "La littérature ne suit aucun ordre. Il n’y a ni matière noble ni matière honteuse. La littérature n’est qu’une tentative sans cesse renouvelée de restitution de la complexité, du désordre qu’elle charrie." »

    Mettre en exergue la subjectivité à tout va, c’est globalement dire qu’aucune œuvre ne possède de qualités propres et intrinsèques. C’est oublier que l’objectivité n’est somme toute que la rencontre de plusieurs subjectivités. C’est nier le travail de l’auteur, ses intentions, ses capacités à mettre en place une structure, un style, un propos reconnaissables, par tous ou par quelques uns seulement. Si un livre échappe à son auteur, il en reste pas moins le livre de cet auteur. Que les goûts diffèrent d’un individu à l’autre, j’en conviens parfaitement. J’aime les chicons, mon voisin les déteste. Cela n’empêche aucunement que ce chicon que je mange ait, par rapport à un autre, en soi, une bonne ou une mauvaise saveur, que ce chicon ait ou non une forme plus ou moins harmonieuse. Du reste, le goût, ça se travaille, ça s’apprend. On nie trop souvent les vertus de l’éducation. A 12 ans, je n’aimais pas le vin, aujourd’hui, je participe à des dégustations, j’apprend à distinguer les diverses subtilités, le raffinement plus ou moins poussé de ce breuvage. En quoi la littérature ou l’art en général diffère-t-elle de cela ? Il n’y a dans cette citation de Rohe aucune restriction au fait qu’un livre peut être bon ou mauvais, indépendamment du jugement de son lecteur. Olivier parle de création, du mouvement de la création, pas de critique, pas de jugement, pas de discernement (et à ce propos, je me demande s’il n’y aurait pas, dans « Le cadavre bouge encore » des phrases de cet auteur qui abonderait dans mon sens).
    Je me demande si au fond, nous ne sommes pas d’accord, mais que nous ne parlons pas de la même chose. Je ne cherche pas à imposer quoi que ce soit à quiconque, mais j’aime défendre le fait que la littérature, ce n’est pas juste écrire (au sens purement musculaire du terme) et être lu.

  16. Tsquaron, je suis d’accord avec toi « la littérature, ce n’est pas juste écrire (au sens purement musculaire du terme) et être lu. » C’est aussi donner du plaisir comme je le disais plus haut. Donc pour moi si un livre parvient à susciter un plaisir, à toucher un lecteur alors il sera « bon », au moins pour ce lecteur là. Et ça on ne peut pas le nier ou le dénigrer. Ce que j’aime dans la citation de Rohe c’est son passage : « Il n’y a ni matière noble, ni matière honteuse. » Mais si je te suis bien, tu sembles penser, au contraire, qu’il y a une « matière noble » et une « matière honteuse » littéraire. Où ai je mal compris ton propos ?

    • Dxtr sur 15 septembre 2006 à 11 h 12 min
    • Répondre

    A priori Elle n’est pas vraiment le magazine des "pouffes hypeuses". Quand on me dit ça, je pense plutôt à tout ces magazines, gratuits ou très chers, qu’on trouve, papier glacé et pubs porno-chics, chez Colette (pas la Librairie le magazin branché parisien). Technikart à la limite…

  17. On mélange tout, là!

    Peut-on classer Philippe Djian comme faisant de la "nouvelle littérature"? Est-ce que Faiza Guène ou Lolita Pille font de la littérature tout court?

    Je crois qu’en France, on sacralise trop les livres: l’écrivain, c’est l’intello. Donc, toute personne (homme politique, sportif, animateur télé, journaliste, etc.) qui veut une stature d’intello écrit un livre (ou se le fait écrire.) Pour n’importe quel médias (presse, télé…), rien n’est plus prestigieux que d’inviter un écrivain, même s’il parle à peine de son livre. Et enfin, pour n’importe quel lieu en mal d’image (supermarché, boutique branchouille…), rien de tel qu’un rayon livre.

    Les éditeurs ne s’embêtent pas. Comment distinguer la prose laborieuse du "style particulier"? Le vil plagiat de "l’hommage"? Alors, ils publient chacun des dizaines de livres chaque années, en espérant que le public saura trier le bon grain de l’ivraie. Et que parmi les 10 livres moyens, il y aura un best-seller.

    • Dxtr sur 15 septembre 2006 à 12 h 51 min
    • Répondre

    Je crois que ce qu’il veut dire, c’est que les gouts (qui tendent à s’affiner) et l’éducation (littéraire) du lecteur ont une importance. Sinon on revient à "les plus grosses ventes sont les meilleurs livres et c’est tout", dans ce cas la collection harlequin c’est sans doute la valeur sure en matière de maison d’édition, sans parler de la biblitheque verte et rose et la biographie de Loana, voilà un excellent recueil d’autofiction…

    • Alexandra - Buzz littéraire sur 15 septembre 2006 à 12 h 52 min
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    argh ! tu m’as doublé 🙂 Je disais donc : J’ajoute une petite réserve sur ton « le goût ça se travaille, ça s’apprend », même si je vois bien ce que tu veux dire, je pense aussi qu’il faut laisser une liberté. Aujourd’hui on a tendance à trop vouloir formater les gens, les goûts par rapport à un « idéal » pas forcément idéal justement… Existe t’il un « idéal » littéraire justement ? Je ne le pense pas…

    et au fait tu n’as pas répondu à ma question…

    • Dxtr sur 15 septembre 2006 à 13 h 03 min
    • Répondre

    ben non, je ne suis pas tsquaron 🙂

  18. lol, effectivement il y a emmêlage de pseudos… Mes excuses donc Dxtr et Tsquaron. Vous avez dit des choses qui se rejoignent. La question reste valable 🙂 (tant qu’à faire)

    • Dxtr sur 15 septembre 2006 à 13 h 21 min
    • Répondre

    Donc : La notion de honte m’étant êtrangère, je ne considère pas qu’il y ai de matière honteuse.
    Mais par contre, du fait de nos goûts, de nos attentes, du fait même que nous soyons humains et vivants, je pense, et peut etre que là je te rejoins que nos sentiments pour un objet peuvent l’annoblir. Par contre je peux faire la distinction entre un livre qui me plait, qui me fait rire ou bander et un livre qui me fait "autre chose", que j’annoblis en esprit au moment de la lecture, un bon livre, voire un grand livre (film, tableau, plat cuisiné, partie de jambe en l’air).
    Tout ça pour aboutir au mot tabou : Art. Peu de gens le disent encore mais la Littérature est un art et un art c’est un ensemble de considérations esthetiques, politiques, théoriques et émotionnelles complexe. Lire du Lolita Pille ça ne me pose pas de problème éthique pour un voyage en train, mais théoriser son travail ou m’interesser à la construction de ses livres ou de l’avancement de son travail sur les méthaphores filées, ou même savoir si elle sait raconter les histoires, ça ne m’interesse guère : le livre terminé, je souris et je passe à autre chose. Je ne dis pas que Miss Pille ne fait pas de la Littérature (ou de l’art) mais qu’elle ne produit qu’oeuvres mineures (si oeuvre il y’a) pour l’instant (et je n’ose même pas parler de Bénédicte Martin puisqu’on en est aux créatures Begbediennes…).

    Argghh, c’est assez confus.

    • Dxtr sur 15 septembre 2006 à 13 h 25 min
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    Désolé c’était en effet confus, par contre je tombe là dessus : http://www.chloedelaume.net/rem3...

    J’adhère !

  19. Merci Dx ! C’est intéressant ce que tu écris et merci pour le lien de Chloé. Suis contente elle ne m’incendie pas 🙂

    Je respecte aussi complètement ce qu’elle dit même si ce n’est pas forcément ma vision personnelle. Elle dit : « Je n’entretiens pas avec les livres un rapport de divertissement. J’ai la télévision pour ça, le cinéma grand public et les jeux vidéo. » et « Si j’ai un infini mépris pour les produits issus de la littérature industrielle, je n’ai aucun dédain pour les écrivains narratifs. Il y en a de très sérieux, avec une écriture brillante, singulière et tout le tralala. »

    C’est sa vision de la littérature, ce sont ses propres attentes à un niveau personnel.

    Ce n’est pas forcément ce que TOUS les lecteurs recherchent. Doivent-ils pour autant être dénigrés ou sous-estimés ?

    PS : pour moi il n’existe pas de « littérature industrielle » (sous-entendu littérature bas de gamme). Il y a juste DES littératures et DES lecteurs.

    • Pistolero sur 15 septembre 2006 à 14 h 32 min
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    Il y a pourtant quelques différences de qualité entre Christian Jacq et Sherko Fatah…
    Dans un cas c’est écrit au dictaphone à une secrétaire en faux Dior, dans l’autre à la main par un homme qui réfléchit.

    • PhJ sur 15 septembre 2006 à 14 h 43 min
    • Répondre

    Sans vouloir parler à sa place, je crois que vous faites une petite confusion dans l’interprétation des propos d’Oliver Rohe. Quand il parle de "matière noble et de matière honteuse", il ne parle en aucune manière du résultat, du livre, de la lecture. Il parle de ce dont se sert l’auteur pour "faire" son livre – il dit qu’on peut se servir des problèmes gastriques de sa grand-mère ou du grand élan du Front Populaire, ça n’a pas d’importance, du moins pas d’effet sur la qualité finale du livre. Je ne vois rien là-dedans qui suggère qu’il n’y a pas de bons ou de mauvais livres. Il y a de mauvais livres, évidemment. Le politiquement correct a ses limites (la toute première fois que j’ai entendu parler de "politiquement correct", c’était il y a quinze ou vingt ans, à propos d’un mouvement qui enflait aux Etats Unis et selon lequel il ne fallait faire aucune différence de valeur entre A la recherche du temps perdu et le témoignage d’un chauffeur de taxi – je n’ai rien contre les chauffeurs de taxis). Le politiquement correct, ça va deux minutes. Il y a de mauvais livres. C’est de la littérature quand même, pas de la charcuterie-volaillerie, mais de la mauvaise littérature. Le nier, en brandissant le drapeau du goût des uns et des autres, c’est comme affirmer qu’on ne peut pas dire que le litron en pack carton à un euro est du mauvais vin, que Clayderman c’est de la mauvaise musique, que les 4000 c’est de la mauvaise architecture, que les croûtes que peint ma tante c’est de la mauvaise peinture, etc… Tout mettre sur un même plan, avec simplement des différences de goût personnel, c’est nier la notion d’art.

  20. Philippe, pour avoir écouté la totalité de l’entretien d’Oliver Rohe, je ne pense pas, sauf erreur de compréhension, qu’il parlait de ce que tu décris. En fait plus précisément il décrivait les nouvelles formes que peuvent prendre la littérature (tel que le langage de l’oralité par ex) et qui sont souvent décriées par « les vrais littéraires ». Je pense par ex à Virginie Despentes qui a introduit un nouveau langage littéraire dans « Baise moi ».

    Il expliquait en gros (en très gros hein !) qu’il n’y a pas que « Proust » qui soit digne de valeur littéraire.

    Et pour revenir sur la notion de « bon » ou « mauvais » livre je maintiens, c’est très relatif.
    Ex : mon copain adore Pratchett et Anne Rice et moi je trouve ça nul. Sinon, il déteste à peu près tout ce que j’aime. Désolée mais « l’Art » n’est pas unique.

    • Pistolero sur 15 septembre 2006 à 16 h 18 min
    • Répondre

    Change de copain, c’est une tanche.

  21. Je ne vais sûrement pas mepermettre de porter des jugements de valeur sur tel ou tel auteur. Mais je suis une grosse lectrice et quand je lis, j’aime ressentir une émotion ou une admiration, bref qu’il se passe quelque chose. Or, à ce jour, je ne retrouve ces sensations que chez les auteurs étrangers, pas les Français et surtout pas les contemporains. Ce n’est pas que ce soit mauvais mais ce que j’ai lu manque de souffle. Oui, il y a peut-être un manque cruel de GRANDS AUTEURS tout simplement.

    • Chloé sur 15 septembre 2006 à 20 h 30 min
    • Répondre

    Alexandra : je ne lis jamais Elle, mais je crois que c’est un magazine plutôt national, qui n’a pas pour cible les pouffes hypeuses. Il me semble que ce sont plutôt des titres dans le genre de Mademoiselle Technikart qui tiennent ce marché. Je ne les lis pas non plus, mais j’aime beaucoup jouer à Vis ma vie de porte-manteaux par leur biais. Ca dure deux heures grand maximum et c’est toujours une expérience infiniment exotique, le GN le plus rigolo qui soit. Sans compter que des fois je peux avoir de ses plans fringues, ma fille, t’as pas idée 🙂

    • Chloé sur 16 septembre 2006 à 2 h 01 min
    • Répondre

    *ces
    😐

  22. Serais-ce la vraie Chloé Delaume qui vient de parler? Vite! Appellez le Figaro pour qu’ils citent ses propos!

  23. Joest, héhé…Tu sais bien qu’il n’existe pas de vraie Chloé Delaume puisque c’est un personnage de fiction ! 🙂

    Chère Marie-Charlotte, ce que tu dis a été dit exactement mot pour mot à chaque époque…
    Sinon, je ne sais pas ce que c’est un "GRAND AUTEUR".
    Pour Marion Mazauric (fondatrice des éditions "Au Diable Vauvert"), Stephen King est un "grand auteur". Pour d’autres, c’est une "sous-merde".
    Je cite un extrait de l’article du Monde : "Stephen King est un des grands écrivains du XXe siècle". Elle n’en démord pas. Et ce n’est pas parce qu’il est boudé par les élites littéraires françaises qu’elle taira ses convictions."

    Qui a tort, qui a raison ? Il est impossible de répondre à cette question. Par contre oui, il y a bien des modèles de pensée dominants mais je ne les prends personnellement pas pour référence pour "juger".

    Pisteloro, non je ne changerai pour rien au monde ! Et pour tout te dire, il a énormément fait évoluer ma vision des choses (avant j’avais tendance à croire qu’effectivement il y avait de "bons" livres (ceux que j’aimais bien sûr) et des "mauvais". Depuis, j’ai beaucoup moins de "certitudes" et suis beaucoup plus nuancée, crois-moi ! Il suffit pour cela de parler un peu avec les gens, sortir de son « petit milieu » et ça remet tout de suite les choses en place…
    Sinon désolée ton message "Ouf !" à la suite du message de "Phj" a été effacé par mégarde par le logiciel anti-spam. Tu en excuseras le gentil webmaster ?

    Chère Chloé, ta pose photo dans Elle ne me pose aucun problème existentiel (elle est même chouette cette photo !).
    Ce qui m’a interpellé, quand je l’ai reçue, ce sont tes reproches assez violents sur "le lancement des produits de saison, le sérieux avec lequel ces adorables faiseurs se déclarent écrivains, décomplexés ou très naïfs, citant des pouffes hypeuses comme si c’étaient de vrais éditeurs" et cette pose photo dans ce magazine de mode.
    Ces "faiseurs" comme tu les appelles n’ont pas, il me semble, à rougir de leur prose donc je ne comprends pas bien cette hargne à les descendre parce qu’ils ont le malheur de porter un vêtement ou d’avoir un visage qui ne convient pas à "la littérature". Les vêtements et le physique ne sont pas, pour moi, des critères pour juger de la valeur d’un écrivain.
    Et cette "pouffe hypeuse" comme tu la qualifies, est aussi qqn de talent même si elle travaille aussi à Glamour (mais bon entre Elle et Glamour, j’avoue, je ne vois pas bien la différence…).

    Comme je le disais plus haut, ce qui me fait surtout bondir ce sont les raccourcis et la réduction d’une littérature contemporaine riche et diverse à quelques figures sur-médiatisées et victimes d’étiquettes stupides.
    De façon générale, j’ai beaucoup de méfiance face aux déclarations définitives et n’adhère pas au mépris ni aux "querelles de boutiques" (La question de "l’histoire" versus "le style" en fait aussi partie. Pour certains, il n’y a plus de "grand écrivain" en France parce que les auteurs ne savent plus raconter d’histoires, thèse qui me semble tout aussi inepte.)

    Ca ne m’empêchera pas de continuer à lire la prose "Delaumiesque" et celles de nombreux autres auteurs contemporains que je connais déjà ou qui me restent à découvrir, de France ou d’ailleurs… Et d’essayer de partager ces lectures avec ceux qui contribuent à ce site et ceux que cela intéressera… 🙂

  24. Sur cette histoire des goûts et des querelles de chapelle esthablisment versus nouveaux auteurs, je doute que ce soit franchement nouveau… Ni que ça change demain.

    On aura toujours (enfin, faut espérer)(sinon, il reste toujours les jeux vidéos, en effet) de nouvelles plumes qui débarqueront, qui apporteront quelque chose; qui s’encroûteront, peut-être, puis qui se feront botter le postérieur à coup de battleboots pointure 43+, une poignée d’années plus tard.

    C’est un principe plutôt sain, je trouve. Ça participe à une dynamique.

    On revient toujours à ces guérillas de l’information. À qui ralliera le plus de personnes à sa cause. Je me suis vu pratiquement sciemment (et je le vis bien, merci; c’est cool) la mauvaise foi quand je parlais d’un bouquin à des gens.
    Tout simplement parce qu’un avis mesuré n’aurait pas suffit à contrebalancer une fascination béate de l’audience.
    Ce qui me fait abonder dans le sens de personnes comme Tsquaron pour accepter le jeu du "ça, c’est de la merde; ça, c’en est pas".
    Suffit d’être plus persuasif que les autres ahah

    Enfin, ce que j’en dis. De toute manière, on devrait brûler les jeunes. Voilà. Et en clouer un sur sa porte; histoire d’être sûr que les survivants retiennent la leçon.

    • tommy sur 16 septembre 2006 à 17 h 45 min
    • Répondre

    par curiosite j’aimerais bien connaitre la liste des 20 écrivains qui sont dignes d’interet pour chloe delaume (a part elle meme). merci et bonne continuation.

    • Dxtr sur 16 septembre 2006 à 18 h 25 min
    • Répondre

    tommy : il faut lire les commentaires et les liens associés, CD (sur son blog) -> "Quand je dis : il n’y a que vingt auteurs de littérature contemporaine dont le travail m’intéresse vraiment, profondément, c’est vrai. J’aurais dû préciser : dans l’expérimental. Je parlais d’écrivains qui font œuvre, qui commencent leur œuvre. Je ne parlais pas des confirmés. D’ailleurs les confirmés qui font de l’expérimental, on les assimile souvent aux poètes. Genre Lucot. Chez les confirmés, les très confirmés et les archi confirmés en littérature, il y a beaucoup d’auteurs dont j’aime suivre le travail. Mais il est évident que c’est davantage Salvayre, Guyotat, Surya, Desbiolles, Marie Nimier ou Jauffret que Catherine Cusset et Alexandre Jardin. Désolée."

    • Pistolero sur 16 septembre 2006 à 18 h 47 min
    • Répondre

    J’ai beaucoup de mal à saisir ce qui plait chez Guyotat. Eden, Eden, Eden demeure pour moi totalement illisible, tout comme l’est en grande partie l’oeuvre pourtant célébrée de Valère Novarina.
    Parmi les novateurs, je ne sauve qu’Olivier Cadiot.

    • tommy sur 16 septembre 2006 à 18 h 50 min
    • Répondre

    Salvayre, Guyotat, Surya, Desbiolles, Marie Nimier ou Jauffret que Catherine Cusset et Alexandre Jardin : Et bien je n aime ni les uns ni les autres. désole.

  25. paradis de tristesse d’olivier Py est bien…faudrait qu’il écrive d’autres romans…
    j’avais aussi trés apprécié olivier cadiot en lecture au théatre de la colline…assez original…

    • PhJ sur 17 septembre 2006 à 1 h 40 min
    • Répondre

    Je ne comprends pas ta phrase, Alexandra, "l’art n’est pas unique". Mais quoi qu’il en soit, encore une fois, on ne peut pas confondre l’art et le goût. Regarde ici, il y a des gens qui sont intéressés, attirés, par l’expérimental, d’autres seulement par les "histoires", il y en a qui adorent Tartempion et d’autres qui ne peuvent pas le blairer. Ça, pour moi, ça n’a rien à voir avec l’art. L’art, du moins dans ma vision des choses (je précise, pour qu’on ne dise pas que je pense détenir la vérité universelle), ce n’est pas "plaire". C’est "exprimer" le plus exactement possible. Que ça plaise ou non n’a pas d’importance (d’ailleurs dans une grande partie des cas, au début, ça ne plaît pas – ça "déplaît", même). Ça finit, avec le temps, par "plaire". Ou plutôt, par convaincre. Qui pourrait dire aujourd’hui, par exemple : "Mozart c’est nul". Absolument personne (ou alors un provocateur blagueur ou un débile). Ce n’est pas une histoire de goût, c’est une évidence, exactement comme on ne trouverait personne pour dire : "Les Alpes, c’est hyper laid". Je ne vois pas en quoi ce qui plaît à ton fiancé, ou disons ce qui me plaît à moi, serait plus "de ‘l’art" (du "bon art", si on peut dire) que ce qui ne plaît pas à ton fiancé ou ne me plaît pas. Le goût à plus à voir avec la consommation.

  26. Philippe, soit je n’ai pas compris ce que tu as écrit (désolée nuit courte…), soit nous disons la même chose.
    Ce que je dis, pour être plus claire, c’est que quand qqn (je parle en général) résume la littérature contemporaine à des "pseudo-auteurs de merde" et dit que seule une vingtaine d’auteurs vaut la peine, je ne suis pas d’accord. Je trouve ça réducteur et biaisé par nature.
    Biaisé par ses propres penchants personnels (les critères variant d’un lecteur à l’autre) et/ou biaisé par ce que j’appellerai les modèles dominants (le respect d’une certaine langue, d’une certaine syntaxe, narration savoir "raconter une histoire" ou "avoir du style", "parler du monde", etc, etc ou encore le fait que certains estiment qu’il y a des "sous-genres" en littérature). Donc ce type de déclaration, je n’y adhère pas. Mon attitude c’est d’être plus nuancée et ouverte car je ne crois plus trop aux "évidences" comme tu dis et encore moins aux déclarations définitives. Maintenant je ne cherche pas à convaincre qui que ce soit, ceux qui estiment que la littérature contemporaine c’est de la merde, qu’il n’y a plus (ou si peu) de "jeunes auteurs dignes d’intérêt" ou de "granzoteurs", c’est très bien. Ca ne m’empêchera pas de dormir pour tout te dire… 🙂

    PS : Sinon suis tout à fait d’accord avec ce que disait Daylon (et chouette couv’ !) : "On revient toujours à ces guérillas de l’information. À qui ralliera le plus de personnes à sa cause."

    • PhJ sur 17 septembre 2006 à 14 h 30 min
    • Répondre

    Oui, on s’est mal compris, alors. Bien sûr, je pense aussi qu’il est complètement crétin de dire qu’il n’y a plus de bonne littérature, en France ou ailleurs, plus de "grands auteurs". C’est regarder le bout de son nez et les trois centimètres qui sont devant. Je dis juste qu’on ne peut pas non plus dire : "Il n’y a pas de mauvais livres, de mauvais auteurs, tout est intéressant".
    Après, tout est relatif. Dans cinquante ans, ou soixante-dix, il ne "restera" évidemment pas "une vingtaine d’auteurs" d’aujourd’hui. S’il en reste trois ou quatre, ce sera déjà un exploit.

  27. Trois ou quatre, je ne suis pas sûr ! Le nom d’auteurs est beaucoup plus grand aujourd’hui qu’hier et nos descendants auront probablement le choix. Pour répondre à la question, j’imagine tout à fait les commentateurs du passé dénigrer la littérature de leur époque. C’est une habitude que de s’attaquer au présent, redouter le futur et louer le passé …

  28. Alexandra, le grand auteur est celui qui te fait vibrer, tout simplement. Or, dans la production actuelle, c’est tout juste si j’arrive à sourire…

  29. Marie-Charlotte, vas tu me prendre pour une folle si je te dis que de nombreux auteurs contemporains me font vibrer ? 🙂

    • Ersatz sur 18 septembre 2006 à 17 h 46 min
    • Répondre

    Une critique bien vue sur le dernier livre Delaume
    livres.fluctuat.net/blog/…

    • loula sur 19 septembre 2006 à 0 h 30 min
    • Répondre

    hé hé hé hé hé je suis tombée sur un site qui disait que beigbéder serait l’auteur d’un blog huggo.skyblog.com
    alors, je vais jeter un oeil. le début me parait plutot moyen, mais je continue sans trop savoir pourquoi, une page déjà, deux, puis trois, puis quatre, puis… je ne peux plus m’arreter ! C’est dingue, il parait que ce serait son nouveau roman gratos sur un blog ! je sais pas si c’est vrai mais c’est quand même bizarre. qqu’un sait-il si c’est bien lui ?

    • PhJ sur 19 septembre 2006 à 14 h 10 min
    • Répondre

    Si c’est lui, je mange un rat.

  30. Réponses à tout

    Imaginons que vous êtes à un dîner en ville, tendance intellectualisant. La conversation tourne autour de la littérature contemporaine de merde. Bien sûr, vous pourriez dire la vérité, à savoir que 99% de la production littéraire française…

    • olichobert sur 19 septembre 2006 à 23 h 23 min
    • Répondre

    personne n’a l’air de se rendre compte que dans 50 ou 70 ans, les effets du réchauffement climatique seront tels que la postérité sera un concept totalement ridicule…

  31. Toutes mes pensées t’accompagnent Alexandra..et mon soutien aussi..;)

  32. Philippe, on va t’éviter cette ingestion peu appétissante suite à la petite blague de Loula ci-dessus… Il est désormais de notoriété publique (ou du moins "Internétique" !) que ce jeune homme n’est bien sûr pas Frédéric Beigbder (une simple lecture en atteste). Il a pour coutume de laisser des messages de ce type de forum en forum et de blog en blog en espérant lancer cette rumeur… Du "buzz" mais pas dans le bon sens. Joest l’explique très bien sur son blog :
    joest.skyblog.com/2.html
    et ex d’un autre commentaire laissé sur livres hebdo dans la même veine : http://www.livreshebdo.com/weblo...

    Réponse trackback Wrath (voir ci-dessous),
    Juste pour précision : je n’ai pas dit que Lolita Pille était un "grantécrivain" en raison des nombreuses recherches et demandes sur elle enregistrées sur ce site. J’ai dit que nombreux (dont moi) sont ceux qui ont aimé son livre (Hell). Faut-il s’en excuser ou le cacher ? Par ailleurs, je crois avoir cité d’autres noms… Encore une fois réduire la littérature contemporaine française à quelques auteurs sur-médiatisés me semble étrange…
    Comme je le disais, je ne possède pas les critères d’un "grantécrivain", mais beaucoup semble les avoir donc c’est très bien. Seul hic : ils n’aboutissent pas forcément aux mêmes noms… 🙂

    Une autre idée me vient. A propos de la littérature contemporaine et la littérature "antérieure". C’est finalement un peu bête de les opposer car de nombreux jeunes auteurs nous conduisent sur les pas des anciens en leur rendant hommage ou en les citant. Et nous réserve ainsi de belles découvertes. Il n’y a pas de rupture, il n’y a que des passerelles finalement.
    On va attendre encore un peu avant d’allumer un grand feu hein ?

    Merci mon cher Antoine !

  33. comme dit précedemment sur un autre blog auquel je n’ai pas envie de faire de pub, je trouve tous ces débats ennuyeux.. on s’en fout qui ecrit quoi, pour qui, comment, mieux, moins bien (par rapport à quoi d’ailleurs? qui juge de ça sinon le seul lecteur qui tient le bouquin).. ce qui est interessant, c’est les propositions qui sont faites, de plein de gens pour plein d’autres gens, de differentes façons, pour différents niveaux (social, intellectuel, etc.), pour différentes raisons, dans différents buts.. tous ces débats là, sur qui est l’écrivain, qu’est ce qui le défini, comment doit il ecrire, que doit il ecrire, nous enferment… une faiza guene a son public, une lolita pille aussi, et elles n’ont peut etre pas vocation d’etre THE ecrivain du siecle, mais propose juste des regards sur la société dans laquelle elles evoluent, chacune de leur coté..pourquoi plus? pourquoi ne pas se contenter de ça? les grandes oeuvres sont celles, qui confrontées à une autre époque, à une autre société, continue d’être des repères d’un moment donné, de ce qu’a été la vie.. et ça, ça viendra plus tard, avec les evenements, le temps.. être touché, c’est juste ça la question.. il y a plein de romans sensibles et touchants, poignants, forts, dans la littérature d’aujourd’hui, votre discours c’est un peu comme des parents qui voudraient que leur fils deviennent médecin alors qu’il a d’autres capacités et qu’ils passent à côté, faut pas prêter une ambition débordante a des livres qui ont peut etre juste pour but d’être des témoins… oubliez vos cerveaux, on lit aussi avec ce qu’on a dans le ventre..;)

  34. Bon bah la prochaine fois je t’appellerai directement. En fait c’est exactement ce que je voulais dire 🙂 Merci !
    PS : je garde ça : « lire avec le ventre », c’est top !

  35. bon appétit 😉

    • PhJ sur 21 septembre 2006 à 1 h 49 min
    • Répondre

    Oui, Alexandra, je savais bien que ce n’était pas Beig : j’avais lu les cinq premières lignes, écrites du pied gauche.

  36. Il faut citer Jaenada, aussi, dans la liste!
    "Nouvelle génération", oui, et "littérature", ô combien!

    (Des nouvelles, d’ailleurs, quant à son projet chez Scali?)

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