Les auteurs se présentent : William Pierre (Samedi soir un DJ m’a sauvé la vie)

Nous inaugurons la nouvelle rubrique « Tribune libre » avec un jeune auteur, passionné de musique (The Carpenters, 2Pac, Donna Summer, MC5, The Neptunes, Prince, Leonard Cohen…) qui nous a écrit pour se présenter : William Pierre, auteur de « Samedi soir un DJ m’a sauvé la vie ». Il nous fait savoir qu’il sera de plus l’invité cet après-midi de l’émission de Tewfik Hakem, Le Choix des livres, sur France Culture.
« Bonjour,
Je m’appelle William Pierre, j’ai 30 ans. Samedi soir un DJ m’a sauvé la vie est mon premier roman, aux éditions Françoise Truffaut, trouvable dans toutes les bonnes librairies, paru en octobre 2006. J’ai fait une rencontre fin octobre à la librairie EN MARGE à Paris sous forme d’une lecture avec extraits musicaux (car le livre parle beaucoup de musique). Le 23 novembre, j’ai été l’invité de l’émission « Le Choix des Livres » sur France Culture.

Je vous fais part du compte-rendu de la librairie :
Romain est le fils du mafieux, Benjamin Baach, auquel il cherche à échapper. Son meilleur ami, Premiah, est gardien de square, cleptomane à ses heures. Deux jeunes adultes un peu paumés dont l’amitié s’est soudée autour de la musique. Le second fournit au premier les disques improbables que lui demandent les hommes de main de son père pour leurs funérailles, malheureusement souvent proches. Mais qu’adviendrait-il si Romain apprend que son ami est malgré lui indic’ pour les services spéciaux qui essaient de coincer son père ? William Pierre brasse avec subtilité références musicales éclectiques allant de Moroder à Leonard Cohen et références littéraires impeccables (Proust et Cendrars étant les obsessions de Premiah) pour brosser le portrait de personnages attachants qui subissent les événements comme une fatalité à laquelle il est difficile d’échapper. Roman noir où les mafieux sont fans de Devo, du MC5 ou des Carpenters, Samedi soir un Dj m’a sauvé la vie est le premier roman de William Pierre et vient de paraître aux éditions Françoise Truffaut. William Pierre était présent à la librairie EN MARGE ce jeudi 26 octobre pour une rencontre… forcément en musique !

Une des façons d’aborder ce roman pourrait être de parler du manque. Romain, le fils de Baach le mafieux, rêve d’une vie « normale », une existence sans violence et tuerie, cette existence qui lui manque cruellement. Son père, âgé, est lui sur la phase descendante de la vie et c’est le manque de temps qui prévaut. Il s’est résigné, fait des choix qu’il n’aurait peut-être pas fait plus jeune. Il y a aussi Premiah, qui cherche littéralement le premier tome de La Recherche de Proust pour commencer à lire cette œuvre et, plus spirituellement, cherche quelque chose qui pourrait transformer le vide qu’il ressent dans « l’appartement en désordre » qu’est sa vie aujourd’hui.

Tous les personnages ont besoin de combler un vide : Prude la politicienne et son envie de reconnaissance, Firmin son fils, et aussi le fils caché de Baach, à qui il manque un père. Même les hommes de mains du mafieux souhaitent laisser quelque chose après leur mort, pour ceux qui restent. Pour ce faire, ils décident de choisir une chanson, que les proches vont écouter lors des funérailles puis à chaque fois qu’ils voudront repenser à eux.

Car par dessus ces manques, physiques et intellectuels, vient se greffer la musique, qui bien souvent comble le vide ou l’accompagne, l’atténue, le soulage. En tout cas, la musique est tout le temps là, comme la seule chose jamais absente. D’ailleurs, l’épigraphe du livre, dédiée à toutes les histoires de ce roman, est (évidemment) tirée d’une chanson du groupe Hall & Oates : hey, toi, je me fous que tu n’ais pas de jambes, danse sur tes genoux ! Il te manques des jambes et c’est pour ça que tu ne veux pas danser ? Danse quand même, c’est ce que tu as de mieux à faire. Danser et avancer dans la vie quoi qu’il arrive, c’est ce que ces personnages ont tous de mieux à faire.

J’espère que vous en savez un peu plus.
Mes influences littéraires sont : Chateaubriand, Pynchon, Genet, Vian, Morand, Orwell… »

Découvrir Samedi soir un DJ m’a sauvé la vie
La page Myspace de William Pierre
Le blog de William Pierre

8 Commentaires

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  1. Déjà, j’adore le tube de In deep!

    Moi aussi, j’ai toujours voulu mixer musique et livres.
    Dans la plupart de mes romans, il y a une "B.O. conseillée".

    A ma connaissance, les seuls cas de "B.O. de livres" sont celles de "The Haunted dancehall" (par Sabres of Paradise), "Le sommeil du monstre" (artiste divers) et une collaboration Air/Barrico (qui lit ses textes en italiens.)

    Je pense également que s’il existe une "nouvelle génération" d’écrivains, ça serait une génération qui ne s’inspirerait plus uniquement de la littérature "sérieuse", mais qui irait s’inspirer de la S-F (Houellebecq), des jeux video (Chloé Delaume), de la télé, des BD, etc. Après tout, c’est ce qui fait le quotidien des écrivains, alors pourquoi n’en parleraient-ils pas?

  2. Oui c’est vrai que la musique (rock en particulier) entretient des liens étroits avec la littérature comtemporaine. Le 1e livre qui me vient à l’esprit serait "Haute fidélité" de Nick Hornby bercé de ses références musicales ou encore Superstars d’Ann Scott (techno et rock).
    Mais aussi toute la génération de jeunes auteurs d’Europe de l’Est (Irina Denejkina, Dorota Maslowska…) ou asiatique (Mian Mian, Weihui…) qui mêlent sans complexe leur prose aux paroles des chanteurs qu’ils affectionnent.
    Antoine Dole en parle bien dans cette itv : http://www.manuscrit.com/Edito/A...
    Le seul danger de cette inspiration réside dans le name dropping…

  3. une critique du livre ici aussi http://www.benzinemag.net/roman/...

  4. Merci de ce lien !
    As tu lu William Pierre pour ta part ?

  5. you’re welcome.
    Non, je n’ai pas lu son livre (mais en même temps, lui non plus, il n’a pas lu le mien… Et puis toi non plus d’ailleurs…)
    Allez, je plaisante, bonne chance pour la suite William

  6. Heu… ça n’avait rien d’un reproche juste de la curiosité comme tu semblais bien informé 🙂

  7. oui oui, c’est pour ça, j’avais mis "je plaisante" et si je suis bien informé, c’est grâce au Buz
    🙂

  8. J’ai trouvé ce roman maladroit et décevant. Pour ceux que ça intéresse, ma critique est ici:
    wrath.typepad.com/wrath/2…

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