Interview expresse de Claire Castillon (prochain roman 2008 : « Dessous, c’est l’enfer »), Salon du livre 6/6

Dernier de nos entretiens express avec les auteurs à l’occasion du Salon du livre 2008 où l’on a réussi à cueillir une Claire Castillon très demandée par ses nombreux lecteurs et lectrices en dédicace ! Venue présenter notamment ses deux derniers recueils de nouvelles, « On n’empêche pas un petit cœur d’aimer » (2007) et « Insecte » (2006), sachez d’ores et déjà qu’elle publiera à la rentrée de septembre 2008 (en librairie le 20 août), un nouveau (et sixième) roman intitulé « Dessous, c’est l’enfer ».

A la lecture de ses premières pages, l’ambiance générale du récit s’avère lourde, pesante, baignée d’une folie ordinaire. La plume, elle, des plus acérée et pointilleuse. Si le style Castillon, corrosif, morcelé, épidermique, un brin obsessionnel, un rien dérangeant, était déjà plus qu’esquissé, il gagne ici en densité, en profondeur (voir résumé ci-dessous). Manque de temps oblige sur le stand de Fayard, les réponses se sont faites brèves. Impressions sur le vif autour de Régis Jauffret, son évolution littéraire et son travail d’écriture entre nouvelles et roman… :

En relisant vos ouvrages peuplés d’héroïnes dérangeantes à la noirceur cynique, on pourrait voir une certaine filiation avec celles de Régis Jauffret que vous appréciez (et à qui vous avez accordé un entretien sur son site Generation.tv) ?
Claire Castillon : La première fois que j’ai vu Régis Jauffret, il s ‘est réellement installé dans ma tête. Ce que je trouve admirable, c’est la façon dont il parle des femmes. Et c’est précisément ce qui m’intéresse : comment il parvient avec autant de talent à parler aussi bien des femmes. Il y a une tendresse dans ces personnages qui rendent la chose possible et vivable. Oui, je suis d’accord avec les termes de noirceur et de cynisme que vous employez. Le parallèle est exact.

Dans cet esprit, pouvez vous nous expliquer votre participation à l’émission télé de Régis Jauffret ?
Oui, bien sûr. J’ai pris un plaisir fou à prendre part à cette interview, avec lui si particulier. Mais c’était très intéressant.

On note une évolution considérable de votre écriture depuis votre premier roman, vers quoi êtes-vous de plus en plus tentée d’aller ?
Après ces nouvelles, je pense m’orienter à nouveau vers le roman. C’est plus long et plus intense mais j’éprouve le besoin de travailler sur des thèmes qui se resserrent.

Ma préférence de lectrice va à « Insecte » dont certains ont dit que c’était l’opus de la confirmation. Vous semblez avoir définitivement trouvé vos marques. J’aime beaucoup votre style, comme si vous enrouliez les mots. Insecte, ce sont des nouvelles. Entre le roman et les nouvelles, que préférez vous ?
Avec le roman, j’essaie de « descendre » très loin et je recherche les moments où je pourrai « mettre » de la respiration entre les thèmes Avec les nouvelles, il y a quelque chose de plus saccadé mais d’infiniment plus reposant.
Si vous voulez, entre ces deux choses, je sens la nécessité de laisser partir l’imaginaire en veillant à ne pas basculer dans l’irréel. Ce qui m’importe, c’est de me tenir au plus près de moi- même avec ces deux tendances mêlées, ce que peut expliquer aussi, l’alternance nouvelles-roman.

Pouvez-vous relire vos romans en toute sérénité, quelques mois après, quelques années après leur parution ?
J’ai tendance à jeter assez facilement les premiers livres, à ne pas m’attarder dessus. Mais en fait, ça dépend du livre. Je peux en relire un pour peaufiner. Voyez, sur le conseil de mon éditrice, j’avais relu « On n’empêche pas un petit coeur d’aimer » et « Insecte » pour de nécessaires corrections et en fait, ça m’a fait tout bizarre. Cela peut même être comique de se relire !

Quel est votre rapport à Internet ? L’utilisez vous ?
Mon rapport à Internet est juste pratique. Je l’utilise uniquement parce qu’il me permet de réaliser rapidement tout ce que je n’aime pas faire, sur un autre tempo.

Propos recueillis par Laurence Biava, introduction d’Anne-Laure Bovéron

Résumé de l’éditeur de son nouveau roman « Dessous c’est l’enfer », à paraître le 20 août 2008 :
« Les hommes sont des ânes comme les autres. Et les femmes de cette famille, de bonnes ânesses dévouées et soumises. C’est la malédiction à laquelle la narratrice veut échapper. A moins que son âne à elle ne l’inspire. Alors elle l’assassinera au fil des pages ; Mais ensuite ? Après son enfance solitaire, silencieuse, ressassée, comment aimer ? En choisissant un autre homme pour la proéminence de sa pomme d’Adam ? Absurde. Mais elle part avec cet homme là, c’est décidé. Mais s’il est question d’amour, cette fois, comment le vivre sans l’écrire ? Comment fermer ce troisième œil qui s’obstine à voir ce que le cœur ignore ? Scruter, décortiquer, noter, c’est sa malédiction à elle. Elle est écrivain. »

Autres chroniques des romans de Claire Castillon à lire:
« Je prends racine » de Claire Castillon, Une « vieille fille » d’aujourd’hui

« Le grenier » de Claire Castillon, La passion amoureuse à ventre et à cris

2 Commentaires

    • Gwenaël sur 3 juillet 2008 à 15 h 34 min
    • Répondre

    Oui, Claire Castillon ! Quand l’écriture se lie au charme…

  1. Z’avez remarqué au second plan de la photo la blonde qui se penche langoureusement pour faire du charme à son voisin de derrière?

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