Interview de Nicolas Fargues (Le roman de l’été, rentrée littéraire 2009) : « Je vis de mes droits sur J’étais derrière toi mais je risque, l’an prochain, d’avoir à retravailler « à côté ». »

Dans une interview sous forme de chat avec les lecteurs, l’auteur du Roman de l’été (voir notre chronique), a réagi sur plusieurs sujets touchant aussi bien à son univers littéraire qu’à son style, ses sources d’inspiration, la dimension autobiographique, méthode d’écriture ou plus prosaïquement à ses revenus « tirés de sa plume » comme l’on dit. Il revient aussi dans un entretien vidéo sur la genèse de son dernier roman et sur la pérennité de son œuvre ancrée dans son époque…


L’auteur a notamment expliqué qu’il tirait son inspiration davantage du côté du cinéma que de la littérature. Parmi ses références côté cinéma français, il dit se reconnaître plus particulièrement dans les films de Rohmer, Bacri, Jaoui, et Klapisch. Du côté des romanciers, il aime énormément Jean Echenoz. Et recommande « pour un regard assassin », le livre de Iegor Gran, Thriller, qui vient de sortir. Il recommande aussi un livre de la rentrée, dont on parle beaucoup : « Trois femmes puissantes » de Marie Ndaye.
Il ajoute : « Je lis très peu de livre par an, pas plus de cinq ou six. En revanche, je regarde jusqu’à deux ou trois films par jour. L’écriture vient quant elle vient, je peux rester six mois sans écrire une ligne. Ecrire, pour moi, c’est avant tout rester libre. »

Néanmoins sa première source d’inspiration reste sa mémoire : « les lieux que j’ai pu visiter, les gens que j’ai pu rencontrer. Chaque livre comprend des petits morceaux de vie que j’ai vécus, ou que j’ai observés. »
Sur la question de l’inspiration autobiographique, il confesse que « J’étais derrière toi » est « à cent pour cent autobiographique ». Et analyse : « c’est tout le paradoxe d’un romancier que d’imaginer des personnages qui peuvent lui être proches mais sans être lui-même. Il est vrai que la plupart de mes personnages masculins sont sentimentalement confus. Ce n’est pas mon cas. Je vis en couple. L’écriture, dans ces cas-là, peut servir à conjurer ses propres contradictions. »

Il admet aussi sa tendance « dans l’élaboration de mes personnages à caricaturer, au risque, parfois, d’assécher les personnalités. Je n’y peux rien, c’est ainsi. »

A la question pécuniaire sur les revenus issus de son écriture, il explique avec transparence : « C’est mon septième roman, et je vis de mon écriture exclusivement grâce aux droits touchés pour mon cinquième roman, qui s’appelle J’étais derrière toi. Mais tout ça étalé sur les années ne fait pas beaucoup d’argent par mois. Je risque fort, dès l’année prochaine, d’avoir à retravailler « à côté ».

Parmi ses projets, il indique qu’il vient de terminer en collaboration l’écriture d’un film qui doit être tourné en janvier 2010. Son titre: L’homme d’après, la première oeuvre d’une réalisatrice qui s’appelle Clarice Canteloube. Par ailleurs, il écrit actuellement un huitième roman qui sera probablement terminé avant la fin de l’année 2009. [Source : Libération]

Dans une interview vidéo donnée à Mediapart (voir vidéo ci-dessous), il revient sur la genèse de son dernier roman « Le roman de l’été ». Il avait envie ici d’écrire un roman franco-français pour changer de ses romans se passant à l’étranger. L’ouverture d’une fenêtre sur l’océan, tirée d’une anecdote entendue, lui a servi de prétexte romanesque pour dépeindre des parisiens en vacances et des normands. Il avoue aussi une « fascination pour la société de consommation » qui se traduit par « une participation passive et un regard fondamentalement critique« . Il dit aussi qu’il ne se pose pas la question de la pérennité de ses livres : « Je serai un peu triste d’être oublié dans 20 ans mais je ne me fais pas d’illusions. J’écris avec ce que je vis, ce que je vois, nourri des références actuelles, contemporaines avec le risque qu’elles soient périssables. Par exemple j’ai besoin de donner des noms aux choses, des noms de marques, m’inscrivant ainsi dans la lignée de nos grads frères américains. »

A lire aussi : la chronique de « J’étais derrière toi », le roman phare de Nicolas Fargues.

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