De nouveaux blogs d’écrivains à découvrir !

Les écrivains se laissent régulièrement tenter par le blog, exercice délicat, malgré des fermetures périodiques ou des périodes d’abandon. Après Virginie Despentes la pionnière, David Foenkinos (qui se fait rare mais persistant !), Lola Lafon (qui utilise depuis plutôt Facebook), François Taillandier, d’autres auteurs se sont lancés récemment dans l’aventure…

Ouvert depuis janvier 2009 et fêtant donc ses 1 an, le blog de Martin Page (qui vient de publier en cette rentrée littéraire de janvier « La Disparition de Paris et sa renaissance en Afrique ») est riche, vivant et actualisé régulièrement. L’auteur y évoque notamment ses lectures comme son compte-rendu intéressant des Journaux de Sylvia Plath : « Journaux, de Sylvia Plath m’émerveille à chaque page, c’est mon livre-compagnon pour ces premiers temps ici. Un beau passage sur des exercices d’écriture, regarder, décrire, saisir des couleurs, des formes. La vie quotidienne d’une écrivaine ; qui bataille avec elle-même, qui devient de plus en plus isolée à mesure que son talent s’affirme ; sa sensibilité, son originalité, ses poèmes sont des ponts vers des lecteurs qu’elle ne connaît pas, vers des aînés disparus, vers des amis ; ces ponts se transforment en murs qui empêchent une vie sociale normale et légère.« , ou encore ses publications (tant pour la jeunesse qu’en littérature générale) et ses projets de création.
Il réagit aussi à l’actualité ou au monde littéraire, de l’édition : « Ce qui met en danger le livre c’est le népotisme, les amitiés intéressées, les réseaux, les libraires désagréables, les articles écrits sans avoir lu le livre, les écrivains mondains et arrivistes ; la bêtise, la violence, le manque de professionnalisme, l’esprit de sérieux et la prétention.« , .

Les journalistes n’ont d’ailleurs pas très bonne presse chez lui, il regrette ainsi au détour d’une note qu’un « idiot a trouvé mon dernier roman très amusant alors qu’il est mélancolique. Je crois que pour tout un tas de gens la mélancolie est risible. Tant pis pour eux. Il paraît que toutes les lectures sont possibles. Après tout ce n’est pas parce qu’on manque de sensibilité qu’on n’a pas le droit de porter un jugement. » ou encore « Un journaliste dit d’un roman : “C’est écrit comme un scénario, c’est très construit, il y a des flash-back.” Les romans sont si rarement construits en France que lorsque cela arrive les journalistes font référence au cinéma. Quel aveu d’ignorance et de bêtise. »
Il partage aussi son quotidien, entre rencontres avec d’autres écrivains comme Jakuta Alikavazovic, séances ciné ou encore dégustation de thé oolong dont il est un grand amateur !, et écrit avec humour : « Parfois la matinée d’un écrivain ressemble à ça : agessa, fiche de présentation, signature de contrat, organisation d’agenda, achat de billets de train, envoie de documents, scan rib, planning scotché au mur, envoie de photos en Corée, revendiquer ses propres livres sur Google books, se pencher sur la déclaration P0-i. »
Enfin il donne aussi son avis Facebook avec lequel il n’est pas très à l’aise : « Dès le départ je n’ai pas su comment faire avec facebook. Je prends ça comme une sorte d’annuaire. Bien sûr je ne connais pas la plupart de ceux qui y sont mes amis ; mais je ne me vois pas refuser quelqu’un qui me demande d’être son “ami” facebook. Cela me rappellerait trop la cour de récréation. »
Bref un blog d’écrivain à suivre !

De son côté Jérôme Attal qui n’est plus un novice du journal en ligne puisqu’il tient le sien, avec une régularité et un talent littéraire exemplaires depuis 1998 !, s’est décidé à expérimenter une interface plus actuelle avec l’ouverture d’un nouveau blog dédié à la sortie de son nouveau roman Pagaille monstre » (édité par Stéphane Million). Intitulé « Les aventures d’un roman au pays du réel », il retrace comme son nom l’indique l’accueil du roman, depuis son arrivée en librairie jusqu’aux dédicaces lecteurs et premières critiques… A son sujet l’auteur écrit : « J’ai ouvert un blog dans lequel je m’efforcerai de tenir la chronique des Aventures d’un roman au pays du réel. J’espère que Pagaille monstre trouvera un plus large public que mes précédents livres, et qu’au-delà de l’idée du roman, l’écriture touchera, en filigrane ou en profondeur, cela dépend aussi de la vie de chacun qui s’agite et bouillonne au seuil de chaque lecture. »

Enfin on remarquera au passage l’avis enthousiaste de David Foenkinos sur son blog (qu’il tient depuis déjà presque 4 ans !), à propos du dernier roman de Nicolas Rey, « Un léger passage à vide » (très plébiscité dans la blogosphère): « Premier livre lu de la rentrée, celui de Nicolas Rey. À son image désinvolte, c’est un livre qui peut paraître foutraque, un enchaînement de petits textes, et qui pourtant, au bout du compte, forme un tout d’une immense cohérence. Un tout d’une densité émouvante rare. Certaines pages sont fabuleuses de beauté, de tendresse, de douleur. C’est une déclaration d’amour à la mère de son enfant, Marion, même si « elle le méprise depuis tant de siècles », à la vie, aux tentatives de s’accrocher aux brèches de la beauté, aussi infimes soient-elles, quand il ne reste plus rien. C’est un livre à l’humour désespéré (hi hi), avec cette superbe phrase qui donne le titre : Je m’appelle Nicolas Rey, et j’ai eu léger passage à vide de 11 à 35 ans. C’est un livre utile : on y apprend qu’il faut toujours regarder la couleur du canapé quand on entre dans une pièce. C’est un livre que j’ai envie de relire, auquel je pense encore alors qu’il neige et que je ne vois plus rien. »

A guetter aussi, le lancement d’un feuilleton numérique intitulé « Les Autres Gens«  à partir du 1er mars prochain : une BD interactive dessinée par les valeurs montantes du 9ème art (Bastien Vivès, Marion Montaigne, Aseyn, Erwann Surcouf, Tanxxx, Sébastien Vassant…).
« Les autres gens » est un véritable Soap Opéra, ambitieux, riche et surprenant » nous promettent-ils. L’histoire ? « Un peu tout, la vie, l’amour, la météo, la politique, le cul… heu… le fric aussi, les vieux, les jeunes, la vie professionnelle… vous voyez quoi ! Un peu tout… Le loto aussi par exemple… En fait il n’y a qu’une histoire avec plusieurs personnages, mais chaque dessinateur prend la suite de celui qui le précède. Le dessinateur n’est pas attaché à un fil narratif distinct des autres. Le défi c’est de proposer un épisode quotidien dans un style différent à chaque fois (un peu comme quand Quentin Tarantino réalisait des épisodes d’Urgences ou Kathy Bates des épisodes de Six feet under). » a expliqué Thomas Cadène, le scénariste.

Les auteurs vont tenter de financer leur travail en proposant un abonnement de 3 à 5 euros par mois pour découvrir, chaque jour, un épisode nouveau composé d’une trentaine de cases. Premier mois gratuit.

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2 Commentaires

    • marco sur 16 février 2010 à 18 h 59 min
    • Répondre

    n’oubliez pas Fernando Arrabal:
    laregledujeu.org/arrabal

  1. Autres temps, autres moeurs… les écrivains investissent d’autres espaces de communication. Pourquoi pas, si cela peut les rapprocher de leur public ?

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