De l’importance du titre… (autour de la polémique « La carte et le territoire » de Michel Houellebecq/Michel Lévy)

Attaqué par plusieurs polémiques, le dernier roman de Michel Houellebecq de cette rentrée littéraire 2010, a notamment fait l’objet d’une accusation de plagiat pour son titre. Si l’accusation portant sur son utilisation de Wikipédia était parfaitement ridicule, cette dernière est plus gênante. Pour rappel, Michel Lévy (frère de la fondatrice du club « Les Amis de Michel Houellebecq ») aurait porté à la connaissance de l’auteur son livre (auto-édité) intitulé comme tel. Je ne crois pas que Michel Houellebecq se soit exprimé sur le sujet (contrairement à Wikipédia). Son éditeur a fourni en revanche une justification peu probante à mon avis (« le titre, association de deux mots de langue courante, n’est pas original au sens du droit d’auteur et ne peut donc recevoir de protection juridique dans le cadre que vous invoquez »). Qu’est ce qu’un titre sinon l’association de mots de langue courante (Colette disait d’ailleurs qu’elle cherchait à « écrire comme personne avec les mots de tout le monde » : c’est bien cela le talent !) ? C’est justement tout l’art de cette association qui fait le bon titre. Il y a même des gens dont c’est le métier… On ne peut pas sous-estimer l’importance et l’impact d’un bon titre. « La carte et le territoire » en est un particulièrement fort selon moi (outre la référence qu’il contient au philosophe Alfred Korzybski, il recèle de multiples interprétations assez passionnantes…). Je peux donc comprendre le mécontentement de Lévy s’il s’avère qu’il dit vrai.

Je me souviens avoir écrit en 2007 un article sur la fameuse blogueuse caissière en pronostiquant une éventuelle adaptation de son blog en livre. Ce qui a été le cas quelques mois après. Son blog s’intitulait « Caissière no future » mais pour le titre de mon article (le titre d’un article est tout aussi important et le choix des unes de journaux font l’objet de réunions qui peuvent parfois durer des nuits entières !), j’avais plutôt choisi d’utiliser le terme de tribulations.
Terme générique certes, mais malgré tout plus accrocheur à mon sens.
La blogueuse avait eu connaissance de cet article et avait d’ailleurs réagi.
Quelques mois plus tard, j’avais été un peu surprise de voir que ce titre avait été repris pour son livre.
Orgueil mal placé, oui sans doute, mais cela ne m’a pas plu que l’auteur (ou l’éditeur) ne m’en ait pas, tout simplement, avertie.
Tout cela pour dire que je comprends que ce Michel Lévy l’ait un peu mauvaise de voir son titre, bien plus original que mes banales tribulations, repris sans autre forme de procès, par celui à qui il l’a montré en toute confiance.

On ne peut pas sous-estimer l’importance d’un titre (voire d’un sous titre, celui inscrit par exemple sur le bandeau qui accompagne parfois le livre). D’ailleurs, le code de la propriété intellectuelle stipule que « le titre d’une œuvre de l’esprit, dès lors qu’il présente un caractère original, est protégé comme l’oeuvre elle-même« .
Je me souviens de David Foenkinos qui disait que le titre de son best-seller, « Le potentiel érotique de ma femme », avait sans doute largement contribué à son succès. Il avait d’ailleurs lancé un brainstorming sur son blog pour trouver le titre d’un autre de ses romans : « Nos séparations ». Les internautes n’avaient pas manqué d’imagination à cette occasion !

Je pense aussi à un succès récent qui à mon avis doit beaucoup à son titre : « Mort aux cons ». Il fait écho à un vieux fantasme populaire et fait également sourire.
Au rayon des titres efficaces, il faut aussi citer Frédéric Beigbeder qui n’est pas ancien publicitaire pour rien, avec ses deux plus belles réussites : « L’amour dure 3 ans » et « 99 francs » (le premier étant presque devenu un adage populaire désormais ! ; ses derniers titres depuis « Au secours… pardon » sont beaucoup moins inspirés en revanche…).
Gabriel Matzneff faisait aussi l’éloge de l’art du titre en littérature (d’ailleurs « Ivre du vin perdu » est sans doute l’un des plus beaux titres que j’ai pu rencontrer dans ma -petite- vie de lectrice) à travers une récente chronique sur son site. Il écrit notamment : « C’est très important, le choix d’un titre, aussi important que celui du prénom que l’on donne à un enfant, et d’ailleurs c’est la même chose. »

Donc oui, je crois beaucoup à l’impact du titre (ainsi qu’à l’angle*), certaines personnes allant même à acheter un livre uniquement parce que le titre leur a plu !
Enfin pour conclure, je vous invite à consulter une petite étude parue il y a quelques années où des statisticiens s’étaient amusés à identifier les paramètres d’un « titre vendeur ». Selon leur étude, les titres des livres qui se vendent le mieux ont trois points communs : ils sont métaphoriques plutôt qu’explicites; le premier mot est un pronom, un verbe, un adjectif ou une formule de salutation; et leur structure grammaticale est caractérisée par la forme possessive d’un nom, par un nom et un adjectif épithète, ou par la formule « Le … de… » (voir aussi ci-dessous en commentaire n°12 un article intéressant du Figaro sur le sujet « A la recherche du titre idéal »).

Marketing, marketing quand tu nous tiens… [Alexandra]

* L »angle », terme plutôt journalistique qui désigne l’axe sur lequel on décide d’éclairer tel ou tel sujet, peut aussi -plus ou moins-s’appliquer au littéraire. Et le titre en est le vecteur direct. Je dirai qu’un roman aura plus de chances de succès (en terme de ventes j’entends, en dehors de toute qualité littéraire) si l’éditeur ou l’auteur sait le positionner, l’angler donc.

Illustrations : La couverture du livre de Hank Moody qui n’existe que sous son (fucking !) titre dans la série Californication et qui a ensuite donné lieu à l’écriture d’un vrai livre.
La couverture de la ré-édition aux éditions 93, de « La carte et le territoire » signé Michel Lévy, aux couleurs Flammarionesques…

30 Commentaires

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    • yann sur 29 septembre 2010 à 13 h 28 min
    • Répondre

    La réponse me semble assez claire non si tu relis…
    « le titre, association de deux mots de langue courante, n’est pas original au sens du droit d’auteur et ne peut donc recevoir de protection juridique dans le cadre que vous invoquez »
    Il reconnait donc bien avoir "pris" ce titre…

    Quant à ton histoire, mettre "tribulations" pour décrire l’aventure d’un blogeur, oui, non… Avec ou sans toi il était assez probable que ça ressorte comme ça non?? (ça ou "le fabuleux destin d’une caissière"…;)) )

    Ceci dit je suis d’accord avec toi le titre d’un livre est essentiel, d’ailleurs je trouve la traduction "d’imperial bedrom" en "suites imépriales" encore plus fort… Comme quoi même les traductions apportent quelque chose parfois…

    a+

    yann frat

    • Richard sur 29 septembre 2010 à 13 h 51 min
    • Répondre

    Comme disait A. Furetière: Un beau titre est le vrai proxénète d’un livre…

  1. A Yann :
    – ah oui on peut voir ça comme ça, l’aveu par omission!
    – oui probablement… Elle pouvait garder son propre titre aussi. Sans importance 🙂

    Merci Richard de cette citation que je ne connaissais pas et c’est bien vrai !

    PS : je trouve les titres de BEE assez nazes en général excepté american psycho. « Suites impériales » ne m’inspire pas grand chose non plus…

    • Michel Lévy sur 30 septembre 2010 à 17 h 55 min
    • Répondre

    Merci pour votre article.
    En effet un titre est essentiel dans un ouvrage littéraire, il en porte d’une certaine façon l’identité.

    Je suis l’auteur de "La carte et le territoire", que j’ai en effet publié en 1999, et officiellement déposé depuis cette date à la bibliothèque Nationale.

    Chacun peut aisément le vérifier à cette adresse :
    catalogue.bnf.fr/ark:/121…

    Le plagiat de mon titre est donc avéré, quoiqu’en dise l’éditeur de M. Houellebecq.

    Or Flammarion, bien que dûment informé par ma lettre recommandée du 19 Août, n’a pas hésité à mentir ensuite publiquement en affirmant à l’AFP (site du Figaro, 9/9/2010) : "c’est un non sujet, le livre en question n’a jamais été publié, même pas à compte d’auteur".

    Un tel mensonge délibéré, dans le but de cacher, voire d’"effacer" la vérité, est non seulement intolérable et honteux, c’est aussi un aveu de l’usurpation commise.

  2. Merci de vos précisions.
    Malheureusement Flammarion chercher à botter en touche pour protéger son auteur… (que votre livre ait ou non été publié ne change rien à l’histoire d’ailleurs selon moi, c’est vous qui avez
    trouvé le titre donc vous devriez en être crédité -et rémunéré- tout simplement)
    Ce n’est pas évident, je n’ai pas envie d’accabler Michel Houellebecq dans l’histoire qui ne s’est peut-être pas rendu compte
    du tort qu’il allait vous causer. Il aurait certainement dû vous consulter avant de vous "emprunter" votre titre, peut-être
    lui en auriez-vous donné l’autorisation d’ailleurs !
    Le titre ne fait pas le livre mais je pense que l’auteur et son éditeur vous doivent réparation pour cet acte et le fait de nier aggrave encore un peu le cas selon moi…
    Espérons que tout ceci se résolve à l’amiable et ne soit plus qu’un mauvais souvenir n’entachant pas l’œuvre par ailleurs forte de M.Houellebecq.

    • max sur 30 septembre 2010 à 22 h 43 min
    • Répondre

    Vous etes un peu en retard:

    1. Ce Michel Lévy n-a ecrit AUCUN livre aves ce titre (la maison d’edition a verifie un peu plus l’affaire);

    2. Il a peut-etre une soeur, mai pas "la fondatrice du club "Les Amis de Michel Houellebecq". Qui n’a AUCUN frere.

    C’est probablement une affaire plutot pathologique.
    Faut mieux se documenter un peu, et pas ecrire d’une affaire qui a plus de 3-4 semaines, sans voir les developements (tout ca pour ecrire qu’un titre, quand-meme…, blabla, des questions personelles, c’est un simple pretexte).

    • max sur 30 septembre 2010 à 22 h 50 min
    • Répondre

    o-la-la, donc monsieur est la!
    Avex-vous une soeur, Monsieur Levy? Il s’agit de Michelle Levy, oui ou non? (Car comment pouvait Houellebecq savoir que vous avez publier un livre, s’il n’existe aucune liaison entre vous et lui?) Croyez-vous que c’est possible que Michelle n-a AUCUN frere?
    Ah les medecin…

  3. Bonjour Max,
    Eh bien quelle histoire !
    Quelles sont donc vos sources pour affirmer que ce que dit Mr Levy est faux ?

    Je ne suis pas détective donc j’aurais bien de peine à démêler le faux du vrai.
    Toujours est-il qu’a priori le livre existe bel et bien avec ce titre écrit initialement par Mr Lévy.
    Ensuite M.Houellebecq en a-t-il vraiment eu connaissance ou est-ce pure coïncidence ?
    Si Mr Lévy est le frère de Mme Lévy, cela serait plausible.
    Or Mr Lévy vient de m’écrire pour me confirmer ce fait avec force pièces justificatives à l’appui.

    Néanmoins il m’a fait comprendre (et je le comprends) que cette histoire le met dans une situation délicate vis à vis d’elle et de Michel Houellebecq.

    De toute façon ce sera à la justice de trancher si l’affaire devait être portée au Tribunal.
    Mais si tout ceci était bien avéré, il me paraîtrait normal que Mr Lévy soit dédommagé, même si humainement cela restera triste et cause de discorde…

  4. Trouver un titre c’est facile…
    http://www.omerpesquer.info/unti...

    • max sur 1 octobre 2010 à 17 h 34 min
    • Répondre

    Un mot de clarification viendra peut-etre.

    • pierre sur 3 octobre 2010 à 9 h 54 min
    • Répondre

    que tout cela est ridicule… comme s’il fallait chaque fois verifier tous les titres des ouvrages avant de choisir le sien… la carte et le territoire, c’est aussi un poncif qu’on retrouve chez baudrillard et pas mal d’autres auteurs… une chose est certaine:
    1° houellebecq est devenu un auteur surfait; on parle de lui – bien que son bouquin soit moins pertinent et sente le rechauffe par rapport par ex aux particules elementaires ou a l’extension du domaine de la lutte – uniquement parce qu’on a rien d’autre a se mettre sous la dent. la machine mediatique a besoin de tourner donc elle se met n’importe quoi sous la dent histoire de s’occuper et
    2) bien sur, cela cree des jaloux pour leur ego et pour l’argent, ce qui fait qu’ensuite on s’interroge pendant des heures sur des conneries comme le titre, comme s’il fallait faire une exegese de l’oeuvre "houellebecq", comme si nous etions la a nous interroger sur la mystique houellebecq un peu a la maniere de la scolastique du moyen age… tout cela est affligeant de connerie…

  5. Eh bien je ne suis pas d’accord, le titre d’un livre est une création -qui mérite réflexion- au même titre que le livre en lui-même, qu’il n’est pas inintéressant d’interroger.

    Je viens d’ailleurs de voir passer un article du Figaro sur le sujet.
    On y trouve notamment une citation d’une éditrice d’Albin Michel (Claire Delannoy) qui dit : «Le titre fait partie de l’œuvre. Il faut qu’à sa lecture on sente la vision de l’auteur. Il est évidemment très important, il doit donner envie de lire la quatrième de couverture.» Je partage cette analyse.

    L’article nous apprend aussi que la recherche d’un titre peut prendre des mois et donner lieu à bien des confrontations.
    C’est donc loin d’être une "connerie" (pr reprendre ton terme, Pierre) anodine…

    Concernant l’autorisation d’utilisation d’un titre, l’article précise qu’un auteur doit a priori veiller à ce que son titre ne soit pas déjà trouvé par un autre : "Une fois le titre trouvé, l’éditeur n’est pas encore au bout de ses peines. Il ne faut pas oublier l’aspect juridique. Il est arrivé qu’une maison d’édition envoie au pilon les premiers milliers d’exemplaires imprimés, car d’autres avaient déjà eu la même idée. L’éditrice Anne-Marie Métailié en a fait l’expérience : elle avait titré le roman d’un auteur brésilien L’Enfant éternel, le même que celui de Philippe Forest, paru dix années auparavant. Résultat de cette négligence : 4000 exemplaires pilon­nés. Cela aurait pu arriver aussi à Delphine de Vigan, qui avait choisi Fragile comme titre pour l’un de ses romans. Or, après vérification, l’éditeur s’est aperçu que Philippe Delerm l’avait utilisé pour un ouvrage écrit avec sa femme."

    Je vous conseille cet article intéressant à lire sur ce lien : http://www.lefigaro.fr/livres/2010/09/08/03005-20100908ARTFIG00545–la-recherche-du-titre-ideal.php

    • Anna Mares sur 3 octobre 2010 à 15 h 08 min
    • Répondre

    je suis d’accord avec vous sur l’importance
    d’un titre mais je pense que dans le cas de michel Houellebecq
    ce qui importe avant tout sur la couverture, c’est le nom de Houellebecq en lui-même!!
    C’est lui qui fait vendre et pas le nom de Lévy…

  6. Oui probablement mais cela n’autorise pas à s’approprier le titre d’un autre…

    Sinon j’aurais voulu ajouter à cet article qui prend pour point de départ l’affaire Houellebecq mais qui porte sur l’art du titre en général, quelques titres de romans que j’affectionne particulièrement.
    Voici mon top :
    "Le cœur est un chasseur solitaire"
    "Les fleurs du mal"
    "J’irai cracher sur vos tombes" et "L’écume des jours"
    "Un peu de soleil dans l’eau froide"
    "Stupeur et tremblement"
    "Voyage au bout de la nuit"
    « Contes de la folie ordinaire »
    "Demande à la poussière"
    "L’insoutenable légèreté de l’être"
    "Le cauchemar climatisé"
    "Les clochards célestes"
    "Un roi sans divertissement"
    "Les actifs corporels"
    (dans cette petite liste, j’ai parfois aimé le titre mais pas le livre !)

    • Richard "Fake" Maldoror sur 4 octobre 2010 à 22 h 51 min
    • Répondre

    Le titre est d’une importance d’autant plus capitale à une époque où le lecteur a de moins en moins de temps, et lit donc… moins. Il est vrai que souvent, un bon titre va permettre au livre de se différencier et de trouver plus facilement son public. C’est la première accroche du livre, et souvent le CV de l’auteur. Je prends par exemple Virginie Despentes qui n’est autre que l’auteur de "Baise-moi". Si son livre s’était intitulé autrement, aurait-il connu cet écho médiatique? Le destin du roman aurait été tout autre. En aurait-on seulement parlé? Je suis sûr que non.
    Et en complément de cette liste de beaux titres:
    L’usure des jours (Nobécourt)
    En nous la vie des morts (idem)
    Cantique de la racaille (Ravalec)
    Illusions Perdues (Balzac)
    2000 capotes à l’heure (Morgiève)
    Bienvenue au club (Coe)
    Le livre brisé (Doubrovsky)
    Au régal des vermines (Nabe)
    Déjà mort (Johnson)
    Las Vegas Parano (Thompson)
    L’Ombre du vent (Zafon)
    Sexus (Miller)
    Le degré zéro de l’écriture (Barthes)
    Pourquoi j’ai mangé mon père(Lewis)-cas intéressant car le premier titre était The evolution man puis changé en What we did to father soit littéralement Ce que nous avons fait à père. Coup de génie du traducteur ou de l’éditeur?
    Et on pourrait poursuivre pour conclure: de l’importance du titre. Si Michel Houellebecq et son éditeur ont commis l’erreur de faire usage d’un titre déjà pris, la moindre des choses est de reconnaitre cette erreur. Les enjeux étant plus d’ordre pécuniaire, le débat est ailleurs, comme la vérité…

    • Laurence Biava sur 5 octobre 2010 à 8 h 43 min
    • Répondre

    Complètement d’accord avec Michel Lévy, Alexandra, Richard. Flammarion n’a pas du bien lire les codes relatifs à la propriété intellectuelle. Je me chargerais de leur rappeler. Oui,le titre est primordial. Combien d’auteurs connus ont du, contrairement à Michel Houellebecq, donné un autre titre à leur roman ? Il y en a plein ! Et non des moindres ! Je ne vois pas pourquoi MIchel Houellebecq, aussi immense écrivain soit il, devrait faire exception à la règle. Je citerais, permettez, mon propre exemple. Je voulais appeler, et j’y tenais de toutes mes forces, mon premier roman "la désagrégation" parce qu’il me semblait que cela correspondait bien à l’atrophie du personnage principal que je décris (syndrome du Korsakov). Or, je n’ai pu le faire puisque ce titre est déjà utilisé à deux reprises : une fois pour un roman publié sur Publibook, une autre fois pour un essai. Avec mon éditeur, nous avons donc convenu d’en choisir un autre : "Ton visage entre les ruines" s’est vite imposé, c’est un bout de phrase que je cite au tout début de la première partie et qui synthétise bien l’ensemble du récit. C’est ainsi.
    Mes titres préférés sont :
    "La plus que vive" – Christian Bobin
    "L’arrache-coeur" – Boris Vian (très voisin)avec "l’attrape-coeur) de Salinger
    "Passion fixe" de Sollers, qui se confond avec "Passion simple" d’Annie Ernaux. Il n’y a que l’adjectif qui change et si ça se trouve, l’un des deux a bien du vouloir appeler son roman du titre de l’autre.
    "le rivage des Syrtes" de Julien Gracq
    "Jubilation vers le ciel" de Moix (très beau titre)
    "Aimer à peine" de Michel Quint
    "Mon coeur à l’étroit" de Marie N’Diaye
    "Est ce ainsi qu elese femmes meurent" de Didier Decoin
    "Cantique de la racaille" de Ravalec.
    "Les lèvres menteuses" de Gabriel Matzneff.
    En général, les titres des romans de Despentes, sauf "baise-moi" sont ratés, quelques uns de Claire Castillon, trop sybillins (je pense au dernier – les bulles-), ceux de d’Ormesson, cuculs la praline, d’un autre siècle ou trop longs. J’aime bien ceux de Nothomb, leur tonalité philosophique, et ceux de Djian, de Dubois…

  7. Oui j’y pensais à "Baise moi" (détourné par Aurélia aurita pour son album "Buzz moi", http://www.buzz-litteraire.com/i...
    Dans la même catégorie le "Putain" de Nelly Arcan dont on parlait précédemment, http://www.buzz-litteraire.com/i... et qui a soigneusement choisi ce titre au lieu d’"escort-girl" sa qualification officielle, pour sa signification sans fard.

    J’aime bien aussi "Cantique de la racaille" en effet (le titre du moins).
    Pour en revenir à M.Lévy, c’est exactement ce qu’il me disait, il veut juste qu’on lui reconnaisse la paternité de son titre, rien de plus.

    Parmi les titres de la rentrée, j’avais bien aimé aussi le titre d’Ann Scott (« A la folle jeunesse »), le titre seulement hélas…

    Un grand merci Laurence pour ton expérience d’auteur, je pensais aussi justement fortement à ta mésaventure et aux précautions respectueuses que vous aviez prises avec ton éditeur. J’aimais bien "La désagrégation" mais "Ton visage entre les ruines" est très beau aussi et poétique. Tu as presque gagné au change !

    Je rajoute aussi "Belle du seigneur" à mon top, titre éclatant s’il en est 🙂
    Et aussi les titres de Chloé Delaume qui valent souvent le détour, à commencer par "Le cri du sablier" (certains sont peut être un peu trop abscons néanmoins…).

    • marco sur 5 octobre 2010 à 20 h 31 min
    • Répondre

    pour les pires titres :
    les ecureuils de Central Park sont tristes le lundi (pancol)

    quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent… (eric emmanuel schmitt)

    • Laurence biava sur 5 octobre 2010 à 22 h 17 min
    • Répondre

    Com HOMMAGE à BERNARD CLAVEL
    Franchement, que des bons titres, et qui ont séduit des générations de lecteurs :
    J’aime surtout "Malataverne" et "les grands malheurs"

    Pirates du Rhône,
    Malataverne,
    Le Seigneur du fleuve
    Quand j’étais capitaine,
    La Révolte à deux sous
    Cargo pour l’enfer,
    Les Roses de Verdun,
    Le Carcajou
    Le Soleil des morts,
    Le Cavalier du Baïkal
    Brutus,
    La Retraite aux flambeaux,
    La Table du roi
    Les Grands Malheurs..

    Ajoutons que Clavel est décédé le jour de la deuxième sélection du Goncourt 2010, prix qu’il avait obtenu en 196o pour "les fruits de l’hiver".
    Trés beau titre.

    • Jérôme sur 6 octobre 2010 à 10 h 46 min
    • Répondre

    Ah, Houellebec est donc toujours encore éternellement journalistiquement à défaut l’objet d’une polémique ?! Mais, à quoi bon, à quoi, à quoi… bon.

    Un titre, disons "Avec Bastien", titre du nouveau Riboulet, là il y en a sous la semelle!
    Parmi ces titres : Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants, Ma vie parmi les ombres, Les vies minuscules, Les Jardins statuaires, Les Draps du peintre, La sphère des mères, Les derniers Indiens, etc.

    • Stéphanie sur 6 octobre 2010 à 10 h 47 min
    • Répondre

    Est-ce qu’on en fait pas un peu trop sur ce titre?!?!…Franchement!

    • Jérôme sur 6 octobre 2010 à 10 h 56 min
    • Répondre

    Quant à moi, j’aime les titres antiphrastiques, du type L’éducation sentimentale ; les titres où percent une cinglante ironie. Quant au titre de Riboulet, j’aime qu’il contrevienne à tout ce qu’on peut (nous, lecteurs) attendre : du rapport, une relation, un lien intime (en fait de rapport, ce récit est la rapport d’un non-rapport (sexuel, textuel ?), d’un fantasme) ; comme j’aime ce qu’il laisse entendre, au détour d’une petite distorsion phonétique : un Ave Bastien…

  8. Très bon à savoir, cette histoire sur les titres.

    Sur la logique marketing du dernier Houellebecq, je vous recommende de consulter ma chronique sur le sujet:
    david-weber.over-blog.com…

    • laurence.biava sur 6 octobre 2010 à 21 h 54 min
    • Répondre

    autres bons titres aussi, notamment chez deux écrivains oubliés

    "Moins qu’une pute" de Régis Clinquart

    "la tentation de l’après" de Emily Tanimura, publiée chez Gallimard, étonnant premier roman de 2006. Qu’est – elle devenue ? Lui a t-on refusé ses autres textes ? Dommage..

    Toujours chez Bobin, l’écrivian aux titres "gracieux", "Souveraineté du vide"

    Enfin, deux titres voisins, vieux comme est Rhodes : "pensées pour moi-même" de Marc-Aurèle et "Lettres à soi-même" de Paul Jean toulet.

    • Tommy sur 7 octobre 2010 à 11 h 46 min
    • Répondre

    "Le bleu du ciel" G.Bataille
    – "Tout est illuminé" J.S.Foer
    – "Extension du domaine de la lutte" M.Houellebecq
    – "37°2 Le matin" P.Djian
    – "Love is a dog from hell" C.Bukowski

    • Gérard sur 7 octobre 2010 à 15 h 14 min
    • Répondre

    Ceci renvoie au mépris des "élus" de l’édition (mais élus pour un temps, ce n’est qu’un cdd) envers les autres écrivains-écrivants dont le seul mérite est d’apporter des idées, des titres, des formules, qui sont ensuite repompées par les élus au prétexte que de toute façon cette matière n’aurait servi à rien. Cela s’appelle "faire les poches" d’un auteur que l’on ne publie pas, mais qui ne manque pas d’idées.

    • BBC sur 7 octobre 2010 à 20 h 58 min
    • Répondre

    La mécanique des femmes de Calaferte
    Le premier amour est toujours le dernier de Ben Jelloun
    L’Ombilic des limbes d’Artaud
    L’anus solaire de Bataille
    Je sors ce soir de Dustan
    Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part de Gavalda
    Bien sûr je déconne pour le dernier titre ohohoh ahaha.

  9. En parlant de Richard Millet (le titre "Ma vie parmi les ombres" cité plus haut), il avait un très beau coup marketing avec son titre "Le goût des femmes laides" (bon bien sur qd on lisait le livre, on se rendait compte que c’était totalement ironique et misogyne mais passons !).

    Sinon oui BBC, le titre de Gavalda était excellent et je parie qu’il a contribué à son succès !

    • Furansuwa sur 24 février 2011 à 0 h 56 min
    • Répondre

    C’est le monde à l’envers tout ça !

    Je crois que vous n’avez rien compris à l’affaire Houellebecq-Wikipédia. Il ne s’agissait en aucun cas d’accuser l’écrivain de plagiat littéraire, mais de rappeler (ou de signaler, tant ceci est ignoré) que le texte de cette encyclopédie participative est soumis à certains droits d’auteur (non patrimoniaux, mais droits quand même), et que le reprendre sans en citer la source comporte certaines conséquences.

    En ce qui concerne Michel Lévy :
    — Il n’est pas mensonger de dire que son livre n’a pas été publié par un éditeur, pas même à compte d’auteur. Si l’on se réfère à la page de la BNF fourni par l’auteur lui-même et qu’on la lit attentivement, on comprendra qu’il s’agit d’auto-édition.
    — L’affirmation comme quoi les titres d’œuvre (surtout aussi banals que « La carte et le territoire », vieux poncif philosophique) sont protégés juridiquement ne me semble pas très étayée, ni dans le billet ni dans les commentaires. J’ai lu assez rapidement, merci de me signaler ce que j’aurais raté. En tout cas, l’article du Figaro que vous citez me semble un peu léger.
    — L’histoire littéraire (et toute l’histoire de l’art) fourmille d’œuvres homonymes. Irait-on accuser Rousseau d’avoir volé Augustin ?

  10. bah si le terme « plagiat » a été prononcé concernant l’utilisation de wikipedia par Houellebecq.
    par ailleurs, si je ne me trompe pas, Houellebecq a juste réutilisé les informations de l’encyclopédie, sans copier-coller le texte des rédacteurs. L’accusation est donc encore plus stupide car une simple information n’est pas une "œuvre" à proprement parler. Bon nombre d’infos de Wikipédia se retrouvent, de façon logique, dans d’autres ouvrages papier…

    Sur le titre, le fait que Mr Lévy se soit autoédité ne change rien au problème. C’est lui qui avait trouvé ce titre et comme le soulignait une journaliste je ne crois pas que M.Houellebecq apprécierait qu’un auteur intitule son livre "Les particules élémentaires" par exemple…
    Ne pas faire à autrui ce que l’on aimerait pas que l’on nous fasse…

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