Lolita Pille poursuit sa carrière de scénariste en adaptant U.V de Serge Joncour

Il semble que la romancière Lolita Pille (auteur de « Hell » et « Bubble Gum ») entame une nouvelle carrière de scénariste. Après l’adaptation de son propre roman Hell, cette année, qui a donné lieu à une version cinématographique mitigée, avec Bruno Chiche, elle vient d’adapter avec le cinéaste Gilles Paquet-Brenner (à qui l’on doit « Les Jolies choses » et le polar marseillais Gomez & Tavarès), le livre U.V de Serge Joncour (aux éditions Le dilettante, avril 2005) qui donnera un film du même nom, avec à l’affiche Jacques Dutronc, Laura Smet, Anne Caillon et Pascal Elbé. Ils viennent d’entamer le tournage, à la station balnéaire de Ramatuelle, sur la Côte d’Azur.


Coproduit par Hugo Films et Les Productions de la Guéville et distribué par TFM Distribution, U.V. se situe du propre aveu du réalisateur « entre thriller, comédie de moeurs et satire sociale ». Ce long métrage, dont l’action se déroule dans une villa sur une île, au plus fort de l’été, « propose la radiographie, d’abord sur un ton léger, ensuite plus sombre et cynique, d’une famille qui nous semble au premier abord au-dessus de tout soupçon. L’arrivée d’un intrus va fissurer le bel ensemble et révéler les doutes, failles, regrets et obsessions de chacun de ses membres, ainsi que leurs secrets les plus intimes. »

Ce film choral sous forme de huis clos est tiré du livre de Serge Joncour (également auteur, entre autres, de L’idole), parfaitement calibré pour le grand écran. Il avait obtenu le Prix France Télévision en 2003. Il laisse augurer un film oscillant entre intrigues familiales à la Chabrol, drame façon « La piscine » de Deray ou « Swimming pool » d’Ozon avec une touche d’un « Harry un ami qui vous veut du bien » pour le suspense et la tension érotique…

Mise à jour : juillet 2007 Quelques commentaires de Lolita Pille au sujet de cette adaptation (extraits du dossier de presse) :
La fin du roman de Serge Joncour laissait effectivement libre cours aux interprétations, aux fantasmes. Mais dans la mesure où l’histoire se concentre sur deux protagonistes dont les objectifs se heurtent – le père qui veut protéger sa famille et l’intrus qui cherche à l’infiltrer – leur affrontement final était inévitable : c’est une vraie fin de western.

En le poussant un peu, Serge Joncour affirme d’ailleurs qu’il a écrit quelque chose de social. Le livre, et par extension le film, peuvent être interprétés comme la démonstration que les nantis sont toujours gagnants, quoi qu’il arrive. Boris a beau représenter un vrai soulagement pour cette famille qui s’ennuie et qui trouve en lui l’attraction de la semaine, il n’a pas les armes…

Lolita, votre expérience sur Hell, tiré de votre propre roman, vous a-t-elle servi pour l’adaptation d’ U.V. (2006) ?
Lolita Pille : Cela m’a appris une chose : ne jamais décevoir un écrivain, ne jamais empiéter sur sa démarche. J’ai lu le roman de Serge, que j’ai beaucoup aimé, j’en ai gardé les éléments dramaturgiques et j’ai écrit le premier jet du scénario en suivant les indications de Gilles, sans entrer dans une profession de foi personnelle : j’ai essayé un maximum de faire l’intermédiaire entre une volonté d’auteur et une volonté de réalisateur.
Gilles Paquet-Brenner : Ce que Lolita a vraiment apporté, ce sont les dialogues, qui étaient très peu présents dans le roman.
Lolita Pille : La grande difficulté de l’adaptation d’un roman, c’est de faire passer l’introspection en images. Et le roman de Serge était vraiment fait de l’introspection de six personnages. Toute la difficulté était donc de traduire le chaos mental de chacun, que j’ai essayé de faire passer dans les dialogues.
Gilles Paquet-Brenner : La grande force de Lolita a été que dès le premier jet, elle a réussi à faire que l’on ne s’ennuie pas, et c’était loin d’être évident. D’ailleurs, Serge Joncour est ravi de son adaptation.
Lolita Pille : En tout cas je voulais que le film soit fidèle au roman, j’avais vraiment envie de ne rien affecter. Mon travail a été de respecter, de préserver le texte. Un auteur heureux de son adaptation, cela n’a pas de prix, et je suis moi-même très heureuse du film pour cette raison.

Les femmes en revanche sont un peu plus spectatrices des événements
Lolita Pille : Oui et non, dans la mesure où ce sont pour les femmes et par les femmes que tout passe ! Elles ne sont pas que décoratives, c’est par elles que le mal arrive. Il y a d’ailleurs plus de testostérone dans le personnage de Laura que dans celui de Pascal. Boris, de son côté, se contente de s’acquitter de son office auprès de la séductrice puis de la mal mariée, le tout sous le regard consentant des parents. On sent bien que dans ce milieu bourgeois, les choses les plus sordides peuvent avoir lieu : du moment que ça ne dépasse pas et que cela ne ressort pas à table, on s’en accommode.

À ce titre, comment s’est fait le choix des comédiennes ?
Lolita Pille : Laura était une sorte d’évidence, avec son visage félin, animal, et ses yeux bleu piscine. C’est l’une des personnalités les plus intéressantes du cinéma français aujourd’hui.

Lolita, c’est un luxe rare pour un scénariste d’assister au tournage : quelle place teniez-vous sur le plateau ?
Lolita Pille : J’aime vraiment le cinéma et je voulais aller plus loin que l’écriture, j’avais envie de voir ce que cela donnait en action. Gilles a pris le risque de me laisser faire le making-of, alors que je n’avais jamais tenu une caméra. C’est une mécanique bien huilée, très hiérarchisée, dans laquelle chacun reste à sa place. J’avais une position d’électron libre et réaliser un film dans le film faisait de moi un peu une intruse.

Un extrait d’U.V :
« C’est sans doute le blanc qui les rassura.
Qu’un inconnu pousse comme ça les grilles de votre parc, qu’il soit habillé de blanc de la tête aux pieds, que ce blanc-là soit impeccable, et l’on ne songe même pas à se méfier. À cette heure-là de l’après-midi le soleil tapait en plein sur la terrasse, seules Julie et Vanessa pouvaient supporter ça. Profitant de ce qu’elles se savaient seules elles avaient même ôté le haut de leur maillot de bain, et se laissaient aller, seulement disposées à bronzer. De loin l’homme marqua un temps d’arrêt, il eut même la délicatesse de se retourner, laissant apparaître un grand sac qu’il portait à l’épaule, blanc lui aussi. Julie passa sa chemise, Vanessa s’enroula d’une serviette de bain, fâchée de s’offrir presque nue, dissimulant sa nudité tout en la soulignant davantage. L’homme marchait vers elles avec la démarche un rien surjouée, à peine heurtée, de ceux qui se savent observés. Il éparpillait ses regards à droite à gauche, comme s’il cherchait à tout voir de ce décor, à tout envisager.
Dans les verres de ses Ray-Ban, les reflets scandaient du plan par plan ; la pelouse vert émeraude lissée comme un velours, le Trianon de pierres blanches, la piscine au bas des marches, les fauteuils translucides qui ondulaient dessus, les transats en teck, vides eux aussi, cette suprême désinvolture du luxe quand il confine à la négligence, un climat dans lequel il se retrouvait pleinement. L’avaient-elles déjà vu ? L’une et l’autre cherchaient, sans réponse, pas plus qu’elles ne supposaient le motif qu’il pouvait avoir de venir là. La plage sans doute, le bateau peut-être.
Ce qui emporta la décision de se montrer courtoises, c’est cette délicatesse qu’il eut de relever ses lunettes de soleil, un genre de prévenance tout de même, le souci pour le moins de ne pas les perturber davantage en se dissimulant le regard. D’autant que ce regard, ce fut sans doute la deuxième partie de la proposition, un bleu acide qui visait droit, de ces regards dont on se détache toujours avec la sourde culpabilité de les fuir.
L’homme se dirigea tout naturellement vers Vanessa, comme s’ils se connaissaient déjà, sans gêne ni effronterie, il avait le soleil de face.
« 

1 Commentaire

  1. Lolita For EVER,Ever, EVeR…

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