« Gringoland » de Julien Blanc-Gras, un « sous génération X » décevant

C’était « le premier roman » à lire en cette rentrée littéraire 2005 (sortie poche : nov.07). Une de ces bonnes surprises qui doit vous remonter le moral. Même sur le papier, tous les ingrédients étaient réunis pour que la magie de ce « road-book » opère : un héros trentenaire, lassé du chaos contemporain, de l’absurdité d’une société de consommation incapable de susciter le moindre espoir dans l’avenir, décide de tout claquer (et en particulier sa télé qui lui tenait de vie sociale jusqu’alors). On imagine un nouveau « Génération X » (Douglas Coupland) teinté de « Sur la route » de Kerouac…

Jusqu’aux 15 premières pages, le coeur y était encore…, avec des phrases plutôt bien senties comme « Le monde du travail… J’avais pas d’a priori idéologique. Plutôt des contre-indications existentielles de l’ordre de la flemme. » Ou encore en citant Clint Eastwood « Le monde est divisé en deux catégories : ceux qui passent à la télé et ceux qui la regardent« . Jusqu’à… Jusqu’à ce que débute le périple du héros du Mexique aux Etats-Unis…

Les étapes défilent : Mexico, Puebla, Merida, Costa Rica, San Pedro jusqu’à San Francisco ou Los-Angeles…, mais l’auteur ne parvient pas à nous embarquer avec lui. Ses personnages sonnent faux et frôlent la caricature : le fils à papa, l’intello humanitaire, l’étudiante hippie-chic, la militante écolo ou encore la nympho américaine…
Une galerie de personnages foisonnante (trop peut-être) qui ne convainc pas même si on voit bien où l’auteur veut en venir : dépeindre des « gueules », des caractères « hauts en couleur », « folkloriques »… Mais il reste en surface et ne laisse pas suffisamment de temps au lecteur pour se les approprier ou les rendre attachants. Même le cynisme du héros finit par agacer.

On finit par se mélanger (peut-être était-ce la volonté de l’auteur de nous semer dans le même « bordel » ambiant que vit son personnage)… Pour finalement s’ennuyer franchement dans ce récit qui enfile et empile les scènes comme les pages d’un catalogue touristique, sans qu’une intrigue ne se dégage réellement.

D’aventures éphèmères avec quelques filles de passage en considérations socio-politiques éculées sur en vrac : le mondialisme, le tourisme, les méfaits du capitalisme occidental, de la privatisation, de la corruption du système ou encore du politiquement correct américain…

En dépit de ces déceptions, il faut reconnaître un ton et un style plutôt vivants avec quelques bonnes surprises au détour des pages comme cette description d’une jeune fille croisée sur son chemin : « Une voix d’ange et des yeux fermés. Un timbre de petite fille qui sonne comme du cristal sali sur cette ballade folk tristounette que j’avais dû écrire dans un rêve d’enfance. Elle est belle sans faire exprès ».

L’ensemble reste décevant mais lisible…

A lire aussi : Un extrait choisi de son 3e roman (mai 2011) : « Touriste »
« Épisode brésilien, où l’on voit des pauvres en vrai »

1 Commentaire

    • margo sur 10 décembre 2007 à 19 h 03 min
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    comm je ne sais plus quel illustre l’a si bien précisé la critique est facile mais l’art est difficlle! j’ai adoré ce livre je le place meme en tete de mes favoris et attends avec impatience le prochain… je trouve le style de julien blanc gras pertinent,un style poetiquement moderne ,une satire du monde decrite avec realisme , que de vraies references et bizarement les 10 premieres pages on eu u du mal a m’accrocher puis a la onzieme j’ai englouti l’aventure aussi vite que jai pu! ca faisais longtmps que je n’etais pas tomber sur 1livre comme ca : une vraie petite bouffée d’oxigéne : merci….

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