« Je vais bien, ne t’en fais » : deuxième adaptation ciné pour Olivier Adam

L’aventure du cinéma tente de nombreux jeunes auteurs à l’image de Lolita Pille, Arnaud Cathrine ou encore Christophe Honoré qui revêtent la casquette du (co)-scénariste pour adapter leurs propres romans, ceux des autres ou encore en écrire des inédits. Olivier Adam est lui aussi très demandé par le cinéma ces derniers temps. Après l’adaptation de « Poids léger » avec Jean-Pierre Améris, sorti sur grand écran en 2004, il co-signe de nouveau le scénario correspondant à son premier roman « Je vais bien, ne t’en fais », paru en 2000 chez Le Dilettante. Un film prometteur qui sortira au cinéma le 6 septembre…

Ce romancier discret, « violemment sensible », très attaché au cinéma de Pialat, abordait dans ce premier roman (écrit à 27 ans), les thèmes de la disparition, de l’absence et du mal-être.
L’histoire ? Lili, 19 ans apprend, à son retour de vacances, que Loïc, son frère jumeau, suite à une dispute avec son père, a quitté la maison. « Je vais bien, ne t’en fais pas » sont les quelques mots qu’adresse le frère absent, disparu, parti… Des mots griffonnés sur une carte postale et adressés exclusivement à sa sœur. Loïc ne répondant pas à ses appels, Lili finit par se persuader qu’il lui est arrivé quelque chose et part à sa recherche. Ce qu’elle va découvrir dépasse l’entendement…

« Nous sommes nostalgiques, mais nous ne savons pas de quoi« , fait dire Olivier Adam à Loïc, le frère disparu et adoré de la jeune Claire (rebaptisée Lili dans le film). Et c’est précisément cette mélancolie, ce manque continu et inexpliquable qui nous habite tous, plus au moins, qui est au cœur de ce livre du non-dit et des secrets familiaux, tout en pointillé.

Olivier Adam a travaillé ce scénario avec le réalisateur Philippe Lioret à qui l’on doit le mythique « Tenue correcte exigée » et surtout le lumineux « Mademoiselle » avec Sandrine Bonnaire, un petit bijou de film intimiste tout en finesse. Un duo qui ne pouvait donc, que fonctionner !

Dans les rôles titres on trouve la gracieuse et éclatante Mélanie Laurent qui tient le rôle principal de Lili, jeune fille fragile et désemparée, mais aussi surprise, on retrouve Kad Merad (de « Kad et O ») ou encore Julien Boisselier (remarquable dans « Clara et moi »), Isabelle Renauld et Aïssa Maiga.

Olivier Adam a confié aimer travailler sur des projets cinématographiques « pour l’aventure collective, qui change de la solitude de l’écriture », « la richesse des rapports humains, des échanges artistiques » et « la magie de voir un matériau tels que les mots s’incarner par l’image« . A ce titre, il a déjà participé à l’écriture du scénario de « Maman est folle » sorti en 2005 avec Jean-Pierre Améris et encore auparavant à l’adaptation en court métrage de sa nouvelle « De retour » (de son recueil « Passer l’hiver ») en 2004, réalisé par le comédien Jalil Lespert (voir l’entretien donné en 2004).
Concernant l’adaptation de « Je vais bien ne t’en fais pas », l’enthousiasme était au rendez-vous étant donné qu’il souhaitait donner une deuxieme chance au livre dont il a dit « détester » l’écriture ! « J’aime les personnages, l’histoire, mais j’ai honte de son écriture, et puis le coeur du livre est pollué par des tas de choses annexes, des comptes que j’avais à régler. Bref, je rêvais de donner une deuxième chance à l’héroïne, à ses parents, je rêvais de les servir mieux, de mieux les faire vivre. J’avais toujours pensé que cette histoire pouvait faire un film : au portrait d’une jeune fille d’aujourd’hui, à la chronique d’un deuil contemporain s’ajoute une dramaturgie, un genre de suspense, qui oblige les personnages à évoluer, à bouger de leurs lignes. Connaissant les films de Philippe et son attachement aux dramaturgies fortes mais traitées en finesse, il m’a paru évident qu’il pouvait en tirer un film très personnel. »

Il mène actuellement une autre collaboration sur le film « L’été indien » réalisé par Alain Raoust, l’histoire d’un quinqua, hanté par la disparition de sa femme qui tente d’élever sa fille de 20 ans tout en vivant difficilement d’un job de mécanicien de maintenance dans une station de ski. La perte de son travail et le départ de sa fille seront le début d’une dissolution progressive.

Un parcours riche donc côté grand écran même si la littérature reste pour lui, « l’art total« .

En effet, il déplore la pauvreté de l’écriture scénaristique. « Participer à ce genre de projets est agréable quand on vient me chercher mais je ne pourrais jamais passer de l’autre côté comme Christophe Honoré« , déclare-t-il. Après avoir assisté à quelques reprises au tournage de « Poids léger », il réalise avec effroi que « le réalisateur doit vraiment être partout : s’occuper des acteurs, régler les problèmes logistiques, techniques ». Parfois à mille lieux de son objet artistique ! Il en garde néanmoins le souvenir d’une « intensité incroyable, d’une énergie condensée et d’une vie impressionnantes ».

Sur fond de bande originale avec pour titre phare « U Turn, Lili », interprété par Simon Buret, le film, tout en sobriété, dégage la même humanité touchante, la même tendresse et compassion que le roman et évite l’écueil du « mélo larmoyant ». Il ne devrait donc pas décevoir les lecteurs tout en donnant envie aux spectateurs de découvrir le livre…

Découvrez la bande-annonce et deux extraits de « Je vais bien, ne t’en fais pas » et sa bande-son sublime.

Découvrez le roman « Je vais bien, ne t’en fais » d’Olivier Adam, disponible en poche :
Présentation de l’éditeur : La vie s’écoule avec la régularité molle et poussive d’un tapis roulant. On y est porté vers la mort, comme un lot anodin de marchandises vers la caisse. Claire vit de l’image de Loïc, son frère enfui, qui, par instants, lâche la fusée d’une brève carte. De ces signaux un jour elle ne se contente plus ; d’un coup part en chasse, se jette dans le vent, s’offre à la mer. Portbail. D’où Loïc a écrit. Puis c’est le secret entrevu, l’entrebâillement sur un mensonge patiemment tissé. Claire fera comme si… Jouera sa portée dans la partition énigmatique, les fausses consonances qui sont celles de sa famille. Une vie menue et tenace, un drame lancinant, une énergie butée : le mystère de Claire, porté par des chapitres courts et incisifs où l’auteur bouleverse son lecteur avec des mots simples, forts et qui écorchent

Quelques phrases de l’auteur :
« Elle est restée très longtemps dans l’eau, se laissant emporter par les vagues assez hautes, où d’autres glissent, avec les cheveux jaunes ondulés. Elle s’est laissé engourdir par le froid, est revenue sur la plage et a regardé les gouttes d’eau sur sa peau, qui glissent ou s’étalent. Eclatent même parfois. »

5 Commentaires

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  1. Juste envie de préciser que, dans le livre, Claire et Loïc ne sont pas des jumeaux.
    Préciser aussi que le livre est très beau, et qu’il mériterait d’être lu AVANT de voir le film – pour découvrir à la fois une écriture étonnante et une histoire assez touchante…

  2. Merci louve de cette précision.
    Avant ou après, le livre doit en effet être lu !

    • K. sur 29 décembre 2006 à 23 h 43 min
    • Répondre

    A lire absolument… avant, selon moi!
    Sinon "U Turn, Lili", interprétée par Simon Buret???
    (après recherche ce monsieur est le chanteur du group Aaron)

  3. Oui c’est bien cela Simon Buret est le chanteur du groupe Aaron.
    Il fait d’ailleurs une apparition dans le long-métrage avec le rôle du musicien qui remet la cassette à Mélanie Laurent.
    Leur premier album devait sortir en septembre dernier. Pas vu passer ? (hormis la BO du film…)

    • blow sur 2 février 2008 à 10 h 59 min
    • Répondre

    j’ai adoré ce film, tout sonne juste. Mélanie Laurent est à tomber de fragilité et de grâce et Kad en contre-emploi de père bourru et aimant est très émouvant.
    C’est un film qui réussit à allier l’intime et le suspense de la disparition du frère avec un dénouement vraiment inttendu (je dis rien pour ne pas gâcher le suspense de ceux qui ne l’auraient pas encore vu). J’ai relevé quand même une incohérence quand Mélanie Laurent part à la recherche de son frère à Reims, la femme de ménage de l’hôtel lui dit qu’il avait bien réservé, à moins que le père ne soit derrière aussi ? C’est juste bizarre mais sinon tout le reste est très cohérent.
    L’histoire d’amour aussi entre Mélanie Laurent et Boisselier est très belle aussi, à la fois violente et pudique. Cet acteur fait vraiment passer beaucoup de choses avec presque rien.
    Un film à voir absolument. Ca donne envie de découvrir le livre;

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