Laurence Viallet des éditions « Désordres » : « Le qualificatif trash, qu’on me colle, m’insupporte. Ce ne sont que des mécanismes de défense… »

Créé en 1999, les éditions « Désordres » ont pour terrain d’exploration, la littérature subversive contemporaine de ces dernières décennies de Sade à Hulbert Selby Jr., en passant par Burroughs ou Genet… Des auteurs en marge des courants conventionnels, souvent « politiquement incorrects »… Sa jeune fondatrice, Laurence Viallet, née en 1975 (ancienne lectrice chez Denoël, au Seuil ou pour Le Mercure de France…), défend une littérature « inventive, vivante », nécessairement désordonnée. D’abord collection à La Musardine (lancée avec la parution du premier ouvrage, Index de Peter Sotos), puis au Serpent à Plumes et désormais un « label » à part entière depuis son rachat par Le Rocher (qui devrait néanmoins ne pas renouveller son contrat à l’été 2007), Désordres impose sa différence et étoffe son catalogue d’année en année.

2006 a été marqué par l’introduction d’essais, prolongement naturel des problématiques approchées dans le domaine littéraire.

Plutôt axé sur le domaine étranger anglo-saxon, son éditrice Laurence Viallet (très marquée par la lecture de « Justine ou les infortunes de la vertu », à l’âge de quinze ans) rêve aussi de publier de la littérature française, elle qui apprécie Guyotat, Tony Duvert ou encore Gabrielle Wittkop dans une moindre mesure.
« Ce n’est pas encore le cas, alors que mes auteurs se revendiquent de l’héritage culturel français (Sade, Artaud, Klossowski, Bataille, Rimbaud, le nouveau roman…) », regrettait-elle dans un entretien donné à Sitartmag. Elle ajoutait dans Le matricule des anges qu’elle recevait des textes d’auteurs français, déjantés et maladroits et a par exemple refusé Costes qu’elle qualifie de « trop léger » : « C’est du trash justement. Juste un procédé commercial pour choquer le bourgeois. »

Abordant des thèmes délibérément transgressifs (drogue, perversité, anarchie, nihilisme, violence, domination/soumission sexuelle, inceste, sado-masochisme, homosexualité, mais aussi critique économico-sociale des dérives de la culture postmoderne…), ces auteurs explorent sans limite le langage et les codes narratifs (créant de nouvelles formes telles que l’intertextualité, le métadiscours, le mélange des genres littéraires voire graphiques…), les entraînant vers d’incroyables extrémités. « Je cherche des livres totaux qui m’ébranlent. Je suis adulte, je veux voir, je veux laisser voir, je ne veux pas prendre soin de mes concitoyens. » Toutefois, elle réfute aussi cette étiquette de transgression : « La transgression ne m’intéresse pas. Parce que transgresser c’est déjà admettre la norme. »

Des écrivains appartenant à des contre-cultures oxygénantes, qui s’affranchissent des préjugés et redéfinissent nos horizons de lecture. Points communs : une quête de liberté et la lutte contre l’aliénation sociale. Leurs oeuvres, comme celles de leurs prédécesseurs, sont parfois susceptibles d’être écartées voire censurées (comme ce fut le cas pour Sang et Stupre au lycée de Kathy Acker en Allemagne), encore aujourd’hui… »Kathy Acker est underground ici mais elle est enseignée dans les facultés américaines et symbolise un certain refus de l’assignation d’une identité pré-établie« , remarque-t’-elle.

Laurence Viallet défend une littérature « inventive et vivante », nécessairement désordonnée. La dureté de ces récits n’exclue pas la dimension poétique comme par exemple dans le travail de David Wojnarowicz (publié pour la première fois au Serpent à plumes en 2004) mais aussi le surréalisme ou l’abstraction.

« Je trouve ces textes indispensables peut-être justement parce qu’ils font parfois violence à la pensée et aux formes littéraires convenues. Quant aux résurgences moralistes et autres difficultés, c’est un état de fait que certes je déplore, mais je n’ai jamais songé à partir en croisade contre la réaction politique ou culturelle ambiante. Ce n’est pas le désir de provocation ou de transgression qui m’anime, même si la littérature de création a par définition un véritable pouvoir de subversion. J’ai pour ambition de publier des textes exigeants, qui font honneur aux capacités de penser de chacun.« , confiait-elle à Sitartmag. Ses critères de choix ? La radicalité et la singularité d’un livre.

A son catalogue : des textes exigeants, perturbateurs, novateurs, qui cherchent à bousculer la narration, le langage et les normes. Littérature de la révolte, Désordres s’illustre par sa frontalité, sa radicalité. Ses auteurs, Peter Sotos qui fait figure de proue, David Wojnarowicz, Dennis Cooper, Kathy Acker… auscultent la part maudite de notre humanité, quitte à offenser et à dérouter les esprits académiques.

Voir le site très bien fait de la maison d’édition Désordres

12 Commentaires

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  1. je fais partie de ces auteurs décapants des années 70. Mon pseudo Marika Moreski a eu- un certain ompact- sur les masochistes hommes et sur les quelques femmes plus ou moins sadiques de l’époque. Aujourd’hui, j’ai laissé de bons souvenirs aux lecteurs mais les maisons d’édition semblent ne plus adhérer à mes situations érotiques..ou veulent tout simplement avoir des textes gratuitement. Alors, tant pis, je les garde pour moi.
    amitiés

      • François sur 12 décembre 2023 à 20 h 41 min
      • Répondre

      Bonjour Mme Moreski,
      Je me souviens d’une nouvelle que j’ai lue dans les années 76, qui parlait d’un camping tenu par des dominatrices qui venaient avec leurs esclaves.
      Ce texte est-il toujours disponible ?
      Amicalement
      François

    • jean claude sur 11 octobre 2007 à 11 h 55 min
    • Répondre

    j’adore les romans de marika moreski, de vous, du moins, ne laissez pas tombé des personnes qui vous adore! merci

    • Bernard sur 7 octobre 2008 à 14 h 28 min
    • Répondre

    Chère Mme Moreski, pourquoi ne pas mettre des extraits de vos romans en ligne, pour le plaisir de vos lecteurs? Qu’en pensez-vous?

  2. J’apprécie beaucoup Marika Moreski, et je regrette que ses textes ne soient plus accessibles…allez voir mon site dans lequel je publie prochainement un article consacré à cette grande Prétresse de la littérature sulfureuse des années 70…

  3. Il est possible de lire les romans de Marika Moreski, deux eBooks sont disponibles en téléchargement ou sur Cd-Rom sur le site http://www.enfer.com :
    LA DESPOTE AUX SEINS, à l’adresse : http://www.enfer.com/download/zo...
    LES HOMMES A TOUT FAIRE : http://www.enfer.com/download/zo...
    D’autres suivront.

  4. J’ai acheté en ligne sur "enfer.com" le livre de Marika Moreski, la despote aux seins nus…dommage que ce soit plein de fautes d’orthographes et de "coquilles"…

    • Jerôme sur 18 décembre 2008 à 11 h 58 min
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    Je cherche à lire des extraits de "Poupée mâle" impossible à trouver en librairie.

    • jean claude sur 3 juillet 2009 à 8 h 55 min
    • Répondre

    j’ai acheter recemment deux livres de la maitresse, (ces dames en bottines et les betes à plaisir), sur enfer. com. il y en aura d’autres, du moins, je l’espere.

    • jean claude sur 3 juillet 2009 à 8 h 58 min
    • Répondre

    j’aimerai que madame laurence vialet, publie quelques livres de la celebre marika.
    merci

    • hobjetdef sur 8 août 2010 à 20 h 51 min
    • Répondre

    j ai eus la chance de pouvoir me procurer les livres et romans de Maitresse Marika Moresky; Elle a forger mon esprit en me convaincant de la justesse de ses ecrits? Je madresse aujourd hui a ce site pour me permettre, si faire se peut de rencontrer Maitresse Marika pour la remercier de vive voix pour tout le bonheur que je tire de Sa phylsophie. A Vous lire votre devoue clement.

    • alfred sur 9 juillet 2011 à 13 h 57 min
    • Répondre

    Bonjour, je cherche aussi les romans de Marika Moreski mais je les cherche en édition papier.
    S’il est encore possible de se les procurer quelque part, serait-il de savoir comment ?

    merci

    alfred

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