Le nouveau roman « Au secours pardon » de Frédéric Beigbeder prévu pour juin ! (et adaptation musicale de « Nouvelles sous ecstasy »)

Suite à l’interview qu’il avait donné au Courrier de Russie, dévoilant qu’il préparait un roman ayant pour cadre Moscou, Frédéric Beigbeder annonce dans le Figaro littéraire la parution de son nouveau roman, « Au secours pardon », qui sera la suite de 99 francs. On y retrouvera l’ex publicitaire Octave (qui devrait bientôt être interprété sur grand écran par Jean Dujardin), âgé désormais de 40 ans, propulsé cadre dans une multinationale de cosmétique nommée « L’Idéal »… Sa mission ? Caster le mannequin qui deviendra l’égérie de la marque et part donc en Russie pour dénicher l’oiseau rare. En fait de top-modèle, il fait la connaissance d’un pope à qui il entreprend de se confesser…

Petite stratégie éditoriale : l’auteur a préféré éviter la rentrée littéraire de septembre en publiant en juin pour tenter de devenir « le best seller de l’été », tout en restant en compétition pour les prix littéraires.
Découvrez un extrait de ce roman très attendu et la reprise musicale d’une des nouvelles de son recueil « Nouvelles sous ecstazy »

« Au secours pardon » renouera-t-il avec la verve et l’originalité de « 99 francs » ?
Extrait (première page) :
« C’est l’année de mes quarante ans que je suis devenu complètement fou. Auparavant, comme tout le monde, je faisais semblant d’être normal. La vraie folie surgit quand cesse la comédie sociale. C’était après mon deuxième divorce. Il me restait un peu d’argent : j’avais quitté mon pays. J’avais aimé, j’aimerais encore, mais j’espérais pouvoir me passer de l’amour, ce « sentiment ridicule accompagné de mouvements malpropres » comme dit Théophile Gautier. D’aileurs j’avais arrêté toutes les drogues dures, je ne vois pas pourquoi l’amour aurait bénéficié d’une exception. Pour la première fois depuis ma naissance, je vivais seul, et j’entendais en profiter un instant. Je ressemblais peut-être à mon époque dénuée de structure. Je reconnais qu’il est fastidieux de vivre sans colonne vertébrale. J’ignore comment se débrouillent les autres invertébrés. J’avais grandi dans une famille décomposée avant de décomposer la mienne. Je n’avais ni patrie, ni racines, ni attaches d’aucune sorte, à part une enfance oubliée, dont les photos sonnaient faux, et un ordinateur portable à connexion wifi qui me donnait l’illusion d’être relié au reste de l’univers. Je prenais l’amnésie pour le sommet de la liberté ; c’est une maladie assez répandue de nos jours, je pense que nous y reviendrons.

Je voyageais sans bagages et louais des appartements meublés. Vous trouvez sinistre de vivre dans des meubles que l’on a pas choisis ? Je ne suis pas d’accord. Ce qui est glauque c’est de passer des heures dans des magasins à hésiter entre différentes sortes de chaises. Je ne m’intéressais pas aux voitures non plus. Les hommes qui comparent leurs cylindrées me font pitié ; le temps qu’ils perdent à énumérer des marques est effrayant. Je lisais des livres de poche en soulignant certaines phrases au stylo bille, avant de jeter les deux à la poubelle (le livre avec le stylo). J’essayais de ne rien conserver ailleurs que dans ma tête ; j’avais l’impression que les choses m’encombraient, mais je crois que les pensées aussi, et qu’elles prennent encore plus de place. Dans un garde-meuble de la banlieue parisienne, mes vieux postes de télévision étaient empilées dans des cartons, au fond d’un hangar en tôle ondulée. Je possédais une grande bibliothèque dispersée dans d’anciens bureaux du quartier de l’Odéon où j’avais travaillé autrefois comme éditeur de littérature contemporaine. Sur mon agenda, je raturais les jours passés comme un prisonnier grav les murs de sa cellule.

Ne lisant plus les journaux français, j’apprenais les nouvelles avec des semaines de retard : « Ah bon ? Eddy Barclay est mort ? » Je passais des semaines sans sortir seulement connecté au monde par des sites de pharmacie ou de spanking sur Internet. Je n’ai rien mangé en 2005. Je croyais m’être débarassé du passé comme on largue une femme : lâchement, sans lui faire face. Je m’imaginais citoyen mondial. Je prenais l’Europe comme un vieux monument qu’on pouvait visiter sans guide, seulement accompagbé d’un GPS de poche, petite boîte noire, d’où émanait la voix sévère d’une dame qui m’intimait des ordres : « A 500 mètres, préparez-vous à tourner à droite. » J’écrivais des cartes postales que je n’envoyais pas. Elles s’empilaient dans une boîte à chaussures avec celles qui m’étaient revenues ornées d’un tampon : « Retour à l’expéditeur, n’habite plus à l’adresse indiquée ». Je voulais éviter d’être triste, mais on oublie rien sur commande. Je ne sais pas trop pourquoi je vous dis tout cela, à vous. En fait je voudrais vous raconter comment j’ai compris que la tristesse est nécessaire. » (Source : Technikart / Grasset)

A noter également la reprise et l’adaptation musicale de l’exergue (« Avertissement ») de son excellent recueil “Nouvelles sous ecstasy” par le jeune artiste trip hop ToM à travers son morceau “MDMA” qui ouvre l’album : « Avons-nous besoin d’une pilule pour raconter nos vies à des inconnus ? »
Un talent à découvrir : « Une voix monocorde, comme fatiguée d’avoir trop fumé, trop bu, trop goûté aux excès qu’offre la décadence des villes modernes, nous guide dans cette atmosphère. Ses textes écrits comme des petites nouvelles, mêlant narration, descriptions diverses, second degré, sont mis en relief, par des boucles musicales lourdes et cotonneuses, ponctuées d’arrangements classieux. »
Voir le site sur son album urbain et nocturne « Rue Breteuil » et sa page MySpace pour écouter ce titre.

22 Commentaires

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  1. un livre qu’on trouvera dans tous les relais sncf pour partir en vacances cet été en ne sachant pas si on le lira pour éviter de lorgner sur les bikins d’a côté

    • soledad sur 2 avril 2007 à 17 h 29 min
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    Beig n’avait pas parlé d’une suite de 99 francs dans les coulisses télé suite à son bide sur Canal ? 99 jours je crois..

  2. maT, que pensent tes oreilles averties de cette adaptation musicale de ToM ? (faut pas s’emmêler entre vos minuscules et majuscules respectives !)
    et vas tu faire de Au secours pardon, ton "livre de serviette" ?

    Soledad, oui tu as tout à fait raison. A priori ce livre ne devrait hélas pas se faire.
    Je te retrouve un article que j’avais sur la question et je t’en dis plus très vite.

    • Kebina sur 5 avril 2007 à 6 h 36 min
    • Répondre

    "Au secours pardon" bientôt disponible dans tous les fast foods, même ceux près de chez vous (merde!)….

  3. la chanson est sympa c’est vrai…le livre mouais, il y aura du sable dedans…

  4. Oui c’est vrai que l’adaptation musicale, avec des petits accents d’Ed Harcourt je trouve, est très réussie ; ce qui n’était pas évident avec le texte initial !

    Tu ne sembles pas emballé donc par ce nouveau roman pourtant je te sens très "beigbedérien" (voir mon message sur ton blog).
    Me trompe-je ?

    Par rapport à cet extrait, je pressens hélas une redite des conclusions de 99 francs : remise en cause de la société de consommation, etc avec a priori pas mal de name dropping en perspective… En revanche, la plongée dans le Moscou moderne peut être intéressante.

    • jeremie sur 5 avril 2007 à 15 h 41 min
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    beigbeder reviens…
    merci

  5. La date de sortie du film adapté de 99 francs est prévue pour le 26 septembre 2007.

  6. oui non mais oui je le lirai et j’y trouverai des trés beaux paragraphes j’en suis sur

    • octave sur 9 avril 2007 à 9 h 29 min
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    le nouveau myspace de F.Beigbeder
    profile.myspace.com/index…

  7. très intéressant, merci Octave !

    J’ajoute les infos sur le projet avorté de « 99 jours » :
    A propos de son projet de roman « 99 jours » qui devait raconter l’expérience d’Octave, héros de 99 francs comme animateur d’une chaîne de TV après s’être fait virer de son agence de publicité avec pour inspiration son expérience de l’access prime time (« Hypershow ») sur Canal + (« un désastre très créatif » selon son expression qui a duré 3 mois, de septembre à novembre 2002), il dit que « lorsqu’on parle trop d’un roman, on néglige de le rédiger et après « Ne pas écrire devient une habitude » selon l’expression de feu Bernard Franck. » Son éditeur Grasset lui avait déjà versé 2 à-valoir pour ce roman : « A la place j’ai rendu un roman sur New-York et maintenant un roman sur Moscou. Depuis 99 francs, je fuis mon pays. « 99 jours » n’est pas un roman, c’est une idée », dit-il. Parfois je me dis que je n’ai pas besoin de l’écrire puisque je l’ai déjà vécu. J’ai rangé dans un tiroir plusieurs carnets de notes datant de cette période audiovisuelle. J’aime beaucoup les projets avortés ; il est très agréable de reporter un travail au lendemain. La procrastination est un « full time job ». Les livres arrivent par un chemin msytérieux : ils s’imposent au moment où on cesse de les attendre, comme un invité mal élevé. Il faut se surprendre soi-même et 99 jours était sans doute trop logique. Je l’écrirai quand j’en aurai marre d’en parler. Dans 99 ans ? » (Source : Madame Figaro)

    • toma sur 10 avril 2007 à 13 h 22 min
    • Répondre

    voilà que Beigbeder flirte avec Marc Levy… le coup du best-seller de l’été, ça a déjà été fait, merci… si ce genre de considération ne me dégoûtais pas trop, je le lirais bien son bouquin ; l’extrait donné n’est pas de si mauvaise augure… tant pis.

  8. Intéressante, cette réflexion sur 99 jours.
    Je n’aurais jamais cru que Beigbeder me ferait un jour penser à Picasso… ("Si l’on sait exactement ce qu’on va faire, à quoi bon le faire ?")

    • JOJO sur 13 avril 2007 à 15 h 58 min
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    Bah c’est un tort, Beigbeder est beaucoup plus fin, "fitzgeraldien" qu’il ne veut bien le laisser paraître… juste un gros poil dans la main dès fois.

    JJ

    • evita sur 15 avril 2007 à 19 h 49 min
    • Répondre

    Ces premières lignes sont prometteuses. Fred Beig aurait-il enfin atteint la maturité et un certain apaisement où le cynisme laisse place à un regard plus émouvant et authentique sur les aléas de la vie ?

    • folantin sur 16 avril 2007 à 12 h 50 min
    • Répondre

    "Fred Beig aurait-il enfin atteint la maturité et un certain apaisement où le cynisme laisse place à un regard plus émouvant et authentique sur les aléas de la vie ?"

    cyniquement, ça m’a tout l’air d’être son nouveau positionnement marketing (+ la plage)

  9. "Au secours pardon" semble être (véritablement) le livre de la maturité pour Frederic Beigbeder.

  10. Oui mais maturité n’est ce pas aussi l’autre mot pour dire "chiant"… ?

    • Kebina sur 24 avril 2007 à 11 h 18 min
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    Bien vu Alexandra ! Mais alors… qu’est ce qu’il y a longtemps qu’il est mature celui là !

  11. Les 5 premiers chapitres du nouveau roman "Au secours pardon" sont en exclusivité sur le Site Non Officiel de Beigbeder – http://www.beigbeder.net

    • Sachard sur 22 mai 2007 à 16 h 17 min
    • Répondre

    Tapez lui dessus il adore ça, c’est son métier et à vous lire ya pas photo il le fait mieux que vous! (en parlant de la critique pour les moins avancés qui n’auraient pas compris).
    Have a nice day…
    maT j’ai hate de lire ton livre de plage à toi, sur ta vie "intéressante".

  12. Apparemment, une des résolution de Frédéric Begbeder pour la nouvelle année 2010, c’est d’arrêter l’alcool! Ça va être dur…
    voir l’article en question: http://www.urbains.net/people/fr...

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