Anissa Corto de Yann Moix, La science amoureuse des femmes

Le troisième roman de Yann Moix, Anissa Corto, qui l’avait déjà fait connaître du grand public en 2000, fait partie de ses meilleurs livres, l’un de ses plus « violents » selon ses propres termes, écrit en trois ans, dans la droite lignée de ses deux précédents « Jubilations vers le ciel » et « Les cimetières sont des champs de fleurs » (qui forment une trilogie sur l’amour fou : un de leurs chapitres respectifs reprend d’ailleurs à chaque fois le titre du roman précédent). On connaît Yann Moix principalement comme l’auteur de « Podium », son livre à succès sur le monde des sosies et de Claude François en particulier, adapté au cinéma avec Benoît Poelvoorde. Un comédie dite « commerciale » qui creuse le sillon du « ringard » et du « lourd », n’hésitant pas à revendiquer même un certain mauvais goût. De quoi faire naître quelques préjugés et oublier que son auteur est avant tout doué d’une plume ciselée à la sensibilité rare. Et à bien y réfléchir, « Anissa Corto » n’est finalement pas si antithétique aux mésaventures de Bernard Frédéric (dit Nanard), le héros de Podium. Il cultive aussi, dans un autre genre, le thème de la nostalgie, la solitude, la vie par procuration et d’un romantisme extrême qui tourne à la névrose : des obsessions récurrentes de l’auteur qu’il décrit avec virtuosité. S’il est vrai que le roman pêche un peu par sa construction bancale et ses longueurs, la superbe de sa langue et de son style envoûte le lecteur au point de pardonner ses digressions et fausses pistes qui ne convergent pas forcément ou difficilement… Anissa Corto c’est à la fois le portrait d’un homme, un trentenaire, qui ne parvient pas à guérir de son enfance et de ses chimères tout en livrant une ode éblouissante et déchirante aux femmes et à la difficulté d’aimer. De 1972 à nos jours…

« Anissa Corto avait les cheveux noirs. Elle promenait dans la foule son inacessible existence et surgissait de la pénombre ainsi qu’une attaque fabuleuse. (…) Elle fut aussitôt la femme de ma vie : la figure inventée dans mes nuits coïncida avec le visage dévoilé. Ce n’est pas qu’elle était décevante et banale : elle était tout simplement réelle, ce qui, de sa part, était inattendu. Je m’étais promis de la conquérir; je l’aimais déjà. Je l’avais toujours aimée.« 

Anissa Corto fait partie de ces livres inclassables, capables de s’affranchir des règles romanesques pour inventer leur propre rythme, leur propre (il)logique et leur propre (dé)mesure.
« Raconter » ce roman s’avère donc difficile. Pas impossible mais très réducteur et trompeur. Parce que justement ce roman ne se raconte pas mais se lit, se déguste de la première à la dernière phrase, uniquement pour le plaisir de suivre les circonvolutions, arabesques et autres envolées de ses phrases et mots qui envoûtent le lecteur à la recherche d’une émotion littéraire. A l’action, Yann Moix a préféré les préliminaires qui s’éternisent lentement, langoureusement voire sadiquement jusqu’à leur issue fatale. Les adeptes du « story-telling » avec « exposition, développement et dénouement » peuvent donc déjà éviter soigneusement ce livre.
Tant pis pour eux…

Anissa Corto est bien plus qu’une histoire, c’est une plongée dans la psyché d’un homme, psyché malade en proie à la folie mais aussi d’une richesse et d’une imagination fascinantes. S’exprimant à la première personne, le narrateur trentenaire nous confie ses pensées et souvenirs intimes et dessine au fil des pages son autoportrait à la fois terrifiant, complexe, vertigineux et émouvant. Celui d’un homme replié sur lui-même qui se réfugie dans son imaginaire « morbidement accroché à son enfance » (selon l’expression de Nathalie Sarraute placée en exergue du roman), s’invente son monde idéal et pur, fait de relations amoureuses platoniques fantasmées. Ce faisant, il ne cesse d’interroger l’amour, du premier virginal à l’enfance jusqu’à la femme inaccessible déifiée à l’âge adulte.

Doté d’un don d’observation aigu et d’une sensibilité presque extra-sensorielle, il capture le quotidien, le recompose à sa guise et l’interprète à l’infini, avec une minutie quasi fétichiste : « C’est par ce chemin erratique du souvenir que se forment des paysages ni tout à fait réels, ni tout à fait fictifs qui, trempés dans le vécu, ont la saveur de l’inédit. Se souvenir c’est se tromper : nous revivons la vie en variations infinitésimales qui confèrent à l’être aimé ainsi reconvoqué un parfum nouveau.« 
Tel un démiurge ou un réalisateur fou, il vit dans sa petite bulle cérébrale faite d’images volées et de souvenirs, en particulier de son enfance et d’un certain été 1972. C’est d’ailleurs par une longue évocation de ce dernier que le roman débute. Immédiatement l’auteur place la barre très haut en réussissant à littéralement transcender une banale scène de plage et de baignades enfantines en expérience fantasmagorique éblouissante. Il nous replonge à l’époque de ses « petites amoureuses » en maillot de bain sur fond de Neil Young et de « rivage bleu », année de son premier amour fou pour une petite Anne qui se noya sous ses yeux. Il a conservé avec une exactitude absolue chaque détail de cette année vu par ses yeux de garçonnet, allant jusqu’à vouloir devenir « un génie de 1972 » !

Cette étonnante première partie peut être vue comme un prélude ou une explication de son comportement à l’âge adulte où il s’éprendra avec la même ardeur et la même passion de la fameuse Anissa Corto : « Je n’ai jamais cherché dans l’être aimé que la saveur d’un été perdu.« , écrit-il. Cette simple passante, « beauté aléatoire », sera brusquement (voire brutalement) élue comme « femme de sa vie » à son insu, et il n’aura de cesse de la traquer, projetant sur elle tous ses désirs et développant une cristallisation extrême.

Le moindre élément appartenant de près ou de loin à son univers est passé au crible par l’amoureux transi donnant lieu à quelques actes drôlatiques tels que sa passion pour « Henri Barbusse » en raison du nom éponyme de la cité où vit Anissa : Il compulse tout à son sujet allant jusqu’à s’abonner au Bulletin de la société des amis d’Henri Barbusse, pensant y trouver des « indices » sur sa bien-aimée !
Il hante son quartier et ses « barbussiens » comme il les surnomme, épie toutes ses habitudes et ira jusqu’à composer des cassettes avec des extraits de sa voix… « Dans le tissu élaboré par la vie réelle (…), Anissa Corto apparaissait à ma conscience tout en contours constants et je savais décomposer à la manière d’un stroboscope, les moments de sa vie que j’observais en tranches d’épisodes distincts, composés chacun, même grossièrement, d’un début, d’un milieu et d’une fin. » Une Anissa Corto qui pourrait aussi s’appeler Anissa Cortex en somme.
Son but ? « Edifier une science d’Anissa Corto (l’anissacortique) » !
Avec ses inventions, la tragédie prend ici des accents comiques qui ne peuvent que faire sourire voire rire ! L’évocation de sa haine des « mecs » (voir extrait) compte aussi parmi ses moments truculents.

Cet humour (noir) prend toute son ampleur dans la description de son « métier » : celui d’un « Cast member » à Disneyland où il joue le rôle de « Donald ». Une formidable et cruellement ironique métaphore de sa vie qu’il passe justement isolé et masqué au pays de l’enfance et de son sentiment de « vilain petit canard ».
Ces pages donnent lieu à quelques belles scènes d’un cynisme et d’un humour mordant sur les conditions de travail et des entretiens de recrutement (« Balzac n’était plus un grand écrivain, c’était une bonne réponse« ), de ces esclaves modernes où l’hypocrisie règne en maître. « Sous les pirouettes, je commençais à sentir des courbatures; sous les rictus des rides se dessinaient; la Grande Parade était un festival de rhumatismes. J’avais trente ans et un bec de canard.« 
Il livre au passage une excellente critique du monde de l’entreprise et de l’ascension sociale : « L’amour nous protège des tentations de l’ascension sociale, mais il est la seule issue possible face au monde de l’entreprise » ou encore « J’avais appris à ne plus vouloir être riche. »

Il nous apprend aussi, avec un sérieux hilarant, qu’occuper le poste de « Mickey » fait partie des plus prestigieux. « On ne plaçait à ce poste que des gens aguerris qui avaient pendant des années usé leurs palmes dans Donald (le grade juste en dessous) ou leurs pattes dans Dingo.« 
On fait également connaissance avec l’un de ses collègues Mingus dont on apprendra qu’il ne jette rien et à même élever « une ordurothèque » chez lui… A lire : un extrait sur le monde de l’entrepris dépeint par Yann Moix. Un magnifique passage sur la trentaine est aussi à retenir.

Jusqu’au jour où il découvrira que l’objet de sa convoitise insaisissable a… un mec et où il commettra l’irréparable.

Entre ses deux histoires d’amour virtuelles qui constituent les deux pôles de sa destinée tragique, le narrateur nous confie sa vision de la vie et plus particulièrement des femmes et de l’amour qui sont ses seules joies et souffrances : « L’amour est une tumeur, un polype, une excroissance. L’amour est insoutenable, c’est ça ou la mort. On est amant par contumace (…). L’amour se suicide tous les jours, sinon il meurt.« , des lignes poignantes qui appartenaient à l’origine à son premier roman, « Jubilations vers le ciel », « Les femmes sont des hypothèses dont nous voulons faire des théorèmes. » ou encore « La physique de l’amour nous enseigne que la souffrance ne se capitalise pas; souffrir, c’est recommencer à souffrir.« 
Il ne peut aimer que dans le culte clandestin et religieux de l’Autre, dans une possessivité absolue (dont la mort constitue l’étape ultime). « Anissa Corto » est un roman en forme de prière fervente et furieuse, une incantation désemparée et vaine, le plaidoyer d’un coupable du désir fou, proche d’un « Humbert Humbert » pour sa Lolita.

Anissa Corto recèle surtout de trésors littéraires, d’envolées lyriques et poétiques.
Taxé un peu moqueusement d’ « auteur romantique se voulant le descendant de Chateaubriand et de Proust », il décline pourtant avec virtuosité et un certain classicisme les thèmes de ses maîtres : la beauté, la passion, le temps perdu. Il a d’ailleurs affirmé : « Anissa Corto, ce n’est pas Madame Bovary, d’accord, mais c’est moi« . Un livre souvent excessif et absolu, qui abuse peut être des formules ou aphorismes définitifs mais révèle de magnifiques pages d’amour tout en faisant preuve d’originalité et d’humour.

Son verbe délié, fougueux, dense qui ne se lasse pas d’explorer toutes les variations possibles d’un thème n’est pas sans rappeler le stylisme d’un Jauffret. On pense aussi à Houellebecq pour le côté désespéré et la misère affective dont souffre le héros. Dans un autre genre le narrateur rappelle parfois le Halvard Sanz du Chameau sauvage (de P.Jaenada) croisé au Hector du Potentiel érotique de ma femme (de D.Foenkinos) avec une pointe d’Ignatus dans « La conjuration des imbéciles » (de Kennedy Toole), ou encore le Nick d' »Ivre du temps perdu » (de G.Matzneff) ou même les voisins des « Virgin suicides » (de J.Eugenides), dans ses manies, théories et attachement maladif au passé.
Autre particularité de ce roman unique : les références aux vers de Baudelaire ou même de fragments empruntés à saint Jean de la Croix qui parsèment les chapitres. Les allusions musicales sont aussi très présentes. Neil Young et son album Harvest pourrait ainsi être la BO de ce roman : « un recueil de douleurs que les écrivains écoutent en travaillant les mots, quand l’aube ne tardera plus. » Il compare d’ailleurs son procédé d’écriture à celui d’un disque qui tournerait sur lui-même ou aux variations que feraient un musicien sur un morceau.

Paroles de Yann Moix au sujet d’Anissa Corto (des informations sur la fin du livre sont ici dévoilés) :
« Ce qui est important, c’est ce qui se passe dans la tête, ça peut être charnel. Les sentiments sont toujours sensuels, il ne font pas partie de l’intellect. L’amour platonique n’existe pas, l’amour a besoin de se transformer. Quand le héros cogne le chariot d’Anissa au supermarché, c’est comme une pénétration, c’est une question de perception du monde. Les grands sensibles peuvent se contenter de frôler quelqu’un. Moi, je n’ai jamais eu les filles que tout le monde avait, un truc précis faisait que c’était toujours non. Par exemple, je n’ai jamais réussi à draguer en boîte de toute ma vie, je ne ramenais jamais de grande blonde, je rentrais toujours avec un sandwich grec-frites. »

A propos du métier de « cast member » : « C’est une pure invention, mais j’ai subi ce genre de choses dans les oraux des écoles de commerce : on m’a demandé de chanter des chansons, on a fouillé ma trousse, fait tomber ma chaise avant que je ne rentre dans la pièce pour voir comment je la remettais d’aplomb, ça c’était à Sup de Co Toulouse. »

A propos de Disney : « A mon avis, l’univers Disney, et c’est pourquoi je m’y intéresse tant, c’est la réalité en miniature, une sorte de laboratoire social : aujourd’hui, tout le monde a plus de temps libre, a d’une manière générale le même salaire moyen, et tout le monde utilise sa liberté de la même manière au même moment. On va voir le même film, on achète les mêmes disques à la Fnac, et on a les mêmes idées. On présélectionne de manière complètement arbitraire, rarement sincère, et on invente ce qu’on présente comme des incontournables : des journaux, comme Les Inrockuptibles, font ça toutes les semaines avec des artistes soit parfaitement inconnus, soit difficiles d’accès, créant un conformisme dans lequel tout devient « culte ». Le plus grand écrivain de tous les temps dure trois semaines, le plus grand disque du siècle un mois, et on se rue tous dessus. Disneyland, c’est exactement ça : des queues de trois heures pour voir les mêmes choses dans un espace limité et consommer de la sensation.« 

« Le pari et la difficulté, c’est de réussir un livre mélancolique et noir avec un mec qui fait Donald à Disneyland, ce mélange complètement contradictoire… Mon idéal, c’est Proust à Marne-la-Vallée, si vous voulez ! Je cherche à dépiauter à fond un univers clos, comme pouvait le faire Faulkner, pour en tirer des lois universelles. »

A propos de la mort d’Anissa Corto :
« Le narrateur a fait un transfert de cette gamine sur Anissa, et la mort permet de les faire coïncider à nouveau. Tout revient en place…« (source : Chronicart) « L’obsession amoureuse est à l’état brut chez les gens, on attend un prétexte pour la déclencher, ça peut être un grain de beauté ou une chute dans la rue. L’amour est plus serein, plus normal, la passion se donne à n’importe qui parce qu’elle est spectacle. » (Source : Fnac)

Deux ou trois choses que l’on sait de Yann Moix :
Après plusieurs années de journalisme (Marianne, VSD…) et une formation de scientifique (math sup/math spé; son père le destinait à Polytechnique qu’il a raté) complété d’un cursus en prépa HEC et Sup de co Reims (écoles qu’il n’aura de cesse de critiquer dans ses romans) puis Sciences po à Paris (« Le livre m’a donné une solution intermédiaire entre être énarque et dormir dehors. L’Ena permet à des gens qui n’ont pas de talent d’être quand même connu un jour. » a t’-il déclaré à son sujet), Yann Moix, originaire d’Orléans, né en 1968 dans « un milieu petit bourgeois étriqué de province » selon ses termes, entre en littérature par un coup d’éclat en obtenant en 1996 le prix Goncourt du premier roman pour « Jubilations vers le ciel ». Dans son deuxième roman « Les cimetières sont des champs de fleurs », publié en 1997 (et pour lequel il avait obtenu la Bourse écrivain de la Fondation Jean-Luc Lagardère en 1996), il confirmera sa vision très personnelle des sentiments fantasmatiques parfois extrêmes. « Anissa Corto » concluera son exploration des affres perverses et jouissives de l’amour fou.
Au sujet de cette trilogie il dit : « Le premier livre, c’était un mec qui suit une nana toute sa vie, ne s’avoue jamais vaincu et tente de la séduire jusqu’à la fin des temps, alors qu’elle le rejette ; le second racontait l’histoire d’un type qui écrit la biographie de sa femme, qui est morte, et commence alors à tomber fou amoureux d’elle ; le troisième raconte celle d’un type qui tombe amoureux d’une fille à laquelle il n’a jamais adressé la parole ; le film gravit un degré supplémentaire en racontant celle d’un clone de Claude François qui essaye de devenir la personne qu’il aime le plus au monde, c’est-à-dire le chanteur… »

Sa conception de l’amour est en effet assez particulière : avec son style à la fois sauvage et d’un classicisme moderne, il l’envisage comme un sentiment qui confine à la démence dans une perspective presque « proustienne ». En effet, pour lui, l’amour s’éprouve avant tout d’un point de vue cérébral comme une expérience intérieure et solitaire… La mort en constitue souvent l’apothéose. Moix s’y connaît comme personne pour aller chercher la folie au cœur d’un quotidien ennuyeux et pathétique. Sa langue enflammée, furibarde et narrative en est sa marque de fabrique.
Ces ouvrages mettent en lumière un sens de l’observation aigu des moeurs de la société actuelle. Parallèlement, le romancier poursuit une carrière cinématographique. Il est l’auteur d’un court-métrage, Grand Oral où il dirige Julie Depardieu et a obtenu un franc succès public (plus de 4 millions d’entrées), en 2003, avec son premier long-métrage « Podium » adapté de son roman éponyme (publié en 2002). Il prépare actuellement deux autres films : La vie d’Edith Stein (avec Julie Depardieu) et Cineman avec Benoît Poolvorde dans le rôle d’un professeur de mathématiques qui a le pouvoir d’entrer dans les films. Il va devoir aller délivrer Julie Depardieu, emprisonnée dans un film muet depuis 1917….
« Je n’avais jamais touché une caméra, c’est vrai, mais pendant dix ans, j’ai manié l’encre de Chine et les pinceaux parce que j’ai réalisé, sans les avoir jamais publiées, une centaine de bandes dessinées. J’étais ado à Orléans et je n’ai jamais eu le courage d’envoyer mes BD aux magazines », expliquera-t’-il à cette occasion, révélant par là-même une autre de ces passions.

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