La call-girl ne fait pas toujours recette… (autour du « Journal intime d’une call girl », série TV adaptée du roman adapté du blog « Belle de jour »)

Depuis quelques semaines, la chaîne Téva diffuse les premiers épisodes de la nouvelle série anglaise « Journal intime d’une call girl » (« Secret diary of a call girl » en VO). Voulant surfer a priori sur le succès de « Sex and the city », cette série est adaptée du roman « Journal intime d’une call-girl » (« The ultimate adventures of a London call girl », traduit aux éditions First en 2005) adaptée du blog de la londonienne « Belle de jour ». Une bien belle carrière pour ce qui n’était au début qu’un simple blog destiné à s’amuser (« I’ve never lived my life to a plan aside from enjoying myself and have (for the most part) enjoyed doing this. » a déclaré la blogueuse à la presse britannique qui l’accusait de jouer un personnage)…

Tout a commencé en 2003-2004 par un blog sur lequel une inconnue répondant au pseudo de « Belle de jour », racontait son expérience de call-girl de luxe. Sans fausse pudeur ni vulgarité, elle relatait jour après jour ses aventures, tantôt croustillantes, tantôt amusantes ou embarrassantes… Très vite, le nombre croissant de connexions sur son site attira l’attention de la presse et des éditeurs. Et alimente les rumeurs de hoax sur la véritable identité de l’auteur que certains soupçonnent d’être un fake : une journaliste ou même une pure fiction écrite… par un homme !
Ce à quoi la blogueuse rétorque : « Yes, I really am a call girl … A bored journalist could probably fake this blog but I’m not that clever. »

Cela ne l’empêchera pas de se voir décernée le prix du blog le mieux écrit de l’année 2003 par le Guardian avant d’être converti en un livre dans lequel elle raconte tout de sa vie et de son métier singuliers : « La première chose que vous devez savoir, c’est que je suis une pute. Je n’emploie pas ce mot à la légère. Je ne l’utilise pas pour « secrétaire », ” employée sous-payée ” ou pour ” jeune pigiste travaillant dur pour gravir les échelons “. Pour beaucoup de mes amis, travailler comme intérimaire ou vendeuse équivaut à de la prostitution. C’est faux. Je le sais, j’ai fait de l’intérim et j’ai baisé pour de l’argent, et cela n’a rien à voir. Il y a un monde entre les deux. » Le livre aurait remporté un grand succès en Angleterre. Mais cette success-story ne s’arrête pas là : Channel 4 va jusqu’à en acquérir les droits pour en faire une série télévisée, lancée en 2007 sur la chaîne ITV 2. Forte de ses bonnes audiences, la saison 2 sera diffusée ITV 1, chaîne principale du groupe. Fait rare pour une série européenne, « Secret Diary of a Call Girl » a aussi été achetée par la chaîne américaine câblée Showtime.

Héroïne sexy et mystérieuse, milieu sulfureux et clandestin voire tabou : le sujet réunit a priori en effet tous les ingrédients du succès.
Pourtant si les lecteurs anglais se sont laissés séduire, il n’en a pas été de même en France où le livre traduit aux éditions First, est presque passé inaperçu. Aujourd’hui il n’est même plus possible de se le procurer (en « arrêt de commercialisation » en grand format et encore moins d’édition au format poche).

La call-girl ne fait donc pas toujours recette même si le personnage a déjà inspiré de nombreux ouvrages dont notamment celui de Tracy Quan (également ancienne call-girl) : « Nancy Chan: Diary of a Manhattan Call Girl » et devinez qui envisage de l’adapter en série ? Le papa de Sex and the city, Darren Starr bien sûr ! Espérons que le résultat sera plus convaincant que la série inspirée de sa consœur anglaise…
En effet la série « Journal intime d’une call girl » avec Billie Piper (ancienne « Britney Spears anglaise » et également une des héroïnes de la série « Doctor Who ») dans le rôle titre peut quelque peu décevoir par la superficialité de son traitement tant psychologique que narratif des histoires, peut-être dû à la brièveté des épisodes (un peu moins de 25 minutes).

Tout d’abord, un parti-pris qui peut gêner : l’héroïne s’adresse directement aux spectateurs au cours des différentes scènes et parfois en pleine action, un choix qu’avait aussi fait « Sex and the city » dans ses premiers épisodes mais assez vite abandonné.
Ensuite ce sont surtout les histoires qui n’emballent pas vraiment (sont-elle calquées sur le livre ?) et n’arrivent pas à la hauteur de leur ambition (livrer une réflexion sur la dichotomie, sexe/sentiments ou encore l’appât du gain -trimer dans un honnête travail ou vivre aisément avec quelques passes seulement-, à travers la double vie de l’héroïne, Hannah jeune femme discrète à la ville prétendant être secrétaire juridique et la torride « Belle de jour », avide d’argent et de luxe et pour cela, prête à satisfaire tous les fantasmes de ses clients…).
Soirée libertine et tentations, parties fines entre couples ou encore les coulisses d’une agence d’élite de call-girl (où l’on découvre les « entretiens de recrutement » où les diplômes passent après les « options » sexuelles bien entendu, les « bad reviews » des clients sur le site Internet de l’agence qui menacent sa réputation, etc.) mais aussi l’impuissance masculine, la difficulté de concilier sa vie personnelle et professionnelle notamment de faire accepter son métier par son (ex) petit-ami ou encore épargner sa famille…
La série propose une vision très fun et glamour du métier de la prostitution (ce qui lui a été reproché) : les clients de Belle sont en général de beaux et jeunes hommes, riches et attentionnés qui l’emmènent en voyage ou lui offrent un loft avec vue sur Hyde Park… Bref on a bien du mal à croire à ses péripéties et les tentatives d’humour tombent souvent à plat hélas…

Bande-annonce de la série (en VO) :

Voir l’avis positif d’un blogueur sur cette série

8 Commentaires

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  1. C’est clair que ça a l’air très glamour. Personnellement, le peu que j’ai vu des call-girls "de luxe", c’était des Albanaises, des Tchétchènes ou des Ukrainienne sous-payés que des vieux moches appelaient au milieu de la nuit parce qu’ils avaient des frétillements du bas-ventre (pour rester poli.) Et évidemment, la fille devait venir dans les 5 minutes.

  2. oui, disons que la fille est représentée comme une femme d’affaires "high class" alors que bon on se doute bien que faire ce genre de métier doit donner lieu à pas mal de situations plutôt glauques…
    par contre, j’aimerais bien lire le livre en VF si possible, histoire de voir ce que ça vaut dc si qqn l’a sous le coude, n’hésitez pas à vous manifester, merci !

    • stephanie sur 19 novembre 2008 à 0 h 46 min
    • Répondre

    j’adore cette serie, je suis tombée dessus par hasard un soir apres avoir regardé sex and the city !jai vu les 2 saisons ! et je trouve cette serie super originale par rapport aux autres qui raconte souvent ( voir tout le temps ) la meme chose barbante !
    ici on a vraiment un petit coté decalé qui fait son charme et son petit croustillant!
    il est vrai qu’en france parler de sexe est plutot tabou je trouve ! cest normal que cette serie marche pas enormement ici ! cest dommage!
    on s’attache facilement au personnage de Hannah cest ca le plus!
    j’aime, j’adhere, je colle, je deviens fan !
    jattends avec impatience la suite 😉

  3. Je suis désolée mais vous n’avez rien compris à la série. L’avez vous vu dans son intégralité au moins? ou peut être ne faite vous que recopier les pitchs des épisodes.
    Quand à la prostitution qui ne peut pas être "fun" ou "glamour" je pense que vous feriez mieux de faire votre boulot de journaliste et de mieux enquêter parce qu’il existe pas mal de livre à ce sujet dont "Flora la belle romaine" daté du 2ème siècle avant JC… ou "Putain" livre de Nelly Arcan.
    Vous nous servez de la pauvre prostituée parce que votre morale judéo chrétienne vous fait penser que le sexe c’est mal… je crois plutôt que c’est porter des jugements, faire la guerre et tuer des enfants sous prétexte d’une religion qui est mal!!! Faite l’AMOUR ça veut bien dire ce que ça veut dire…

    Et Billie Pipper est magnifique dans cette série merci de le souligner!

    à bon liseur…

  4. Ajout suite à une mise à jour du 15/11/09 du blog "Belle de jour" :

    L’ex blogueuse Belle de jour vient de révéler son identité. Il s’agit du Dr Brooke Magnanti, dont même l’agent ignorait l’identité.

    Il ne s’agissait pas d’une expérimentation sociologique : l’auteure a réellement travaillé comme prostituée à 300 £ de l’heure, pour une agence d’escort girls à Londres, afin de payer sa thèse de doctorat. Parce que le manque d’argent se faisait cruellement sentir. Et durant 14 mois, elle mena cette double vie, étudiante de jour et Belle de nuit.

    Pourtant, l’auteur a décidé de briser le secret, notamment pour contrer des accusations portant sur ses textes, qui auraient embelli l’activité nocturne de péripatéticienne, formulées par l’archevêque de York, John Sentamu. « Certaines travailleuses du sexe ont vécu une expérience terrible. Pas moi. J’ai été incroyablement chanceuse à divers égards. Le personnel de l’agence s’occupait très bien de nous et nous ont appris les manières de ne pas se mettre en danger. »

    C’est en 2003 que Brooke, travaillant au département de médecine légale de l’université de Sheffield, a débuté sa vie nocturne. Mais se trouvant dans l’incapacité de dénicher un travail dans sa branche, et sans temps libre, du fait de sa thèse, elle dut dénicher un job « qui ne nécessitait aucune formation » tout en lui laissant le temps libre nécessaire pour poursuivre ses recherches.

  5. bonjour, cela fait plusieurs mois que je recherche ce livre et malheureusement je ne le trouve nul part, si quelq’un veut le vendre je suis preneuse merci et j’espere avoir une réponse "favorable" lol

  6. je trouve aussi votre critique injuste, la série Journal d’une call girl est une réalisation moderne et dynamique qui n’est pas que légère, en particulier lorsqu’elle touche à ses difficultés d’engagement dans la vie réelle, la mélancolie affleure souvent derrière « l’armure de femme fatale ».
    On explore par petites touches la personnalité de cette jeune femme au métier particulier qui révèle, avec quelques traits d’humour, quelques aspects fondamentaux de l’amour et du sexe.
    On sent effectivement une inspiration de sex and the city, mais sans faire du copié-collé, c’est davantage un "héritage" bien perpétré et c’est un bonus !
    Sans oublier le décor londonien, avec des vues assez sublimes sur la capitale.
    Je cherche aussi le livre donc si quelqu’un le vend, je suis aussi acheteuse, je me mets aussi sur la liste 🙂

    • amande sur 4 juin 2011 à 7 h 52 min
    • Répondre

    je regarde en ce moment la saison 2 et j’aime de plus en plus cette série! le personnage de Belle/Anna gagne en profondeur et est de + en + touchant, j’aime bien aussi sa relation maternelle avec Bambi.
    J’avais essayé de lire le livre en anglais (mais j’avoue un peu de flemme dans la traduction…), et le ton m’a moins plu que celui de la série. je devrai essayer de le reprendre pr voir si ça s’améliore après…

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