« J’étais derrière toi » de Nicolas Fargues : les confessions amoureuses d’un trentenaire à vif

En cette seconde rentrée littéraire, Nicolas Fargues nous revient avec un roman J’étais derrière toi, dans la veine de son très bon « One man show « . Les afficionados des atermoiements amoureux des trentenaires peuvent se réjouir, le jeune auteur a de nouveau imaginé un anti-héros pétri de contradictions amoureuses, à la fois attachant et insupportable de lâcheté et d’indécision… Entre confession et déclaration (de désespoir) amoureuse, la voix enivrante, désarmante de l’auteur nous emporte. Il sera difficile de lui résister mesdames…


« J’étais derrière toi » revisite l’histoire classique d’un homme « marié, 2 enfants » tiraillé entre son devoir de fidélité conjugale, l’amour qu’il porte toujours à sa femme, la tyrannique Alexandrine et la tentation d’une jeune inconnue, Alice, une douce Italienne, qui lui laisse dans un restaurant de Toscane, un petit mot avec son téléphone et la mention « J’étais derrière toi », petite phrase anodine mais ô combien symbolique (« Pendant tout ce temps, toutes ces années, j’étais juste derrière toi, pas très loin, et tu ne m’as pas vue… »).

Mais ne vous fiez pas à la trivialité de ce résumé car Nicolas Fargues vous embarque en réalité pour une descente dans les eaux troubles du désir, de la perversité amoureuse et de la sensualité. Il a choisi pour cela une forme originale puisque le narrateur s’adresse au lecteur en direct. A mesure qu’il se confie, se confesse (à nous lecteurs), il s’interroge et semble analyser lui même le cours des évènements, d’essayer de comprendre pourquoi, comment il en est arrivé à ce chaos sentimental, à ce piège psychologique qui se referme sur lui. Il expose les données de cette équation sentimentale et reconstitue le puzzle de cette torture amoureuse qu’il s’est infligée.

Au delà de l’intrigue principale, c’est aussi en filigrane une réflexion, du moins un témoignage, sur les amours métissés (la femme du narrateur est noire comme celle de l’auteur dans la vie). L’histoire se déroule d’ailleurs à Tanambo à Madagascar. Un détail géographique qui a tout de même son importance car la perception occidentale des corps et du sexe est sans cesse comparée par le narrateur (« petit blanc » qui complexe sur le mobalien « grand beau black » avec qui sa femme l’a trompé dans une mégapole asiatique « romanesque à mort » emplie de « (…) sons, d’odeurs, de moiteur, de ciels lourds et puissants gavés d’humidité tropicale… »). Une vision d’ailleurs qui frôle parfois le cliché ethnique mais qui correspond peut-être à une réalité éprouvée par l’auteur qui vit à Madagascar ?

Sa prose est entière (la critique de Livres Hebdo la qualifie de « rhétorique amoureuse et sexuelle contemporaine ») : le narrateur se met à nu avec une sincérité bouleversante, restituant toute la duplicité qui habite chacun de nos sentiments et décisions. Son écriture provoque des vibrations électriques comme les coups que lui assènera sa femme quand elle découvrira son écart avec une danseuse autochtone.

Il arrive que l’on rejette l’ouvrage en cours de lecture pour souffler (le fleuve des phrases s’écoule sans chapitre) ou bien pour trépigner face à l’inconstance et la faiblesse du héros… Héros puissamment attachant dans toutes ses ambiguités : incapable d’assumer, terrorisé par sa femme et en même temps attendrissant dans sa quête effrénée d’affection et dans son romantisme avoué en toute franchise (p 111 « J’ai du mal à imaginer qu’on puisse faire l’amour avec quelqu’un, même d’inconnu, même une unique nuit, sans qu’un lien fort en résulte. Deux corps qui se sont pénétrés, deux peaux qui se sont frottées l’une contre l’autre, deux salives qui se sont échangées, se doivent des comptes, on ne peut pas s’en tirer comme ça, même si chez la plupart des gens, de fait, ça n’engage à rien. »).

Bref on vit véritablement chacune de ces pages même si on regrette parfois certains excès (comme la surdose d’évènements laminant le personnage : « j’étais en plein dans l’onde de choc » p18, « En une demi-seconde, je suis devenu du coton de la tête au pied (…) c’est tout l’univers qui pète d’un coup dans ta tête ou plutôt c’est toi qui explose dans un univers, qui lui fait comme si de rien n’était…’, « (…)coup de canon dans le coeur » p69, etc).

Oscillant entre le « Je t’aime moi non plus » et un « Trouble everyday » (pour la violence quasi SM qui anime les rapports avec son épouse), Nicolas Fargues tisse une toile où s’entremêlent passion, violence, souffrance et moments éphèmère de bonheur amoureux presque adolescent. Et s’affirme maître dans l’introspection amoureuse moderne, à double tranchant, des trentenaires.

« J’étais derrière toi est maintenant disponible en poche ! »

Lire aussi : La tribune libre sur son roman « Beau rôle » (2008) par Laurence Biava

45 Commentaires

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  1. expressif… mais un peu familier voire nombiliste… Faut aimer.

  2. "j’étais derrière toi" est à ce jour devant moi.Et je vais m’y plonger dans les prochaines heures. En ce qui concerne Nicolas Fargues j’ai aimé "one man show " et "rade terminus",de plus le personnage (que j’ai croisé ) est super sympa et intéressant .Donc longue vie à son dernier livre…

    dorian.canalblog.com

    • Carolyn sur 14 mars 2006 à 20 h 20 min
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    Le titre qui est la première phrase du livre (dans une autre langue 😉 est éloquent et symbolise le livre, il n’est en rien anodin et la simple évocation de Marc Levy quelle horreur , Mailis vous changerez d’avis en dévorant le livre !

  3. Oui Mailis, comme le dit Carolyn, le titre est une référence à un mot laissé par un des personnages, donc symbolique (rien à voir avec "Et si c’était vrai" ou autres..).
    L’auteur nous a indiqué quelques corrections notamment le fait qu’Alexandrine n’est pas africaine contrairement à ce qui nous avait semblé. Nous corrigeons cela.
    Bonne lecture à vous et donnez nous vos impressions : ce livre ne laisse pas indemne.

    • marie sur 15 mars 2006 à 17 h 02 min
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    hello, j’aurais juste 1 question : j’aimerais savoir quelle est la part autobiographique dans ce roman aux vues des similitudes entre le narrateur et l’auteur ?

    • Raphaëlle sur 16 mars 2006 à 16 h 49 min
    • Répondre

    Bonjour, je suis à la recherche du site internet de Nicolas Fargues, pourriez-vous me donner l’adresse ? merci par avance.
    et…..bravo ! à Nicolas fargues pour son superbe livre. Je l’ai préféré au précédent.

  4. Viens de finir "j’étais derrière toi",pour tout dire ce livre reste en moi. Juste ,sensible et sans concession.Parle tellement bien des "égratinures" qui ne cicatrisent pas .De la peur de perdre jusqu’à s’oublier de vivre. Et puis la remontée… En tant que mec aprés cette plongée aux milieu des maux de Nicolas ,on se sent moins seul…
    "Maintenant vous n’êtes plus au dessus des autres,vous êtes parmi les autres"
    A lire comme un baiser fougeux!

    dorian.canalblog.com

    • Carolyn sur 17 mars 2006 à 22 h 01 min
    • Répondre

    Ce livre m’a follement séduite, j’ai aimé son ton, sa langue , il est d’une justesse inouie on ne peut qu’être captivée par cette troublante confession et cette renaissance à la vie..C’est sublime un mec qui dévoile ses fêlures et qui se livre à ce point sans tomber dans les clichés et le déjà vu ….c’est sans conteste son plus beau roman !

    Il m’a inconsciemment fait songer dans un genre différent à "un couple ordinaire" d’Isabelle Minière" paru l’an dernier , le héros trentenaire père d’une fille se défait d’une épouse tyrannique et décide de vivre à nouveau et de penser un brin à lui…après quantité d’attermoiements..

    Nicolas sera dans Campus ce soir !!

    Même Philippe Sollers (oui oui ça m’a surprise) s’est fendu d’une incroyable et dityrambique review de son livre dans le Nouvel Obs…il le qualifie de roman magnifique et à juste titre !!

  5. Merci Carolyn et Dorian de vos opinions qui, sans surprise, rejoignent notre enthousiasme. Difficile de dire si c’est son plus beau roman n’ayant pas lu les premiers (mais ça donne envie !). Dans l’absolu, c’est un roman très réussi et c’est suffisamment rare pour s’en réjouir.
    "Le baiser fougueux" est une très belle invitation à la lecture et résume très bien toute l’intensité de ce livre !

    Il serait intéressant de comparer les perceptions de lecture selon les points de vue féminin et masculin. Chacun doit l’interpréter différemment. Par ailleurs la voix du narrateur rejoint étrangement la psychée féminine parfois, n’avez vous pas trouvé ?

    • Maïlis sur 18 mars 2006 à 11 h 59 min
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    pfffiou… j’ai tourné hier soir la dernière page et je suis aussi conquise (sauf sur le titre bluette : j’insiste!,qui aurait pu être mieux au vu du récit). C’est très fort et exaltant. Aahhhhhh, mais ça existe des hommes comme ça dans la vraie vie ? J Quelle sensibilité ! Quelle sincérité dans l’expression de sa fragilité !
    J’ai beaucoup aimé aussi sa façon de raconter l’Italie ou de décrire les ambiances. On le vit vraiment. OMS avait déjà cette qualité, quand le narrateur décrit les USA ou le Canada… me rappelle plus bien…

  6. Une seule question ayant été posée, nous y répondons par écrit :
    Marie,
    Nicolas Fargues a estimé que ses romans étaient bien sûr inspirés d’expériences personnelles mais qu’ils portaient bien la mention "Roman" et que donc, en tant que tels, ils n’avaient rien d’autobiographiques.

    • marie sur 22 mars 2006 à 17 h 38 min
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    Merci.
    Coincidence : je tombe sur la critique des INROCKS sur N. Fargues. La journaliste n’est pas dupe de ce vrai-faux roman mais ils ont aimé quand même. Elle parle aussi de voyeurisme à sa lecture, sensation que je n’ai pas éprouvée ; on est toujours un peu voyeuriste en tant que lecteur de toute façon. ..Meme si les sentiments sont mis a nus, l’ecriture reste etrangement nimbee de pudeur.

    • Sylvane sur 31 mars 2006 à 16 h 17 min
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    Ce garçon a un physique qui pourrait faire douter de ses talents littéraires. Je veux dire que ce serait facile de l’accuser de…
    C’est triste mais c’est ainsi. En France on a pas le droit d’être beau ET intelligent. En général il faut choisir.
    Mais non, en fait non. Il est vraiment très doué. Ce qu’il écrit retourne le ventre et donne le vertige. J’applaudis.
    Et sinon il disait quoi Mr Beigbeider ?

  7. Petit extrait : F.Beigbeder comparait ce livre de Nicolas Fargues à un drame bourgeois, à une sorte de "Séparation" de Dan Franck.
    Il dit encore que ce livre répond à des "questions cruciales" telles que :
    Pourquoi les garçons veulent-ils TELLEMENT* plaire aux femmes pour pouvoir leur échapper ensuite ? Pourquoi les femmes font-elles TOUJOURS* la gueule au bout de quelques mois de vie commune ? Le bonheur est-il VRAIMENT* l’attelage d’un Peter Pan frustré et d’une usine à reproches ?

    *en majuscules dans le texte 😉

    • Marcel sur 2 avril 2006 à 11 h 48 min
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    Ce concert de louanges est incompréhensible…

    Ce livre est écrit dans une langue qui se veut moderne et djeune. Les trucs, les machins, les "bref" qui précèdent de très très longues phrases avec un sens de la ponctuation approximatif, les "tu vois bien ce que je veux dire", les énumérations d’adjectifs, les énumérations de questions, une énorme facilité pour ne pas dire négligence dans l’écriture. Pas de chapitre, quelques vagues débuts de paragraphe posés toutes les x pages à la va comme je te pousse.

    Une histoire d’adolescent à laquelle on ne croit pas une seconde, ennuyeuse à souhait. Quand le récit ne tourne pas autour de la bite du narrateur elle part dans des clichés sur l’Italie, le style des italiens, les pizzas, la manière de prononcer pizza, digne du plus simpliste des voyageurs qui n’est jamais allé en Italie. Les citations littéraires, les références musicales ou cinématographiques nous sont jetées en pâture par un dompteur à des lions soient disant affamés. Nous on crève la dalle dans cette histoire où tout sonne un peu con-con, un peu air du temps, télé Cauet, bachelor, île de la tentation…

    Une littérature à pleurer en contemplant sa bite (ou plus probablement sa chatte).

  8. Marcel, la critique est sévère mais se tient !
    Il est vrai que certaines expressions du narrateur sont un peu familières (de même certains "jeux de mot" douteux auraient peut-être pu être évités) mais peut-être qu’elles sont justement là pour dire quelque chose du narrateur. Cette langue proche du langage oral est aussi celle qui donne un rythme et une pulsation au récit. Elle parvient en tout cas à prendre aux tripes.

    • Marcel sur 3 avril 2006 à 22 h 02 min
    • Répondre

    Merci de votre réponse. Critique sévère sans doute mais après avoir lu ce pensum, il fallait bien que je me défoulasse 🙂
    Je comprends que l’on essaie une langue proche du langage oral, il y a quelques précédents célèbres et fort à mon goût, après Céline, on pense à Djian mais il y a une tenue chez Djian qui fait largement défaut à ce texte. Fargues se réfère à Houellebecq, c’est bien, il y a chez celui-ci une cohérence que le personnage d’adolescent attardé de ce roman n’a pas du tout.
    Pour ce qui est des jeux de mots (argile rime bien avec fragile) qui « disent quelque chose du narrateur » cela me fait penser aux toiles monochromes, la première c’était nouveau, la deuxième ça passe encore mais quand la facilité devient la règle, c’est ennuyeux. Et puis, il y a quelque chose d’exaspérant à voir encenser par une certaine critique (et le buzz ?) ce que personnellement je prend pour de la facilité. Ajoutez à cela la prestation minable de madame Angot dans l’émission du grand découvreur de célébrités célèbres et avouez que la coupe est pleine.

    • Les vers de Lise sur 4 avril 2006 à 11 h 09 min
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    Je suis d’accord avec Marcel sur l’appauvirssement de la langue dans les romans contemporains. Je ne sais pas si c’est de la paresse ou une volonté de modernité ? Mais on a pas encore retrouvé de nouveau Kundera ou Wilde…

    • Marcel sur 4 avril 2006 à 22 h 27 min
    • Répondre

    Paresse et volonté de faire moderne.
    C’est bien résumé. Je ne suis pas sûr qu’il n’y a ait pas de nouveau Wilde ou Kundera, il y en a, mais ils ne sont pas sur le devant de la scène médiocritique. J’espère que les blogs vont permettre de limiter la dictature de la télé de Poivre, de Guillaume et d’une poignée de gens qui font le parisiano-centrisme. Les blogs peuvent permettre l’éclosion d’une littérature plus riche et variée qui ne soit pas uniquement liée à une certaine idée de la jeunesse que se font une poignée de veillards qui ont réussi.

    • Les vers de Lise sur 5 avril 2006 à 12 h 06 min
    • Répondre

    Sans faire du "pro-marcel", je suis à nouveau totalement d’accord.
    C’est comme en musique ou en ciné, il y a une partie immergée et dans les profondeurs une richesse parfois insoupçonnée.

    Tu dis : Je ne suis pas sûr qu’il n’y a ait pas de nouveau Wilde ou Kundera, il y en a, mais ils ne sont pas sur le devant de la scène médiocritique.
    Des noms !? des noms !?

  9. Ce livre a en effet bénéficié d’une visibilité médiatique importante.
    Cela n’est pas pour autant synonyme de "mauvaise qualité". C’est un livre que l’on a plaisir à lire, qui n’a pas de prétention autre d’ailleurs.
    Nicolas Rey (aïe, cela risque d’attirer de nouvelles foudres, tant pis !) le disait très bien : il faut arrêter de sacraliser la littérature et d’accepter de lire (parfois) des livres pour le plaisir immédiat qu’ils procurent. Simplement.
    Le livre de Nicolas Fargues semble appartenir à cette catégorie.
    Encore faut-il être réceptif à son style (intimiste, axé sur les sentiments). Certains y sont complètement réfractaires de toute façon.

  10. En complément la critique du Monde ici : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3260,36-753720,0.html Intéressant dans le chapo : « Il y a cinq ans, Nicolas Fargues entrait en littérature avec Le Tour du propriétaire, où il mettait en scène, avec un joli brin d’autodérision, un apprenti écrivain, parti en Indonésie pour échapper à la veine du roman narcissique et étriqué. En vain. Lucide, Alexandre – double facétieux du romancier – se promettait néanmoins que son prochain livre serait : « Un vrai roman, avec des phrases plus courtes, de l’imagination, du suspense, des rebondissements, et non pas un second premier roman, non pas une nécessité de trop régler tous ses comptes avec (soi) même avant de s’autoriser enfin, le plus simplement du monde, à écrire le monde tel qu’il est ; pas une prudente auto-explication de texte, mais un vrai roman de la maturité. » On ne se refait pas…

    • Marcel sur 7 avril 2006 à 21 h 25 min
    • Répondre

    Dire que le fait de bénéficier d’une visibilité médiatique importante n’est pas pour autant synonyme de "mauvaise qualité" (ce qui est vrai bien sûr) est une manière un peu trop facile et redondante de défendre ce livre. Je préfère "Certains y sont complètement réfractaires de toute façon" et j’en suis. Ce qui est embêtant c’est qu’un livre comme le Bégaudeau, dans un registre totalement différent, est aussi sur le devant de la scène Télérama – France-Culture et que là encore on trouve un livre dont on sent bien qu’il ne se sustend que grace à l’air du temps. Coucheries adolescentes sur papier glacé d’un côté, dialogues plus ou moins banlieue de l’autre et des livres sans vraiment de consistance même si je trouve le Bégaudeau moins pauvre que l’autre.

    Alors, un vrai roman, avec des phrases plus courtes, de l’imagination, du suspense, des rebondissements, c’est quand il veut Nicolas et puis François aussi.

    Les vers de Lise, des noms ? Non, on ne me tirera pas les vers du nez si facilement 🙂 Bon, d’accord, à défaut on peut découvrir Abdourhaman A. Waberi, Tanguy Viel, Jacques-Etienne Bovard, ou on peut toujours relire Amélie Nothomb, ou pourquoi pas Carlos Fuentes, Mario Vargas Llosa, Roth ou même Paasilinna, au moins c’est rigolo Paasilinna.

    • Les vers (poétiques) de Lise sur 8 avril 2006 à 14 h 25 min
    • Répondre

    Un peu déçue, je suis.. Ces auteurs sont loin -non pas par leur valeur littéraire- mais par leur style de Kundera ou de Wilde à part peut-être Roth ou Bovard à qui on pourrait trouver une (très) vague filiation….

    • Marcel sur 8 avril 2006 à 21 h 40 min
    • Répondre

    Je savais que c’était risqué d’avancer des noms. En plus j’aurais dû me méfier car le choix de Wilde ou Kundera, qui ne sont pas au sommet de mon panthéon perso, était une indication.
    Peu importe, Lise, pour revenir à mon sujet, ce que j’espère c’est que les blogs vont permettre l’éclosion d’écrivains qui pour le moment ne sont pas sous les projecteurs et la protection de madame Christine Angot.

  11. Il est très agréable en tout cas de constater ta courtoisie dans ta critique, qui évite l’agressivité habituelle sur ce style de littérature.
    La preuve qu’on peut ne pas aimer et le dire sans s’énerver 🙂
    Tu as quand même poussé le vice jusqu’à lire ce livre qui a priori ne correspond pas du tout à tes affinités littéraires. Y’avait il une raison particulière ?

    Concernant le nouveau Wilde ou Kundera pas vraiment de nom à fournir. Et puis faut-il chercher à remplacer à tout prix les auteurs passés (Kundera est toujours bien là et actif !) ? La littérature se renouvelle et ne se répète pas (ou pas de la même manière).
    Frédéric Beigbeder a parfois été qualifié de nouvel Oscar Wilde et Florian Zeller de nouveau Kundera (en particulier pour son ouvrage "Les amants du n’importe quoi qui reprend les thématiques de "L’insoutenable légèreté de l’être"). Toutefois ni l’un ni l’autre ne possèdent la maîtrise littéraire de leurs deux prédécesseurs (O.W doit même se retourner dans sa tombe le pauvre…).

    Et pour finir sur "l’éclosion d’écrivains qui pour le moment ne sont pas sous les projecteurs et la protection de madame Christine Angot", cela est effectivement à souhaiter et déjà en cours : le Net joue un rôle de prescripteur croissant face à la perte de confiance du public dans les médias et le copinage critiques-auteurs.

    • Marcel sur 11 avril 2006 à 20 h 02 min
    • Répondre

    Merci de ce commentaire bien sympathique. Je suis content que vous partagiez mon espoir sur l’éclosion que peut (est en train de) provoquer la toile et les blogs.
    J’ai lu le livre en question attentivement par pur masochisme 🙂

  12. Pur masochisme 😉 C’est bien ce qui semblait. Quel courage !
    Au moins tu parles en connaissance de cause, même si ton avis reste négatif. Rien de plus agaçant des gens qui jugent sans avoir lu.
    En espérant qu’un autre ouvrage te fera aimer "la littérature intimiste"…

    • Marcel sur 12 avril 2006 à 19 h 51 min
    • Répondre

    "En espérant qu’un autre ouvrage te fera aimer "la littérature intimiste"…
    Aie! C’est pour me faire (re)bondir que tu as mis ce commentaire?
    Si je comprends ce qu’est la littérature intimiste, au delà de la mode et des soi-disant concepts autofictionnels, je suis un fan de ça, à condition qu’elle tienne la route, qu’elle soit ECRITE et vraie. Prends par exemple Doubrovski, un amour de soi, certains Echenoz, Delerm, Sollers, ou à fortiori le Céline de Mort à Crédit, le petit Ferdinand qui découvre la vie et ce monde hostile et amusant. Oui, j’aime ça, j’adore même. Mais décidément pas Nicolas Fargues. Non.

  13. A dire vrai ce n’était pas que du masochisme. J’étais obligé de parler sous le pseudo de Marcel car je ne voulais pas prendre position avant le vote du jury et j’avais besoin d’exprimer ma frustration.
    Joël

  14. Belle sincérité en tout cas ! Et bravo à "La Chambre de la Stella" de Jean-Baptiste Harang qui est le lauréat du prix Livre Inter 2006, sauf erreur ?

    Pour revenir à Nicolas Fargues, ajoutons au passage une critique pas très délicate du Point (il se consolera avec le beau portrait pleine page que lui a consacré Télérama) :

    Extrait : "Les meilleures signatures de la presse écrite (dont Philippe Sollers) ont applaudi ce ton, entre gouaille salingerienne et témoignage d’un jeune chien fou. Sans oublier la tape sur l’épaule au lecteur, mon ami mon frère. Le désespoir des jeunes coeurs à la Musset s’épanche ou se console désormais dans des boîtes techno avec des Black bodybuildés au slip bien moulé : bingo ! Le livre devient tête de gondole en trois semaines. Fargues cherchait depuis l’an 2000, avec son premier roman, « Le tour du propriétaire », à placer sa voix entre Beigbeder et Nicolas Rey. C’est fait. Malgré tant de pleurs à la Werther, de détails vrais, de scènes charnelles avec poils de pubis, de tutoiements, on se retrouve dans la galère de celui qui reçoit les confidences de son meilleur ami et qui, tout en acquiesçant, regarde la pendulette derrière lui, en réprimant un bâillement."

    http://www.lepoint.fr/litteratur...

    L’allusion à Nicolas Rey et Frédéric Beigbeder n’est pas des plus pertinentes même si ses thèmes sont proches de ces écrivains, il semble peu probable qu’il ait cherché volontairement à les concurrencer. Sans doute une façon pour le critique de pimenter son papier en créant de fausses rivalités…

  15. Je suis surpris qu’il y ait encore des critiques qui se mouillent et attaquent un livre aussi consensuel 🙂
    On peut discuter ses arguments mais j’ai ressenti un peu la même chose à la lecture. Quand à l’aspect entre Nicolas Rey et Beigbder, cela me paraît légitime comme remarque lorsqu’on pense comme moi que ce genre de livre est un produit que l’on lance avec force marketing et dramatisation à la C. Angot chez G. Durand.

    J’ai eu une discussion avec Patricia Martin qui avait défendu le livre au Masque et la plume avec des arguments que j’avais trouvés énervants: Il paraît qu’on y trouverait comment fonctionnent les hommes et que les remarques italiennes de Nicolas seraient très pertinentes alors que selon moi les hommes ne sont pas aussi… pas autant… enfin pas comme ça 🙂 et les remarques sur l’Italie sont de purs clichés. Hum, heureusement que je venais de dire avant à Patricia toute mon admiration.

    • Valentine sur 24 juin 2006 à 12 h 26 min
    • Répondre

    J’ai trouvé ce roman psychologiquement violent mais aussi physiquement surtout cette scène de la salle de bain où l’épouse en colère noire défigure le visage de son époux à coups de fil dentaire. C’est étrange : on est captivé et dérangé en même temps. Peut-être est ce à cause de son style très oral ou du tutoiement ou encore de cette déferlante de mots et de phrases qui vous assaille comme les flots déchainés d’une mer en pleine tempête, sans pause..

    J’ai quand même été gênée par la dimension personnelle du roman. On se sent voyeur de l’intimité de ce couple en désagrégation. Ca met mal à l’aise tout en rendant totalement accro ! Je me demande vraiment comment a réagi la femme de Nicolas Fargues à sa lecture…. ?
    Nicolas Fargues ne se donne pas pour autant le beau rôle. Il est sincère jusqu’au bout, jusqu’à s’auto-flageller. Est ce un ultime stratagème pour attendrir ?

    Peut être ou peut être pas. Dommage, je n’ai pas pu le rencontrer au Salon du livre mais une chose est sure, j’attends son suivant avec impatience !

    • mutine sur 12 novembre 2006 à 18 h 23 min
    • Répondre

    "J’étais derrière toi "est une fabuleuse et troublante réflexion au vitriol sur la mécanique du couple : l’un qui se déglingue et se délite fatalement telle une tragédie grecque avec la cohorte de ressentiment, de jalousie, d’humiliation, de désir et de haine aussi dans les pires moments….

    Il est aussi question de violence pas physique (ou si peu dans une scène inouie !)mais surtout de celle inexorable des mots atroces qu’on se balance à la figure quand on se déchire !

    Et il y a le versant lumineux du livre, l’autre couple qui va se rencontrer et se découvrir et l’amour prend forme, les premiers regards, les premières caresses, les premières étreintes tout celà du point de vue mâle et c’est celà qui est réussi…. C’est jamais gnan-gnan (On est à des années lumières des love story culcul et tire larmes berk !), toujours diablement juste, ça trouble celles et ceux qui ont été embarqués un jour dans ce genre d’imbroglio
    sentimental et itou les autres qui n’ont jamais connu ça , c’est sublime, c’est délicat et itou susceptible de réveiller des choses enfouies mais au final on est heureux d’avoir fait ce bout chemin avec le narrateur !

    C’est passionnant de pénétrer dans la psyché masculine et de voir un mec dévoiler ses fêlures, sans fard, sans tomber dans les clichés ou le sentimentalisme exacerbé, mais avec le ton juste, très juste troublant …

    Ce mec reste viril (On est pas dans le truc du mec qui sanglote sans cesse) , il se remet en cause ,il avoue qu’il n ‘est pas infaillible en amour, il fait le point sur sa vie et sa vie sentimentale en particulier . Je me suis moi aussi attachée à cet homme qui ose vivre tout simplement et se remettre en question pour goûter au bonheur et pas à un simulacre fadasse. Il va passer de l’abysse à la lumière à cause de l’amour qui fait mal à en périr ou qui donne un bonheur infini… Ce livre m’a follement séduite, j’ai aimé son ton, sa langue simple belle et sans chichi, il est d’une justesse inouïe on ne peut qu’être captivé par cette troublante confession et cette renaissance à la vie. Cest sans conteste son plus beau roman mais je conçois qu’il puisse déplaire, on est embarqué dès les premières pages ou on reste sur la bas côté

    • Caro sur 14 février 2007 à 17 h 48 min
    • Répondre

    l y a beaucoup d’honneteté dans l’écriture de Nicolas Fargues qui décrit la douleur, la colère ressentie lors de la trahison par l’être aimé.
    De l’amour propre sali… à la douleur psychique pouvant aller jusqu’à la destruction physique. L’auteur a su mettre des mots sur cette blessure, cette souffrance indescriptible.
    Il ose aussi exprimer des sentiments que l’on a soi-même éprouvés mais que l’on n’aurait jamais osé avouer, sans doute par honte de nos faiblesses et de notre sensibilité.
    Il explicite aussi les raisons qui amènent une personne à tromper l’autre sans détours. On comprend alors mieux les motivations du "monstre", de celui qui a commis l’irréparable.
    On réfléchit… on pense que finalement une infidélité n’est pas un problème de couple mais plutôt le révélateur des fragilités sous-jaçentes.

    Le trompeur n’apparaît plus forcément comme abject puisque l’on peut être tour à tour le trompeur puis le trompé et que la souffrance est souvent présente dans les deux cas de figure.
    Et l’on se débarasse alors de vieilles rancunes.
    Enfin Nicolas Fargues décrit avec une grande justesse le phénomène du coup de foudre, auquel certains ne croient pas.
    C’est un beau message d’espoir pour les célibataires qui ont renoncé à aimer : on ne peut pas abdiquer dans ce domaine puisque c’est l’amour qui décide et on ne peut rien contrôler.
    On termine donc ce roman âpre sur une note positive : Oui l’amour peut faire très mal… mais il ne faut jamais oublier que l’on est aussi parfois celui qui fait mal.
    Et surtout, l’amour peut frapper à tout instant à sa porte.
    En résumé, j’ai beaucoup aimé le style de confidence de ce livre, l’emploi du JE qui nous donne l’impression que " le trompeur trompé " se confie à nous et nous tutoie !

    • ludivine sur 13 mars 2007 à 12 h 13 min
    • Répondre

    Nicolas Fargues décrypte avec une lucidité sans pitié la désagrégation d’un couple et montre comment les malentendus peuvent conduire à la haine, comment la souffrance de l’une avive la culpabilité de l’autre, comment la mécanique de la rupture est inéluctable.

    Je retiens particulièrement cette phrase très révélatrice :« Il y a une boue putride permanente qui englue nos rapports. Entre nous, ça moisit, ça pourrit de jour en jour. » C’est verrouillé, écrit au cordeau, diaboliquement raconté et je n’ai qu’une hâte découvrir en remontant le temps les autres missiles de ce jeune Fargues.

    • Lala sur 9 avril 2009 à 20 h 21 min
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    Bonjour,
    Est-ce un jour on jouera le roman au cinéma?
    😡

  16. C’est fort intéressant de lire les commentaires très contrastés de tout le monde. Pour ma part, je rejoins assez l’avis de Marcel/Joël. Décidément, ces livres de plage ne font pas à mes yeux partie de la littérature, et je déplore qu’on encense aujourd’hui une telle facilité (en même temps, oser comparer Beigbeider à Wilde et Zeller à Kundera me paraît hautement sacrilège et me laisse tout à fait atterrée…). Nicolas Fargue cherche à écrire des mots dans l’air du temps ; du moins j’ose espérer que son livre n’a pas d’ambition plus grande – auquel cas il serait mal parti. Je n’ai pas accroché à ses confessions larmoyantes, qui ne m’ont tenu que par un fil : celui d’une curiosité primaire (de celle qu’on éprouve à la lecture des journaux à scandale). Le narrateur narcissique et auto-complaisant m’a fatiguée à force d’indécision et les quelques remarques pertinentes sur le couple ou le bonheur relèvent de réflexions déjà auparavant mieux menées et approfondies par d’autres auteurs. Le coup de grâce, c’est la fin mielleuse de conte de fées qui achève de nous étouffer de bons sentiments.
    Et pourtant, j’apprécie la littérature intimiste mais quand elle se situe au-delà du narcissisme, pour mener une vraie réflexion existentielle.

  17. Félicitations pour ce billet !

    A tous ceux qui aiment Nicolas Fargues, je vous propose de découvrir le mini-site rentrée littéraire et la mise en avant de son dernier ouvrage !

    Ne patientez plus et allez vite découvrir les premiers extraits sur : http://www.evene.fr/info/rentree...

    Bonne journée !

    • chatifol sur 11 janvier 2010 à 13 h 01 min
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    Le style est mauvais, n’écrit pas "parlé" qui veut. Le sujet est traité avec de gros sabots empêtrés dans le goudron.
    Un roman d’adolescent attardé pour adolescents attardés…

  18. Merci pour ce point de vue riche et qui restitue très bien mes propresimpressions. J’ai aussi eu un gros coup de coeur pour ce roman et il m’a poussé à lire tous les autres de N. Fargues d’ailleurs….Voici mon billet à propos de j’étais derrière toi 😉
    leblogdelablonde.over-blo…

    • diapree sur 20 mars 2011 à 14 h 04 min
    • Répondre

    Marcel a exprimé mieux que je ne saurais le faire mon opinion sur Nicolas Fargues écrivain, notamment en ce qui concerne j’étais derrière toi qui m’a affreusement déçue surtout en ce qui concerne la forme; style relâché qui se veut systématiquement "djeune" truffé d’expressions faciles et familières qui nuisent à l’intérêt du roman.
    j’avoue ne pas comprendre ces critiques dithyrambiques, à moins que les "belles gueules" influencent à ce point les avis: je me pose la question…

    • lucie sur 14 avril 2011 à 22 h 14 min
    • Répondre

    D’abord un grand merci à vous pour cet excellent billet. J’ai acheté ce roman pour deux raisons dont une inavouable : l’auteur est beau gosse. la seconde c’est l’histoire : un trentenaire à l’épreuve de la séparation. J’ai beaucoup aimé cette introspection confidence. J’ai fait un billet sur cette lecture et ai mis un lien vers votre billet.

    • Christine sur 22 août 2011 à 13 h 07 min
    • Répondre

    Découverte surprenante!… quelqu’un qui écrit bien à l’aise des choses de la vie que je pense tout bas.
    Enorme bizou Nicolas

    • cytica sur 31 août 2011 à 17 h 50 min
    • Répondre

    Un livre qui m’a bouleversé!Comment connaitre à ce point les ressentis du héros si ce n’est en l’ayant vécu?
    Le style du coup, a moins d’importance… Oui, c’est vrai, ce roman se lit facilement, et c’est tant mieux pour tous…

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