Quand les trentenaires racontent « toute l’histoire de leurs échecs » au lit…

La nouvelle génération d’auteurs de « littérature trentenaire » s’est développée en France et en Angleterre dans les années 90/2000. Signes particuliers ? Ces auteurs mettent à nu leurs sentiments et états d’âmes et plus particulièrement leurs tourments amoureux, dans un monde moderne où les modèles et les relations volatiles sont à réinventer. Les héritiers des romantiques en somme : d’un Alfred de Musset qui nous décrivait ses turpitudes à travers le personnage d’Octave trompé par sa maîtresse (inspirée de George Sand) avant de s’enflammer pour la douce et inaccessible Brigitte Pierson à un Werther de Goethe qui nous faisait le récit de ses « souffrances » en raison de son amour impossible pour « Lotte » déjà fiancée…, sans oublier bien sûr « L’éducation sentimentale » de Frédéric Moreau… Au cinéma, on peut découvrir depuis quelques jours une nouvelle illustration (fort réussie !) de ce courant. A voir ce w.e sans hésiter !


Intitulé « Toute l’histoire de mes échecs sexuels », ce vrai-faux documentaire cinématographique, transposition de l’autofiction à l’écran, tente de comprendre pourquoi après « 13 histoires sérieuses, 47 histoires mineures et 16425 pulsions sexuelles inassouvies jusqu’à ce jour », Chris Waitt, londonien de 30 ans et des poussières, est toujours célibataire. Désireux de se stabiliser, le trentenaire aux allures d’étudiant bien destroy (et bien crade), a l’idée saugrenue d’aller demander des explications à ses ex en vue de s’améliorer pour le futur.

A la façon d’un « Sexe, rupture et vidéos », on suit donc ses pérégrinations, depuis la reconstitution de son parcours amoureux jusqu’à ses tentatives pour obtenir des entretiens auprès de celles* qui l’ont largué, parfois avec force et fracas !
Culotté (dans tous les sens du terme), insolite, pathétique, émouvant et surtout surtout très très drôle (parmi quelques scènes d’anthologie on notera celle de l’ex qui témoigne sous un camouflage digne du FBI, son rendez-vous avec la (sévère) propriétaire d’un « donjon », âmes sensibles s’abstenir, ou encore son ingestion de 7 pilules de viagra (bah oui il voyait rien venir… au début) entrecoupées de rasades de bière !)

Ce sympathique loser made in london, au flegme indéboulonnable malgré la grêle de reproches qui lui tombe dessus !, n’est pas sans rappeler, par certains points, un autre de ses compatriotes, le fameux Rob Flemming (« Haute fidélité » de Nick Hornby), précurseur sur le créneau du loser sentimental attardé.
Mais aussi bien d’autres romans où les hommes dévoilent leur sensibilité et les affres de leur vie amoureuse : A commencer par le « Combien de fois je t’aime » de Serge Joncour qui vient de sortir en poche présenté récemment sur Buzz littéraire ou encore le plutôt chahuté « Vers la douceur » de François Bégaudeau (qui contient malgré tout quelques bons passages), pour les plus récents.
Parmi les succès de ces dernières années, dans cette veine, vous pourrez vous procurer « J’étais derrière toi » de Nicolas Fargues dans lequel bon nombre d’hommes d’aujourd’hui se sont retrouvés, « Le livre de Joe » de Jonathan Tropper pour une version américaine du genre, l’ensemble des romans de Nicolas Rey et plus particulièrement, « Mémoire courte » et « Courir à trente ans » qui font figure d’incontournables sur le sujet. Autres musts : le fameux « L’amour dure 3 ans » de Frédéric Beigbeder et « Le chameau sauvage » de Philippe Jaenada. A (re)lire aussi : Mammifères de Pierre Mérot, prix de Flore 2003.

Injustement méconnu, passé un peu inaperçu ou oublié, on recommandera aussi « Le petit malheureux » de Guillaume Clémentine, « L’important c’est d’avoir connu l’amour » de Christophe Nicolle et enfin « J’aurais voulu que tout soit autrement » d’Alexandre Gouzou (recueil de nouvelles).

De quoi, messieurs, y voir plus clair dans vos « galères sentimentales » ou au moins de vous sentir moins seuls !

*Il aurait eu droit à 3 procès devant les tribunaux par ses exs.

2 Commentaires

  1. J’ai vu A Complete History of My Sexual Failures au festival du film britanique de Dinard l’année dernière. Excellent. Du Woody Allen grunge. Vraiment très drôle.

    Christophe

  2. oui tout à fait, la comparaison avec Woody Allen a été plusieurs fois mentionnée par la critique et je la partage mais le Woody Allen de la grande époque (pas celui du raté "Vicky Christina" encensé on se demande bien pourquoi…). Je pense notamment au film "Maris et femmes" qui télescope des interviews des personnages.

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